Dimanche 12 décembre 7 12 /12 /Déc 21:34

Yo !

 

Chapitre 7 pour votre bon plaisir. Je vous annonce au passage de que ce chapitre marque la moitié de ma fic (sans compter l’épilogue parce que je sais pas encore si je le mettrais en même temps que le dernier chapitre ou la semaine suivante, histoire de bien faire rager tout le monde). Bref.

Au fait, si ça vous intéresse, j’ai dessiné Stef’ et les autres. Je peux les mettre en image pour le prochain chapitre si vous n’avez pas peur de voir vos idéalisations, illusions et conceptions visuels écraser ma propre vision de mes persos. Je ne suis pas une as du dessin mais je me suis pas trop mal débrouillée – en tout cas ils ressemblent à ce que moi j’avais imaginé. Bref, laissez moi votre avis !

 

Voilà voilà. Bon bah je crois qu’on va y aller hein.

 

Bonne lecture !

 

{l'image viendra un autre jour, si souci, voyez avec le staff d'erog, moi j'abandonne...}

 

Image : God, by Ahermin (DA)

 

 

 

 

 

                « Bon tu vas faire la gueule encore longtemps ? C’est bon, il a dit qu’il s’en foutait ! C’est quand même pas ma faute à moi si il finissait plus tôt aujourd’hui, si ? »

                Sale gamin, petit con d’adolescent stupide et borné ! Cela fait plusieurs minutes que j’essaie en vain de sortir de son mutisme encombrant un putain de vampire visiblement peu disposé à écouter ce que j’ai à lui dire. Le truc c’est que j’aimerais bien prendre ma douche, moi. Je me retiens de défoncer cette porte de salle de bain, tournant comme un lion en cage devant ce panneau de bois qui reste obstinément fermé. Je vais faire un massacre.

                « Axel, sors de cette salle de bain.

                -Tu pourrais au moins faire semblant d’être désolée !

                -Mais de quoi ? C’est bon, tu n’as pas perdu tes prérogatives, il est toujours complètement sous ton charme, alors sors de cette salle de bain espèce de petit con !

                -Stef’ ! »

Ça y est, le frère s’y met maintenant. Ils sont tous contre moi aujourd’hui ! Je fais volte-face pour le foudroyer du regard.

                « Quoi, c’est pas vrai peut-être ? »

Il rougit furieusement, opère un repli stratégique dans un coin aussi éloigné de moi que possible – c'est-à-dire à peine trois mètres, pour aller bouder avec toute la maturité dont il est capable. Bien sûr qu’il craque complètement, vampire ou pas, sur mon colocataire. Qu’il essaie seulement de me soutenir le contraire.

                « Alors tais-toi ! Et puis d’abord c’est de ta faute, t’avais qu’à pas rentrer si tôt !

                -Non mais ça va bien ouais ! Et tu comptais me le cacher encore combien de temps ?

                -Jusqu’à ta mort si possible ! AXEL ! SORS DE CETTE SALLE DE BAIN !! 

                -C’est pas en gueulant plus fort que tout le monde que t’obtiendra ce que tu veux !

                -JE SUIS CHEZ MOI ICI ET JE GUEULE SI JE VEUX !!! »

Au bord de l’explosion, j’empoigne avec empressement mon blouson en cuir et claque la porte aussi fort que je le peux. J’entends un truc ou deux s’écraser au sol dans l’appartement – ils ont intérêt  à avoir nettoyé à mon retour. Je sors fumer sous le perron, pour me calmer. Je ne fume pas souvent, mais ça me prend en général très soudainement, comme ça, comme la fois où je contemplais Axel affalé dans la ruelle. Là, c’est surtout parce que je suis énervée. La cigarette n’a pas vraiment bon goût et pas précisément d’effet sur mes nerfs, mais c’est une manie qui me vient de temps en temps, beaucoup plus facilement quand j’ai bu d’ailleurs, mais passons.

                Tiphaine s’est trouvé un petit boulot quelques rues plus loin, il fait le ménage à l’épicerie tenue par le Polonais, que je n’ai jamais appelé autrement et qui n’a pas l’air de vouloir que ça change. Le jeudi soir, il rentre en général vers minuit, ce qui nous permet de nous occuper rapidement de la nourriture du vampire. Et puis ce soir, pour on ne sait quelle raison sans doute pas valable, il est rentré une heure trop tôt, et il est tombé pile pendant la partie critique de l’opération, à savoir Axel, mon poignet à la bouche, le sang dégoulinant de son menton et les yeux brillants d’un plaisir mal contenu, et moi serrant les dents, grimaçant de souffrance.

                Ça a été un sacré bordel. Tiphaine, je ne sais pas trop ce qu’il a cru, mais il a sauté sur Axel pour l’éloigner des giclées d’hémoglobine qui tâchaient (encore) les draps. Sauf que comme il avait planté ses dents bien comme il faut dans ma chair, il m’a arraché une bonne partie de la peau. J’ai hurlé, ce qui n’a pas spécialement amélioré la situation, et encore moins quand je lui ai lâché un « t’inquiète pas, c’est un vampire » qui n’a pas vraiment eu l’effet escompté. Et donc Axel a fui la colère de mon petit frère et mon propres accès d’hystérie provoquée par la douleur en s’enfermant dans la salle de bain, et j’ai dû expliquer pendant une heure à Tiph’ ce qu’il en était, mais il n’a pas voulu s’excuser, étant au moins aussi orgueilleux et borné que moi. J’avais mal, j’ai galéré pour faire cesser les effusions de sang, et donc, après m’être énervée un bon coup, et je me retrouve dehors  pour essayer de me calmer. Je suis assise contre la façade de l’immeuble, le nez levé vers les étoiles à peine visible, mon bras meurtri replié contre moi, en regardant s’évanouir les volutes de fumées blanches de mon tube de nicotine qui se consume lentement. Il fait froid.

                « Salut, Stef’ !

                -Lukas… »

Et voilà le seul garçon de moins de trente ans qui ne soit ni un vampire ni mon frère et qui n’aie pas peur de m’adresser la parole. Lukas, le fils du concierge de l’immeuble, a tout juste 18 ans, et il bosse au garage de voiture de son père depuis qu’il a fini le secondaire. Sa spécialité, c’est de retaper des vieilles caisses avec des pièces d’occasion pour les revendre aux autres garages, plus légaux mais donc moins libre de leurs mouvements. C’est un éternel optimiste, qui ne se démonte jamais. Le genre à attirer naturellement la sympathie, la confiance des gens, le genre à qui l’on a envie de parler quand on le croise dans la rue, qui sourit un peu à tout le monde en général et à personne en particulier. Le genre qui m’insupporte en somme, et qui m’est, de toute façon, totalement inaccessible, comme évoluant dans un autre monde. Je ne sais pourquoi celui-là a décidé de s’intéresser à moi, mais en tout cas, il trouve toujours une occasion pour m’aborder en souriant, voir pour me draguer discrètement. Il a peur de rien, celui-là. Enfin, je ferais preuve d’une horrible mauvaise foi – et c’est ce que je fais – en disant qu’il me laisse complètement indifférente.

                « Ça n’a pas l’air d’aller très fort. Je peux faire quelque chose pour t’aider ?

                -Commence par la boucler Lukas. J’essaie de me calmer les nerfs.

                -Problème de colocation ? »

Je me tourne vers lui, surprise qu’il évoque mes deux résidents, ce qui n’a en fait rien d’étonnant. Depuis que Tiphaine s’est installé sur mon matelas, Axel s’est soudainement montré beaucoup plus intéressé par les sorties, d’autant que la nuit se couche tôt, en novembre. Sa nouvelle lubie, c’est de suivre mon frère un peu partout dès que le jour est couché : aux courses, au boulot, au parc où ils passent leur soirée à faire on ne sait trop quoi… J’impose tout de même un couvre-feu à Tiphaine pour la forme, parce qu’il va en cours, mais sinon, je ne fais pas spécialement attention à leurs allées et venues – moi-même entre la fac et le vidéoclub, je suis souvent sortie. L’avantage, c’est qu’Axel met le nez dehors, maintenant. Il m’a même accompagnée deux ou trois fois à la boxe.

