Je patiente encore un peu sur le canapé, puis me lève et me dirige vers la chambre à coucher. Surprise, ce n’est pas tant en désordre que ce que j’imaginais.
Hormis l’armoire qui a été entièrement vidée sur le sol lorsqu’elle a fait son sac en colère. Je m’avance, marchant pieds nus dans ces foutues fringues, et observe avec un mélange de tristesse et de soulagement qu’il reste une grande partie de ses vêtements.
D’un côté je ne la supporte plus, et je serais plus qu’heureux de la voir partir, d’un autre côté si elle part, je peux dire adieu à mon hétérosexualité, ainsi qu’a un an et demi d’amour avec elle.
Enfin… amour est un grand mot.
Je ne sais pas si je peux me permettre de l’employer ici. Il est vingt et une heures à présent. J’ai rangé tant bien que mal mes affaires dans l’armoire, laissant les fringues de ma blonde et les pulls qu’elle m’a fait dehors. Je les pousse du pied jusque dans un coin de la pièce, et en fait un tas bien visible.
Si je dois la quitter, ses affaires sont déjà dehors, et si je dois rester avec elle, je ne suis pas la bonne et je refuse de ranger ses affaires.
Je me dirige vers la cuisine, ne sachant trop que faire. J’aperçois un cadre bleu clair, avec une image de petits poupons rosés dans un affreux berceau en dentelles etc, je cille.
Mais sur quelle planète vit-elle ?!! Et dire que je n’avais jamais fait attention à ça…
Je soupire à nouveau, à croire que je ne fais que ça en ce moment. Je m’approche et lève les bras pour le décrocher de son clou, mais réprime un cri de douleur quand je sens mes muscles endoloris se tendre difficilement.
Ok. Très bien. J’attendrais demain.
Vivement que tu arrives Sam… J’ai besoin de toi plus que jamais.
Quel handicapé je fais… J’ai l’impression de devoir être assisté sans cesse…
Et Miyavi qui ne me donne pas la moindre nouvelle… Je ne sais pas pourquoi j’espère autant de lui, simple gamin magnifique, caïd de quartier, homo déjà pris…
Je fixe le vide, une flamme de bougie illumine mon regard fixe, je n’ai plus aucune expression sinon de la peine et de l’envie, je revois son visage si fin si pur, son rire si parfait qui le renvoie dans le corps d’un jeune normal sans obligations.
Son torse si pâle et si beau dévoilé à mes yeux ébahis, et enfin je me rappelle la caresse de ses mains, de ses lèvres sur ma peau. Mes lèvres se sont ouvertes à ses pensées, et un souffle rauque s’échappe de ma gorge.
J’ai chaud rien qu’à repenser à ses formes, à ses yeux, à son souffle brûlant.
Stop.
Il faut que je me calme. Je me dirige vers la chambre, une fois encore, et m’assois à l’endroit même où nous nous embrassions quelques heures plus tôt. Je pose doucement ma main sur ma cuisse, sans aucune intention perverse mais apparemment une partie de mon anatomie semble décidée à ne pas me lâcher.
Je baisse les yeux et fixe presque avec hargne cette bosse formée dans mon boxer. Des fois je me dis que nous sommes deux dans ce corps, une partie raisonnée, capable de penser et de réfléchir, et l’autre la partie bestiale, qui s’exprime sans penser aux conséquences…
Et surtout, qui fout la première partie dans la merde dès qu’elle peut.
Je continue à fixer cette érection comme si j’avais une chose inconnue entre les jambes, une greffe d’un pervers fini, un pervers attiré par ses élèves.
Elle commence à me faire mal, des flashs de Miyavi les lèvres entrouvertes l’entretiennent allègrement. Il est bien trop tard à présent pour espérer qu’une douche froide me calmera.
Je glisse ma main sous le tissu, glisse lentement mes doigts sur ma peau, et ferme les yeux.
Miyavi, tout son être crie à l’érotisme. Il est la beauté et la sensualité à l’état pur. Ma main continue ses allées et venues sur mon membre… Lorsqu’il s’est allongé sur moi, j’ai bien cru que tout mon corps allait exploser de bonheur.
En quelques jours il m’a fait changer du tout au tout, et à présent je le sais. J’ai eu envie de lui, plus que jamais. Je n’ai jamais eu cette envie aussi soudaine qu’avec Cathy…
Ma main s’immobilise, je grimace en repensant à elle, toutes ses manières, toutes ses inhibitions…
Mon esprit partie bestiale me renvoie des visions plus agréables, celle de mains me caressant le corps, me faisant sortir de la douche avec force et assurance.
Ma main s’agite de plus en plus rapidement. Je le revois m’embrasser dans le cou, m’allonger sur le lit… Je divague et me laisse emporter par ce qui aurait pu se passer entre nous si je n’avais pas tout fait capote.
Je m’endors quelques minutes plus tard, apaisé, du moins la partie animale de mon cerveau…