Sensitiv' Photograph' par Deadly

Mardi 22 juin 2 22 /06 /Juin 23:00

 

Mesdames, mesdemoiselles, mes... mesdames.

Voici la première grande courageuse à oser envoyer le début de son histoire en réponse à l'un de mes défis: J'appelle Deadly à la barre, avec une histoire qui se déroule au Pérou.

Peut-être que la lire vous motivera à l'imiter, dans tous les cas, je suis sûre que vous allez apprécier.

Ceci est un prologue, et j'espère que vous l'encouragerez à écrire la suite rapidement grâce à vos commentaires!

Comme dit dans l'article d'explication des défis, je présente un minimum l'auteur:

Deadly est une (très) charmante jeune demoiselle de la région parisienne, aux magnifiques cheveux rouges et à la voix rauque ensorcelante. Elle est le genre de passionnée de littérature capable de lire un bouquin de type napoléonien futuriste sans rechigner, à aller au salon du livre, et à en resortir avec le sourire.

Ayant débuté à écrire dès le primaire (comme pour le salon du livre, on peut pas en dire autant), elle s'est réellement mise à l'écriture dès son entrée au lycée, et nous a fait l'honneur d'ouvrir son site de fictions yaoi en Août 2008.

 Depuis, elle a achevé une première fiction (elle..): Troublante Provocation, commencé une séquelle: Les Ombres de Minuit, s'acharne (l'auteur dit à l'instant ou j'écris qu'elle lui "sort par tous les pores") à achever Cours Particuliers, et poursuit tranquillement Galères et Médiators.

Bref, après la lecture de ce prologue, je vous conseille TRES vivement d'aller lire ses autres histoires, et de la motiver à les continuer rapidement (vous me rendriez service, parce que j'aimerai beaucoup lire la suite des cours particuliers et de galères et médiators.)

Voici le lien de son blog, mettez le en favoris, ne le perdez pas, c'est une valeur sûre.

Deadly

 

 

 

 

 

Prologue. 

 

-Bonjour.

Le jeune homme leva les yeux de la vieille couverture élimée sur laquelle il était avachi, détournant son attention du point invisible qu’il fixait depuis un moment, et jeta un coup d’œil à l’homme devant lui. Grand. Pour autant qu'il puisse en juger étant assis sur la chaussée. Néanmoins, à vue d’œil il semblait dépasser de loin la taille standard du péruvien moyen. Il n’avait d’ailleurs rien d’un latino, hormis ses longs cheveux noirs qui contrastaient violemment avec sa peau trop blanche et ses yeux trop clairs pour être originaire d’Amérique du sud. Bien habillé. Ca, pas besoin de se lever pour le remarquer. Le jeune homme baissa les yeux vers le chapeau haut de forme retourné à ses pieds dans lequel trois pauvres pièces se battaient en duel.

-Joyeux noël monsieur, répondit-il d'une voix morne. Vous n'auriez pas quelques pièces pour acheter une boite à mon chien par hasard ?

Il glissa une main dans les longs poils de Gaya d'un geste affectueux et leva la tête pour fixer l'inconnu. Ce n'était pas vraiment son chien en réalité. Mais Natalia avait disparu. Il l'appelait NeuNeu car elle était quelque peu limitée... Plus que les autres en fait. Et les autres l'appelaient NoeudNoeud car elle était jolie et s'en servait pour s'en sortir. Faut croire qu'à force de s'en servir elle a disparu dans la nature, ne laissant que son chien et son parfum de vin blanc bon marché derrière elle.

L'inconnu balaya sa demande d'un mouvement vague du poignet et s'accroupit devant lui dans un mouvement si souple qu'il en devint étrange.

-Je cherche un modèle pour des photos. Ça t'intéresse ? Tu ne seras pas payé mais tant que j'aurais besoin de toi je te nourrirai et te logerai. Alors ?

Le jeune homme le considéra quelques secondes en silence. Observant son visage derrière ses longs cils noirs.

-C’est quoi le piège ?

-Il n’y en a pas.