                « Je t’espionne pas hein, s’empresse d’ajouter Lukas sur un ton d’excuse. C’est juste que je les voie régulièrement rentrer et sortir alors… 

                -Ils sont idiots. Et comme si cela ne suffisait pas, ils se courent après sans oser se lancer. Ça me gonfle. »

Il me surprend encore en éclatant d’un rire léger qui résonne dans la nuit glaciale. Deux fossettes se forment sur son visage carré quand il rit, je n’avais jamais remarqué. Je lui en parle aussi ouvertement parce que Lukas est le fils de Samuel, et qu’il est donc par définition plus tolérant et ouvert d’esprit que la plupart des gens qui peuplent cette planète.

                « Les premiers émois hein ? Pas étonnant qu’ils rament ! Laisse-leur le temps… Quoi ?

                -Tu es beaucoup plus mature que tu en as l’air.            

                -Je vais considérer que c’est un compliment ! »

Il rit de nouveau, et je me prends à rire un peu, moi aussi, même si je ne vois pas vraiment ce qu’il y a d’amusant.        « Finalement, j’ai réussi à t’aider !

                -Ah oui ?

                -Tu n’es plus aussi remontée. »

Comment rester en colère en face de cette tête aussi ? Lukas est brun, les cheveux en bataille, la barbe à peine visible et la barbiche sur le menton, les yeux noirs et sans fond, la peau très bronzée. En bref, le pur physique méditerranéen en plein cœur de Prague, légèrement démenti par ses lunettes rectangles à monture épaisse, qui lui confère un petit charme décalé, surtout quand il sourit. Il fait vraiment plus vieux que son âge – plus vieux que moi-même.

                « Il faut croire que tu as un effet bénéfique sur mon humeur. 

                -De rien, c’est gratuit ! »

Sa façon de sourire n’a vraiment rien à voir avec celle de Mandy. C’est vrai, il me remonte le moral, même si les gens aussi rayonnants m’exaspèrent à la longue. Je me relève, secouant un peu mes jambes engourdies par le froid qui commence à me faire claquer des dents, frictionnant mes deux mains l’une contre l’autre.

                « Bon aller j’y retourne, il fait vraiment trop froid, et j’ai peur qu’ils fassent une bêtise.

                -Si vous pouviez éviter de mettre le feu à l’immeuble…

                -Je vais y penser.

                -Alors bonne nuit ! »

D’aussi loin que je me souvienne, Lukas a toujours terminé nos entrevues ainsi : « Bonne nuit », « Bonne journée », « Bonne chance », « Bon courage ». Toujours avec ce large sourire, ses yeux pétillants derrière ses verres de contact, et toujours imperméable à mon absence de réponse. Je ne lui ai jamais répondu. Jamais. Il avait, en quelque sorte, toujours le dernier mot de nos rencontres.

                « Merci. À toi aussi. »

Et comme souvent quand je me trouve dans une situation embarrassante, dont je ne préfère pas connaître l’issue, je tourne les talons avec précipitation ; en d’autre terme, je m’enfuis.

                « À bientôt ! »

Quel con, franchement…

 

O

 

                C’est dans de bien meilleures dispositions que je remonte au quatrième, amusée par ma petite discussion avec Lukas. J’ai sans doute réagi un peu brusquement face aux deux idiots. On va discuter calmement, si il le faut je forcerai tranquillement la porte de la salle de bain, sans brusquerie. Heureusement que mes clés étaient restées dans mon blouson, ça aurait un peu cassé le pardon que je vais daigner leur accorder si j’avais dû faire le pied de grue devant la porte en attendant qu’ils viennent m’ouvrir.

                C’est donc totalement en paix que je rentre dans l’appartement.

                Où il y a toujours du sang par terre et sur le mur du fond, où les débris de ce que j’ai fait tomber en sortant – deux verres vides de l’étagère du haut – sont toujours éparpillés sur le sol et où il y a … Axel et Tiphaine qui se dévorent la bouche au milieu de la pièce.

                « Je-vais-vous-BUTER… »

Ils se séparent précipitamment tandis que mon frère tente un maigre « attends, je vais t’expliquer ».

                « Vous croyez que c’est le moment de vous rouler des PELLES ? BANDE DE CRETIN !!! »

Si je ne ressors pas immédiatement, je vais faire un massacre. Comment OSENT-ILS expérimenter leur amourette de jeune cons dans MA piaule que je viens de quitter en hurlant, et ce sans daigner s’excuser, ranger, m’attendre avec des crêpes, ramper à mes pieds en me suppliant de les pardonner ? Je vais les tuer, je vais les tuer tous les deux.

                « Y’A INTERET A CE QUE CE SOIT NICKEL QUAND JE REVIENS ! »

Et je re-claque la porte comme une furie – de nouveaux objets finissent leur vie en morceau sur le parquet – pour aller m’en re-griller une, en espérant que je sois calmée avant d’avoir fini le paquet. Et en plus ils essaient de me tuer avec mes propres clopes…

                « Ça s’est pas arrangé, finalement ? »

Je sursaute en voyant Lukas débarquer à notre étage. Je ne l’avais absolument pas entendu monter, le son de ses pas probablement couvert par mes hurlements enragés.

                « J’abandonne, ce sont des cas désespérés. 

                -Oh, à ce point-là ?

                -T’as pas idée… »

À nouveau ma tension redescend. Il est très fort ce mec-là. Un silence confortable, ni tendu ni pesant, s’installe brièvement, avant d’être brisé par ma porte d’entrée qui s’ouvre brusquement.

                « …tends, je vais la cher… »

Axel s’interromps en me voyant planter sur le palier.

                « C’est bon, je suis là.

                -Stef’, écoute, je voulais te dire… »

Il se tait de nouveau, ayant visiblement remarqué l’autre jeune homme toujours debout en haut des marches. Je vois le vampire marqué un temps d’arrêt, hésiter à parler. Il est en train de se passer quelque chose mais je serais bien incapable de dire quoi. L’instant s’étire, s’éternise, devient presque palpable. Et puis Lukas met fin à la scène en déclarant :

                « Bon, je dois redescendre moi, alors bonne nuit à tous ! »

Encore une fois, il a le dernier mot : je suis trop préoccupée par la réaction d’Axel pour lui répondre. Il est sur le point de me dire quelque chose, mais se ravise.

                « Dis, tu le connais ? »

Il ne semble pas savoir quoi répondre.

                « Non, mais… enfin… »

C’est le moment que choisit Tiphaine pour débarquer, n’ayant absolument rien suivit de la scène.

                « Ah, tiens, t’es là… Bon bah rentrez, on va pas faire salon de thé dans le couloir. »

Axel le suit sans croiser mon regard, les yeux obstinément baissés. Je doute de pouvoir un jour le faire parler de ce qui vient de se produire. Je sais que c’est idiot et égoïste, mais je ne le souhaite pas. Ses connaissances sont fatalement des vampires, comme lui, n’est-ce pas ? Ou un truc du genre. Et s’il les retrouve… s’il se souvient… Ne risque-t-il pas de partir, tout simplement ? Ou de nous tuer, mon frère et moi ? Je sais bien qu’on en a déjà parlé, avec Ax, et que je ne peux pas répondre à ces questions, mais ça ne me concerne plus seulement moi. Tiph’ est mon seul et unique petit frère, celui sur qui je porte tous mon amour maintenant qu’il ne reste plus que nous deux, et je ne veux pas qu’il souffre de mes faiblesses. Notre histoire a beau être horriblement cliché, nous ne sommes pas dans un film. Tout ne se finira pas nécessairement bien.

