Mercredi 14 mai 3 14 /05 /Mai 01:58

Quelques minutes  passèrent et  Al Hataal galopait  toujours en direction de  la sortie de la ville.

Dainsleifin était  plongée  dans  ses  pensées, ses  grands  yeux verts  scrutaient  le  paysage  sans  le  voir.

Elle  se  tenait  là, immobile, parfaitement  droite  dans  sa  selle, impassible  quant  à l’allure  vertigineuse de  l’étalon. S

es  cheveux voletaient et fouettaient  son visage déjà rosi par le vent.

Elle  sortit  son portable : Midi moins  cinq.

 -Al Hataal, ou allons  nous ? murmura-elle  d’une  voix  faible.

-La destination finale est ce  que  vous  appelez  l’Afrique. Mais  pour  l’instant  je  veux  simplement  nous  éloigner  des  villes, elles sont  bien trop dangereuses.

Elle  ne semblait  pas  se  rendre  compte  de  ce  que  le  Meshamhaan avançait.

Il désirait traverser toute la  France, la  méditerranée et  une  partie  du Maghreb. Après  tout, avec  ce  qu’elle  avait apprit durant la  matinée, rien ne  pourrait plus  l’étonner.

Toujours  impassible elle  reprit :

-Al Hataal, il n’y a  pas  d’eau par  ici…

-Ne  t’inquiète pas pour ça, lui répondit-il d’une  voix  calme et  posée, repose toi, le chemin sera  long et  les  pauses seront rares.

 

Dainsleifin se  laissa  glisser  plus  profondément dans sa selle, joua  du bout  des  doigts  le  long de  son téléphone.

Un éclair  jaune  lui parut.

Le  Meshamhaan avait  jeté  un coup d’œil en arrière.

-Tu ferais  mieux  de  le  jeter.

-Pourquoi ?

-Il ne  te  servira  plus  à rien. Jette le.

Elle  s’exécuta  avec  un soupir. Tendit le  bras  dans  le  vide, observait ses  doigts se défaire lentement de leur emprise, puis  l’objet tomber rapidement sur le sol, rebondir plusieurs fois avant  de  s’immobiliser.

Elle  s’aperçu alors  de  la  vitesse  affolante  à laquelle  ils  allaient. Son portable  était  déjà à une centaine  de  mètres derrière elle  alors qu’elle  venait  simplement  de  le  lâcher.

-Plus  que quelques  minutes  Al Hataal.

-Ne  t’en fais  pas, ils  ne  sont  pas  à quelques  minutes  près, et  puis  ils  n’ont pas  d’horaires  aussi précises que les  vôtres.

Dainsleifin cligna  des yeux, cherchant  à chasser  les  larmes que  le  vent  glacé  causait. Elle  se  pencha en avant et  glissa la  paume  de  sa  main le  long de  l’encolure du Meshamhaan.

A sa surprise  elle était  parfaitement  sèche, sale, terreuse, pleine  de  croûtes de terres et d’anciennes blessures mais  il ne  semblait  pas  suer  le  moins  du monde. Elle  sourit  faiblement.

Aucun de  ses anciens  chevaux  aurait  pu galoper aussi longtemps sans  être  trempé de  sueur  et  d’écume.

 Peut-être  mais  je  ne  suis  pas  un cheval.

 

Devant eux  une  barrière du bord  de  l’autoroute leur  barrait  le  chemin. Dainsleifin se  redressa  en équilibre  sur  ses  jambes et  attrapa Dainsleif de  peur  qu’elle  ne  tombe.

D’un bon plus que gracieux l’étalon se  retrouva  sur  la  terre  battue qu’était  auparavant la quatre  voies.

Un second  saut  le fit  franchir  le  terre  plein central.

Des  voitures  abandonnées  traînaient de ça de là sur  la  route. La  plus part  à moitié  enterrées sous  la  terre.

Dainsleifin tourna  la  tête. Elle entendait  quelque  chose.

-Attend, arrête toi s’il te  plait.

 Elle  venait  d’apercevoir ce  qui l’intriguait tant. Une  famille  entière était encore  dans  leur  voiture. Aucun  d’eux  ne  bougeait, tous  avaient  un visage  totalement  figé. Apparemment ils  espéraient  passer  inaperçu. C’était  raté.

-Sortez  de  leur  cria-elle, faisant tourner l’étalon dans  leur  direction.

Elle  n’eut  pour  seule  réponse  que  le  claquement  sec  du verrouillage  des  portes.