N’était-ce pas trop simple pour être crédible ? Personne ne proposait ce genre de services en échange de seulement quelques photos. Encore un européen plein aux as qui venait mettre sa fortune sous le nez de la misère. Qu’il le garde son fric. Il n’avait pas l’intention de le côtoyer. Il était très bien où il était. Il avait au moins un toit au dessus de sa tête même si celui-ci n’était pas ce qu’on pouvait qualifier d’onéreux. Au contraire même.

-Non merci. Je suis très bien où je suis.

L’inconnu se releva avec une grâce féline et le toisa d’un regard sceptique.

-Tu es sûr ? Je te laisse quand même réfléchir. Tu auras peut-être envie de prendre une bonne douche chaude…

Le jeune homme le vit fouiller dans ses poches avant de s’accroupir de nouveau devant lui. Il lui tendit un petit bout rectangulaire de bristol blanc.

-Si tu changes d’avis.

 

L’inconnu se releva gracieusement, fit glisser ses longs cheveux noirs derrière son épaule, dans un geste si naturel qu’on le devinait machinal et habituel, et s’éloigna. Andrès le vit disparaître au bout de la rue derrière la grande fontaine de bronze qui trônait au centre de la Plaza de Armas. Il disparut aussi rapidement qu’il était apparu.

 

 

Andrès passa son bras sur son front pour éponger la sueur qui y goutait. Le mois de décembre était toujours le plus chaud de l’année même si l’on ne pouvait pas dire qu’il puisse faire froid à Lima. Au mois de juillet, en plein cœur de l’hiver, le thermomètre descendait rarement au-dessous de dix degrés.

 

 Le jeune homme observa un instant la carte de l’inconnu. Dante Di Venturelli, un numéro de téléphone et une adresse dans le quartier de San Isidro (ndla : Un des quartiers les plus « aisés » de Lima). Dante ? Un italien ? Il n’avait pourtant aucun accent et son espagnol était parfait.

La nuit commençait à tomber et les gens se faisaient rares même dans le centre historique. Une nuit de noël en même temps… Ils avaient autre chose à faire que de trainer dans les rues.

 

 Andrès se leva, ramassa son chapeau, glissa ses doigts dans le fond et récupéra les quelques pièces qui s’y trouvaient pour les mettre dans sa poche. Dix soles (ndla : à peu près 2€). Il pourrait au moins acheter quelque chose à grignoter avant de rentrer.

 

En passant près d’une poubelle il en profita pour y jeter la carte de visite de l’inconnu. Il ne risquait pas de le rappeler de toute façon. Premièrement parce qu’il n’en avait pas envie, et deuxièmement parce que le téléphone était un luxe qu’il ne pouvait définitivement pas se permettre.

 

 

 

 A suivre...

Par Absynthe - Publié dans : Sensitiv' Photograph' par Deadly - Communauté : Auteurs Sadiques
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Samedi 25 septembre 6 25 /09 /Sep 20:20

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Bonjour tout le monde, non je {Absynthe) ne suis pas morte, je vous raconterai mes {put*** de grosses) mésaventures dans les DNAS d'ici quelques minutes!

 

Aujourd'hui et pour votre grand plaisir, le premier chapitre de Sensitiv' Photograph' version Deadly!

Rappelons que son blog se trouve par... ICI et qu'il mérite un paquet de visites et d'encouragements.

 

Pour cet article, l'auteur nous fait savoir qu'il s'agit en grande partie d'un chapitre d'introduction au quotidien d'Andrès, juste avant d'attaquer l'intrigue réelle. Aussi, pour les quelques impatientes, mordez vous les doigts encore un peu, l'action arrive au chapitre prochain!

 

Mordez pas trop fort non plus parce que soit dit en passant, vous allez être sur votre faim, vu que la qualité de l'écriture est EXTREMEMENT appréciable, et on crève d'envie de secouer notre chère Deadly comme un prunier quand on arrive à la fin de ce chapitre beaucoup trop court. Tout est dit en finesse, il n'y a pas d'exagération, le paragraphe sur le ciel m'a fait rêver. Le quotidien du personnage est tellement différent {sans tomber dans le pathétique) de ce que je lis en ce moment que c'est franchement rafraichissant.

 

Bref. Merci Deadly!

A quand la suite?

