Dainsleifin ou La Menace d'Outre Terre

Mercredi 14 mai 3 14 /05 /Mai 01:02

La  foule s’interrogeait  du regard, tous avaient leur  téléphone  mobile  à la  main, cherchant  à joindre  parents  et  proches.

Adeline  fit  volte  face après  avoir encouragé bon nombre  de  jeunes  à s’en aller.

Elle  descendit  de  son petit  tas  de  terre  fraîchement  retournée et  revint  une  fois  encore  vers  sa  cousine, toujours  immobile.

- Je  suppose  qu’il faut  que  nous  partions  toutes  les  deux également  n’est-ce  pas ? demanda-elle.

La  concernée leva  une  fois de  plus  les  yeux  vers  elle.

Ils  étaient  embués  de  larmes, un triste  sourire  se  dessina  sur  ses  lèvres  couvertes  de  poussière, et  elle  tendit  sa  main vers  la  joue de  la  jeune  blonde, la  caressant  tendrement.

-Il est trop tard  à présent… murmura-elle.

-Pardon ? Comment  ça ? Tu débloques  complètement  ma  pauvre  fille ! Allez  lève toi avant  que  je  me  fâche !

Aby ne  bougeait  pas  d’un centimètre et  avait  déjà reporté  toute son attention sur  le  bout  de  la  rue, plongé  dans  le brouillard  terreux.

Le grondement  qui l’obsédait  depuis  quelques  instants s’était  amplifié, encore  et  encore. Désormais elle  percevait un son ressemblant  au bruit  d’un peloton de  chevaux  au galop, mais  atténué.

Comme  assourdit par  une  herbe  extrêmement  grasse.

Non. Ce  n’était  pas  assez, on aurait  dit  que  ces sabots  frappant  le  sol étaient recouverts  de  tissu mou, entièrement  amortis.

Des  « pattes  velues »  à des chevaux.

Voilà, elle  y était  arrivée.

Le  sourire qui se  dessinait  sur  ses  lèvres depuis quelques  instants s’élargit  encore et  deux  mots  jaillirent  de sa  bouche comme  hachés :

« Com-plète-ment  timbrée  Ha Ha. »

Elle  riait  à présent, rire  rauque et triste qui s'élevait dans la  foule.

Il ne restait  qu’une  vingtaine  d’élèves  devant  le  bâtiment.

Tous la  regardaient  avec  surprise  puis  pitié. Sa  cousine  l’abandonna pour  aller  se  plaindre  à une  de  ses  amies de  son état  de  légume.

Aby continuait à fixer  le  bout  de  la  rue, et  vit  du coin de  l’œil des  oiseaux  s’enfuir au plus  vite dans  la  direction opposée. Un caillou sur  sa  droite  recommença  à trembler, mais  très  légèrement.

Personne  ne  sentait  ces  vibrations.

Son souffle  s’accéléra au fil des  secondes, ses  yeux  s’agrandirent et  enfin elle  les  vit.

 

Eclairés  par  les  faibles  rayons  glacés  du soleil à travers la  poussière brune, d’énormes pattes  percèrent  le  brouillard et  s’offrirent à sa  vue, suivies par de  puissants  poitrails, et  de  majestueuses  têtes  équines.

Chacune plus sombres que  les  autres et  ornées  de  métal argenté couvrant leur  chanfrein, leur  poitrail et  leur  encolure.

D’énormes  cavaliers les  chevauchaient, tous  aussi sombres  que  leurs  montures, heaumes et armures de  cuir et  de  métal.

Elle  les  détaillait, merveilles  de  la  nature, magnifiques et  terrifiants, fiers et puissants.

Des  six  cavaliers, quatre avaient  déjà  sortit leurs épées,  les  deux  autres  faisaient  tourner  des  fléaux au dessus  de  leurs  têtes. Ils  avançaient  au galop dans  leur  direction.

Un premier adolescent croisa malencontreusement leur  chemin…

Sans  rompre ni le rang ni l’allure, l’un des  porteurs de fléau, tendit  un  bras gainé de cuir dans  sa  direction.

Ses muscles  se  contractèrent laissant deviner son incroyable  musculature. Son arme  fendit  l’air en sifflant.

Le jeune garçon eut  à peine le temps de  lever  ses  yeux  gris vers  le  ciel, cherchant du regard  ce  qui allait  causer  sa  mort, qu’un éclair  argenté le  frappa au visage.

Il put  entendre ses  os et  son cartilage  craquer sous  le  poids, la  masse  et  les  pics. Vint ensuite le  sang.

Pas  encore  de  douleur. Sa  vision se  troubla et en moins  d’une  seconde, le  ciel était  rouge.  Ou bien était-ce le sang  qui lui obstruait  la  vue.

