Mercredi 7 janvier 3 07 /01 /Jan 23:33


LES ENFERS


Coucou!
Alors cette fois, pardon, c'est pas l'article tant attendu du nouveau prof, mais c'est NETTEMENT MIEUX!
Figurez vous que parmis mes amis très chers, se trouve la merveilleuse et talentueuse
Véiane, qui, outre le fait qu'elle écrit divinement bien, et que ses personnages sont tout bonnement orgasmiiiques, m'a fait ZE cadeau de Noël.
En fait, Jonas, son personnage magnieufique, a une fiction rien qu'à lui sur
son blog, mais pour que vous compreniez tout à fait il faudrait que je poste les cross overs entre Jonas et Raziel.
Bon attendez  jdemande un résumé vague à l'auteur.


Jonas est le roi des emmerdeurs. A quinze ans il rencontre un démon que son maître sorcier décide d'employer pour une mission quelconque et se trouve subjugué par cet être incroyablement beau (NDAby: Vraiment très très très beau). Il décide de le retrouver malgré l'interdit de son maître et fait un pacte avec lui (NDAby: Faut être fou (pour pas dire con)). Suite à cette courte mais intense histoire, non d'amour mais de désir, il finira par devenir fou (NDAby: Qu'est-ce que jdisais?).
A sa mort, il arrive aux Enfers où vit ce démon qui a pollué la moitié de sa vie en l'empêchant d'atteindre la liberté qu'il convoite depuis toujours (impossible de se débarrasser de cette "soif").


En voici le récit, haut en couleur, qui vous plonge dans un univers totalement inconnu, délicieux, hallucinant, écrit d'une main de maître, le genre d'histoire qui mériterait de paraître en tant que roman. (Surtout quand on voit les récits merdiques qui font des ravages en ce moment, là on se dit que ça devrait passer best seller xD).
Présent dans "le Démon", il existe également une biographie de lui et l'épisode de sa rencontre avec cet être démoniaque dans "l'Apprentissage".
A ne pas râter. Sous aucun prétexte merdique type "heu j'ai faim, attends je reviens", "heu ben j'ai du travail", "Han mon téléphone sonne", "Ouaaa, t'as vu la mouche?", "Nan sérieux j'ai pas le temps". Etc.
Si vous vous êtes pas cassé tous les doigts, vous devez aller la lire. Vous le regretterez pas. Parce que si on me demande mon histoire préférée, je dirais sans hésiter "
Celle de Jonas" et si on me demande mon auteur "amateur" (et ma cuisse c'est du poulet) ça sera Véiane. Parce qu'il n'y a qu'elle qui arrive vraiment à me faire planer.
Voilà! Place au texte (en plusieurs articles méfiez vous). (Ps: Pensez à faire le sondage sur l'article "
Joyeux Noël")

 





°~°~°~°~°


Ça sent le souffre, dans la chaleur suffocante de ce cachot où tout brûle, y comprit son corps. Surtout son corps. Autour de lui, d'autres prisonniers attendent leur sort, des âmes souillées par le pêché, des meurtriers, des violeurs, des voleurs, ceux qui battait leur femme, leur mari, leurs enfants. Ceux que le repentir n'a même pas effleuré. Et il est parmi eux.


Sa tête heurte le mur et il ferme les yeux. Depuis combien de temps est-il là? Attendant, patientant, encore et encore et repoussant toujours les autres. Ils veulent tous l'approcher, tout autour de lui. Des hommes, des femmes, des jeunes, des vieux.

Il rouvre les yeux. Son regard traverse la pièce et en rencontre un autre, et le fixe sans ciller durant de longues minutes.

C'est le seul qui n'ait jamais essayé de lui parler. Un garçon de dix ans. Jonas ne sait pas ce qu'il a pu faire pour arriver ici, mais quoi que ce puisse être il doit n'en ressentir aucun remord. C'est bien là leur point commun à tous. Et Jonas se sent étonnement proche de lui.

Son regard est plongé dans le sien et ce n'est pas le plus vieux qui le détourne en premier. L'homme laisse ses yeux errer dans une autre direction.


Le silence est d'or, c'est encore plus vrai ici où la moindre agitation ramène les gardes. Il n'y a pas besoin de mots pour exprimer ce que tous ressentent, et Jonas le sait. Ses yeux croisent à nouveau les siens, à présent face à lui et à sa hauteur. Il ne l'a pas vu se déplacer. L'enfant ne semble pas réellement demander quelque chose, ce n'est pas explicite, juste une impression de... fragilité.


Jonas ouvre les bras et le laisse se blottir contre lui. La solitude. Une chose qui ne l'inquiète pas, et dont il n'arrive même à se représenter toute l'horreur. Mais cet enfant contre lui connait la douleur d'être seul et en souffre ici même. Jonas aime la solitude, mais cela ne veut pas dire qu'il n'apprécie pas d'être avec d'autres pourvu qu'ils en vaillent la peine, et ce petit être cherchant sa présence, comme seul Dann savait le faire, ne le dérange pas. Sa main se pose dans la chevelure bouclée du garçon, sans même le caresser. Simplement là.

Jonas sent le petit se détendre. Son regard parfaitement bleu cherche à nouveau à croiser le sien, et il ne voit pas pourquoi il refuserait. Plus rien n'a d'importance de toute manière. La connexion se fait, une communication muette et sans heurts, calme, sereine. Plus rien n'a d'importance, il oublie même d'être cruel. Tout cela a disparut. Il n'est plus rien ici.


Ils restent là longtemps. Les flammes brûlent leur peau mais ils y sont habitués. Parfois, les gardes viennent et emportent quelques âmes, en amènent d'autres. Eux restent là.

Un moment, une tension étonnante commence à monter dans le groupe. Elle augmente et éclate par intermittence. Des murmures se font entendre et Jonas commence à comprendre. « Ils arrivent, les démons. Ils viennent chercher des esclaves... »

Il n'en ressent aucune joie, ni aucun espoir. Il sait que celui qu'il attend viendra quand il le souhaitera. Mais le garçon dans ses bras se tend un peu, semble inquiet.