                « Au fait, j’étais censée être très remontée contre vous, vous vous souvenez ? »

Les deux garçons se raidissent brusquement. Ce n’est pas le moment de s’inquiéter pour rien. En attendant, je vais leur en faire baver. Le reste attendra.

 

O

 

                Je vais à la boxe deux fois par semaine, en moto. Il se trouve que ce soir, ma moto était en panne, à cause de mon idiot de frère qui a essayé de jouer avec des engins trop agressifs pour lui. Résultat, j’ai dû la laisser au bon soin de Lukas et me taper le trajet en métro, et l’arrêt n’est vraiment pas à côté de la salle. D’ordinaire, marcher ne me dérange pas plus que ça. Sauf que là…

                Je suis sortie  un peu tard parce que j’aime bien traîner sur le ring avec les autres, dont je ne connais aucun prénom et qui pourtant me réservent toujours un casier aux vestiaires. Du coup, il faisait nuit noire quand j’ai repris le chemin du métro. Je pressais le pas en serrant ma veste un peu trop fine pour la saison contre moi, de un nuage de fumée blanche s’échappant avec irrégularité de ma bouche.

                Pour m’être battue une fois un peu sérieusement avec Axel, je sais que question force, je ne fais pas le poids contre un vampire. Alors contre trois… J’ai compris dès la première droite que ce n’était certainement pas des mecs ordinaires.

                Ils m’ont chopé juste avant que je sorte sur l’artère éclairée où se trouve la station, dans un petit coin bien sombre et bien désert. Dans un sens, j’ai eu du bol, parce qu’il est clair qu’ils n’avaient pas l’intention de me tuer, ni même de me blesser sérieusement, parce qu’ils y seraient arrivé sans peine si ils l’avaient voulu. Mais ils souhaitaient juste que je le sente passer. Et effectivement, je l’ai bien senti passer. A cet instant, j’aurais pu être aussi faible que Mandy ou être Mike Tyson, ça n’aurait strictement rien changé, et être capable d’étaler sur le ring des types de vingt kilos de plus que moi ne m’a certainement pas empêcher de me prendre la dérouillée de ma vie. Je me suis retrouvé couché sur le sol, sans rien pouvoir faire d’autre que protéger tant bien que mal mon visage avec mes mains, la douleur irradiant chaque partie de mon corps meurtri.

                Le quatrième connard, celui qui avait un long manteau noir et qui se prenait pour le roi du pétrole, est le seul qui a ouvert la bouche. Il aurait pu avoir la classe s’il ne commandait les types en train de me refaire le portrait et s’il n’avait pas été sans cesse en train de secouer la tête comme un guignol pour essayer de dégager ses cheveux trop long de son visage. C’est dingue comme je peux m’attarder sur des détails sans intérêt. Enfin, c’est encore un des moyens les plus efficaces pour oublier la douleur.

                « Dis à Johan que le châtiment en ai déjà à la moitié. Il n’aura pas intérêt à traîner pour rentrer. Il a de la chance qu’on ne fasse pas cramer ton immeuble, ma belle, sa casse-couilles de femme nous l’a interdit. Aller, on se casse. »

                Et ces enfoirés m’ont laissée là, la lèvre fendue, le nez en sang et de bons gros hématomes en formation sur mes flancs, dans cette rue obscure qui puait l’urine. Quand j’étais gamine, ce genre de chose arrivait tous le temps. Mais en général j’étais du côté de ceux qui tiennent debout à la fin, moi. En plus, qu’est-ce qu’il voulait que je comprenne à son charabia, ce gros crétin ? Je me suis traînée tant bien que mal jusqu’à la station. Les autres voyageurs m’ont regardés comme si un troisième œil m’avait poussé au milieu du front mais j’ai préféré faire comme si de rien était, essayant plutôt de me concentrer pour gérer la douleur et éviter de tourner de l’œil. Je ne savais pas quoi faire, en tout cas, je ne pouvais pas aller à l’hôpital, trop cher, trop curieux, et encore moins rentrer dans cet état.

                « Tu as de la chance que Samuel ne soit pas là. Il aide au refuge des sans-abris ce soir… »

C’est ainsi que j’ai échoué sans trop savoir comment chez Lukas, qui essaie de me rendre présentable à grand renfort de compresse et de désinfectant depuis une demi-heure. Histoire d’être crédible quand je dirai à mes deux squatteurs que j’ai juste mis un peu plus d’ardeur à l’entrainement que d’habitude.

                « Je sais pas ce que j’aurais fait sans toi. Je me voyais mal débarqué chez Mandy avec cette gueule-là.

                -Mandy… la petite blonde qui vient de temps en temps ? Elle a l’air plutôt sympa pourtant.

                -Trop sympa. Elle aurait hurlé avant d’appeler la police, les pompiers et les urgences dans la seconde suivante. Elle réagit mal au stress.

                -Alors que moi…

                -Toi, t’es zen. Tu contrôles. Je me suis dit que tu pourrais m’aider.

                -À ton service ! »

Je n’ose lui parler d’Axel et de l’autre jour. Encore une fois, je préfère lâchement ne pas savoir. De toute façon, d’après l’enfoiré en manteau noir, je serai vite fixée. Je ne veux pas y penser, je ne veux pas savoir, je veux me voiler tranquillement la face, parfaitement en paix avec mon ignorance délibérée.

                « Bon, je vais y aller. Merci pour ton aide, vraiment.

                -De rien. Et au fait, Stef’… »

Et là, c’est le retour des clichés en force. Il me choppe par le bras avant que je ne passe la porte, et il m’embrasse. Furtivement, à peine un contact. Je rougis instantanément, les yeux écarquillés, pas très sûr de ce qui vient de se produire. La colère se dispute à la honte, y’en a qui ont fini le nez cassé pour moins que ça…

                « Bonne nuit ! » lance-t-il, tout sourire.

J’hésite à lui casser la gueule. Pour qui il se prend ? Je déteste ça, je déteste. Mais j’ai mal, je veux rentrer chez moi, et il m’a aidé, et… je ne sais pas, c’est lui, ce type tellement rayonnant que ça en devient insupportable, et je ne peux rien contre lui. Alors à la place, je balbutie une réponse incompréhensible, et je m’enfuis, partagée entre la fureur, la gêne, et bien enfouit quelque part, le plaisir. Petit con…

Par Absynthe - Publié dans : Un Vampire? Non merci! Par Inrainbowz - Communauté : Lawful Drug
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Dimanche 19 décembre 7 19 /12 /Déc 10:39

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Bonjouuur!

Je suis en Wacances!

J'ai avancé la suite du Nouveau Prof et je compte bien vous la mettre en ligne dès que possible!

 

J'espère que vous allez bien, moi j'ai échappé à la franche comté, c'est que du bonheur. Vous voulez une expression de là bas? Je vous le fait avec l'accent "pôlôlô, t'ôras meilleuuur temps d'passer par le centr' cômme çô.''

Tu. Auras. Meilleur. Temps. ????! Euthanasiez moi! Ceci signifie qu'on ira plus vite en faisant telle ou telle chose. ^^ Hard hein?

 

Bon passons, dans la série des "trucs" de français aberrants, je voudrais appeler à la barre la bande de niaiseuses qui écrivent dans leurs fictions "J'ai dit non! Oui! Non! Oui! Non! Oui je te dis!"

Alors les meufs, on a la chance d'avoir une langue évoluée, avec une expression faite EXPRES pour pouvoir affirmer son avis. Je sais qu'il peut paraitre ardu de l'écrire tant son orthographe est complexe, mais je vais quand même vous le mettre. Attention, accrochez vous à votre chaise à roulette ou à vos draps, serrez les dents, vous pouvez le supporter:

 

 

S. I.

 

 

 

SI!

 

Bordel de dieu, les filles, je sais bien que les anglais et les hollandais {les autres je suis pas certaine donc je m'abstiens) n'ont pas de "si" affirmatif dans leur vocabulaire, et qu'ils répondent bêtement oui quand on leur dit non, mais nous avons la chance, l'honneur d'avoir un "si". UTILISEZ LE!