Pas  même  le  temps de  crier. Le  fléau se  décolla de  ce  qui restait  de  son visage, laissant un corps  sans  vie vaciller sur  lui-même  avant  de s’écrouler contre  l’aile gauche  de  la  cathédrale.

Tachant une  fois encore  ses  vieilles  pierres usées  par  le  temps.

 

Devant  le  lycée, tous avaient  vu cette  première  mort. Quelques  uns se  mirent  à hurler, d’autres  partirent  en courant.

Une  grande  partie  demeuraient  immobiles, totalement hypnotisés  par cette  violence, cette  rapidité, et  surtout  par  le  fait  qu’a  présent les  cavaliers  se  dirigeaient  vers  eux.

 

« Aby putain bouge, faut  qu’on se  tire  d’ici ! » hurla  Adeline  en tirant  par  le  bras  sa  cousine, qui ne  fit  que  s’étaler  plus  sur  le  sol terreux.

« Aby bor*** de  m**** tu vas  bouger  ton put*** de  gros  c** je  veux  pas  crever  ici put*** !!!! ».

Les  larmes  montaient  aux  yeux  de  la  jeune  blonde, laisser  sa  cousine ici? Jamais !

 

Les  cavaliers  étaient  arrivés  à la  hauteur  de  deux  autres  adolescents. Un couple  vraisemblablement.

Les  deux  se  tenaient la main.

Le  gamin  passa  devant  sa  petite  amie, lui hurlant  de  fuir. Mais la brunette était  tétanisée. Il se  tourna  vers  elle pour  la  pousser  loin des  cavaliers mais  une épée reluisante  le  transperça  de  part  en part, le  projetant  en avant  sur  son aimée qui se  trouva  piégée  par  son propre  amour.

Incapable  de  soulever le cadavre  (tout  neuf  ), bloquée  jusqu’au bassin, elle  ne  put  qu’observer l’épée  tachée  de  sang  pointer  vers  elle. L’éblouir en reflétant  l’un des rares rayons  de  soleil et  lui ôter  la  vie d’un coup sec  dans  la  poitrine.

Aby observait toute l’action  comme  au ralentit, le  son était  totalement assourdi.

Elle  voyait en coin le visage de  sa  cousine gâche  par  les  larmes, la  colère  et  le désespoir. Mais elle  ne  réagissait  pas  à ses  appels.

Ces  cavaliers  étaient  cent  fois plus  forts  qu’eux, ils  semblaient  avoir  été  élevés pour  combattre, élevés  pour  tuer.

Que  pouvaient  bien faire  de  simples  lycéens armés  d’une  étudiante  stupidement  assise par  terre contre  une  volonté  de  tuer sans  faille ?

Elle  ne savait  pas  qui ils  étaient.

Elle ne  savait  pas  d’où ils  venaient.

Elle  savait  encore  moins  ce  qui avait  provoqué  leur  colère.

Ce  qu’elle  savait  c’est  qu’ils  voulaient  leur mort.

Pourquoi espérer  leur  échapper puisqu’ils  semblaient prêts  à tout  pour  leur  faire  du mal ?

D’énormes  pattes  brunes passèrent à ses  cotés, piétinant la terre fraiche. Se  déplaçant  avec  une  aisance  et  une  grâce qui la  surprirent.

Un cri déchirant la  tira  de  ses pensées, elle  tourna  la  tête vers  la  source du cri. Un flot  de  liquide  chaud lui gicla  dans  le  visage.

Elle  ne  voyait  plus  rien. Ses  mains  glissaient désespérément sur  son visage, cherchant  à retirer le  sang  qu’elle  venait  de  recevoir.

Ne  réussissant  qu’a  coller en plus des  mèches  de  cheveux contre  sa  peau.

Ce  n’était  pas  son sang.

Un corps  lourd et  sans vie tomba  sur  ses  genoux. Elle  hurla  et  recula  précipitamment  repliant  ses  jambes sous  elle.

Elle  utilisa  les  manches  de  son manteau pour sécher  ses  yeux et  y voir  à nouveau.

 

 

Des  cheveux blonds. Blonds, longs  et  trempés  dans  le sang  de  leur  propriétaire, mélangé  à de  la  terre.

De grands yeux bleu vert ouverts, désormais et  à jamais aveugles…
Par Absynthe - Publié dans : Dainsleifin ou La Menace d'Outre Terre
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Mercredi 14 mai 3 14 /05 /Mai 01:04

Aby réalisant qui venait  de  s’écrouler  sur  elle, se  jeta  sur  le  corps  sans  vie  de  sa  cousine, la  secouant dans  tous  les  sens tandis que  ses  larmes  coulaient  à flot, nettoyant  son visage  du sang de la grande blonde.