« Peut-être que lui, attend quelqu'un. Peut-être qu'il a peur ». Mais il ne lui demande rien.

Soudain, la porte s'ouvre et les gardes pénètrent dans le cachot, ramenant un ordre et un calme parfait. Ils ne sont pas seuls. Jonas lève les yeux, vaguement, et fixe sans crainte la créature qui vient d'entrer, royale. Un flocon de neige, pense l'homme. D'une blancheur éclatante, ses yeux tranchant comme deux goutes de sang.

Le démon fait le tour du cachot et finalement s'approche d'eux.

-Tu es là...


L'enfant se raidit entre ses bras. Ferme les yeux de toutes ses forces et s'accroche même à lui, délicatement.

-Tu t'es trouvé quelqu'un... Viens ici.


Le petit, résigné, se lève lentement et s'approche du démon, plonge entre ses bras. La créature fixe Jonas.

-Toi... lève-toi. Comment t'appelles-tu?


Jonas accroche son regard mais ne bouge pas.

-J'appartiens à un autre. Si vous me voulez, ce n'est pas à moi qu'il faut demander, pédophile.


Le démon se fige de stupeur, sa bouche se tord de rage. Il choisit pourtant la constance, il ne s'abaissera pas à écouter les insultes d'un moins que rien.

-Si tu appartiens à un démon, que fais-tu ici?

-Je l'attend.

-Prouve-le moi.


Jonas soupire mais obéit, se lève et se retourne. La marque sanglante est là, bien visible.

-Jalil Yérë...

-Oui.

-Tu sais que tu peux l'appeler.


Le démon semble presque méprisant, mais son regard a changé. Il semble aussi concerné.

-Je l'attend.

-Il ne sait pas que tu es là.

-C'est lui qui m'a tué, il le sait.

-Les cachots sont trop vastes pour savoir où arrive chaque âme. Je sais qu'il te cherche, comme je cherchais mon petit Kirsan...


Son étreinte se resserre autour de l'enfant qui tressaille. Jonas hausse les épaules. Le démon continue.

-Tu ne sembles pas vraiment tenir à lui.

-Je l'ai choisi. Peu m'importe l'heure de son arrivée, pourvu qu'il arrive. Je sais qu'il viendra.

-Je lui dirais.

-Comme il vous sied.


Le démon lui jette un dernier regard et s'en va, emportant avec lui le garçon dont le regard semble étrangement vide. Sans vie. Mort. « Il ne voulait pas ».

Jonas se pose à nouveau à terre et retourne à sa solitude. Lentement, il oublie l'enfant, ne pense plus à la douceur de ses cheveux blonds. Ferme les yeux de lassitude mais ne s'endort pas, car dans cet endroit il n'y a ni repos, ni mort. La faim, la soif, la chaleur deviennent leur torture, et rien ne vient atténuer cette horreur tapie à la porte, à leurs pieds.

Pour passer le temps parfois il observe les autres, la manière dont ils se regardent et se cherchent, leurs unions, leurs désaccords, les heurts.

L'enfer, ce n'est pas si terrible. Du moins ici. Est-ce que ce n'est que le purgatoire? 

Le temps passe, il ne sait pas si cela fait des jours, des mois ou des années. Rien ici ne l'indique. Ce pourrait même être quelques heures...

Mais il ne s'en inquiète pas. Il pense parfois au passé et à tout ce qu'il a apprit, récite ses leçons – pour quoi faire? -- parfois il ne pense à rien – comment est-ce possible?


Finalement, le même évènement se répète. D'autres démons viennent, choisissent des âmes et repartent. C'est devenu un rituel presque naturel à présent, sans doute qu'ils ont un moment de pause, ou bien est-ce la saison, ou bien ont-ils eu tous la même idée en même temps... Certains le regardent rapidement, d'un regard perçant, puis en choisissent un autre. Jonas sent bien qu'ils sont au courant, pour lui. La plupart du temps ils lui sont juste indifférents, ce ne sont que des créatures non humaines, sans véritable charme ou bien franchement laids. Rarement un démon pourvu de la même puissante aura que Jalil passe cette porte, rarement, et Jonas ne peut s'empêcher de se dire qu'ils sont de la même fratrie, tout en ressentant un petit pincement au niveau du cœur, un frisson à fleur de peau. Mais sans pour autant vouloir leur appartenir, non...


Il attend toujours, contre son mur. Il sent qu'il va bientôt se fondre en lui, et devenir un morceau de pierre, et que peut-être, peut-être, personne ne pourra plus l'arracher au cachot et qu'il sera éternellement là, deux yeux et une âme observant, et c'est tout. Quelque chose dont même Jalil ne voudra plus. Il viendra, posera son regard de braise sur lui, plissera les yeux en essayant – il le voyait presque --, en essayant de se rappeler pourquoi il s'était entiché de cette chose... Chose qui en ce moment même replie lentement ses doigts, puis les rouvre, dans un mouvement machinal en cherchant à échapper à cette sensation d'horreur qui le prend. Puis il se rappelle. « C'est moi qui ai décidé de le faire attendre. »


Et Jalil passe enfin cette porte.

Par Absynthe - Publié dans : Les Enfers, Cadeau de Noël, YAOI, Fini.
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Jeudi 8 janvier 4 08 /01 /Jan 00:45
 
(Pix: Là on voit parfaitement THE canon qu'est Jalil)




Et Jalil passe enfin cette porte.


Le cœur de Jonas tressaute brutalement mais il ne bouge pas, il le dévore des yeux. Tout son corps veut, espère, cherche à se tendre vers lui et se précipiter contre cette peau mate et brûlante, mais il ne bouge pas.

Il avait presque oublié sa grâce et sa beauté, son aura fabuleuse. Aucun souvenir ne pourrait rendre sa présence telle qu'elle est réellement. Là, actuellement, un démon si puissant que tous les autres ne sont rien, que chaque âme posant son regard sur lui est une souillure. Que lui-même se demande brusquement pourquoi il a été choisi. « Tu es le Diable en personne... Tu me fais tourner la tête... Jonas... » Ses yeux croisent les siens et il se sent défaillir.

