Lundi 2 janvier 1 02 /01 /Jan 15:05

Pfiou, tellement long le chapitre que jsuis obligée de couper, vous êtes heureuses hein? HEIN QUE VOUS L'ÊTES?!

 

 

 

Il ne put que bondir en avant à la vue de tant de sang sur le sol, tant de sang sur les lames des attaquants, et tant de haine sur le visage de celui qu’il venait rejoindre.

 

Il se rua sur celui de droite qui était bien trop concentré sur Miyavi pour lui prêter attention et enfonça son poignard dans son flanc, retenant un haut le cœur lorsqu’il sentit le métal dévier après avoir touché une côte.

 

L’homme poussa un hurlement et lança son bras armé vers l’arrière. Sébastien fit un bond sur le côté et sortit son second couteau avec lequel il balaya le bras tendu dans sa direction. Cette fois, le sang gicla sur les miroirs qui couvraient l’ensemble du mur. L’homme qu’il venait d’attaquer –par derrière bon sang- se retourna, vacillant, immense, un couteau planté dans le flanc, les mains tremblantes et un regard tellement haineux plaqué sur son visage que Sébastien trembla. Jusqu’à présent il avait blessé des hommes. Il n’avait pas essayé de les tuer.
Le colosse fit un pas vers lui et le professeur recula, incapable de l’attaquer à nouveau. Je ne suis pas un meurtrier.

 

Son souffle se coupa. Il ne tuerait pas cet homme. Il ne pouvait pas. Il ne le connaissait même pas.

 

Mais il a voulu tuer Miyavi.

 

Sa main se resserra sur la lame et il se raidit, prêt à charger au prochain mouvement.

 

 

Il n’en eut pas le temps ni le besoin car, d’un mouvement vif et suffisamment rapide pour qu’il ne voit qu’une ombre passer sur la gorge de son adversaire, Miyavi l’égorgea.

 

Purement. Simplement.

 

Le colosse s’effondra avec un regard surpris et il ne resta plus dans le champ de vision du professeur que son amant haletant, dont l’avant bras entier était couvert de sang.

 

…Pas le sien avec de la chance.
Ses cheveux noirs tombaient en mèches folles autour et sur son visage et il les repoussa d’une main tremblante et sanglante vers l’arrière.

 

Sébastien essaya de ne pas remarquer que le sang fixait très bien les cheveux et poussa plutôt un soupir soulagé.

 

Le brun cracha un peu de sang et se jeta sur son professeur qui blottit son visage dans son cou, inspirant profondément son odeur.

 

Miyavi se recula en prenant son visage en coupe :

 

-Mais qu’est-ce que tu fiches ici ? Tu aurais pu te faire tuer ! J’ai eu tellement peur en te voyant là !

 

Le soulagement de retrouver son élève en entier était tel que Sébastien aurait pu sourire béatement et lui chanter son affection comme dans une comédie musicale niaiseuse… Mais il se souvint finalement de la raison de sa venue et son poing alla s’encastrer dans la mâchoire de l’asiatique.

 

-Tu m’as planté comme la dernière des catins pour aller te faire tuer dans un coupe gorge ! Tout ça pour quoi ?

 

Il hurlait clairement à présent, et Miyavi qui avait trébuché sous l’impact leva des yeux ébahis vers lui en se tenant la joue.

 

-Tout ça pour un petit merdeux qui t’a juste tendu un putain de piège ! Pourquoi t’es pas resté à coucher avec lui hein ?

 

-Mais qu’est-ce que tu crois putain, j’ai des obligations !

 

-Obligations mon cul ! T’es qu’un môme qui s’imagine diriger une bande de tocards ! T’as vu l’état de ton quartier ?! C’est devenu une vraie guerre civile putain ! Une hécatombe ! Tu ne maitrises rien ! Tout le monde a fui, et le reste est mort !

 

A ces mots, un poing s’enfonça dans son estomac et lorsqu’il se plia en deux sous la douleur, un second le heurta au menton, l’envoyant voler en arrière et tomber au sol.

 

Il rouvrit les yeux pour voir Miyavi au dessus de lui, rouge de colère :

 

-Je t’interdis de…

 

Il n’eut pas le temps de finir que ses jambes furent fauchées par Sébastien et ils se retrouvèrent à échanger coups de poings et de pieds comme deux adolescents en colère.