 -Sortez  de  là c’est dangereux, répéta-elle.

Aucun ne bougea, le  père  de  famille  avait  le  visage  plus  blanc  qu’un linge (lavé  avec  omo, plus  blanc que  blanc).

Elle  descendit  de Al Hataal et  s’approcha lentement de  la vitre, toqua doucement.

-Sortez  vite  d’ici et  allez  vous  réfugier dans  l’eau ! Allez  sortez !

Al Hataal murmura qu’ils  n’avaient  plus  de  temps, elle  tourna  le  visage  vers  lui :

-Mais  on ne peut  pas  les  laisser  ici !

Il s’avança et le  père  se  mit  à crier.

-Va t’en démon ! Crève dans  les  flammes  de là ou tu viens ! Démon ! Démon !

*Aby on a  vraiment plus  le  temps, il faut  partir.*

-Sortez  de  cette  voiture, vous  allez  mourir ! Croyez  moi !

-Sorcière sorcière ! Criait  à présent  le  père, totalement hystérique.

Les  deux enfants  assis  sur le  siège  arrière se  mirent  à pleurer. Par  peur  des  nouveaux  arrivants  ou bien par  peur  de  l’étalon ?

Al Hataal poussa Dainsleifin de  façon à ce  qu’elle  lui fasse face.

*En selle !*

Elle obéit, et  le  Meshamhaan prit  son élan pour  sauter  la dernière  barrière.

Derrière elle se  trouvait  un fossé.

A peine  eut-il levé ses  pattes  du sol qu’une  détonation immense se  fit  entendre. Leur  envol se fit lent.

Si lent  que  la  jeune femme  pu se retourner et voir  ce  qu’elle  n’aurait jamais pu imaginer.




L’étalon venait  de  prendre  son envol, il était  tendu dans  les  airs, pattes  tendues en avant, encolure allongée  au maximum.

Tous  ses muscles étaient bandés, saillants  sous sa  couche  de  poils ras.

Ses  crins  semblaient  flotter  comme  au ralentit, comme  des étendards  d’une  armée fantôme  arrivant de  loin dans  la  plaine.

Au dessus  du Meshamhaan, la jeune  femme  semblait  être  aussi légère  qu’une  plume, ses  yeux  grands ouverts semblaient voilés par l’étrange  lueur  qu’avait pris le  ciel au moment  de  l’explosion.

Un orange surnaturel avait  plongé le  monde dans un crépuscule précoce.

L’air bouillonnait, brûlait, violent, insupportable.

Dainsleifin écarquillait les  yeux  de  stupeur, on pouvait  voir la scène reflétant dans  sa rétine brillante, inondée de larmes figées. 

 Au loin, la  ville  s’écroulait sur elle  comme  un château de  cartes.

Une  brume  épaisse s’élevait, cachant à moitié les  décombres, ainsi que  les  immeubles se brisant encore.

Au centre, comme  une  reine  de  tout  ce  chaos, la  cathédrale demeurait immobile. Sa  flèche transperçait le ciel devenu rouge.

Les  nuages bas  tentaient de  cacher  sa  magnificence sans réussir.

Le bruit, les  cris tout  était  si perçant  qu’il en devenait assourdissant, tous  ce  brouhaha se  transformait  en une  sorte  de  nuage de  sons, tous  identiques qui entouraient votre visage, alourdissait tous  vos sens.

Un toit qui s’écroule, une façade  qui tombe, des  os qui craquent, un enfant  qui pleure, un père  qui se  jette de son immeuble  pour  échapper  à l’effondrement…

Elle  semblait pouvoir  ressentir chaque douleur, chaque frayeur de cette ville  en pleine  destruction à ce  moment là. Toutes  ces  morts  lui broyaient  le  cœur, comme  si chaque  esprit  lui traversait  le  corps pour  ne  pas  l’avoir prévenu. Le  sol devint incandescent.

Cette  catastrophe  n’était  pas  finie. L’antenne  téléphonique qui vacillait au gré des tremblements au loin, devint  une  bougie de  cire, et  s’écoula jusque  sur  le  sol, se dissout, disparut.

Aby reporta son regard  vers  l’autoroute bien que  la  ville  n’ai pas  cessé de  grincer, de  se  tasser  jusqu'à  former  un tapis  informe d’éboulis.

La  voiture occupée  par  la  petite famille  fondit  en un instant.

Les  pneus claquèrent, secouant les  occupants  qui se  mirent  à hurler, un millième de  seconde plus  tard  elle  fondait.