-Je t'avais dis de m'appeler.

Son ton est sec et tranchant. Le démon est mécontent.

-Je t'attendais.

-Jonas!


Il le soulève par le bras, lui griffant la peau. Ça lui rappelle tellement de choses... Ces griffes.

-Ne commence pas à me désobéir! Tu es mon esclave, ne l'oublie pas, depuis le moment où ton cœur a cessé de battre...


Jonas se mordille la lèvre et le fixe avec de grand yeux, presque suppliant. Il avance une main et agrippe le vêtement du démon avant de le serrer contre lui et de murmurer en un souffle aussi brûlant que les flammes qui l'entourent.

-Cela n'a plus d'importance à présent.

-Jonas....


L'homme relève lentement la tête et fixe son regard vide sur ce visage à présent apaisé qui se découpe devant lui, au dessus de lui, sur le fond permanent de cette mer de feu qui le torture depuis son arrivée. Ici. Il avait pensé que peut-être...

-Tu m'appartiens.


... Il ne le reverrait jamais.


La main griffue se lève et délicatement, comme poussée par un vent de chaleur intense, se pose sur sa joue. Jonas ferme les yeux et se laisse envahir par une félicité si rare qu'elle en devient douloureuse. Sa bouche s'entrouvre et il laisse le bout de ses doigts frôler le bras de la créature.

-Je sais.

-Viens avec moi.


Ses jambes le guident alors à travers le dédale des cachots. Au loin se font entendre les hurlements de douleur des condamnés, des cris de torture qui lui transpercent les os mais qui au final ne lui laissent qu'une impression physique, rien de plus. Une indifférence totale.


Son regard s'attarde sur le corps du démon qui le traine derrière lui. Sa bouche se tord en une esquisse de sourire, grivois, presque sadique, pervers. Ah... quelle perfection... Cette chevelure rouge sang qui ondule doucement au rythme de ses pas, ces hanches qui se balancent en un mouvement indécent... Son regard descend encore, il halète légèrement et ses jambes se mettent à trembler.


Jonas vient à peine de réaliser, vraiment réaliser, qu'il est là devant lui et que toute cette torture est enfin finie. Ou vient juste de commencer.


Autour d'eux il n'y a que des flammes, de la suie, noir et rouge, la lumière et le noir comme un clair-obscur irréel. Il se sent ailleurs. Il n'a jamais compris sa présence ici. A son arrivée juste après sa mort, sanglante comme il l'avait toujours prévu et si possible pas trop douloureuse – mais il ne s'en rappelle pas vraiment, il a tout fait pour oublier – il s'était retrouvé dans cette grande pièce flamboyante au milieu de toutes ces autres âmes. C'était comme s'il n'existait plus.


Un rire retentit soudain, tout près. Le claquement d'un coup de fouet.


Jonas soupire intérieurement en captant du coin de l'œil cet espèce de pagne qu'il a toujours porté, semble-t-il. Ça gratte. Il s'en était soucié au début, puis avait oublié ou simplement s'en était accommodé, mais à présent, avec le réveil de ses jambes et de son bassin il peut sentir cette chose rugueuse contre sa peau au point qu'il n'ose presque plus marcher. Il lance un regard au démon et ralentit un peu s'en vraiment s'en apercevoir.

-Qu'est-ce que tu as?


Il fixe ses yeux sombres dans les siens mais ne répond pas. Il a juste l'air un peu perdu, et semble chercher quelque chose. Entre deux doigts, inconsciemment, il tire doucement sur le pagne comme pour s'en débarrasser.

-Tu auras bientôt autre chose à te mettre. Tu es ma propriété.


Le démon sourit légèrement. Ses yeux se plissent.


-Enlève ça.


Et comme Jonas ne réagit pas, tout simplement parce que ces yeux, cette voix grave et vibrante l'hypnotisent tellement qu'il n'écoute pas, n'a même pas saisit un seul mot de ce que le démon lui a dit, il se retrouve sans savoir comment avec son pagne arraché d'un geste brusque, déchiqueté.

Jonas lui lance un regard de ses grands yeux vides. Il se sent un peu soulagé, entre les griffes de la créature git le morceau de tissu qui auparavant lui servait de vêtement. Ils ne se lâchent pas des yeux. Il est nu devant lui...


Le démon pousse un léger grognement à peine perceptible et soudain, se saisit de Jonas et le presse contre lui, s'emparant de ses lèvres qu'il mordille et caresse de la langue, forçant presque l'entrée de cette bouche gourmande qu'il avait tellement adoré jadis, sur Terre.

Et Jonas pousse un léger gémissement, de désir, saisit par la volupté qu'il avait ressentit des années auparavant et qu'il ne pouvait ressentir que dans ces bras. En un éclair il se rappelle de ses mains sur son corps adolescent, et qu'elles soient à présent sur son corps mûr le rend fou.


Sur le sol de cette prison grisâtre, entre ces murs flamboyants de souffrance, leurs corps enlacés bougent en rythme et semblent vouloir rattraper des années de tension et de frustration. Il l'avait tellement désiré, ces rêves peuplés de sang et de sexe, non, de son corps parfait, et ces yeux qui l'avaient suivis où qu'il aille, il est si bien à présent que même la douleur qui le traverse lui est égale.

-Tremble encore entre mes griffes Jonas, je veux t'entendre gémir... Je veux voir tes yeux, regarde-moi!


Ah! Égal à lui-même. Il n'a pas changé, son corps, son esprit, ce démon lui fait atteindre des sommets. Et cette voix murmurante lui donne des sueurs froides, puis de plus en plus chaudes.

-Mon corps brûle... murmure-t-il à son tour, au creux de son oreille, chatouillé par ses cheveux rouges.

-Il brûlera plus encore, je ne t'ai pas tout montré.


Au loin, il aperçoit un garde qui s'avance dans leur direction, et à travers son regard voilé il le voit se figer puis tourner tranquillement les talons et s'éloigner.

-Ne fait pas attention, ils ont l'habitude...