 

Parce qu'on dirait pas, mais c'est vous, sous-titreuses de séries américaines, traductrices de fictions anglaises, de mangas, écrivains de fictions amateurs etc, c'est  VOTRE faute si ce "oui" "non" entre dans les moeurs.

Idem pour se sentir à l'aise, feel confortable, être confortable ça qualifie un matelas ou un fauteuil. Et Stomach, je vous ai déjà rabâché les oreilles avec le fait que ça se traduit par ventre, donc je vais pas continuer. Cessez de traduire mot pour mot, interprétez la phrase et réécrivez la avec un français réel. Pitié. Pour nos générations futures. Sinon on va finir comme les québequois, persuadés de parler un vrai français tout en utilisant à tort et à travers des "napkin, pankakes, luncher le midi, j'ai un chum, je fais des jokes etc etc" {Voir article C'est la Gêne sur le Quebec, Ici.}

 

A part ça, il y a une fiction qui est actuellement extrêmement mise à jour et que j'adore, qui s'appelle... Deux petites secondes, j'ai zappé. Heu. Un truc avec un fantôme... Ouai bref, elle est suuuper originale, on se demande ou l'auteur est allée chercher tout ce qu'elle a écrit, et chaque chapitre est un vrai bonheur à lire. Je vous la conseille plus que vivement.

 

Ah oui, l'auteur c'es Lychee! Rien que pour ça faut aller la lire. Elle a reçu je sais plus quel prix en 2009, un truc jeune auteur etc. Le Fantôme et M. Potter. Non je ne me suis pas brusquement souvenue du titre, j'ai juste triché comme une barbare ^^. Voilà. Bon en fait je viens de lire l'entête du dernier chapitre posté, et finalement elle publiera les trois derniers chapitres en fin d'année, genre après noël quoi. Mais c'est pas grave! Lisez la quand même, et souffrez avec moi!

 

 

Très bientôt un Annuaire du Yaoi sera mis en place, un truc assez pro, avec des critères assez pointus, qui sera {peut-être, tout dépend de votre résistance à la postérité} mis en lien sur wikipédia comme fichier de référence pour mettre en avant les fictions yaoi amateurs. Histoire qu'on ai notre section. Parce que flute, on existe!

Alors bien entendu, ça reste réservé aux amateurs {Poppy Z Brite n'y aura pas sa place, c'est pour nous, rien que pour nous}, les pages de présentation ne seront pas là pour vous briser genre "design: hideux" ça sera plutôt "design: classique de la plateforme" vos histoires seront citées, vous pourrez fournir vos résumés, et vous aurez une partie réservée à votre petite personne. Ce ne sera pas un annuaire de critique, simplement de faits. Par exemple il y aura une partie "mises à jour: aléatoires/rares/fréquentes/tous les mois" etc.

Cet annuaire aura pour but de nous mettre un minimum en avant, parce que quoi que vous en pensiez, vous existez, votre travail est conséquent, il fait avancer le monde du yaoi, millimètre par millimètre. Même sans une qualité extrême.

Voilà. Pour plus d'informations et pour soumettre votre blog vous pouvez vous adresser à annuaireyaoi@hotmail.fr .

Je vous encourage VIVEMENT à vous faire référencer, il n'y a pas de timidité à avoir, c'est simplement comme un annuaire téléphonique, vous serez perdues dans la masse, et pas de panique, le lien ne sera pas mis sur wiki ou d'autres trucs de références tant qu'il n'y aura pas au minimum une vingtaine de sites. Et puis ça fera évoluer notre petit monde beaucoup trop restreint et motivera peut-être de nouvelles recrues à s'y mettre!

Une fois que vous vous serez proposées, un formulaire vous sera envoyé, avec quelques informations à donner, bien entendu, pas de trucs comme votre âge, votre prénom, votre région. Simplement ce que vous souhaitez faire de votre vie, comment vous voyez l'avenir du Yaoi, comme vous qualifieriez vos écrits, et la présentation de vos histoires.

Arrivé là, on vous demandera d'éviter les "heuuuu" et "^^" et "lol" et "jsais pas trop en fait pourquoi j'ai commencé, t'as vu, Parce qu'en fait comme ça un jour genre j'me suis dit t'as vu viens on fait un site avec des histoires wesh t'as vu hinhin comme ça genre".

 Le lien du site une fois mis en place vous sera envoyé, et vous pourrez filer le lien à vos copines pour qu'elles aillent vous lire. Un logo "ce blog est référencé sur l'Annuaire du Yaoi" vous sera "offert", et vous aurez le choix de le mettre ou non sur votre site. Rien n'est obligatoire. Ce sera en quelque sorte un... Label qualité, genre comme ce qu'il y a sur vos poulets fermiers.. KrrKrrKrr.

Voilà voilà... Qu'est-ce que j'ai oublié?

Bon je récapitule.

-Un annuaire de référence Yaoi va être mis en place. Ok.

-Il sera réservé aux amateurs {si vous avez publié une nouvelle, vous êtes encore considérées comme amateurs}. Ok.

-Il référencera les blogs/sites/sessions de fictions, d'histoires, de romans, de fanfictions yaoi. Ok.

-Ce ne sera pas un site de critiques. Si vous souhaitez un avis personnel, il faudra le demander {et il vous sera donné avec plaisir, et publié sur votre page si vous le souhaitez}. Ok.

-Le site ne sera mis en lien sur des sites de référence qu'une fois assez complet, histoire que vous ne vous sentiez pas ambassadrice gênée qui se retrouve sur le devant de la scène. Ok.

-Un logo vous sera offert, sans obligation de publication. Ok.

Je crois que c'est tout.

Pour plus d'informations, contactez l'équipe par mail à annuaireyaoi@hotmail.fr Ou par téléphone au 06 29.... Nannnn jdécooonne.

 

....

 

Comme elle est pas drôle la créa xD

 

Bon revenons à nos moutons, un nouveau chapitre de Broken Wings, pour vous, en cadeau d'avant noël. En passant, j'ai pas de calendrier de l'aveeeeeeeeeent T____T.

Oui, j'ai 21 ans. Et alors?!

 

Il se peut qu'il y ai des non sens et des fautes de français, c'est extrêmement dur de "penser" anglais et d'écrire français. Car en anglais certaines tournures auront un sens dans votre tête, mais pas en français une fois traduit. Et je ne parle pas uniquement des trucs genre il pleut des chiens et des chats. 

Bref, n'hésitez pas à m'engueuler. Autant que je vous emmerde avec confortable, si, et estomac.

 

Voilà, bonne lecture, et merci pour vos nombreux commentaires d'encouragement, c'est un vrai plaisir de vous lire!

Bisous!

 

 

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Chapitre 4 Commencé le 11/12/10 à 18h30 achevé le 18/12/10 à 17h.

 

Jak lécha ses lèvres sèches, sa tête était encore embrumée, il brulait de l'intérieur comme s'il avait été en fusion, et son sexe lui paraissait prêt à exploser. Cette insupportable sensation d'être prêt à jouir mais de ne pas pouvoir avait faiblit dès qu'Akitra l'avait lâché, mais il avait toujours la plus énorme trique qu'on puisse avoir, et ne se sentait pas de force à se redresser et à s'en occuper.

 

Se retournant lentement, Maika s'adossa dos à la porte et s'observa un instant, son torse était taché de sang et imbibait sa chemise. Sans un regard vers Jak, il se déplaça vers sa commode et fouilla dans les tiroirs, en sortant un tissu blanc et une bouteille d'un liquide incolore qui pouvait être de l'eau comme de l'alcool.