 

ps: Pour les illus' j'ai tapé Barriadas sur google et j'ai pris les photos les moins moches {et forcément, pour moi, "moins moche" rime avec "moins récentes" donc...} si c'est pas assez illustratif et réaliste vous avez droit de vous en prendre à... Heu... Tiens, à la prochaine personne qui passe le pas de votre porte. Allez, bisous bien dégueus <3

 

 

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Chapitre 1

Andrès avait fini chez Maria, qui lui avait gentiment préparé un plat à base de pommes de terre et de riz en échange de cinq soles. Ça n’était pas franchement copieux mais, pour ce prix là, il ne fallait pas trop en demander non plus. Ça avait au moins eu le mérite de lui emplir le ventre pour la nuit. Et pour le même prix, il lui arrivait parfois de lui offrir une douche en plus.

Maria habitait une petite maison en périphérie de la capitale, ce qui était pratique pour lui qui créchait dans un château de carte en tôles gondolées pas très loin de là. C’était une petite maison rose pâle, plutôt isolée mais très chaleureuse. Il aimait bien y passer du temps, ça lui donnait l’impression pendant quelques secondes qu’il avait un « chez lui » si l’on peut dire.  Elle recevait assez souvent ses petits-enfants, ce qui donnait de la vie à ce véritable cocon. Peut-être un peu trop d’ailleurs. Le jeune homme n’était pas vraiment habitué aux enfants. Encore moins aux enfants bruyants. Le calme avait ses vertus. Et il aimait ces vertus.

Ce soir-là, il rentra « chez lui » d’autant plus épuisé. Il n’avait pas fait grand-chose de sa journée mais ressentait la fatigue de s’être levé aux aurores. Comme presque chaque jour d’ailleurs. Les alentours de son squat étaient pratiquement dénués de vie. Humaine ou végétale. Il y avait bien quelques plantes disséminées ici et là mais rien de bien concret.

C’était assez incroyable de voir le changement énorme entre la ville et sa périphérie. Lima avec ses nombreux bâtiments, ses rues bondées – surtout par les taxis, soit dit entre nous – sa population plus ou moins grouillante et la bordure extérieure pratiquement morte.

Mais quelqu’un ne devait pas vivre bien loin, l’espèce de mini ferme de l’autre côté de la rue était une preuve tangible non ? Les quelques lapins et poules qui s’y trouvaient  ne se nourrissaient pas tout seuls, n’est-ce pas ? A vrai dire, Andrès n’avait encore jamais vu personne s’en occuper depuis deux mois qu’il était là. Et pourtant, les bestioles étaient encore en vie. Peut-être quelqu’un du petit regroupement qu’il voyait à plus de cinq cent mètres environ ? La présence d’animaux à cet endroit s’expliquait sans doute par la présence, plutôt étonnante, d’un point d’eau implanté au beau milieu de nulle part…

Le jeune homme s’était installé là, tout seul, quelques mois auparavant, deux pour être exact, et n’avait pas osé, ni trouvé le temps d’aller frapper à leurs portes. Ces gens s’étaient constitué une sorte de petit village entre eux, il se serait senti de trop. Personne n’était venu le voir non plus. Mais qui aurait pu penser de lui-même que quelqu’un s’était installé dans cet amas de ferraille en face de chez eux ? Il fallait dire qu’il n’était pas souvent là. Le matin il décampait avant que le soleil ne se lève et le soir il rentrait à la nuit tombée.

Andrès observa le ciel. Grisâtre-orangé. L’espèce de lueur claire de pollution animait des ombres qui se déhanchaient sur sol dans un mouvement sinistre. Les branches décharnées des arbres rappelaient de longues mains fines aux ongles acérés qui grattaient sournoisement le toit de son abri. Glauque. C’était le mot. Et il se ressentait dans toute l’atmosphère de cette nuit sans lune. Il détourna le regard et pénétra dans ce qui lui servait d’habitation par une petite ouverture sur le côté. Il tenait quand même debout à l’intérieur. Bon… c’était vrai qu’il n’était pas très grand… Mais la cabane n’était pas si petite que ça ? Tout était relatif.