-Cette fois... cette fois il a dû se brûler les yeux...


Et le démon eut un rire moqueur.


Plus tard, il porte son nouvel esclave vers la sortie. Jonas est si faible qu'il a à peine conscience d'être soulevé. Les murs gris se succèdent, quelques paroles qu'il ne comprend pas, puis un air un peu moins lourd arrive à ses narines.

-Ouvre les yeux, lui ordonne la voix grave.


Il le fait de mauvaise grâce, mais il ne peut pas s'empêcher d'être un peu curieux. Ce sont les enfers après tout. Ses yeux se plissent légèrement et il manque de tomber des bras du démon, de stupeur.

-Magnifique n'est-ce pas?


Il hoche la tête brièvement. Devant lui s'étale une mer de feu sous un ciel noir, et comme il regarde plus attentivement, il remarque d'innombrables silhouettes au milieu des flammes.

-Un châtiment, lui dit le démon.

-Pourquoi je n'y suis pas?

-Parce que tu étais aux cachots, comme chaque nouvelle âme.

-Le purgatoire?

-Plus ou moins.


Jonas tourne la tête et regarde les murs derrière eux qui s'étendent à perte de vue avant de fixer son nouveau maître.

-Pourtant ça faisait mal, là-bas.

-Ce n'est rien comparé aux châtiments.


Le démon prend un air terriblement sadique, il imagine sans doute les tortures qu'il a déjà infligé, s'en délecte, et Jonas détourne les yeux de lui. Il ne sait pas vraiment s'il doit être rassuré ou non. Comme il songe à sa nouvelle vie, un morceau de suie se pose sur l'épaule de la créature, porté par l'air suffocant. Il lève la main pour enlever cette saleté et se fige. Sa main... Il baisse alors les yeux sur son corps et s'étrangle, incapable d'élever la voix plus haut.

-Qu'est-ce que tu m'as fais...?


La créature le fixe et comprend de quoi il parle. Il émet un léger rire avant de répondre.

-J'avais envie de te revoir comme au premier jour. Ton corps mature n'est pas aussi sensible que celui de tes quinze ans.

-Comment j'ai fais pour ne pas m'en apercevoir?!

-J'ai fais en sorte que tu ne le remarques pas. Ah... soupire-t-il d'un air presque heureux, c'était vraiment satisfaisant.

-Tu te moques de moi!


Le démon se penche alors sur lui et, la main enfouie dans ses cheveux pour le soutenir, plaque sa bouche contre la sienne, la dévorant littéralement pour l'empêcher de parler encore. Jonas tente vainement de reprendre son souffle. C'est juste que... Il ne peut plus supporter ça. Sa tête retombe mollement en arrière quand le démon le lâche enfin et un filet de sang s'écoule de sa bouche.

-Je te briserais, Jonas, murmure-t-il doucement alors qu'en face de lui vient de s'arrêter une sorte de grande calèche noire tirée par quatre chevaux de la même couleur.


Il monte à l'intérieur et installe son esclave confortablement, l'allonge près de lui, la tête sur ses cuisses. Lentement, il lève la main et lui caresse les cheveux.

-Tu ne peux plus m'échapper à présent.


Lorsque Jonas se réveille, il est dans un grand lit de nacre. Ses yeux se posent successivement sur chaque objet de la pièce sans réussir à vraiment analyser où il se trouve. Il se sent bien... Les draps sont doux sur sa peau, chauds mais pas excessivement, pourpres, sûrement en soie. La première chose qu'il avait vu était le dessus du lit, ce plafond nacré et presque lumineux, à l'image de cette chambre. Comment est-il arrivé là? Comment un tel endroit peut-il exister ici? Il remue doucement et examine ses doigts. « Ainsi j'ai quinze ans à nouveau » pense-t-il. Il devait être vraiment fatigué ne pas avoir remarqué ça aussitôt, sa voix devait aussi avoir changé. Plus aiguë sûrement.


Une porte claque au loin. Un chuchotement.


Lentement, il repousse les draps et se lève. La curiosité surpasse son désir de rester au lit, cette demeure doit avoir des tas de pièces magnifiques et peut-être même... Il secoue la tête. Non, un jardin serait trop étrange aux Enfers. Il fait quelques pas et remarque à sa droite un grand miroir. Il se tourne vers lui et son regard se pose sur ce jeune homme qui le fixe d'un air morne. Vêtu d'un large pantalon laiteux, transparent, et puis aussi rouge. Comme celui du démon. A son cou, à ses poignets et à ses chevilles sont encore accrochés des liens en cuir. Il les a toujours porté, mais là ils sont devenus pourpres au lieu de bruns. Il est vraiment très beau, il le pense sincèrement.


Derrière lui se profile une ombre et il tourne brièvement la tête.

-Enfin réveillé.

-Je pensais qu'on ne pouvait pas dormir ici.

-Tu étais évanoui.


Ses mains fines se posent sur ses épaules et glissent lentement sur son torse. Jonas dévisage toujours le garçon face à lui, et le voit se faire enlacer par cette créature démoniaque. Il ne dit rien.

-Pourquoi fais-tu cette tête...

- ...

-Jonas?

-Je suis revenu au point de départ, hein? En me redonnant ce corps, tu voulais aussi que je redevienne celui que j'étais à cet âge.

-Bien sûr...

-Après ton départ, j'ai vécu des années de souffrance. Je devenais fou. J'avais tout perdu et tu m'avais trahis.

-Je ne t'ai pas trahis. Tu savais très bien que je ferais une telle chose... Si tu ne voulais plus souffrir tu n'avais qu'à m'appeler.

-Je ne pouvais pas renoncer. Et puis ne te moque pas de moi, ta vie entière est tournée vers la souffrance... Tu es extrêmement sadique, ne le nie pas, tu n'es qu'un démon après tout.


Les yeux du maître s'assombrissent et il lui saisit la mâchoire entre ses griffes, certaines lui entrant dans la peau. Il le serre un peu plus contre lui, son étreinte devient presque étouffante, et à travers le miroir, son regard le transperce.

-Je te ferais aimer cette souffrance.