 

Forcément, c’était Miyavi qui gagnait malgré son poids léger, l’entrainement sans doute. Et très vite Sébastien se retrouva à uniquement protéger son visage et attendre que les coups cessent de pleuvoir. Il était à deux doigts de se rouler en boule.

 

Ils se raréfièrent rapidement lorsqu’il arrêta de répliquer, jusqu’à s’arrêter.

 

Ils avaient roulé loin de la scène de combat et un paravent de cuivre cachait les corps à leurs yeux.

 

Miyavi se tenait au dessus de Sébastien, chevauchant ses cuisses sans la moindre once de douceur. Sous lui, son professeur, cet homme plus mature que lui, tellement respectable, tellement plus âgé en un sens même si les années qui les séparaient étaient pas si nombreuses. Cet homme si « normal » qui était venu l’aider en pleine guerre civile –en 2012 bon sang !- se retrouvait sous lui à subir ses coups. Alors qu’il n’était ni un combattant, ni un ennemi.

 

Bien au contraire.

 

-Merde.

 

Il tendit les doigts vers le visage que le professeur protégeait de ses mains, et lorsque leurs peaux entrèrent en contact, le châtain sursauta si vivement que Miyavi sentit une bouffée de honte l’envahir.

 

Le corps sous lui se détendit légèrement et il put apercevoir les yeux de son amant. Il le vit inspirer profondément et se crisper brusquement.

 

D’un coup de reins, il fut projeté en arrière. Mais au lieu de heurter le sol, il tomba dans la baignoire creusée au milieu de la pièce.

 

-Ah putain !

 

Une baignoire encore à moitié remplie d’une eau qui avait eu tout le temps de refroidir depuis le début du conflit.

 

En une fraction de seconde, Sébastien l’avait rejoint, et le combat reprit, cette fois étrangement plus...

 

…Bizarre.

 

Malgré les coups, et le sang qui se répandait dans le fond d’eau, le professeur pouvait sentir le corps fin et dur de muscles de son élève s’agiter sous lui. C’était…Etrangement excitant.

 

Etrangement dans le sens ou il ne devrait peut-être pas être excité au moment ou il tenait la tête de son amant sous l’eau et qu’il était censé avoir vraiment la haine.
De l’autre côté, Miyavi, tête fermement maintenue par une main sur sa nuque était plus ou moins à l’agonie. Il avait d’abord eu du mal à comprendre la colère sans bornes de l’homme qu’il avait poursuivi une année durant. Et puis il avait pigé. Enfin, à cet instant précis il ne pensait plus beaucoup à ses sentiments, et plutôt à un moyen de sauver sa vie. L’illumination avait eu lieu quelques secondes plus tôt :

 

Lorsqu’il se trouvait au dessus d’un amant totalement dominé par ses poings, et où la honte l’avait submergé comme un revers de main en plein visage.

 

Oui il l’avait abandonné. Mais c’était pour sa sécurité. Et pour rattraper l’horreur qu’il avait créé dans le quartier. Les responsabilités n’avaient jamais été son truc. Mais là, il avait décidé de faire une dernière chose bien en tant que chef de cartel : défendre ses … ses gens, ses amis.

 

Il l’avait abandonné pour le protéger, pour le rendre fier, et parce qu’il le devait. Il aurait pu lui dire ça, avec des mots d’amour, des roses, des odeurs de lavande et un lancé de colombes, mais à la place, il se retrouvait le cul en l’air, les mains maintenues dans le dos, et la tête sous l’eau.

 

Quelle vie de merde.

 

 

Sébastien tira soudainement sur les cheveux de celui qu’il martyrisait depuis plusieurs secondes et le redressa d’un coup de hanches, le bousculant vers le rebord ou il l’appuya, s’écroulant sur son dos par la même occasion.

 

Tout deux étaient haletants et le châtain sentit des larmes de rage monter à ses yeux. Jamais il ne se serait permis de faire du mal à quelqu’un avant de connaitre celui qui crachait de l’eau sous lui.

 

Ce jeune homme l’avait transformé, et pas dans le bon sens. Mais c’était avec lui qu’il avait ressentit le plus de choses de toute sa vie. Même si le sentiment dominant était la colère, et le second la tristesse.

 

-Je suis…Désolé.