La faible lumière qui suintait à travers toutes les ouvertures de son taudis lui permettait quand même de voir où il mettait les pieds – même s’il n’y avait pas énormément de chance pour qu’il marche sur quoique ce soit…

Il s’était constitué un lit dans un coin avec tout ce qu’il avait pu trouver, vieux vêtements, bouts de tissus… Maria lui avait même offert une couverture. Andrès s’allongea sur sa couche improvisée en soupirant. Ce n’était pas ce qu’il y avait de plus confortable mais il ne pouvait pas faire mieux. Gaya vint se blottir contre lui, il mourrait déjà de chaud. Il ne dit rien. Elle avait besoin d’affection, lui de réconfort. Ils s’endormirent rapidement, épuisés.

La journée du lendemain ne serait pas de tout repos non plus…

 

 

 

*      *      *

 

 

Les cris du coq retentirent violemment à ses oreilles, ce qui signifiait que le soleil se levait tout juste mais qui eut surtout pour effet de le réveiller en sursaut.

Andrès se frotta les yeux en faisant une sorte de moue boudeuse. Sans doute inconsciente.

Il roula lentement sur le dos en s’étirant et resta quelques secondes immobile à fixer les ombres qui dansaient au plafond. Le soleil n’était pas encore levé et la lumière qui filtrait à travers les jointures des tôles ne suffisaient pas à dissiper la pénombre qui régnait dans la petite pièce.

                Le jeune homme se leva en époussetant son jean, seul vestige de vêtement qui lui restait, hormis un pantalon de toile noire et deux tee-shirts dont l’état laissait à désirer. Gaya le regardait attentivement, scrutant chacun de ses gestes sans bouger. Il lui sourit et lui caressa furtivement la tête avant de se pencher sur le petit sac à dos qu’il avait. Il en sortit le seul tee-shirt propre qui lui restait – autant dire le second qu’il possédait – et l’enfila sur son torse frêle. Il avait du boulot qui l'attendait. Il devait être aux alentours de 4h, la journée allait être longue...

                Il parcouru rapidement les quelques quatre ou cinq kilomètres qui le séparaient de la bordure plus « civilisée » de la ville ou il put attraper un combi (ndla : petit bus qui parcoure la capitale pour 1 sol et qui vous laisse ou vous le désirez sur son parcours) pour se rendre à Gamarra (ndla : quartier très commerçant de la ville mais aussi très dangereux, connu pour ses nombreux magasins de vêtements surtout). Le paysage défilait sous ses yeux endormis tandis que Gaya bavait sur son jean plus ou moins propre. Ils n'avaient encore rien mangé ni l'un ni l'autre mais Andrès ne se faisait pas de soucis, ici les chiens trouvaient toujours quelque chose à se mettre sous la dent, et lui… eh bien, il pourrait toujours acheter un petit quelque chose avec sa rémunération du matin. Les commercants avaient toujours besoin d'une aide pour installer leurs stands avant l'arrivée des clients, le jeune homme y allait donc tous les matins depuis qu'il était à Lima et gagnait entre 5 et 6 soles (ndla : environ 1,50€) par stand. La plupart de nourriture, des spécialités du pays. Ce n'était pas très passionnant en soi mais ça lui permettait de gagner un peu d'argent. Ce qui n'était pas négligeable au vu de sa situation.

                En général, après sa matinée à monter des stands, Andrès filait à l'aéroport. C'était un bon plan pour gagner un peu plus. Guider les touristes, leur trouver un taxi, les aider à porter leurs bagages pouvait également être enrichissant. En discutant avec des gens de tous horizons il apprenait plein de choses et, en sympathisant avec eux, il avait souvent droit à un plus gros pourboire. Dans sa journée type, après 17h il se rendait directement à la Plaza de Armas de la capitale. Les gens commencaient à affluer vers les 18h mais il avait le temps de grignoter quelque chose avant de s'installer à son endroit habituel. On était au lendemain de noël et, d'après ce qu'il savait, dans un pays aussi catholique, les gens avaient tendance à être un peu plus généreux que les autres jours. A voir. Les salaires n'étaient pas mirobolants non plus.

Il s'acheta un vulgaire sandwich aux légumes, cela ne l'enchantait pas énormément mais ce n'était pas comme s'il avait le choix, la viande était bien trop chère pour lui. Après son rapide repas, il resta deux heures à la Plaza de Armas avant de filer à Miraflores, qui était un quartier beaucoup plus animé la nuit.