Le  métal et  le  plastique brûlants coulèrent encore trop lentement sur les occupants de  la  voiture. Ils  n’avaient pas  le  temps de  réagir mais  elle captait  dans  leurs  yeux  la  douleur  que  leur  causait ses  brûlures.

Ce  métal inflammant leurs chairs, détruisant leurs  os, les  réduisant  à l’état  de  poussière.

Commençant par leur crâne, dégoulinant sur leurs yeux brûlés tandis  que  leurs pieds s’enflammaient au contact du châssis de  l’auto...

 

 

Un souffle  plus  chaud  que  les  autres fit cligner  les yeux de  la  jeune  femme.

Lorsqu’elle  les  rouvrit, elle  était  au bas  du fossé de  l’autoroute, le  ciel se  couvrait  de  cendres et  le silence était  total.

Par Absynthe - Publié dans : Dainsleifin ou La Menace d'Outre Terre
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Mercredi 14 mai 3 14 /05 /Mai 02:00

Elle  s’écroula  lourdement  sur l’encolure de  l’étalon, le  souffle rauque.

Ca  va ?

Oui… merci, j’ai l’impression d’avoir  vu passer  ma vie devant mes  yeux…

Elle n’avait  pas  tord, sauf  que  ce  n’était  pas  uniquement  sa  vie  qui venait  de  passer. Mais  celle  de  milliards  de  personnes.

Partout  dans  le  monde les  villes  avaient  été détruites, la  population décimée.

Elle  haletait, toujours  étendue  sur  l’étalon.

Elle se  laissa  glisser lentement à terre et  s’écroula  dans  l’herbe.

La  terre  était  encore  tiède. Tout  s’était  déroulé  si vite, en quelques  secondes ses  yeux avaient  vu ce  qu’ils  n’auraient  jamais  pu imaginer.

En quelques millièmes de secondes des milliards de gens  étaient morts. Elle en avait  vu certains. Presque  tous  étaient  morts  tandis  qu’elle  était  vivante.

Elle  se  mit  à quatre  pattes puis  se  redressa  complètement.

Marchant comme  un somnambule vers  la  colline  qui donnait  vers  l’autoroute ou ce  qu’il en restait.

Ses  pas étaient  imprécis, elle semblait être dénuée de forces motrices.

Elle  marchait  car  elle devait  marcher  mais  c’était  plus  la  répartition de  son poids  plutôt  que  ses  muscles  qui la faisait avancer.

La  jeune  femme  arrivait  en haut  de  la  bute et  s’affalait  sur  le  sol. Tout  ce qui avait été  métallique était  fondu, il ne  restait plus  que  de  petites  plaques  de  métal encore brûlant dans  la  terre.

L’autoroute était  devenu un immense  chemin de  terre et  de  plaques qui semblaient s’enfoncer dans  le  sol au fil des  secondes.

Au loin, la  ville  de  Strasbourg n’était  plus  qu’une  zone  fumante.

Y avait-il des  survivants ?

Les  chevaliers  étaient-ils  déjà sortis  pour  décimer  le  reste  de  la  population ?

La  cendre  et  la  poussière  tombait  lentement, comme  une  neige  noire, une  neige  sale, une  neige sombre et  douloureuse.

Seuls  quelques rayons  de  soleil éclairaient la  demoiselle  en dentelles, pierre  rouge, usée  par  les  années, mais  toujours  présente.

La  cathédrale avait  résisté au séisme.

Aby sourit. Cette  cathédrale était dressée  vers  le  ciel, comme  un espoir  dans  l’ombre.

Sa  base  était  sous  les  débris  et  les cendres  mais  elle  n’en demeurait pas  moins magnifique. Magique.

Elle  redescendit les  yeux  brillants.

S’il y avait  un espoir pour  renvoyer ces  êtres  sombres  et brûlants  dans leur  monde  terreux elle le  saisirait.

Elle  fera  tout  pour  son monde, parce  que  malgré  ses  défauts, malgré  ses  horreurs, elle  l’aimait.

Oui elle  l’aimait.

Tout  autant  que  tous les  jeunes  rebelles  qui dessinaient le  sigle  de  l’anarchie sur  leurs sacs de  cours. Ils étaient  rêveurs, souhaitaient un monde  meilleur.

Et  après  tout, cette  décimation de  toutes les villes  et  de toutes les  choses  inutiles ne  permettrait-elle  pas  de  repartir  sur de  bonnes  bases ?

Pour  un monde  meilleur ?