-N'y compte pas.

-Toujours aussi insolent... tu attises mon désir Jonas...


Le jeune homme se dégage alors d'un geste brusque.

-Je vais visiter cette maison.

-Tu as toute l'éternité pour le faire.

-Tu as toute l'éternité pour me prendre!


Le visage de la créature se tord de rage et Jonas se retrouve plaqué au sol sans avoir pu esquisser un seul geste. Les mains au dessus de sa tête, le démon entre ses cuisses, la chaleur monte, monte encore à mesure que ses caresses se font plus appuyées. Il ne peut définitivement pas lui résister.

-Arrête, souffle-t-il, arrête ça, j'ai dis que je voulais...


Mais son amant introduit brutalement sa langue dans sa bouche. Son corps convulse comme pour s'enfuir, mais lentement il abandonne.

-Laisse-moi partir...

-Même si je le faisais... tu ne pourrais pas te relever.


Jonas tente de prendre un air agressif mais avec la rougeur qui s'étale sur ses joues et son souffle devenu haletant, il n'en devient que plus attractif aux yeux du démon. Le jeune homme se laisse alors captiver par le regard lumineux de son maître, et ses mains qui le parcourent, l'effleurent voluptueusement, lui font redécouvrir des endroits qu'il croyait oubliés.

-Tu... ne... ah, doucement, essaie... soit doux, juste cette fois...

-Doux? Le démon semble surpris et s'arrête.

-Oui... je préfère... c'est mieux...

-Je vois.


Il lui saisit alors brutalement les cheveux et approche ses lèvres à quelques millimètres des siennes.

-Sais-tu qui est le maître ici? Répond-moi!

-T...toi, c'est toi...

-Bien. Alors... ses ongles s'enfoncent dans la chair de sa cuisse, traçant de profondes entailles et lui arrachant un gémissement. Tu n'as rien à m'ordonner.


Il savait ce qu'il risquait pourtant. En mourant. Et il avait été prêt à supporter la douleur puisqu'elle était aussi synonyme de désir et de plaisir. Jalil lui faisait ressentir tellement de choses, une telle volupté pouvait être facilement supportable, non? Mais à présent, après avoir été prit pour assouvir cette soif qui les consumait, il connaissait pour la première fois la douleur d'être prit comme un esclave, cet acte ayant comme seul but de l'asservir, de lui montrer qui est le maître...


Des larmes de rage et de douleur inondent sur ses joues, il serre les dents et enfonce ses ongles dans la peau du démon. « Je te le ferais payer ». C'est une promesse.


 

Plus tard, Jonas arpente finalement les couloirs de la maison. Il ne pense pas vraiment qu'on puisse l'appeler ainsi, c'est beaucoup trop grand. Il n'y a aucune fenêtre. Les matériaux sont tous différents. Ça peut être un château, un manoir, n'importe quoi... Mais c'est magnifique. Un kaléidoscope vivant.

Il grimace un peu et ralentit son allure. Il aurait peut-être dû rester couché, jusqu'à ce que la douleur parte totalement... Mais au fond de lui, il sait bien qu'elle ne disparaitra pas. Jamais.

-Comment on sort d'ici... murmure-t-il.

-Ça aurait dû ne jamais arriver... Que fais-tu ici, pourquoi faire, et que lui as-tu dis...


Une voix sortie de nulle part, un chuchotement à peine perceptible, une onde glaciale. Son cœur s'accélère.

-Qui est là? demande-t-il un peu plus haut.

-Une ombre à son image, et une âme aussi forte... Que fais-tu ici...

-Montrez-vous, et je vous le dirais.


Il attend un peu, mais plus rien ne vient perturber le silence. Jonas est intrigué, mais finalement il hausse les épaules et repars. Et le temps se poursuit, au rythme de ses pas... lentement... lentement... Et dans sa tête tout se confond, son esprit se perd dans ce dédale inextricable. Il est seul, les présences qu'il ressent ne sont que des fantômes, rien, il n'y a rien...


Les pièces qu'il explore n'ont pas de fin. Il fouille chacune d'entre elle, le moindre centimètre carré, le moindre meuble. Cet endroit... Il tourne en rond. Et pourtant c'est chaque fois différent. Il ne sait pas depuis combien de temps il est là. Depuis combien de temps il marche, depuis combien de temps son esprit ne fonctionne plus.


Parfois il se met à hurler, l'écho de sa voix résonne dans les pièces vides. Que fait-il ici, où est-il, ça ne se peut pas! Où est Jalil?! Où est-il!... Un écho à nouveau, et dans sa tête se mettent à murmurer d'autres voix. Mais il ne les comprend pas, pas encore, rien que des murmures glacials qui lui gèlent le cœur et l'esprit. Il pense qu'il n'en sortira jamais, ce chemin n'a pas de fin.


Ce n'est même pas comme dans le cachot, c'est... autre chose. C'est pire.


Sa tête heurte le mur dans une pièce presque entièrement peinte en rouge où il s'est recroquevillé. Il sent une tension extraordinaire prendre possession de lui mais ne peut rien contre ça. Il se sent mal et ne peut rien contre ça. De la fièvre, du délire, oppression, tension, chaleur, douleur, sang... sang...


Sa main se lève et essuie ces larmes qui coulent sur son visage, et ses yeux troubles observent les plaies qui suintent doucement. C'est chaud...

-Jonas.

Une porte claque près de lui. Le frémissement de son cœur.

-Jonas, ouvre les yeux.

Il reconnaît sa voix, à travers le voile rouge de son regard il n'en paraît que plus beau.

-Tu es si dépendant? Regarde-toi.

-... Ta faute?...


Il se sent soulevé dans les airs et ses bras pendent librement. Il ne veut pas s'accrocher, ne peut plus le supporter. Il murmure.

-Fais disparaître ça...

« Pitié... »

Le rythme des pas du démon est comme une berceuse. La tête en arrière, il observe parfois le plafond et les murs défiler. Puis il sent qu'on le plonge dans un liquide chaud, et des mains douces lui frottent le corps, le moindre centimètre de sa peau pour annihiler toute trace de son supplice. Ça sent bon, l'épice, la cannelle...