Ce soir-là, il récolta 20 soles (ndla : 5€), le double de ce qu'il pouvait espérer ordinairement. Il rentra chez lui vers les alentours de minuit et se coucha aussitôt. C'était la fin d'une journée, identique, ou presque, à celle du lendemain...

 

 

A Suivre...

Par Absynthe - Publié dans : Sensitiv' Photograph' par Deadly - Communauté : Lawful Drug
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Lundi 8 novembre 1 08 /11 /Nov 07:28

Et un nouveau Chapitre de Deadly, je pense que ça va être un chouette lundi pour vous les filles!

D'autant plus que je suis complètement fana de cette histoire, et que je crève d'envie de connaitre la suite.

On remarquera la longueur de ce chapitre, six pages, l'auteur est fière, y a de quoi. Et nous on se régale ^^. Si vous pouviez la harceler sur son blog ou ici de ma part pour qu'elle embraye sur le chapitre suivant, ça me ferait plaisir.

Bisous!

ps: je sais, l'image n'a rien à voir, mais j'aime beaucoup xD

 

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Chapitre 2

                En s'installant à côté d'un des piliers de la place principale de Lima, Andrès vit passer une jeune femme si élégante qu'elle lui donnait mal à la tête. Elle baissa un regard dédaigneux sur lui mais releva bien vite la tête, resserrant sa légère veste rouge autour d'elle. Le jeune homme roula des yeux. Il était un être humain, pas une bactérie. Cette femme était le stéréotype parfait de la bourgeoise méprisante. Les gens riches croyaient pouvoir tout se permettre et même s'il leur arrivait de donner aux œuvres de charité, ils détestaient ouvertement les personnes comme lui, les pauvres. Il ne pouvait pas s'empêcher de grincer des dents face à un tel comportement hypocrite. Ces dons ne leur servaient qu'à se faire bien voir dans leur société fermée.

                D'ailleurs cela faisait une semaine qu'il n'avait pas vu le "photographe", ce qui prouvait qu'on ne pouvait se fier aux riches. Pas qu'il eut envie d'accepter sa proposition mais, par principe… A vrai dire, ces derniers temps, Andrès y avait quand même réfléchit. Il avait de plus en plus de mal à s'organiser, il manquait énormément de sommeil. Se lever tous les jours à quatre heures, parcourir la ville toute la journée et rentrer se coucher à plus ou moins minuit sur un lit pire qu'inconfortable était extrêmement épuisant. Il n'avait même plus le temps de se rendre chez Maria, son odeur corporelle le lui rappelait constamment…  Y réfléchir ne signifiait en aucun cas qu’il envisagerait ne serait-ce qu’une seconde d’accepter réellement. Et c'était une bonne chose qu'il ne se soit plus montré car il l'aurait surement eu à l'usure puisque la seule chose qui le retenait était sa fierté.

                Le jeune homme s’adossa au mur en soupirant. Il rentrerait plus tôt ce soir-là, il ne tenait plus debout. Ne pas aller à Miraflores lui ferait perdre de l’argent qui lui serait plus que bénéfique mais, son train de vie devenait insupportable.

                Un bruit de talons frénétique s’arrêtant devant lui lui fit ouvrir les yeux et lever la tête. Une jeune fille très élégante aux longs cheveux roux s’accroupit et lui sourit en ouvrant son sac à main.

     Ça fait trois jours que je te vois ici, tu es si maigre, j’ai pensé que tu aurais faim.

Elle lui tendit un sac plastique où il trouva un sandwich complet, une petite bouteille d’Inka Cola (Ndla : Soda péruvien jaune fluo, plus populaire que le coca) et même un dessert ! Il la remercia les yeux brillants de gratitude. C’était si rare qu’on lui offre quelque chose à manger qui lui soit destiné du début à la fin. D’ordinaire c’était des restes qu’il récoltait…

La jeune femme se releva, toujours en souriant et s’éloigna sous le regard d’Andrès. Il entama son diner aussitôt, affamé. Il avait presque oublié le goût de la viande.