Dainsleifin avait  enroulé  son épée  dans  un de ses  nombreux foulards  de  peur  de  se  blesser  puisqu’elle n’avait  plus  de  fourreau.

Elle la  portait  à la  taille  depuis  qu’elle  avait  compris  que  c’était  son seul moyen de  communication avec  le  Meshamhaan, mais  cette  dernière  n’était  absolument  pas  légère  et  elle  se  doutait  bien qu’elle  n’était  pas  destinée  à une  femme, encore  moins d’aussi petite envergure.

Elle  s’approchait  d’Al Hataal et  portait  son pied  à l’étrier, lorsque  ce  dernier  fit  quelques pas  en avant.

Elle  leva  vers  lui des  yeux  étonnés. Depuis  ce  matin elle  n’avait  vécu que  des  horreurs, ce  n’était  absolument  pas  le  moment d’en venir  aux  blagues.

–Al Hataal, qu’y a-t-il ?

L’étalon la  fixait de  ses  yeux  brillants d'intelligence, papillonna des paupières et  répondit  qu’il fallait  qu’elle  s’entraîne  le  plus  tôt  possible.

L’endurance  était  indispensable  au guerrier. Aby hocha  la  tête  avec  un rire  on ne  peu plus  jaune.

Hinhinhinhinhin, qu’il est drôle le  canasson, hinhinhinhin, dis  moi que  tu plaisantes  avant que  je  fasse  de  toi un steak.

L’étalon la  regardait  avec  des yeux  ronds.

Un steak ? Quéssidi ?

Pour  toute  réponse  il commença  à repartir au petit  trot, le  sac  de  la  demoiselle ballottant au gré  de ses  foulées.

Malgré  la  décomposition plutôt  comique  du visage de  la jeune  femme, Al Hataal demeurait  majesteux, mais  semblait  bien plus  jeune, son trot  en était  presque  joyeux. Un vrai poulain.

Al Hataal, tu n’as  pas  droit  de  partir sans  moi ! Reviens !

–Non, toi avance ! Allez  cours !

–Mais  Al Hataal, je  suis fatiguéééée !

–Dans  ce  cas  tu dormiras  divinement  bien cette  nuit ! Allez  du nerf, lui lança-il en faisant  un rond au trot, déjà loin dans  la  plaine.

La  jeune  femme  se  redressa  et  inspira  calmement.

Tous ces  changements  en quelques  heures l’avaient  épuisée, mais il avait  raison, il fallait  qu’elle  se  prépare.

Les  guerriers des Sous-sols ne  prenaient  sûrement aucun repos. Elle  glissa  fébrilement  une  main dans  ses  cheveux qu’elle  trouvait  encore  plus  longs que  quelques  minutes  plus tôt.

Elle amena  une  mèche  devant  son visage. Oui ils  avaient  bien poussé ! Encore  un mystère à résoudre.

Elle  ferma  les  yeux  un instant, laissant  le  vent  caresser son visage  et  la  cendre  qui tombait toujours  souiller  ses  vêtements, puis  les  rouvrit, et  commença  à courir.

Au bout  d’une  trentaine de  mètres  elle  était  déjà essoufflée.

Tu parles  d’une combattante. Pourquoi c’est tombé  sur  moi ? Ralala.

Elle  reprit son souffle  quelques instants  et  repartit  en courant, tentant  de  rejoindre  l’étalon qui l’avait  bien distancée.

Elle  pouvait  apercevoir ses  crins voleter à sa  suite, gracieux, félin.

Il trottait toujours à égale  vitesse et  semblait  se  promener  allègrement.

Elle, semblait  plus  courir  un marathon.

Elle était  trempée  de  sueur. Mais  il fallait  courir.

Courir  encore  et  encore jusqu'à  ce  que  ses  jambes ne la  portent  plus  et  qu’il daigne  enfin jouer  la  monture  docile.

Le  soleil commençait  à redescendre dans  le  ciel, il était  deux heures  passées. L’herbe  se  faisait  plus  haute, et  même  si elle  suivait le  chemin tracé  par  le  Meshamhaan elle  peinait  de  plus  en plus  à avancer.

Al Hataal ?

–Oui Dainsleifin ?

– Ou es  tu, je  ne  te  vois  plus  dans  ces  hautes  herbes.

–Devant toi ma  grande, loin devant toi.

–Al Hataal ?

–Oui Dainsleifin ? répondit  une  voix moqueuse.

On arrive  quand ?

L’étalon s’esclaffa  et  s’immobilisa  quelques  minutes.