 

Ca aurait du être lui qui prononçait ces mots. Et pourtant c’était l’homme à moitié crevé à la voix grondante de souffrance qui le faisait.

 

-Je suis désolé Sébastien. J’aurais pas du jouer avec toi comme je l’ai fait. J’aurais pas du entrer dans ta vie, la retourner, pour ensuite te donner l’impression de t’abandonner. Je suis désolé.

 

-L’impression ?

 

-Il y a eu…Il émit un rire rauque. Un défaut de timing. J’aurais du pouvoir passer la nuit, et la matinée, et la journée et même la v... enfin du temps avec toi. Je te le jure. Mais on avait besoin de moi et toi, tu ne risquais pas de mourir. Enfin moins. Enfin pas trop… J’veux dire…

 

Sébastien sourit indulgemment:

 

-Tu comptais revenir ?

 

Le brun ne fit que se retourner, étonné.

 

-Bien sur.

 

Les mots étaient froids. Les émotions étaient grondantes. Tant de non dits entre eux. Tant de fierté, d’orgueil et d’incertitudes.

 

Et pourtant, un sentiment commun chauffait la pièce, une affection grandissante les isolait du monde à cet instant. Le brun se retourna, s’extrayant de l’emprise du plus âgé et s’assit sur le rebord, avançant une main tremblante vers le torse du professeur pour la poser juste au niveau de son cœur.

 

Le temps sembla s’arrêter quelques secondes tandis que leurs regards se figeaient l’un dans l’autre.

 

Et il reprit brusquement, lorsque le châtain fut tiré hors de l’eau.

 

Ils trébuchèrent dans leurs vêtements mouillés, se heurtèrent contre les murs, glissèrent sur le sol lorsque les tissus trempes les eurent quittés.

 

C’était différent. C’était confiant.

 

Plein de colère pour le temps perdu, mais empli d’une affection plus grande qu’aucun n’avait porté à qui que ce soit avant ce jour.

 

Très vite, Miyavi se retrouva à fixer le regard de son amant à travers le reflet d’un des immenses miroirs tandis qu’il écartait lentement les jambes et que Sébastien se plaçait entre elles.

 

Sa première expiration haletante fit une tache de buée sur la glace. Son premier gémissement alluma une flamme dans les yeux de son amant.

 

C’était sale. Plein de sang et de sueur. C’était brusque. Plein de haine et de rancœur. C’était Eux. Un tout imparfait, une entité étrange et fonctionnelle.

 

Les Mots n’étaient pas dits. Ils étaient criés par leurs regards et leurs gestes. Par la chaleur dans leurs mouvements, par le contact de leurs peaux.

 

Il n’y avait pas besoin de Les dire. Ils étaient trop fiers de toute façon. L’idée y était. Ils l’avaient compris.

 

 

Ils furent réveillés par un tremblement si fort qu’ils crurent leur fin arriver. Les rayons du soleil peinaient à passer à travers les fenêtres couvertes de poussières des combats, donnant une lumière faible, diffuse, qui éclairait lentement la pièce. Leurs yeux se croisèrent tandis qu’un des miroirs se fissurait sur toute la longueur. En un bond ils furent sur pieds, mais le tremblement s’était arrêté en un effroyable grondement.

 

Dehors, quelques cris les alertèrent, et une fumée opaque de pierre et de plâtre obscurcit la rue.

 

Miyavi lança des vêtements encore humides à son professeur et se rua vers l’extérieur. Sébastien le suivit rapidement, non sans lancer un regard au fond de la pièce, là ou deux corps sans vie avaient entamé leur décomposition.
Il eut un frisson de dégoût. Ces derniers jours étaient une pure folie.

 

 

Ils dévalèrent les escaliers, et le châtain put voir que le jeune homme agonisant à l’entrée avait disparu. Il soupira de soulagement, peut-être avait il survécu. Quelques pas plus loin il retint un haut le cœur lorsque son pied se heurta à un corps rigide et sans doute glacé.

 

Miyavi le tira vers lui et ils se mirent à marcher rapidement, levant les yeux une seconde pour s’apercevoir que l’énorme tremblement ayant eu lieu plus tôt résultait de l’effondrement d’un bâtiment de la rue.
Presque tous les immeubles étaient éventrés, toutes les vitres sans exception étaient brisées. Des corps d’êtres humains gisaient anonymes, recouverts d’une même poussière grise et des mêmes débris. Ils s’étaient battus pour une identité et finissaient tous dans le même état. Victimes et bourreaux sans nom.