Les  tueurs  continuaient  leur  massacre  au milieu de  la  foule.

Elle  arrêta  bien vite  sa  crise  d’hystérie, et  caressa  du bout  des  doigts le  visage  encore  tiède d’Adeline.

Elle l’observa longuement, avec  ses  cheveux  blonds  plein de  sang, son visage  si clair, si pur, et  cette  plaie  béante qui lui taillait  le  cou.

Horizontale, 10 centimètres  de  longueur et  environ 4 de  profondeur.

La  veine  jugulaire  avait  été  parfaitement  tranchée.

"Du travail de  maître" se  dit elle.

Pas  de  trace, une  coupure  bien nette.

Cependant un détail la  fit  ciller et  se  rapprocher de  la  plaie. Sous ce  sang on pouvait tout de même distinguer une sorte de traînée presque  invisible.

Invisible  tout  compte  fait, si on ne  la  cherchait pas. Une traînée  blanche.

Pas  un résidu, une  lueur.

Voilà. Une  lueur  blanche  demeurait  là ou avait  glissé  l’épée.

Aby  demeurait  figée  devant  cette  lueur, et  se surprit  même à tenter  de  la  toucher  du bout  du doigt, glissant  à travers  le  sang  d’un être  humain mort.

Manque  de  respect  certain que  de  laisser la  curiosité  l’emporter  sur  la  peine. Mais  cette  lueur  l’attirait.

Un attrait de  plus en plus  fort  prenait  forme  en elle.

Relevant  les  yeux elle  aperçut  l’épée responsable  de  la  mort  de  sa  cousine.

Longue, luisante, ensanglantée, si pale  sous  ce  sang.

Un métal argenté extrêmement clair. Une  sorte  de  lumière  l’habitait.

Elle était différente des  autres  épées que  portaient les  tueurs…

Elle  ne  semblait  pas  faire  partie  du même  monde.

 Plus  majestueuse, presque  royale.

Ses  yeux  glissèrent  de  l’épée vers  la  monture du cavalier.

Magnifique, sombre mais  magnifique. Un port  de  tête digne  des  plus  beaux  étalons arabes, mais  une  musculature bien plus  développée.

Son attitude  la  choquait, tous  les  autres  « chevaux » semblaient  en  harmonie  avec  leurs  cavaliers, or  ce  dernier n’était  absolument  pas  accordé, le  cavalier  montait  avec  une rage  infernale.

Ses  mouvements  étaient  brusques, bien plus  brusques  que  ceux  des  autres  qu’elle  trouvait déjà trop violents.

Le destrier  prenait  pratiquement  autant  de  coups  dans  la  bouche via son mors  que  les  lycéens qui s’écroulaient devant  lui. Un filet  de  sang  s’échappait  de  sa  bouche ainsi que  de  ses naseaux, mais malgré  la  douleur que  semblait lui infliger  ces  coups,  il ne  montrait  pas  la  moindre  résistance,  se  bornant  à attendre  des  ordres  sans  devancer  les  désirs  du cavalier.

Aby continua  son observation en remontant vers ses  yeux qu’elle  pouvait  distinguer malgré la  plaque  de  métal sur  son chanfrein.

Terriblement  humains. Vivants. Plein de  rage.

Pas  contre  les humains car  il ne  faisait  pas  un pas  pour leur  faire du mal de  son plein gré, mais  contre  son cavalier.

Une  rage  sourde  qui ne  demandait  qu’a  être  libérée.

La  même  attirance  qu’elle avait  ressentit pour  la  lueur  s’émanant  de  l’épée s’empara d’elle.

Mais elle  se  voyait seule  au centre  de  la  foule hurlante.

Seule, avec  le  cadavre  d’un être  aimé sur  les  genoux.

Un être  qui voulait  vivre  plus  que tout. Un être  qui a  perdu la  vie à cause  d’elle.

Mais  aussi à cause  de  Lui.

Ce  cavalier si ténébreux et  pourtant  si caricatural par rapport  à sa  monture et à son arme.

Aucune  classe, simplement  de  la  rage, de  la  colère  sans  but.

Aby reposa  délicatement sa  cousine  à terre, et se releva lentement, marchant  d’un pas  sur  vers  ce  cavalier, enjambant corps et  tas  de terre  retournée.

Elle  avançait  vers lui, et  plus l’espace  qui était  entre  eux s’amenuisait, plus  elle  sentait  sa  volonté  de  le  faire  payer s’endurcir…

Elle  était  décidée, il allait  mourir. 