 

« Me... Merci, » Fit Jak la voix encore tremblante, « De l'avoir ar-arrêté. »

« Je l'ai pas fait pour toi » Répondit Maika, versant un peu du liquide incolore sur le tissu. Il le pressa contre ses plaies et laissa un souffle douloureux passer entre ses dents serrées. Alcool. Jak le fixa pendant un moment, puis agrippa le cadre du lit et se redressa. Ses jambes étaient parcourues de picotements, aussi lourdes que du plomb, et sa queue s'étendait le long de sa cuisse. Il avait désespérément besoin d'éjaculer. Il se dirigea vers la porte, traînant des pieds, mais hésita.

 

« Est-ce qu'il va parler à quelqu'un de... »

« Sans doute » coupa Maika, frottant le sang collant à demi séché sur son ventre. Jak l'observa faire pendant un moment, et saisit la poignée de porte. Peut-être qu'une petite discussion avec le psy ou l'infirmière lui ferait du bien.

 

« Je reviens dans un instant », dit-il se doutant bien que Maika s'en ficherait.

« Si c'est la salle de bain que tu as en tête, tu devrais y penser à deux fois avant d'y aller. » fit le faerie. « Le chef d'établissement a expulsé un type qui se branlait là bas ».

« Expulsé » répéta Jak, « pour s'être masturbé?  Il se rend compte qu'on est des mecs hein? »

« Elle s'en fiche » répondit Maika. « Le règlement dit pas d'activité sexuelle dans les zones publiques, et c'est une salle de bain commune. »

 

« Merde », marmonna Jak. C'était déjà la poisse de se faire emmerder par un faerie psychotique, mais en plus il devait à présent se secouer le dragon devant Mr. Sympathique. Ca allait être une longue année. « Hum, tu permets? » demanda Jak, faisant un pas hésitant en direction de son lit en déboutonnant son pantalon.

 

« Je t'en prie », répondit Maika, laissant tomber le tissu et se dirigeant vers la porte. « Je m'en allais de toute façon. ». Jak regarda ses longs doigts délicats commencer à fermer sa chemise, couvrait les coupures.

 

« Attends », fit le mage, et Maika tourna brutalement le regard dans sa direction, ses yeux brillant dangereusement.

« Oublie ça » siffla-il entre ses dents. « Je baise pas les humains, et personne ne me saute, c'est clair? »

« C'était pas... Je n'allais pas te... » bégaya Jak, secouant la tête. « J'ai juste... Que ce soit délibéré ou pas, j'ai apprécié le fait que tu l'aies stoppé, et je me suis dit que... Enfin, je suis un mage, et je peux soigner ces plaies si tu veux, comme ça Akitra ne te fera pas d'ennuis. Si tu veux quoi » répéta Jak tandis que Maika le fixait simplement. Après un moment, le faerie écarta les mains de l'avant de sa chemise.

 

« Bien », dit-il, avant de traverser la pièce et de s'immobiliser près de Jak. « Dépêche toi »

 

« Désolé de te demander ça mais... T'es quel genre de faerie? » demanda Jak, soudainement nerveux.

« Pas un ainmhain » répondit Maika. Jak acquiesça et se tourna vers sa commode, ouvrant le premier tiroir avec un grincement. Il en sortit une petite fiole de gel d'aloe et un fin pinceau en poils de lapin. C'était un pinceau d'artiste, censé servir à la peinture sur toile, mais Jak ne trouvait rien de mieux pour appliquer des runes sur la peau. L'aloe était particulièrement bonne pour les sorts de soins, puisqu'elle possédait des propriétés naturelles d'antiseptique et d'analgésique, et était assez épaisse pour ne pas couler et altérer les runes.

 

« Ca va peut-être un peu chatouiller » Fit Jak, trempant la pointe du pinceau dans le gel. Il s'approcha et tendit la main, mais Maika lui saisit le poignet, et le serra presque douloureusement.

« Je sais aussi lire les runes » dit-il. « Ne tentes rien ».

« Ca me serait pas venu à l'esprit » Fit Jak, et il se dégagea du faerie paranoïaque. Dire que les gens disaient que les mages étaient suspicieux.

 

Avec de longs mouvements prudents, Jak peint la rune de soin sur le torse de Maika, juste sous le sternum. L'aloe miroitait sous la lumière grise passant les fenêtres, lisse et brillante sur la peau brun sombre. Jak se prit à laisser ses yeux voyager sur le ventre plat du faerie, s'arrêtant sur le bijou perçant le haut de son nombril, une pierre polie d'améthyste paraissant miroiter à l'intérieur de la fente étroite et descendait jusqu'à la fine ligne de poils turquoise et vert sombre qui disparaissait sous la ceinture de son pantalon. Sa queue eut un soubresaut et il s'éloigna de Maika, soudainement hors d'haleine.

 

« Joli piercing », fit-il, se retournant pour poser l'aloé et le pinceau sur le haut de la commode. Sainte merde il avait mal. C'était presque aussi douloureux qu'un coup dans les couilles. « C'est une monture en... argent? »

« Acier », répondit Maika, et Jak fronça les sourcils .

« Mais c'est... C'est du fer, » dit-il. « Ca ne te brûle pas? »

« Comme si c'était en fusion » répondit rapidement le faerie. « Tu peux te dépêcher, j'ai des trucs à faire. » Jak en doutait, mais il déboutonna rapidement son pantalon et libéra son érection lancinante. Fouillant sa poche et en sortant un mouchoir froissé, il se tourna vers Maika. Le faerie baissa les yeux vers le sexe du mage et fit un bruit de gorge clairement dénigrant.

 

Jak sentit son visage rougir.

« Quoi » demanda-il. « T'as un souci avec ma queue maintenant? »

Maika remonta son regard glacé vers le visage du mage.

 

« Aucun souci » dit-il. « J'avais juste oublié combien les queues humaines étaient épaisses et primitives » Jak n'avait pas de réponse à ça. Il n'avait jamais vu de sexe faerie, mais ne put s'empêcher de se demander à quoi elles devaient avoir l'air si la sienne était « épaisse et primitive ».

 

« Tu veux que je présente mes excuses à ta queue? » Demanda Maika d'un ton faux.

Jak pouvait endurer beaucoup et simplement s'en foutre, particulièrement si l'emmerdeur avait un souci avec lui, et Maika semblait clairement en avoir un, mais Jak n'était qu'un humain. Il se raidit, crispant ses épaules et fixa Maika dans les yeux.

« Va falloir que tu arrêtes d'être un tel connard », dit-il, luttant pour garder une voix égale. « Je t'ai rien fait, alors arrête de me traiter comme si chaque merde dans ta vie était de ma faute! »

« Ou quoi? » Demanda Maika, faisant un pas menaçant vers lui.

« Ou tu peux soigner tes putains de plaies tout seul », répondit le mage en lui tournant le dos.

 

Il pouvait sentir le Faerie se tenir derrière lui, mais il s'en foutait. Il frotta la paume de sa main sur le haut de sa queue, déjà humide et brillante de foutre, et l'étala sur la longueur, serrant les dents pour retenir un long gémissement. Maika l'avait peut-être sauvé des griffes d'Akitra, mais ça restait sa faute si Akitra avait débarqué à la base. Jak ne lui devait rien du tout.

 

« C'est bon ça va, » fit soudainement Maika. « Je suis désolé. »

« Désolé de quoi ? Demanda le mage, jetant un coup d'œil par dessus son épaule tandis que sa main s'enroulait autour de son sexe et y donnait plusieurs coups de poignet rapides et fermes. Il frissonna intérieurement, son souffle se bloquant dans sa gorge. Ca n'allait plus durer longtemps.

 

« Désolé d'être un connard », siffla Maika entre ses dents.

Jak hocha la tête.

 

« Excuses acceptées » Avec réticence le mage écarta sa main de son sexe et l'essuya sur le mouchoir. « Bouge pas », dit-il avant de poser sa main à plat sur le torse de Maika, l'aloe glissant entre leurs peaux. Fermant les yeux, Jak se toucha de l'autre main, de longues caresses, lentes, presque taquines, flattant le dessous de son sexe, frottant contre le point sensible sous le gland. Il ignora la douleur dans ses testicules, le tremblement dans sa gorge, ce n'était pas la destination qui importait, simplement le voyage, et il devait le rendre aussi long que possible. Maika fit un son surpris et Jak ouvrit les yeux.