-Tu ne peux pas vivre trop longtemps sans moi.

-Le temps... ça n'existe pas ici...

-Bien sûr que si, tu ne peux pas le mesurer?


Le démon semble étonné et observe Jonas qui revit sous ses doigts.

-Je ne sais pas. Il n'y a pas d'horloges?

-Tu ne devrais pas en avoir besoin. Cela fait plusieurs mois que tu erres ici.


« Des mois et des mois, sans même m'en apercevoir... »


Les mains de Jalil continuent leur exploration, leurs caresses. Jonas est propre mais il continue. Ne t'arrête pas... D'un sursaut il se soulève et s'accroche à ses lèvres, le souffle brulant. Ses mains sortent de l'eau et l'empêchent de reculer, s'agrippent à lui.

-Ne t'en va pas encore.

-Pourquoi?

-Parce que tu me veux...


Et le rire sensuel, langoureux du démon se mit à parcourir le corps de Jonas aussi bien que son souffle chaud ensuite, et le reste de sa peau.

Longuement.

Sans heurts.

-Ou presque-

Voluptueusement.


Et les larmes de Jonas n'étaient pas de douleur. Pas cette fois.

Par Absynthe - Publié dans : Les Enfers, Cadeau de Noël, YAOI, Fini.
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Jeudi 8 janvier 4 08 /01 /Jan 00:56
Pix: Jonas. (Ne pas baver, s'il vous plait).

 (There is an Elipse Temporal. Or an Temporal Elyps, I Don't care, i don't speak english, par contre i speak Anglemand Very Well. And Better encore, Franglemand. Ja Wohl! )



-Tu ne sais vraiment pas mesurer le temps?

-Je n'ai jamais su le faire.

-Pourtant tu devrais.


Dans le grand lit du jeune homme, le maître, nu et étendu avec grâce le fixe de ses yeux pourpres comme s'il allait le dévorer à nouveau. Jonas fronce les sourcils et fait de même. Il finit par murmurer.

-Tu comptes me regarder comme ça encore longtemps?

-Aussi longtemps qu'il le faudra.

-Pourquoi faire?

-Activer ta chaleur corporelle.


Il a presque l'air sérieux, et Jonas ne peut s'empêcher de sourire.

-C'est à moi de faire ça...

-Tu en es capable?

-Qu'est-ce que tu crois! s'exclame le jeune homme, vexé.


Et comme pour confirmer ses dires, il plonge son regard dans le sien, y met toute sa passion. Entrouvre les lèvres. Ses pommettes se colorent légèrement. Il va pour caresser la joue de Jalil qui commence aussi à réagir à cette vue des plus stimulante quand un léger grattement se fait entendre à la porte. Le démon se fige.

-Quoi!


La porte s'ouvre et Jonas écarquille les yeux.

-Maître, un invité à la porte vous demande...

-Fais-le patienter. J'arrive.

-Qu'est-ce que c'est que ce truc? demande le jeune homme en fixant toujours la porte avec des yeux ronds.

-Un esclave.


L'esclave en question est une petite créature de toute évidence femelle même si cela reste à confirmer, d'une taille minuscule, les cheveux – verts -- réunis en une couette haute qui lui retombe sur le visage.

-Reste ici.


Le démon lui jette un regard sévère tout en enfilant son pantalon.

-Tu ne crois tout de même pas que je vais te désobéir maître, sourit Jonas en calant son menton dans sa main.

Mais l'autre ne répond pas et laisse planer un silence inquiétant avant de claquer la porte. Le jeune homme soupire et s'habille à son tour, un léger sourire renforçant son air sournois. Et le suit discrètement.

« Il y a une sortie... »

Il se repère aux sons, aux odeurs – cette flagrance épicée et musquée qu'il aime tant – et finit par arriver dans une sorte d'antichambre. De l'autre côté de la porte, des voix se font entendre et il s'efforce de comprendre.

-... depuis longtemps, où étiez-vous passé?

-Une affaire importante sur Terre.

-IL vous attend. Tout de suite.

-Je n'ai pas terminé ce qu'Il m'a demandé.

-IL ne souffrira aucune autre attente. Dois-je vous rappelez que votre position n'est pas des plus stable?

-J'irai une fois que tout sera terminé. Les préparatifs prennent plus de temps que prévu.

-Vous Lui expliquerez tout ça en personne.


Un claquement sourd, et le silence se fait. Le démon est parti, laissant un vide certain. Le maître n'est plus là. Jonas sort alors de la pièce blanche et contemple le cœur battant le grand hall sous ses yeux. Sa liberté... Il en tremble presque d'excitation, ne peut retenir un sourire de bonheur, des frissons parcourent la peau de ses bras nus et son pas s'accélère brutalement. Sa main saisit avec rage la poignée, tout juste s'il ne défonce pas la porte dans sa précipitation et s'éjecte littéralement de la demeure, la tête en avant puis se fige, les mains sur son cœur et droit comme un i , les yeux écarquillés. Avec la fugitive sensation qu'une main va venir l'agripper par le col et le tirer brutalement en arrière pour l'enfermer de nouveau.

Devant lui, ou plutôt sous lui, s'étend une plaine sombre et grise. Des montagnes au loin. Il est au sommet d'une colline, un chemin serpente jusqu'en bas et continue loin vers une destination inconnue. Qu'il aimerait tant connaître.


Son pied s'avance dans la poussière et, saisit brusquement par l'intensité du moment, il se retourne pour contempler la demeure de Jalil. C'est la première fois qu'il la voit. Et elle est... à l'image de son intérieur mouvant, elle ressemble presque à un grand animal vivant, entourée de cet étrange flou de chaleur qui recouvre le bitume les jours d'été, recouverte d'une matière brillante, un peu comme du marbre noir. Cela semble respirer.


Puis il s'arrache enfin à cette étrange vision et avance.

La route se poursuit, et ce qu'il croyait n'être qu'une plaine vide est en fait un amas de buissons morts et épineux, d'arbres gris et tordus, agonisant, suffocant dans cet air lourd de suie et de souffre. Un maquis mortuaire...

