Le vent frais continuait de déblayer la poussière qui stagnait dans les airs, on pouvait voir de plus en plus loin sur la place.
Les quelques visages encore en vie se couvraient d’une fine pellicule de terre, donnant à chacun un air de fraîchement déterré et la terreur qui régnait déformait leurs traits.
Vision cauchemardesque des deux cotés.
Aby continuait sa progression, ignorant les cavaliers qui passaient si près d’elle.
Chance incroyable, son inconscience ne lui coûtait pas encore la vie.
Elle qui ne regardait qu’un seul des Autres occupé à achever une fillette, demeurait en vie, tandis la plupart des lycéens couraient à droite à gauche, espérant échapper aux fléaux se faisaient déchiqueter.
Malgré sa démarche sûre et rapide, son esprit bouillonnait.
Comment tuer un guerrier armé et à cheval, en étant à pied, dénuée d’arme, et sans aucune connaissance de combat véritable ?
Elle se figea, un pied dans une flaque de sang et remarqua avec dégoût que ses vieilles baskets n’étaient plus imperméables.
Elle passa sa main sur son visage de consternation.
Elle était en plein cauchemar et voilà qu’a présent elle repensait à des choses matérielles.
Décidément la société l’avait tout autant moulée que les autres personnes qu’elle méprisait.
Se reprenant, ne pouvant cacher sa honte de penser à tant de choses alors qu’un être de son sang venait d’être assassiné, elle observa le cavalier.
Il était droitier remarqua-elle. E
lle le contourna de façon à arriver sur sa gauche, attaquer de front et sans réfléchir l’aurait tuée inutilement et son désir de vengeance n’aurait pas été rassasié.
Visant un petit éclat de métal à moitié enterré, elle se pencha et s’en empara. Satisfaite de sa forme elle accéléra le pas. Le cavalier se redressait enfin, après avoir tailladé comme avec plaisir, sa pauvre victime.
Elle n’avait plus rien d’humain.
Son visage était en lambeaux, son ventre était ouvert et ce qu’il contenait se déversait sur ce qui fut autrefois un trottoir.
La cruauté de cet être souleva le cœur d’Aby.
Tuer oui, massacrer un corps déjà mort non.
Elle se plaça juste derrière lui et avant qu’il fit partir sa monture en avant elle s’agrippa à l’arrière de la selle, en se hissant sur la pointe des pieds et levant le bras le plus haut possible.
Plus grand qu’elle le pensait, cette bête était un véritable géant, tout comme son cavalier. Un coup d’œil en avant et elle s’aperçu que le destrier l’avait vue.
Son cœur s’emballa.
Pourvut que cette bestiole ne fasse aucun mouvement de recul de par sa présence !
Le cavalier serra les jambes pour lancer son destrier en avant.
« Trop tard j’ai été trop lente, j'ai loupé ma chance. Pauvre conne! T'es inutile! Conne! conne! conne! » se dit elle.
Mais à sa grande surprise l’énorme cheval auquel elle n’arrivait qu’a l’épaule, ne bougea pas d’un centimètre.
Elle relança un regard vers lui, et son œil jaune l’observait, l’incitait presque à achever ce qu’elle avait commencé.
« Voila que je perd la tête… ».
Elle se hissa tant bien que mal sur la croupe de l’étalon, s’appuyant sur ses reins avec regret, mais il semblait ne pas sentir cette douleur.
Le cavalier émit un grognement atroce avant de talonner une nouvelle fois sa monture. Qui refusa à nouveau d’avancer.
Aby se redressait enfin, et remarqua à sa gauche que les autres cavaliers l’avaient vue, l’un poussa un hurlement qui lui fit dresser les cheveux sur la tête, les autres s’élancèrent vers elle.
Et le cavalier, avertit par ses congénères se retourna lentement vers elle…
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