 

Ses mains brillaient. Tandis que le plaisir et la luxure se transformait en magie, elle se regroupait dans ses mains, d'un jaune vert pale et brillant à travers sa peau. L'esprit un peu lent et embrumé, et pas tout à fait concentré sur sa tache, Jak tenta de calculer combien d'énergie il lui faudrait pour soigner toutes ces plaies. Certaines d'entre elles étaient partiellement cicatrisées, aucune n'était très profonde, et il pouvait compter sur l'aloe pour magnifier son pouvoir, mais malgré tout, il valait mieux prendre large par précaution.

Ravalant un grondement de frustration, il passa un seul doigt dans le liquide s'écoulant du haut de son sexe, et l'étala autour du gland. Doux Maele, il avait tellement envie de venir. Juste un peu plus... Son sexe eut un soubresaut, ses couilles se firent lourdes, et il écarta brusquement sa main, son corps entier tremblait tandis qu'il combattait l'orgasme. Privée de stimulation sa queue pulsa, la douleur persistait à l'intérieur de lui presque qu'autant que lorsqu'Akitra le touchait.

Serrant les dents, Jak poussa l'énergie vers sa main pressée contre le torse de Maika, le soulagement l'inondant tandis que sa main entière s'enflammait d'une lumière vert jaune brillante. Ca devait suffire.

Prenant une longue et lente inspiration, Jak concentra son énergie sur le sort, puis il expira en relâchant la magie. L'Aloe devint froide entre eux tandis que le pouvoir cheminait à l'intérieur et Maika haleta. Ils restèrent immobiles un moment encore, les doigts de Jak demeurant sur la peau chaude et veloutée, et il laissa sa main retomber le long de son corps.

 

« C'est fait » fit Jak, laissant glisser ses yeux sur les nouvelles cicatrices à peine visibles. Elles semblaient avoir des années plutôt que quelques secondes. Avec un grondement, ils se retourna et enroula une main autour de son érection, l'autre attrapant le mouchoir et le tenant prêt. Cela ne prit que quelques mouvements de plus avant que Jak se laisse aller dans le tissu froissé. Hors d'haleine et légèrement pris de vertige, il ne bougea pas pendant un moment, laissant les derniers frissons de plaisir parcourir son corps, puis il s'essuya et replaça son sexe ramolli dans son jean.

 

Lorsqu'il se retourna, Maika était de l'autre côté de la pièce, fouillant dans sa propre commode. Il avait changé de t-shirt, celui imbibé de sang avait été abandonné sur le sol au profit d'un haut noir moulant. Sortant une paire de chaussettes, Maika ferma son tiroir et alla s'asseoir sur le bord de son lit. Pas sur de ce qu'il devait dire ou faire, Jak se tint simplement debout et le regarda glisser ses pieds dans les chaussettes.

 

« Pourquoi le fais-tu? » demanda-il finalement, se sentant comme s'il méritait au moins une explication. « Pourquoi te fais-tu du mal? »

 

« C'est pas tes affaires » répondit le faerie, sortant une paire de bottines noires usées de dessous son lit. Jak secoua la tête et soupira, abandonnant. Il se retourna vers sa valise toujours ouverte sur son lit et en sortit un set de draps. Ce n'était absolument pas ses affaires, et il comptait bien s'en rappeler la prochaine fois que Maika se couperait et aurait besoin d'être soigné.

 

Soudainement, le ventre du mage se mit à gargouiller, bruyant dans le silence, lui rappelant que son petit déjeuner devait se trouver quelque part dans la rivière Nerrian. Il jeta les draps au pied du lit et fouilla dans la valise, espérant que sa mère avait prévu une boite d'encas. Il n'eut pas cette chance, mais il trouva une photographie de sa famille sous son oreiller: Sa mère, son père, et sa petite soeur Ginna. Au dos de la photo, écrite par la main de sa mère, se trouvait la date à laquelle elle avait été prise, premièrement en temps universel -le 2 Fan'shaa, année 10,217- et une seconde de leur propre calendrier -le 24 ni ky Indrian, 3,439. En dessous, de ces dates, le mot disait «  Tu nous manque fils. Rends nous fiers. Avec amour, maman. »

Clignant des yeux pour échapper aux larmes, Jak s'avança vers le bureau et en ouvrit le tiroir. Plaçant la photo à l'intérieur, il le referma. Il ne s'était jamais autant éloigné de sa maison, et ça prendrait des mois avant qu'il ne puisse y retourner. L'été entier s'étendait entre lui et les ridicules deux semaines de vacances d'automne. Il se demanda s'il était trop tard pour reprendre le ferry vers Baevern ry Maas, trop tard pour avoir un vol en direction du Capitol. Il voulait rentrer chez lui.

« Alors, c'était ta famille? » demanda soudainement Maila. Jak tourna les yeux vers lui, debout à côté de son lit, les mains dans ses poches, et se retourna.

« Laisse moi tranquille » fit il, retournant à son déballage. La dernière chose qu'il voulait c'était l'opinion de Maika sur le fait de garder une photo de sa famille sur son bureau. Après un moment, Jak entendit Maika traverser la pièce en direction de la porte puis l'ouvrir. Bon débarras se dit-il, pressant une main sur son ventre alors qu'il faisait un nouveau grondement. Il attendit d'entendre la porte se fermer, et après quelques secondes il lança un regard par dessus son épaule. Maika se tenait sur le pas de la porte, le regardant, son visage aussi expressif que celui d'un cadavre.

Jak ouvrit la bouche pour dire au faerie d'aller se faire voir, mais Maika parla en premier.

« La cafeteria est au fond du hall, et après les doubles portes, le grand bâtiment gris de l'autre côté du jardin. Le repas de midi est servi de onze à quatorze heures. » Là dessus, il sortit dans le couloir et claqua la porte derrière lui. Jak retourna une fois encore à sa valise et fit lentement courir ses mains sur le cuir craquelé, avant le la fermer, la soulever, et la glisser sous son lit.

 

 

A suivre...

 

Par Absynthe - Publié dans : Broken Wings, de Katica Locke. New! - Communauté : Communauté gay
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Dimanche 19 décembre 7 19 /12 /Déc 22:57

Bonsoir bonsoir, c’est Inrainbowz qui vous livre son chapitre in-extremis. J’avoue que j’ai eu peur qu’on n’en voit pas la couleur de celui-là. En fait j’ai déménagé hier et j’avoue que je n’avais pas prévu que cela entrainerait momentanément la disparition d’internet dans mon existence. Heureusement que mon frère (et ses potes) se démerdent pas trop mal en connexion hasardeuse, parce que le chapitre nous passait sous le nez et sans un regard en arrière.

Donc le voilà finalement ! Mon déménagement implique également que je ne peux pour l’instant pas vous scanner les têtes de mes persos comme je l’avais dit, il faudra attendre quelques semaines.

Au fait, je me suis rendu compte que par un hasard particulièrement bien foutu, Stef’ et les autres fêteront Noël quasiment en même temps que nous. Je pourrais peut-être publier deux chapitres pour Noël du coup, en cadeau ? A vous de voir.

 

Bonne lecture !

 

 

  

  

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                « Putain, Stefane, laisse-moi rentrer !

                -Pas tant que tu ne m’auras pas donné ta parole !

                -Va te faire foutre !

                -Alors tu peux rester dehors. »

Nouvelle crise de nerf, nouveaux cris enragés, nouvelle grosse prise de tête, environ deux semaines après la première et une semaine et demi après mon gentil passage à tabac, dont je n’ai pas soufflé mot ni à mon frère ni à son nouveau petit ami suceur de sang, ce dernier étant d’ailleurs l’objet de notre présente dispute. J’ai toujours une jolie coupure sur la lèvre inférieure et une pommette un peu enflée, mais globalement, il n’y parait plus. Tant mieux. J’en avais marre que les gens à la fac me regardent de travers. Je veux dire, encore plus de travers que d’habitude, presque en faisant le poirier. Certains visages annonçant clairement « je m’en doutais, sale délinquante droguée, c’est à cause de gens comme toi si notre société court à sa perte ». Bon peut-être que ce n’est pas écrit sur leur visage. Mais c’est immanquablement ce qu’ils pensent.