Au bout  d’un quart  d’heure la  jeune femme  arrivait, essoufflée, fatiguée, presque aussi lente  que  si elle  marchait à reculons.

-Bon je  crois que  ça  suffira  pour  aujourd’hui. En selle, et  repose  toi, on ne s’arrêtera  pas  avant  la  nuit  tombée.

Par Absynthe - Publié dans : Dainsleifin ou La Menace d'Outre Terre
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Mercredi 14 mai 3 14 /05 /Mai 02:02

Les jours  passaient et  la  routine  s’installait.

La nuit, l’étalon et  la  jeune  femme  dormaient tous  deux allongés  à même  le  sol, Dainsleifin entre les  pattes  de  l’animal, qui tentait  de lui donner  un peu plus  chaud. La  température baissait  au fil des  jours.

Les  premières  nuits, aucun des  deux n’était  vraiment  à l’aise.

L’une  par  pudeur simple, de  se  serrer  contre  un être  tout  aussi pensant  qu’elle alors qu’elle  ne  le  connaissait pas ; l’autre parce  qu’il n’avait  pas  l’habitude  d’avoir  un  être chétif et  faible  à protéger.

Faible  uniquement par rapport à ceux qu’il côtoyait avant, car  il devait  l’avouer, cette  jeune  femme  avait  du cran de  supporter  tout  ce  qu’il la  forçait  à faire.

Au matin tous  deux  cherchaient  un point  d’eau.

Aby s’habituait  peu à peu aux bains dans  des  rivières  glacées, qui en général étaient  boueuses à cause  des  effondrements  récents.

Al Hataal lui, évitait  de  s’en approcher  de  trop, et  sautait  par  dessus les cours d’eau.

Ensuite  elle  devait  courir.

Approximativement de sept heures jusque dix  heures du matin.

Chaque jour elle souffrait de  ses courbatures de la veille. Ses  boots l’empêchaient de courir correctement, elle  était  à présent  pieds  nus.

A partir  de  dix heures  et  demie la  course  reprenait, à cheval cette  fois. L’étalon galopait  sans  s’arrêter durant  des  heures, seules  les  invectives de  la  demoiselle le faisaient ralentir, et  ce  n’était  en général que  pour  attraper  des  fruits à la  limite  de  l’age.

Les  jours  passaient et  Dainsleifin était  de  plus  en plus  de  mauvaise humeur.

Dainsleifin, qu’y a-t-il ?

–Rien.

–Dainsleifin, quel est le  problème ?

–Y a  pas  de  problème,  ronchonnait-elle.

Chaque  jour ils  croisaient  des villages  en ruines, des  cadavres d’êtres brûlés.

Des  femmes, des  enfants, des vieillards dont  la  croûte  cramée gardait leur forme assise sur un banc de  bois  tout  aussi brûlé  qu’eux.

A chaque être mort qu’ils  croisaient, la  jeune  femme  devenait  de  plus  en plus  silencieuse.

Elle avait  abandonné  sa  famille  dans cette  horreur. Les  remords grandissaient  au fond d’elle, tout  comme  cette  haine  sourde.

Elle  ne  la  sentait  que  très  peu, mais  l’entraînement que  lui donnait  l’étalon forgeait  son caractère.

Elle  oubliait  la  douleur des hématomes que  lui avait  causé  son combat, elle  oubliait  ses  courbatures, et  pour  ça, elle  se concentrait sur  une  chose. Une  seule.

L’envie de tuer.

Elle avait  goûté  à la mort, elle  en voulait  encore.

Encore  plus.

Elle  savait  que  sa  cousine et tous  les autres  morts ne  lui reviendraient pas.

Elle  savait également qu’aucun ne sauraient qu’ils avaient été vengés. Elle savait encore  que  ça  ne  soulagerait rien en elle.

Mais  ôter la vie  d’un être  haït est comme  une  drogue. C’était  presque  un plaisir. Un bonheur. Elle  en avait  envie. Et  elle  attendait…

Cela  faisait  à présent  deux  semaines  qu’ils  traversaient  la  France du Nord  au Sud. Deux  semaines, et  ils  avaient enfin atteint l’Ardèche.

Avec  un cheval normal il aurait  fallut environ trois  semaines, de  nombreux  points  d’eau, des pâtures, et  un rendez  vous  avec le maréchal.

Or l’étalon ne  buvait  que  très peu, et  uniquement  de  l’eau issue  de  flaques  ayant  chauffé au soleil. Il n’avait besoin d’aucun traitement par rapport  à ses  pieds, et  ne  mangeait que  certaines  herbes extrêmement nutritives.