De l’autre côté de la rue, la jeune femme rousse s’avança vers un homme vêtu de noir aux longs cheveux qu’elle salua. L’homme se tourna vers lui, lui fit un clin d’œil, passa un bras autour de la taille de sa compagne et s’éloigna. Il avait parlé trop vite…

Andrès regarda autour de lui, il n’y avait plus grand monde dans les parages. Gaya et lui n’allaient pas tarder à lever le camp. Le jeune homme fixa un instant la chienne d’un air triste. Cela faisait pratiquement deux semaines que Nathalia avait disparue. Soit elle avait joué sa Viviane et trouvé son Edward à la mode Pretty Woman, soit elle était morte – dans le pire des cas.

Il espérait vraiment qu’il ne lui soit rien arrivé de grave. Il ne la connaissait pas plus que ça mais, voir quelqu’un qu’on avait côtoyé disparaître sans explications était inquiétant. Surtout que maintenant Gaya ne le lâchait plus. Andrès n’était pas un grand fan des animaux à la base mais la chienne lui faisait beaucoup de peine et il n’avait pas l’intention de la laisser errer seule dans la ville. En deux semaines, il avait eu le temps de s’y attacher… Et, par respect envers sa maitresse, il se devait moralement de veiller sur elle. Nathalia n’était définitivement pas ce qu’on pouvait appeler une lumière mais elle serait heureuse de retrouver Gaya en bonne santé quand elle reviendrait. Si elle revenait un jour…

Le beau labrador sable frotta sa truffe contre le coude du jeune homme pour passer sa tête dessous. Andrès souleva docilement son bras et la chienne posa son museau sur sa cuisse en le regardant de ses grands yeux humides. Il la caressa derrière les oreilles un instant.

     Toi aussi tu veux rentrer ?

Il prit le clignement de paupières qu’elle lui adressa comme un assentiment.

     Ok, alors on y va.

Le jeune homme se leva, attrapa la laisse de Gaya et ils rentrèrent. A peine arrivés à destination, il se mit à pleuvoir. Une légère bruine. Andrès leva les yeux vers le ciel. Le bleu clair éclatant avait laissé la place à un joli gris perlé percé de touches lumineuses mais, l’énorme nuage anthracite qui se dirigeait droit sur eux ne lui disait rien qui vaille. Ça allait empirer dans peu de temps. Et avec le froid qu’il faisait ce jour là, il pourrait s’estimer heureux s’il ne tombait pas malade.

 

                Ce soir-là, il s’endormit rapidement, la fatigue le rattrapant.

Le réveil le lendemain matin fut nettement moins joyeux. Tout d’abord, il n’avait pas entendu le coq chanter, ce qui était inhabituel. Ensuite il avait la désagréable impression d’être trempé. Andrès remua et fut surpris de constater que ses orteils et ses doigts étaient plus que gelés. Le vent qui soufflait violemment au dehors faisait trembler leur cabane et gémir le bois qui la composait en une plainte agonisante. Le crissement des branches de l’arbre voisin sur la tôle du toit n’aidait pas non plus à se sentir très à l’aise dans leur placard. Andrès se releva sur un coude et le sentit s’enfoncer dans une matière spongieuse inondée. Gaya s’agitait dans tous les sens, elle tentait de se mettre les pattes au sec. Peine perdue. Le jeune homme observait le sol dépité. Il y avait bien cinq centimètres d’eau par terre ! Pas étonnant que tout soit trempé… Il se releva et ramassa la couverture qui lui servait de matelas mais qui, pour l’heure, avait tout de la serpillère détrempée qu’elle avait été dans la nuit. Il soupira en tremblotant. Avec un peu de chance elle aurait le temps de sécher quand il rentrerait.  

 

*

 

Ce jour là, il aperçut de nouveau l’étranger. Toujours au même endroit. Seulement cette fois-ci il s’était installé sur une chaise au pied de la fontaine et l’avait observé durant une heure en enchainant les cigarettes.

