Une heure du
matin je m’éveille.
Allongé dans une autre petite ruelle. Je ne sens plus mes muscles, ni mes os d’ailleurs. Je ne vois pas grand chose, le sang a séché sur mes paupières et me les colle. Ha, c’est la pluie qui me
réveille.
Ca fait mal, chaque goutte qui tombe sur mon corps endoloris me fait penser à un coup de marteau. Il faut que je me lève, ça serait con de tomber malade. Et Cathy qui doit s’inquiéter. La pauvre…
Je me lève avec difficulté, et commence à marcher. Je n’ai plus ni veste, ni portable, ni mallette de cours.
Tous mes cours étaient dedans.
C’est malin…
Je me traîne avec difficultés jusqu'à ma porte. Grimpe ou plutôt escalade mes escaliers, la porte de l’appartement est juste là.
Je me sens mal… J’ai mal…
Et merde j’ai la tête qui tourne. Je m’étale lamentablement contre la porte. C’est tout noir je vois plus rien. Pourtant j’aimerai bien ordonner à ce fichu corps de réagir…
Mais rien n’y fait.
La porte s’ouvre, et je me laisse enfin aller.
Le lendemain je me réveille dans mon lit. Les draps bleus sont tachés de sang. J’ai des
pansements partout, et j’ai mal.
L’impression d’être passé sous un 38 tonnes. Je veux me redresser mais je gémis et me rallonge. Cathy m’a entendue, elle arrive dans la chambre l’air inquiet.
-Il vient enfin de se réveiller. Non je doute qu’il puisse travailler aujourd’hui. Non pas de la semaine même. Je vous recontacterai. Bien merci, bonne journée au revoir.
Elle arrive vers moi et s’installe sur le bord du lit.
-Tu m’as fait très peur mon chou. Que t’es t’il arrivé ?
Je la regarde patiemment. Elle glisse sa main dans mes cheveux. Je ne peux pas lui dire que ce sont mes propres élèves qui m’ont fait ça.
-Je ne sais plus ma chérie. Désolé.
Elle me sourit tendrement.
-Je dois aller travailler, je reviens entre midi et deux. Je t’aime.
-Oui moi aussi je t’aime.
Elle part en claquant la porte. Je me retrouve seul. Je me laisse aller à pleurer, j’ai mal partout dans mon corps…
Qu’elle affreuse sensation.
Midi. J’ai fini par m’endormir, et Cathy vient de rentrer.
Elle essaie de me faire avaler un potage.
Je n’ai jamais aimé les potages. Autant que ses pulls d’ailleurs.
Qu’elle est pot de colle !
Elle ne me lâche pas d’une semelle. De toute façon je ne risque pas d’aller loin, je n’arrive même pas à m’asseoir. Elle me parle, elle me soigne, moi j’aimerai seulement être seul
pour laisser couler mes larmes.
J’ai eu peur, j’ai encore peur. Je ne peux pas faire cours.
Je n’ai plus rien, et en plus l’armoire à glace et Miyavi seront présent une bonne partie de l’année. Je vais devoir les croiser presque tous les jours. Je n’imagine même pas
en amphi comme ils feront les fiers. Et en TDs…
J’espère ne pas les avoir avec moi…
Elle commence bien ma carrière de prof tiens.
-Chou tu m’écoutes ?
-Oui bien sûr ma chérie, continue.
Bien sur que non je ne t’écoute pas, tu parles toute seule depuis un quart d’heure. Je viens de me faire tabasser
et tu me parles de la nouvelle cire de ton institut.
Pitié faites que n’importe qui, n’importe quoi me fasse échapper à ses histoires.
La sonnette de l’entrée retentit, Cathy se lève pour aller ouvrir tout en râlant sur le fait qu’elle n’ai pas fini
de me conter ses histoires de poils.
J’entend des voix, celle de Cathy surprise, et une autre, plus chaude, rassurante et pourtant extrèmement sèche avec ma petite amie.
Ma jolie blonde revient et ouvre la porte de la chambre :
-Chou, regarde, y a un bout d’chou de ta fac qui t’a ramené quelques unes de tes affaires ! Si ce n’est pas trop chou ! Je vous laisse moi je suis déjà en retard. Ah heum chou, je finis à 18 heures ce soir mais je ne serais pas rentrée avant vingt heures, je vais boire un verre avec des amies. Repose toi bien.
Je ne réponds pas.
Je suis estomaqué.
Elle s’en va et laisse place à…
Miyavi.
Dans ma chambre.
Son éternel sourire aux lèvres