Par Absynthe - Publié dans : Dainsleifin ou La Menace d'Outre Terre
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Mercredi 14 mai 3 14 /05 /Mai 01:23

Le  vent  frais  continuait  de  déblayer  la  poussière  qui stagnait  dans  les  airs, on pouvait voir de  plus  en plus  loin sur  la  place.

Les  quelques visages  encore  en vie se  couvraient  d’une fine  pellicule  de terre, donnant  à chacun un air  de fraîchement  déterré et la  terreur  qui régnait déformait  leurs  traits. 

Vision cauchemardesque des deux cotés.

Aby continuait  sa  progression, ignorant  les  cavaliers  qui passaient si près  d’elle.

Chance  incroyable, son inconscience  ne  lui coûtait  pas  encore  la  vie.

Elle  qui ne regardait  qu’un seul des  Autres occupé à achever une  fillette, demeurait en vie, tandis  la  plupart  des lycéens  couraient  à droite  à gauche, espérant  échapper  aux fléaux se  faisaient déchiqueter.

 

Malgré  sa  démarche sûre et  rapide, son esprit  bouillonnait.

Comment  tuer  un guerrier armé et  à cheval, en étant  à pied, dénuée d’arme, et  sans  aucune  connaissance  de  combat véritable ?

Elle se  figea, un pied dans  une  flaque  de  sang et  remarqua  avec  dégoût  que  ses  vieilles  baskets n’étaient plus  imperméables.

Elle  passa sa  main sur  son visage de consternation.

Elle  était  en plein cauchemar et  voilà qu’a  présent  elle  repensait  à des  choses  matérielles.

 Décidément la société l’avait  tout  autant  moulée  que les autres  personnes  qu’elle  méprisait.

Se  reprenant, ne  pouvant  cacher  sa  honte  de penser  à tant  de  choses  alors  qu’un être  de  son sang  venait  d’être  assassiné, elle observa  le cavalier.

Il était  droitier remarqua-elle. E

lle  le contourna  de façon à arriver  sur  sa  gauche, attaquer de front  et  sans  réfléchir  l’aurait  tuée inutilement et  son désir  de  vengeance n’aurait pas  été  rassasié.

Visant un petit éclat  de  métal à moitié  enterré, elle se pencha et s’en empara. Satisfaite  de sa  forme elle accéléra le  pas. Le  cavalier  se  redressait  enfin, après avoir tailladé comme  avec  plaisir, sa  pauvre  victime.

Elle  n’avait  plus rien d’humain.

Son visage  était  en lambeaux, son ventre  était  ouvert et ce qu’il contenait se  déversait sur  ce  qui fut  autrefois  un trottoir.

La cruauté de  cet  être souleva  le  cœur  d’Aby.  

Tuer  oui, massacrer un corps  déjà mort non.

Elle  se  plaça  juste  derrière  lui et  avant  qu’il fit  partir  sa  monture  en avant  elle s’agrippa à l’arrière  de  la  selle, en se  hissant  sur  la  pointe des  pieds et  levant  le  bras  le  plus  haut  possible.

Plus  grand  qu’elle le pensait, cette  bête était  un véritable géant, tout  comme  son cavalier. Un coup d’œil en avant et elle  s’aperçu  que  le  destrier l’avait  vue.

Son cœur  s’emballa.

Pourvut  que  cette  bestiole  ne  fasse  aucun mouvement  de  recul de  par  sa  présence !

Le cavalier  serra  les  jambes  pour  lancer  son destrier en avant.

« Trop tard  j’ai été  trop lente, j'ai loupé  ma  chance. Pauvre  conne! T'es  inutile! Conne! conne! conne! » se  dit elle.

Mais à sa  grande  surprise l’énorme  cheval auquel elle  n’arrivait  qu’a  l’épaule, ne  bougea pas  d’un centimètre.

Elle relança  un regard  vers  lui, et son œil jaune l’observait, l’incitait presque à achever ce  qu’elle  avait  commencé.

« Voila  que  je  perd la tête… ».

Elle  se  hissa  tant  bien que  mal sur  la  croupe de l’étalon, s’appuyant sur ses  reins  avec regret, mais  il semblait ne  pas  sentir  cette  douleur.

Le  cavalier émit  un grognement  atroce  avant  de talonner  une  nouvelle fois  sa  monture. Qui refusa  à nouveau d’avancer.

Aby se  redressait  enfin, et  remarqua  à sa  gauche que  les  autres  cavaliers  l’avaient  vue, l’un poussa  un hurlement  qui lui fit dresser  les  cheveux  sur  la  tête, les  autres  s’élancèrent  vers  elle.

Et  le  cavalier, avertit  par  ses congénères se retourna lentement vers  elle…

Par Absynthe - Publié dans : Dainsleifin ou La Menace d'Outre Terre
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