Bon, j’avais dans l’idée de laisser ce pauvre Seb se faire à moitié violer, MAIS puisque tout le monde l’avait plus ou moins compris, ça m’a gavée. (J’aime pas qu’on sache d’avance ce que je compte faire de mon histoire, ça m’agace ^^).
Donc j’ai changé d’optique. Cette scène est vue par Samuel (le mannequin), on saura ce qui s’est passé dans les toilettes plus tard.
–Wow, y a ton pote qui s’est fait repérer par Miyavi. La classe !
Je me redresse, écartant mes lèvres du cou dans lequel elles étaient plongées et fixe le brun avec qui je danse depuis une dizaine de minutes, un air surpris accroché au visage.
–Tu le connais ?
Je l’observe rire doucement et écarter une mèche imaginaire sur mon front. Je sais très bien que mes cheveux sont courts, mais faut croire que tout le monde ne l’a pas pigé… Qu’est-ce qu’ils ne feraient pas pour tripoter un mec…
-Tout le monde connaît Miyavi. T’es pas d’ici, ça se voit. Il est le chef du quartier Est de la ville, avant ça il était le bras droit de l’ancien, c’était lui qui se chargeait des travaux délicats, si tu vois ce que je veux dire.
Je cligne doucement des yeux. Non je vois pas. Et je veux pas savoir d’ailleurs.
–D’ailleurs il parait que c’est lui qui l’a liquidé. Enfin ce ne sont que des potins qu’on se raconte… C’est pas comme la fois où un gars lui avait marché sur le pied, et en fait c’était sa paire de pompes préférée et tu vois il a regardé le gars comme ça, et il lui a dit…
Je laisse tomber la conversation à sens unique pour me replonger dans la contemplation de Seb.
Je ne sais pas si je dois aller le voir pour le prévenir que son don juan est un malade, ou si je dois laisser faire les choses… Après tout, s’il se pose avec cet espèce de taré, tout le monde lui fichera la paix…
Ou pas…
Ouh, il m’a l’air assez sur les nerfs le petit professeur, comme quoi, lui expliquer de long en large la signification des mots pardon et absence de rancune ne servent à rien.
Vraiment rien.
Un petit rire m’échappe et le brun qui n’avait pas cessé de parler comme une grand-mère au coin de la rue tourne le regard vers mon ami, juste à temps pour le voir fuir Miyavi en direction des toilettes.
Pas étonnant qu’il ait fuit, l’asiatique était suivi de toute sa cour de cockers et de bouledogues.
Par cocker j’entends le petit décoloré aux yeux larmoyants et à la truffe humide –sans aucun doute-.
Je ricane à ma petite métaphore et me tourne vers mon danseur :
-Pour un ancien hétéro il a des manies assez féminines quand même hein…
-M’en parle pas, les hétéros deviennent les pires folles que l’on rencontre !
Du coin de l’œil je vois Miyavi se tenir coi devant la disparition ultra rapide de notre châtain national.
Il glisse une mèche derrière son oreille et se retourne très calmement. Un calme artificiel je suppose. Il ne semble pas avoir remarqué que sa cour l’avait suivi, et fronce les sourcils d’un air sévère.
En moins de temps qu’il en faut pour le dire, les gardes du corps se sauvent, ne laissant plus que le cocker abandonné au milieu de la foule.
Je le vois esquisser un pas en avant, puis trois en arrière à la suite d’une tirade plus pimentées que les autres provenant du chef. Ce dernierse retourne à nouveau, et se dirige d’un pas tranquille mais pourtant diablement lascif vers les toilettes, attirant sur lui des regards envieux et inquiets de la foule qui s’écarte mécaniquement de son chemin.
Je souris stupidement et retourne à ma séance de palpage avec Steven. Ou Kevin. Oui donc je ne sais plus, et je m’en fout.
Dix petites minutes plus tard une main glacée s’abat sur mon épaule.
Kevin, ou Cayden, se fige avec une mine apeurée, et je me retourne vacillant légèrement par l’alcool ingurgité pour tomber nez à nez avec le grand -plus grand que moi c’est tout dire- Miyavi.
Et là, un éclair de lucidité me fait réaliser que son charmant minois semble défiguré par quelque chose…
De la colère ?
De la haine ? Non n’exagérons rien.
Il est pas content quoi.
Mes yeux glissent malgré moi sur son visage, son cou gracile, ses clavicules dénudées et sa chemise cintrée sur son torse.
Magnifique.
Une petite ombre au tableau, il tient dans ses bras une espèce de loque lamentable, le visage trempé par les larmes. Je cille. Merde Seb. En une fraction de secondes je décuve de moitié et réceptionne le colis un tantinet humide dans mes bras, jetant en même temps un regard interrogateur à l’asiatique qui me répond d’un froncement de sourcils particulièrement blasé.
–Rien d’important, ton mec se conduit comme une pute c’est tout, mon cher professeur qui a une petite amie manque de se taper deux thons au fond des toilettes d’une boite de nuit. Classe vraiment… Tu pourrais le surveiller un peu, de toute évidence il ne tient pas l’alcool.
Je le vois froncer le bout du nez dans une mimique absolument craquante quand la loque que je tiens entre mes mains se met à baragouiner quelque chose du style
-Même… Même… Même pas vrai d’abooorrreeuh.
Je remercie brièvement Miyavi, qui semble finalement plus inquiet qu’en colère et sors du club en traînant Seb qui semble partit dans des explications vaseuses sur ce qui s’est passé dans ces fichus chiottes…