Le  soleil commençait à peine  à se  lever, Dainsleifin s’était glissée  entre  les  antérieurs de l’étalon durant  la  nuit, et  se servait de sa  jambe  comme  d’une  couverture.

Elle  dormait  encore  à poings fermés.

Al Hataal la  contemplait, c’était les  seuls  instants  ou elle  semblait  reprendre son age  véritable, et  son innocence de jeune  femme.

Ses  traits  semblaient s’être  affinés au fil des  jours, ses  cheveux  n’arrêtaient pas  de  pousser. Ils  lui arrivaient  à présent  à la  taille  et  sa  coloration framboise ne  débutait à présent qu’à  ses épaules.

Elle  ouvrit  les  yeux encore embrumés et  contempla Al Hataal qui détourna  rapidement son regard.

Enfin tu te  réveilles. Marmotte. J’ai connu des  cavaliers  moins  flemmards, murmura-il d’un ton faussement  sec.

Elle  ne répondit pas, se  retourna paresseusement puis s’extirpa des pattes  musclées du Meshamhaan.

Avançant vers son sac à quatre pattes elle  marcha  sur  ses cheveux et  s’étala de tout  son long, le  nez  dans  l’herbe.

J’en ai maaaaaaaaaaarre, geignit-elle tout en se  retournant  sur  le  dos et  prenant son visage  dans  ses  mains. Maaaaarre Maaaarre Maaaaarre!

Gardant  les  yeux fermés  elle tâtonna à la recherche  de  Dainsleif qu’elle saisit par la « fusée » et  attira  vers  elle.

Al Hataal la  contemplait, mi-amusé, mi-décontenancé.

Elle  se  redressa lentement, les  sourcils  froncés, attrapa de sa main gauche  ses cheveux  emmêlés et les  ramena devant elle.

Puis  s’empara  de l’épée blanche et  trancha  d’un coup sec dans  ses  cheveux. Laissant  tomber  sur  ses  genoux une grande  quantité de cheveux violets roses. Elle  se  redressa et  tourna  son visage  vers  l’étalon.

Elle  arborait  à présent un carré  plongeant mis  long, les  mèches  les  plus  longues  tombaient sur  sa  poitrine, cette  coupe faite  à la  va vite  lui allait  très  bien, soulignant les  traits  fins de  son visage.

Prochaine fois  que  ça  te  prend, pense  à les  natter puis  à les  attacher. Dainsleifin ne répondit  que par  un grognement sourd qui aurait  pu ressembler au langage d’Outre Terre.

Oui enfin de  tout  manière  vu la  vitesse  à laquelle  ils  poussent depuis que  tu as  Dainsleif, je  pense  que  tu pourras  t’amuser  à nouveau d’ici une  semaine.

Pour  toute réponse elle  attrapa l’harnachement de  l’étalon et  le  fixa  jusqu'à  ce  qu’il se  lève, avant  d’installer la  selle sur  son dos, y accrocher ses  affaires et  ses  boots ainsi que  la  bride qui leur  était tout  à fait  inutile.

Elle  partit  en courant  en avant, n’écoutant  que  les  directives de  l’étalon pour  ce  qui est du chemin à prendre. Ils  parvinrent à sortir  de l’épaisse forêt dans  laquelle  ils  avaient  dormi, et s’engagèrent dans  une  immense  plaine.

Elle  avait  du être  une  ville quelques  semaines  auparavant. L’étalon trottait léger, gracieux, magnifique au côtés de  la  jeune femme. Elle  semblait  moins épuisée, plus  décidée à courir.

Elle  appréciait  ces  moments, elle  ne  pensait  plus  à rien d’autre  qu’a sa vengeance future et  à son souffle. Elle  foulait  l’herbe  de  ses  pieds  nus, Dainsleif pesait toujours autant  à sa  taille.

Elle  sentait  que  l’épée  ne  l’avait  pas encore  totalement  acceptée. Après  tout  elle  n’était pas  à elle  mais  à un être des  Sous Sols disparu. Peut-être mort mais  ça  Al Hataal n’en savait  rien.

 

Quelques  minutes  après  avoir  commencé de  traverser la  plaine  Al Hataal se  raidit :

Nous  avons  de  la  visite à notre  droite Dainsleifin.

Aby tourna les yeux dans  la  direction donnée et  s’immobilisa  le  souffle  court.

Des survivants…


Par Absynthe - Publié dans : Dainsleifin ou La Menace d'Outre Terre
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