                « Stef’, tu crois pas que t’exagères là ?

                -Axel, ta gueule. »

J’ai au moins la satisfaction de toujours pouvoir le rembarrer quand il me gonfle. Manquerait plus qu’il me rende polie en plus. Je lève une main vers lui, lui signifiant clairement de ne pas s’approcher davantage.

                « Stefane, OUVRE !

                -C’est ça, appelle-moi par mon prénom, ça me donne tellement envie de m’exécuter. »

Je me suis remis à parler à ma porte d’entrer, adossée au battant pour entendre ce que mon petit frère a à me dire. Je suis extraordinairement calme pour une fois. Sans doute parce que je sais que de toute façon c’est moi qui aurais le dernier mot.

                « T’es qu’une sale garce ! »

Charmant.

                « Et toi t’es mon petit frère et tu vis à mes crochets, alors je te déconseille de la ramener. »

Le problème, c’est qu’il a bien fallu faire croustiller les détails de la condition d’Axel et de notre petit manège à Tiphaine qui a exigé des explications. Et comme j’aurais pu le prévoir, ça ne lui a pas du tout plu d’apprendre que je donnais régulièrement de mon liquide vital à celui qui partage son lit (en tout bien tout honneur soi-disant, et en plus il me prend vraiment pour une abrutie…). Mais son emportement à lui n’était rien à côté du mien quand il a osé émettre l’idée qu’il pourrait, lui aussi, participer au repas du vampire en apportant sa dose au festin d’hémoglobine qui par ailleurs pose toujours le problème des tâches de sang partout, continuant de faire hebdomadairement passer mon appartement pour une scène de cérémonie sataniste. J’ai explosé littéralement et, après environ deux minutes de pourparlers qui m’ont clairement fait entrevoir qu’il n’en démordrait pas, j’ai opté pour une solution plus radicale : je l’ai choppé par le t-shirt que je cherche depuis trois jours et je l’ai foutu dehors où il s’égosille contre la porte fermée depuis quoi… dix bonnes minutes ? Je m’étonne que personne ne soit encore venu s’en plaindre.

                Je refuse catégoriquement et entièrement qu’il fasse cela. Je conçois qu’il ne puisse pas le comprendre et qu’il m’en veuille d’être aussi intransigeante, mais c’est hors de question. Je suis appuyée contre la porte, l’écoutant proféré tout un tas d’injures, dont la plupart que je lui ai moi-même apprises, à une époque bénie où il n’y avait ni dégénérescence familiale ni amateur de veines saillantes dans nos vies. Il doit avoir froid, dans ce couloir mal isolé. Bien fait tiens.

                « Mais putain c’est pas possible d’être aussi bornée !

                -Tiph’, en quoi c’est si extraordinaire que je ne veuille pas que tu te fasses saigner ? Tu es mon frère merde ! Et sois un peu plus poli sale gamin !

                -Je fais ce que je veux !

                -Certainement pas ! »

On croirait entendre une mère et son ado boutonneux qui veut se faire un piercing à la langue. Je ne veux pas qu’il se blesse volontairement pour Axel, que j’ai pris seule la responsabilité de recueillir et de nourrir. Mon regard dévie furtivement sur mes poignets qui m’élancent en permanence, car tout cela n’est pas très sain, quand même. Je cicatrise à peine que déjà il faut ré-arracher les croutes et refaire couler le sang.

                « Stef’, je comprends pourquoi tu ne veux pas mais…

                -Toi, n’essaie pas de m’amadouer. Je sais très bien comment tu fonctionnes et l’effet que tu as sur moi. Vous pouvez toujours courir, t’as compris ? »

                Je hausse à nouveau le ton pour être sûr que Tiphaine m’entende.           

                « Tiph’, ce n’est pas la peine de discuter. Je ne changerai pas d’avis. Je te laisse rentrer. Si je découvre que vous avez eu le malheur de me désobéir… Je vire Axel de chez moi tu m’entends ? Ou je t’envoie en pension. Mais je ne le permettrai pas.

                -Tu vas nous interdire de nous voir aussi ?

                -Ah non, pour ça vous faites ce que vous voulez. Vous pouvez baiser sur mon plumard si ça vous chante, j’en ai rien à foutre, mais que je ne trouve jamais de marque de dents sur tes avant-bras si tu ne veux pas que je te montre à quel point je peux être cruelle. »

                Je compte sur Tiphaine pour me croire sur parole. Il me connaît depuis suffisamment longtemps pour savoir que je ne plaisante pas.

                « Axel, ça te va ?

                -Oui. »

De son côté, je ne me fais pas de soucis. En fait, ma décision l’arrange bien. Je lui glisse à l’oreille, assez bas cette fois pour que mon frère n’en perçoive  rien :

                « Ça ne te gêne pas de me saigner autant que faire se peut, mais dès qu’il s’agit de ton béguin, c’est une autre paire de manche, hein ? »

                Je sais qu’il n’en a pas conscience et que je suis mesquine. Je vais sans doute même arriver à le faire culpabiliser. Mais en même temps…

                « Tu es jalouse, hein ? »

Je fais celle qui n’a rien entendu et ouvre la porte d’entrée. Tiph’ rentre tête baissée et va s’affaler sur le clic-clac, en me tournant le dos, toujours furieux. Il s’enroule dans une couverture hideuse récupérée je ne sais-où, montant clairement qu’il boude, ce qui me fait une belle jambe. Juste avant de le rejoindre, Axel se rapproche juste assez pour me glisser furtivement avant de le rejoindre :

                « Je suis désolé. »

Bien sûr que tu es désolé. Bien sûr que je suis jalouse.

                Tiphaine est mon petit frère. Le seul petit frère que j’ai jamais eu, que je n’aurai jamais, je n’ai plus que lui désormais, et je l’aime sans doute plus que je ne le devrais. Je voudrais que nous soyons seul tous les deux dans mon appartement pour que je m’occupe de lui et je m’en veux de penser ainsi. Comme une mère trop possessive. Quand à Axel… c’est pareil. Je l’ai trouvé, moi, je l’ai sauvé, et c’est moi qui l’ai nourri tout ce temps, qui me suis ouvert les veines pour qu’il survive. C’est à moi qu’il le doit. Même la rencontre avec son amant, c’est à moi qu’il la doit. À moi seule. Et par-dessus tout… Eux sont heureux, tous les deux. Ils apprennent lentement ce que ça peut faire, d’aimer. Et moi, je me retrouve seule, comme une conne. J’aimerais qu’Axel soit aussi mon frère. Ainsi je serais le centre de leur monde et ils resteraient tous deux tournés vers moi.

                Je me trouve méprisable de penser ainsi. Malgré l’influence du mort-vivant, je suis toujours aussi égoïste. Ça me rassure et m’attriste en même temps. Pas étonnant que je ne puisse pas expliquer à Tiphaine pourquoi je reste aussi inflexible. Je ne pensais pas que les choses se dégraderaient dans notre mini tribu sans l’intervention du facteur « vampire ».

 

O

 

                « Stef’, ça va pas ? »

Elle aussi, elle a un sixième sens qui détecte les humeurs des autres. Au moins suis-je assurée, assise en plein jour sur ce banc du parc de Letna, que Mandy n’est pas un vampire. Ces derniers temps, j’ai tendance à en voir partout. Surtout la nuit.