Mais ça lui suffit.

Cela faisait si longtemps qu'il ne s'était pas senti apaisé. Ses liens de cuir se transforment en simples bijoux à ses yeux. Le sourire calqué sur son visage ne veut pas partir....

Tout semble si facile tout à coup! Il s'arrête quand ses pieds souffrent, repars quand il est reposé, observe tout avec une curiosité infantile et presque malsaine tandis qu'il découvre peu à peu le fonctionnement de cet endroit si particulier des Enfers. Il y a de la vie là-dedans.


Ce ne sont que de petites choses si mignonnes à ses yeux, petites, petites choses inutiles dans ce monde mort et qui tentent de survivre. Des sortes d'animaux reptiliens, presque dinausauréens, presque à moitié oiseaux. Quelques œufs gluants avec un goût de sushis. Un goût de poulet dans cette chose à bec noir qui courait au sommet d'un arbrisseau bleuâtre. Ah, de la couleur fade par endroit aussi, bleuâtre, verdâtre, rougeâtre... l'âtre d'une cheminée, pense-t-il avec amusement, et rit presque à ce jeu de mot.


« Qu'est-ce qu'il m'arrive... »


Lorsqu'il se retourne le sommet de la lointaine colline ressemble à gros insecte noir. Exactement comme celui qui se repose devant son pied. Puis sous son pied. Sa pupille se dilate et son sourire s'accentue en un air sadique. Et son oreille perçoit soudain un léger bruit, se transformant en bruissement persistant, des milliers de feuilles qui n'existent pas, le grattement des insectes que les animaux dévorent... Les arbres et les buissons s'agitent sous une brise fantôme, tout se concentre dans sa tête. Ses yeux sont aveugles. Et puis tout se relâche. Elle est devant lui, annonçant dans un jappement, d'une voix de crécelle.

-Tu ne devrais pas être ici, il va nous punir tu sais!


Jonas halète un instant et il se demande comment diantre cette petite a bien pu le suivre sans qu'il le remarque. Il passe une main dans ses cheveux et lui jette un regard hautain.

-Je me fiche bien de ce qu'il pourrait me faire.


Mais sa petite main s'accroche à son vêtement et elle reprend en dégageant la mèche de devant ses yeux agrandis par on ne sait quelle peur primaire et/ou justifiée.

-Tu as tord! Il est vraiment terrible tu sais! Moi j'ai bien vu plusieurs fois, et quand il est mécontent il est vraiment ah! Je veux dire... Madness, tu comprends?!


Jonas la regarde fixement, elle et ses damnés yeux verts, chercher ses mots. Madness? Madness. La folie pure, la rage incontrôlée et meurtrière, les instincts primaires non bridés par une quelconque conscience. Quel mot pourrait mieux lui convenir après tout?

-Je n'en ai rien à faire. Rentre si tu veux, mais ne m'agace plus.


La créature fait la moue et il se dégage d'un geste brusque pour continuer sa route. Il veut absolument savoir ce qu'il y a au bout, peu importe le nombre d'insectes qu'il devra écraser pour y arriver. D'un coup d'œil derrière lui il voit la fillette trottiner sur ses talons, l'air absolument pas gênée de lui servir d'ombre, et butée. Il soupire discrètement et lève les yeux au ciel, il n'en a pas encore fini avec elle.


Et puis cette couette au sommet de son crâne l'énerve.


Même sa voix l'énerve. Et puis cette manière de le regarder d'un air pincé, et cette façon de se tordre les mains comme si elle pouvait être angoissée! Elle n'avait qu'à partir au lieu de l'emm...

-Tss...

Il lui jette un autre regard méprisant. Au moins, elle ne l'empêche pas d'avancer.


Un instant plus tard – mais ça pourrait être des journées entières – ils arrivent finalement au pied des montagnes et dans un défilé rocheux, avant qu'il ne s'ouvre sur quelque chose ressemblant plus ou moins à une ville. Immense. Jonas écarquille les yeux une énième fois depuis son arrivée aux Enfers et stoppe brutalement, ne laissant guère l'occasion à la petite de ne pas lui rentrer dedans.


Ça ressemble à une ville. Avec des bâtiments, certes, des rues, des gens. Mais... bien entendu, rien n'est comme d'habitude. Tordu, gris, sale, grotesque et glauque, avec une incroyable densité dans l'air qui le fait suffoquer. Des regards louches, torves, pervers et méfiants venant de créatures qu'il reconnaît parfois, les ayant vu dans ses livres, mais tellement... moches qu'il en aurait presque vomi. Et il y en a d'autres, des êtres ressemblant à des humains mais avec par-ci par-là une oreille pointue ou une griffe révélant leur vraie nature. Des ailes aussi, et des crocs dans des sourires contre lesquels il ne peut rien. Le genre de créature qui donne envie de se laisser entraîner dans un coin sans résister, pense-t-il avec amertume. Comme si lui pouvait succomber à ce genre de chose... Ça leur aurait fait une belle jambe si Jalil leur était tombé dessus en plein batifolage.


Il en ricanerait presque. Mais ses pas le guident à travers les rues et il découvre des endroits qu'il n'aurait jamais pensé pouvoir exister. Et des conversations irréelles... en fait non, pas plus étranges que sur Terre en y réfléchissant bien.

 

-Passe-moi ta peinte de sang, j'ai rien eu à me mettre depuis la dernière descente, tu crois que Daamon me prêtera le gamin?

-Non, Geaz, je pense pas. Par contre j'ai une pierre sanglante si tu veux.

-Ah! Où tu l'as eu?!

-Dans la forêt pas loin. Un elfe que j'ai chopé en train de roder.

-Saletés de créatures...


Et un peu plus loin...

-Tu savais que le grand patron prépare une grande réunion bientôt?

-Ouai... Mais c'est juste pour eux, heureusement!

-J'imagine qu'ils doivent attendre ça avec impatience. Sont tous tordus, héhé, j'ai entendu ça d'un gardien du palais, ils aiment ça...

