La journée du vendredi se déroula on ne peut plus calmement.
Au réveil les deux amis s’étaient préparé un plateau petit dèj’ qu’ils avaient déjà entamé au fur et à mesure qu’ils le remplissaient dans la cuisine pour ensuite le dévorer tout en regardant le film « Alexandre », pestant contre le scénario débile, la mocheté de l’acteur qui jouait Alexandre, l’espèce d’esclave-amant bizarre qui ne parle pas mais qui fait peur et que tous deux ont soupçonné d’avoir tué Alex et Hephaistion.
Bien entendu, les semi amants avaient repassé en boucle le passage où le magnifique Jared Leto offre la bague à Alexandre, s’extasiant sur la beauté de l’acteur, son charme, et ses petites larmes d’émotion au coin des yeux lorsqu’il offre son présent.
Ensuite une longue pause avait pris place pour laisser le temps aux deux hommes de débattre sur la sexy attitude du beau gosse aux cheveux excessivement crades dans le film et de la répercussion de ces derniers sur son sex appeal.
La conclusion était double : Jared (Hephaistion) resterait un beau gosse quoi qu’il arrive. Et Sébastien était définitivement intéressé par les hommes, même s’il gardait un petit côté macho débile, crétin et insupportable.
Le genre de côté qui l’a poussé à se foutre de la gueule de Samuel lorsque ce dernier avait versé une larme à l’agonie du magnifique Jared, au lieu de (comme toute personne normalement constituée) pester contre l’abruti de blondasse, j’ai nommé Colin Farrell qui racontait de la merde pendant que son amour meure.
Bref.
Après avoir regardé ce film assez lourdingue dans l’ensemble, tous deux prirent une douche commune, laissant la douceur et l’amitié prôner sur le désir et la passion.
Bien entendu, les quelques fois où l’un d’eux touchait l’autre leurs gestes étaient plus tendres, délicats.
Ce n’étaient plus deux amis bourrins qui mesuraient bêtement leurs sexe dans les douches après l’entraînement. C’était une toute autre relation, plus tendre encore que la précédente que beaucoup qualifiaient déjà d’ambiguë.
L’après midi s’était passée dans le calme, alternant peinture et passage de pommade sur les bleus du professeur qui commençaient enfin à partir. Ses lèvres demeuraient encore bien abîmées mais son charme n’en était que décuplé.
Vers vingt et une heures, les deux jeunes hommes s’arrêtèrent de travailler et rangèrent tous les pots de peinture utilisés, ne laissant plus de leur passage qu’un appartement jaune, orange, rouge et ocre ainsi qu’une forte odeur de peinture malgré l’acharnement de Sam à tout aérer.
Les pièces semblaient légèrement vides depuis l’abstraction de tout objet bleu, rose ou pastel mais les deux amis souriaient comme des dégénérés devant le travail accompli.
Le petit appartement semblait avoir trouvé une âme. Toutes les couleurs chaudes donnaient un charme rustique aux plafonds fissurés et aux parquets de chêne abîmés.
Vers minuit tous deux se dirigèrent vers l’une des grandes boîte de nuit de la ville.
Chacun habillé avec classe et goût. Le modèle accompagnant parfaitement son ami, l’un délicieusement soigné, l’autre vêtu d’une façon sobre mais pourtant sexy et virile.
Seb était étrangement heureux, bien que rien n’arrivait à lui faire perdre ce léger voile de tristesse dans son regard, du aux nombreuses questions qu’il se posait sur Miyavi, mais dans l’ensemble il avait un air épanouit sur le visage, peut être causé par l’acceptation de son nouveau statut de gay qui s’assume un tant soit peu.
Les deux hommes entrèrent dans la boite, l’un couplant parfaitement avec l’autre par leur démarche.
Samuel se déplaçait comme un mannequin sur un forum, avec l’habitude de quelqu’un qui aime attirer les regards, et Sébastien glissait littéralement entre les danseurs d’un pas moins sophistiqué, plus naturel, plus félin.
Ses yeux parcouraient rapidement la foule, puis sondaient un espace moins bondé pour pouvoir se mouvoir sur la musique sans risquer de se frotter à l’un des gros glands plein de sueur qui ne semblaient absolument pas vouloir faire une pause pour sécher un minimum.
Un nouveau morceau se mit en route, laissant entendre une musique envoûtante au rythme lent, paresseux, langoureux. Sam vint placer ses mains sur les hanches de son ami, et débuta une danse plus que sensuelle, ignorant les regards appréciateurs des autres danseurs.
Un autre couple gay aurait été jugé de regard par une partie de la foule, mais le « couple » semblait dans une telle osmose que toute personne non aveugle ne pouvait s’empêcher de figer son regard sur eux.
Si bien que lorsque le morceau termina, et que les deux danseurs s’étreignirent amicalement, tous sans exception levèrent un sourcil interrogateur.
Et Sébastien se figea, les yeux dans les yeux avec deux pupilles noires de jais.
Deux pupilles qui semblaient animées par une rage sourde.
Deux pupilles qui le détaillèrent un instant avant de se diriger vers la personne qui les accompagnait.
Et le propriétaire de ces mêmes pupilles se vit embrasser langoureusement un jeune homme aux cheveux argentés sous les yeux dégoûtés du jeune professeur...