                « Si, c’est bon. T’inquiète pas. »

Elle n’insiste pas aujourd’hui. Ce n’est pas vraiment bon signe. Mandy se tient tranquille uniquement les jours où elle sait que je suis vraiment mal. Pourtant, j’ai l’impression qu’aujourd’hui plus que jamais j’aurais besoin de son horripilant flot de parole, plus distrayant qu’un silence gêné.

                Il fait froid, naturellement, en ce début du mois de décembre. Les rues se parent peu à peu de leurs guirlandes clignotantes, les gens ont sorti les couronnes de sapins où on allumera une bougie chaque dimanche jusqu’à Noël – même nous nous en avons une – les boutiques débordent d’offres promotionnelles, Mandy a sorti l’écharpe violette que j’ai trouvée l’année dernière chez une de ses amies et que je lui ai offert, il y a un an, pour Noël. Nous nous sommes retrouvés pour boire un verre et pour aller, à sa demande, voir une énième fois l’horloge astronomique de la place de la Vieille-Ville, une des plus belles merveilles de ce monde que nous adorons, elle et moi. C’est bien une des seules choses que nous partageons – peut-être même la seule. Le ciel est gris, uniformément bouché par des nuages bas, donnant au paysage, aux arbres nus du parc un éclat irréel, et désagréable.  

                Je dors très mal, depuis quelques semaines. Je n’ai rien dit à Axel ni à Tiphaine, parce que je ne leur dit rien, mais je ne suis pas vraiment au mieux de ma forme. Le vampire a pris l’habitude de rester debout jusqu’à environ quatre ou cinq heures du matin, puisqu’il finit toujours par s’ennuyer. Il se réveille avec nous pour nous voir un peu, puis il se rendort environ jusqu’en fin d’après-midi. Je suppose que ce n’est pas très naturel pour les gens comme lui, mais il ne se nourrit pas suffisamment, je le sais. Oh il a largement de quoi se sustenter, bien sûr, mais pas assez pour qu’il puisse sauter partout comme un jeune hyperactif drogué à la caféine. Et cela est également dû au fait que, presque chaque nuit, quelques minutes seulement après s’être endormi, il se met à hurler.

                « … m’écoutes ?

                -Hein ? De quoi ?

                -Je te disais que tu n’as pas l’air en forme. Tu es malade ?

                -Non, ce n’est rien, je ne dors pas très bien… »

Et l’expression est faible. Tiphaine a naturellement un sommeil très lourd depuis son enfance, même les pleurs de sa sœur jumelle ne le réveillaient pas, quand ils dormaient encore dans le même lit à barreau. Moi par contre, j’ai tendance à peiner pour trouver le sommeil, et pour le garder. Ainsi, Tiphaine ne bouge pas d’un pouce, la nuit, quand son copain se met à geindre, se tortillant dans les draps, en proie à je ne sais quels démons intérieurs. Moi, par contre, je me réveille immanquablement. Et je passe généralement le reste de ma nuit à essayer de l’apaiser. Parfois, il se calme en quelques minutes et pour plusieurs heures. D’autre fois, il ne se tranquillise pas de la nuit, et m’empêche définitivement de profiter de la mienne. Je ne sais pas à quoi c’est dû, et il n’en a pas souvenir au réveil, ou en tout cas il ne l’a jamais mentionné. Toujours est-il que j’ai du mal à m’endormir, et je me repose, au final, très peu. Je dois tout de même aller en cours, allé travailler au vidéoclub, m’occuper un minimum de notre vie.

                « Dis, Mandy…

                -Hm ? Qu’est-ce qu’il y a ? Tu veux qu’on aille autre part ? C’est vrai qu’il commence à faire froid…

                -Mais tais-toi un peu, idiote, je ne parle pas de ça… »

Je me surprends autant que je la prends de cours. Je pense que je ne l’ai jamais envoyé paître avec aussi peu d’énergie. Avec autant de lassitude. Je suis tellement fatiguée…

                « Mandy… est-ce que tu serais triste… si je mourrais ? »

Le temps semble suspendu – pour une fois que ce n’est pas l’apanage d’Axel – et pour la première fois, elle n’a rien à dire. Je ne sais pas trop ce qui m’a pris. J’ai eu le sentiment que si je voulais lui demander, c’était maintenant.

                « Est-ce que je… te manquerais ? »

J’ai vraiment envie de dormir. Juste quelques minutes.

                « Bien sûr. Bien sûr que tu me manquerais. Et je serais triste. Vraiment. Alors tu ne pars pas hein Stef’ ? Tu restes avec moi ? Tu sais que je ne peux pas me débrouiller toute seule… Stef’ ? 

                -C’est rien, c’est rien, il faut juste que je dorme un peu. »

Je n’ai pas résisté à l’envie de m’allonger sur ses genoux. Le contact de sa jupe au tissu soyeux sur ma joue m’arrache un sourire contenté. Merde, si je m’endors comme ça, elle va piquer une crise et m’envoyer aux urgences. Elle est trop cruche pour réagir calmement.

                « Juste quelques minutes… »

Je sombre.

 

O

               

                Les hôpitaux sont honnis par un bon nombre de gens. Je n’avais jusqu’à aujourd’hui connu que l’hôpital psychiatrique, celui où ma mère était régulièrement admise, au cours des derniers mois de sa vie. Du coup, l’hôpital standard ne me semble pas si terrible. J’aurais tout de même préféré ne pas me retrouver dans ces enchaînements de couloirs impersonnels, imprégné par l’odeur caractéristique des environnements aseptisés.

                « Mais puisque je vous dis que je vais bien !

                -Mademoiselle, vous êtes fortement anémiée. Vous devriez vraiment rester en observation, au moins pour cette nuit.

                -Merci, mais ce ne sera pas nécessaire. Vous m’avez transfusée, non ? Alors je peux y aller.

                -Oui, mais sans en connaître la cause, vous risquez de…

                -C’est bon. Je la connais, la cause. »

Je passe devant le médecin grisonnant à cours de mot dont la bouche ouverte et l’expression ahurie n’a plus rien de sérieux, j’enfile mon blouson doublé, et je quitte précipitamment l’hôpital. Mon portable vibre dans ma poche.

                « Allô, Stef’ ? Comment ça va ? Tu es sortie ?

                -Toi, je te retiens, avec tes idées à la con ! »

Je suis hors de moi. Mais qui a l’idée d’emmener une amie à l’hosto parce qu’elle s’est endormie sur un banc ? Mandy, bien sûr. Je m’énerve contre l’appareil, peu soucieuse des regards scrutateurs des passants croisant ma route.

                « Tu as une idée de combien va me coûter ta connerie ?

                -Laisse tomber. C’est pour ma mère. »

Là, j’avoue qu’elle me laisse sans voix. Je m’arrête au milieu du trottoir tellement je suis surprise. Son ton est incroyablement ferme.

                « Comment ça ?

                -Je préfèrerais qu’on parle… d’autre chose. Tu vas bien ? Les médecins ont dit que…

                -T’occupe de ce que les médecins ont dit. Je vais bien, ne t’inquiète pas. Merci de ton attention, Mandy, mais je vais me débrouiller. Salut.

                -Attends, Stef’ ! »

Trop tard. Je range mon cellulaire avec une pointe de culpabilité qui disparait bien vite au profit de l’exaspération. Il fait déjà nuit, et il fait vraiment froid. Heureusement que je n’habite pas très loin du centre hospitalier. Mon portable vibre à nouveau. Je décroche avec humeur.

                « Quoi ?

                -Stef’, c’est moi ! Tu es où, ça va ?

                -Ça va Tiph’, respire. J’ai eu deux-trois trucs à régler, je rentre là.

                -Je me suis inquiété.

                -Il fallait pas. Je raccroche. À toute à l’heure !

                -Ouais. Bisous. »

Quand est-ce qu’il s’est inquiété ? Entre deux roulages de pelle ? Entre deux pipes ? Et merde. Je suis ridicule.

 

Par Absynthe - Publié dans : Un Vampire? Non merci! Par Inrainbowz - Communauté : Ecritures Sensuelles
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