 

*

 

La nuit suivante fut pire. Il avait un peu plu durant la journée et son « matelas » de secours n’avait absolument pas séché. Au lieu du repos bien mérité qu’il avait espéré toute la soirée, il n’eut droit qu’à quelques malheureuses heures de somnolence grelottante. Le lendemain fut très pénible. Il se leva avec un éternuement qui lui heurta les côtes et un mal de gorge divin. Ce qu’il pouvait haïr ces dérèglements climatiques ! Le temps ne pouvait-il pas respecter ses foutues saisons au lieu de n’en faire qu’à sa tête ? Il espérait que ce mauvais temps s’arrête rapidement et qu’il ne tombe pas davantage malade. Il n’avait franchement pas les moyens de se soigner et il commençait à être à bout de nerfs. Deux mois qu’il dormait à peine. Deux mois qu’il ne mangeait pratiquement rien. Deux de mois qu’il n’avait quasiment plus de rapports sociaux. Deux putains de mois qui l’avaient épuisé autant physiquement que moralement. Il se demandait s’il était encore légitime d’espérer s’en sortir un jour.

                Le lendemain le soleil et la chaleur était de nouveau au rendez vous ce qui amoindrit légèrement sa désespérance. Sans doute pas assez. Quand il s’installa à sa place habituelle sur la place il tremblait. Autant à cause de ses efforts de la matinée à Gamarra que de fatigue et de froid. Il resta là toute l’après midi comme d’habitude, à ceci près qu’il somnola jusqu’à ce qu’on lui tape sur l’épaule. Andrès ouvrit difficilement ses paupières lourdes de lassitude. Une silhouette se découpa en ombre chinoise sur le soleil couchant devant lui. Une haute silhouette. Masculine. De longs cheveux noirs lui chatouillant les hanches. Il referma les yeux quelques secondes en soupirant quand un arôme délicieusement amer et chaud lui titilla les narines.

     Tiens. Tu crèves de froid.

Le jeune homme leva les yeux vers lui et prit la tasse de café qu’il lui offrait en murmurant un « merci » à peine audible. Il but à petites gorgées appréciant de sentir la chaleur couler le long de sa trachée.

     Toujours pas intéressé ?

Andrès éternua violemment en évitant de s’ébouillanter les mains avec le café.

     Non.

     Sûr ? Lui demanda Dante, un sourcil levé, perplexe.

     Sûr.

Le jeune homme ne put retenir un second éternuement qui le secoua tout autant que le premier.

     Très bien…

Le photographe l’observa quelques secondes avant qu’Andrès agacé se lève et fasse mine de partir.

     Où vas-tu ?

     Je rentre. Répondit-il sèchement.

     Viens je te ramène.

     Non merci. Je peux très bien marcher.

     Fais pas l’idiot, t’arriveras jamais vivant dans cet état.

Il laissa courir ses yeux sur le bitume en pesant le pour et le contre. A dire vrai, il y avait plus de pour que de contre. C’est pourquoi, à bout de force, il suivit l’inconnu. Inconnu qui avait une bien trop belle voiture. Voiture qui devait bien coûter trois ou quatre fois la modeste maison de Maria.

                Dante posa une couverture sur les sièges en cuir arrière de sa berline pour Gaya et lui fit signe de se placer à l’avant. Il n’était pas encore monté qu’une bruine se mit à dégringoler des nuages. Andrès pesta silencieusement et tenta de s’installer en touchant le moins de choses possible, il ne voulait pas salir la voiture de cet homme, aussi arrogant soit-il. Au fur et à mesure qu’ils roulaient, la pluie se fit plus drue. Ça allait être encore une nuit désastreuse pour le jeune homme. Andrès se renfrogna rien qu’à l’idée que son abri allait être inondé une fois de plus. Apparemment on avait oublié de prévenir l’hémisphère sud que c’était l’été et que, par conséquent, il était censé faire beau au Pérou…

Le trajet fut silencieux, le photographe comprenant que son passager n’était pas disposé à discuter ne prit pas le risque de le braquer une nouvelle fois alors que sa proposition était toujours en suspens. Néanmoins au vu du délabrement moral, qui transparaissait intensément sur le physique de son futur modèle, il savait qu’il finirait par craquer bientôt au moins pour avoir l’occasion de se reposer quelques temps malgré son orgueil. Il pouvait peut-être se permettre de jouer sur ce tableau.

     Est-ce que tu vivais dans les montagnes avant ?

Le jeune homme se retourna vers lui en plissant les yeux.

     Non… Répondit-il méfiant. Pourquoi ?

     Ça aurait pu expliquer le fait que tu refuses si vivement d’être pris en photo.

     Pardon ?