 

 

Sébastien se fit la réflexion qu’un soleil si vif ne devrait pas paraitre le lendemain d’un tel massacre. Ses mains tremblaient, son bras s’était remis à saigner, il n’avait même pas pensé à stopper l’hémorragie. L’adrénaline l’avait totalement anesthésié durant la nuit.

 

-Ou on va ?

 

-A la gare. On dégage.

 

-J’ai pas d’argent sur moi, fit le professeur tandis qu’il était tiré, amorphe le long d’une avenue.

 

-J’en ai, de toute façon je pense que la difficulté sera de monter dans le train, pas de payer.

 

Le bruit de camions et d’engins se faisait entendre au loin.

 

-On court !

 

-Pourquoi ?

 

Tous deux avaient un mauvais pressentiment. Ou étaient passés les militaires ? Ou étaient les combattants ?

 

Ils attinrent la gare à l’extrémité du centre ville et leurs yeux se portèrent sur d’énormes camions chargés de briques de ciment.

 

-C’est une blague, siffla Sébastien.

 

-C’est ce que je craignais, dépêche toi !

 

Ils se remirent à courir, encore plus vite, vers l’entrée de la gare et se dirigèrent vers le premier train, éloigné d’eux par trois quais.

 

-Ils vont isoler la ville ? Sérieusement ? Haleta le professeur en reprenant son souffle, les mains sur les genoux.

 

-On traverse, fais attention.

 

Ils bondirent sur les voies, trébuchant sur les rails tandis que le train devant eux se mettait lentement en marche.

 

-On va y arriver, jura Miyavi entre ses dents.

 

-On va pas y arriver, siffla l’autre peinant à suivre.

 

Il ne restait qu’un quai et deux voies à traverser.

 

-On va y arriver.

 

Un sifflement pas si lointain se fit entendre et Sébastien tourna la tête vers l’origine du bruit. Un train à pleine vitesse arrivait vers la gare. Il ne s’arrêterait certainement pas ici vu l’allure, et il allait passer sur la voie juste devant leur train.

 

-On va pas y arriver, s’exclama Sébastien, la voix montant dans les aigus, le sang pulsant à ses oreilles.

 

-Putain si !

 

Et Miyavi se saisit de la main du châtain, le faisant encore forcer l’allure et il descendit sur la dernière voie, entraînant son amant avec lui.

 

Le bruit assourdissant du train leur fit tourner la tête, les rails sous leurs pieds vibraient, ils hurlèrent et bondirent sur le quai.

 

Le train passa en un claquement d’air et ils ouvrirent les yeux, surpris d’être en vie. Leurs regards se croisèrent, ils l’avaient fait. Il ne leur restait plus qu’à se lever et courir pour atteindre un wagon du train qui prenait de l’allure.

 

Le souffle bruyant, la sueur au front, ils se redressèrent et s’élancèrent vers leur porte de sortie de cette ville cauchemar. Ils allaient s’en sortir, ils recommenceraient leur vie ailleurs. La douleur dans leurs corps semblait annihilée, leurs pieds les portaient par réflexe. Seules leurs mains jointes et l’espoir dans leur poitrine ressentait encore quelque chose.

 

 

Et puis soudain. Deux formes furent devant eux. Leur barrant le passage.

 

Deux silhouettes pas si inconnues se mettaient en travers de leur chemin.

 

Sébastien sentit son souffle se couper, tandis qu’il dévisageait son meilleur ami ôter des lunettes de soleil de marque et lui faire un sourire étrange.

 

Il porta son regard vers la deuxième personne et son sang se glaça lorsqu’il la reconnut. Gackt.

 

Miyavi serrait sa main à la briser.

 

Le blond eut un rire léger, toujours aussi insupportable et Samuel lança :

 

-Vous ne pensiez pas vous barrer en train quand même…

 

Sa main se dirigea lentement vers sa poitrine, et plongea dans l’encolure de son costume sur mesure.

 

Sébastien fit un pas sur le côté, se rapprochant de son amant. C’était impossible, mais si c’était le cas, il resterait près de lui jusqu’à la fin.

 

Par Absynthe - Publié dans : Un Nouveau Prof (Yaoi) - Communauté : Lawful Drug
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