     Tu sais toutes ces superstitions comme quoi tu perdrais ton âme si on prenait un cliché de toi…

Andrès sourit mais se reprit vite. Il n’appréciait pas le ton narquois qu’avait pris cet homme pour parler de son peuple. Certes, ces superstitions étaient absurdes mais il estimait que chacun pouvait croire en ce qu’il désirait. En quoi cela regardait autrui ? Ceux qui vivaient dans les montagnes n’étaient pas vraiment rattachés à ce qui se passait en ville et étaient plutôt arriérés. Arriérés dans le sens qu’ils vivaient de la même façon depuis au moins cinquante ans et qu’ils n’avaient pas fait évoluer leurs méthodes ni leur façon de penser depuis cette époque. Néanmoins ils avaient des croyances et ces croyances étaient les leurs. Qui était-il pour se permettre de les juger ?

     Vous n’êtes pas d’ici, vous n’avez pas le droit de mépriser ces gens !

     Avoue tout de même que c’est stupide.

     Non ce n’est pas stupide ! Ils ne connaissent tout simplement pas cette technologie aussi bien que nous. Et puis, il y sans doute beaucoup de croyances occidentales qui seraient risibles pour nous.

Ils étaient presque arrivés à destination et Andrès lui indiqua où aller.

     Bien, je te le concède. Chacun sa culture.

Andrès descendit rapidement de la berline avant d’ouvrir la portière arrière pour libérer Gaya. Dante les rejoignit près de leur taudis qu’il jaugea d’un œil circonspect. Il pleuvait nettement plus maintenant et il voyait les gouttes d’eau s’engouffrer par toutes les ouvertures possibles et inimaginables de cet amas de ferrailles.

     Bon, maintenant que la parenthèse est fermée, qu’est-ce que tu n’apprécies pas dans la photographie ?

     Rien.

     Alors pourquoi refuses-tu ma proposition ? Demanda-t-il en jetant un regard presque désabusé à l’endroit où vivait le garçon.

Le jeune homme leva les yeux vers lui.

     Parce que je ne vous aime pas. Je n’aime pas votre façon d’être. Je n’aime pas votre façon de mépriser tout ce qui vous entoure. Ni celle que vous avez de juger ce que vous ne connaissez pas.

     C’est tout ?

Dante paraissait presque incrédule.

     Je ne te demande pas de m’aimer. Tout ce que je veux ce sont des photos et en échange je t’offre le gite et le couvert. C’est équitable tu ne penses pas ?

     Peut-être mais je n’en ai pas envie.

Andrès pénétra dans son abri, laissant l’autre homme dehors. De toute évidence ce n’était pas comme s’il y avait la place pour deux là dedans… Il ne tenait pas à accepter cette proposition ! Mais le temps en avait décidé autrement apparemment… Une bourrasque secoua les tôles et écarta légèrement les deux qui servaient de toit. Toute l’eau qui s’était amassée dessus dégringola à l’intérieur juste sur lui. Ça c’était le bouquet ! Andrès, à cet instant eut envie de se laisser aller à la faiblesse et de pleurer. Toute la tension accumulée depuis ces deux mois ne souhaitait qu’une chose : sortir. Mais il ne pouvait pas. Dante était encore là et le regardait. Il se tourna vers lui, le photographe l’observait.

     Tu ne peux pas dormir ici…

Ça c’était certain…

     Alors… Tu acceptes pour les photos ?

Ce n’était plus comme s’il avait réellement le choix… Jouer les kleenex qu’on jette après usage ne lui plaisait pas plus que ça mais, au moins il aurait un toit au dessus de la tête.

     A une seule condition.

     Laquelle ?

     Aucune photo de nu.

     Tu as ma parole.

Andrès rejoignit alors Dante comme s’il montait à l’échafaud.

     Hum… C’est ton chien ?

     Oui. Enfin non mais j’en ai la garde.

Il hocha la tête les lèvres pincées, fit la grimace en voyant les pattes couvertes de boue de Gaya mais ne dit rien. Une fois tous installés dans l’habitacle la voiture démarra et s’éloigna vers une nouvelle partie de la vie d’Andrès. 

Par Absynthe - Publié dans : Sensitiv' Photograph' par Deadly - Communauté : A l'ombre des romances...
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