-Hum, c'est pas sûr. Enfin c'est le patron quoi... J'aimerai pas être à leur place!

-Tu m'étonnes... Pas être capable de s'assoir pendant un mois ça m'énerverai.


Jonas se fige le temps d'écouter, et son esprit cavale d'hypothèses en conclusions douteuses. De quoi étaient-ils en train de parler?


La gamine derrière lui ne le lâche pas d'une semelle et semble imperméable à toutes remarques. Jusqu'au moment où ses piaillements suraigus l'alertent.

-Me touchez pas espèce de cinglé! Je ne suis pas de la bouffe! J'appartiens à Jalil Yérë!


Jonas se retourne brusquement et contemple de son regard vide un espèce de colosse gluant et bleuâtre ressemblant vaguement à un grand schtroumpf de cauchemar, qui semble figé d'étonnement face à la verve insolente de la petite chose qui lui arrive à peine à la botte. Il cligne finalement des yeux, lui lâche la couette et s'en va. Comme ça.

-Non mais sans blague... marmonne-t-elle en shootant dans un caillou.


Le jeune homme ricane et repars lui aussi. Elle est quoi au fait, comme race? Un gnome peut-être, ou un farfadet... un elfe... bah, il verra plus tard. Il ne connait même pas son nom.


Ça fait déjà pas mal de temps qu'ils tournent en rond et il commence à se lasser.

-Hé, gamin, t'es drôlement mignon tu sais...

Jonas se retourne et contemple stoïquement un espèce d'homme énorme avec un gros nez en bec d'aigle, le regard torve.

-Je sais.

-Qu'est-ce que tu fais dans un endroit pareil...

-Je visite.

-Mon maître serait ravi de te montrer des tas d'endroit...


Le jeune homme, plein de condescendance, se détourne alors et va pour continuer sa route quand l'être le saisit par le bras, lui donnant une soudaine envie de vomir.

-Viens avec moi...

-Hors de question!

-Non mais qu'est-ce que vous croyez espèce d'abruti! C'est un esclave ça ne se voit pas!


Ils baissent la tête, contemplant sa petite chaperonne qui s'énerve une fois encore. Jonas fixe alors l'être dans les yeux, faignant d'ignorer sa camarade et demande d'une voix langoureuse.

-Votre maître, comment est-il?

-Oh, intéressé? C'est un démon.

-Mais encore?

-Cheveux courts, noirs, peau sombre... Un démon quoi, désirable.

-Mène-moi à lui.


A quoi pense-t-il réellement en décidant ce genre de chose? Un désir plus grand que n'importe quoi d'autre, une envie irrépressible de toucher un homme et d'être touché par lui. Voie royale de sa liberté, un désir satisfait dans l'urgence et laissé ensuite derrière lui, faire exactement ce qu'il veut...


Il suit l'homme vers l'extérieur de la ville, là où se dresse une sorte de manoir. C'est beau. L'extérieur comme l'intérieur alors que résonnent encore les coups et les cris de la petite laissée derrière eux. L'être le conduit ensuite vers un salon où il n'y a aucune couleur, noir et blanc.

-Maître, je vous ai ramené quelqu'un...


Une révérence, Jonas ne peut détourner ses yeux du démon en face de lui, allongé sur un sofa, une grâce affolante dans chacun de ses mouvements alors qu'il se lève et s'approche de lui. Il en a le souffle coupé. Ses yeux sont noirs... et hurlent d'un désir auquel le jeune homme ne peut que répondre. Parce qu'il le veut...

-Quelle adorable beauté... susurre langoureusement la créature à son oreille.

 

Il peut sentir la chaleur qui se dégage de sa peau, sa douceur et cette violence farouche qu'il conserve encore en lui, prête à le dominer. Comme Jalil... Sa voix est si grave qu'elle vibre en lui.

D'un geste le démon l'attire entre ses bras et ses mains commencent à ramper le long de son corps à la recherche du moindre gémissement. Il n'a même plus conscience de ce qui l'entoure mis à part ces chuchotement sensuels au creux de son oreille, et sa respiration difficile. Son cœur bat à une vitesse folle...


Comment cela a-t-il pu arriver?


Lentement ils laissent le désir enflammer la moindre parcelle de leur être et se dirigent vers un endroit inconnu du manoir, leur bouche ne semblant pas vouloir ou pouvoir se décoller l'une de l'autre, leurs mains agrippant l'autre dans une lutte acharnée.


Le démon alterne les moments de douceur et de violence, le plaque contre un mur avant de l'embrasser, lui tire les cheveux puis les caresse doucement...


Comment est-ce possible?


Ses lèvres parcourent son corps et le font vibrer de plaisir à un point tel que Jonas ne peut s'empêcher de gémir, pense plusieurs fois n'en plus pouvoir et défaille presque. Il le conduit jusqu'à une chambre où ils consomment leur passion jusqu'à l'épuisement dans une fougue étonnante, comme si ça faisait des années qu'ils n'avaient pu apaiser leur soif, comme si c'était la dernière fois. Nus entre ces draps noirs, l'un contre l'autre, ne formant plus qu'un...


Jonas ne connait rien de lui mais étrangement entre ses mains il se sent libre et s'abandonne, heureux. Il ne lui vient même pas à l'esprit que quelque chose cloche, que tout ce qui lui arrive paraît trop étrange pour qu'il n'y ai pas une motivation cachée là dessous. Il ne pense qu'au plaisir, à la sensation de ses cheveux courts et bouclés sous ses doigts et à son odeur enivrante comme un parfum de fleur maudite.


Et la voix vibrante, une fois reposée, murmure finalement.

-Pourquoi es-tu là?


Jonas tourne son regard vers lui et le contemple d'un air neutre.

-C'est maintenant que tu demandes?

-Insolent.

Le démon fronce des sourcils et ne peut s'empêcher de lui donner une petite claque sur la tête en guise de punition.

-J'ai suivi ton serviteur. Je suis juste un peu curieux.

-Jalil t'a abandonné?


Ah.


-Tu le connais?

-Qui ne le connait pas... Sa marque est tatouée dans ton dos, au cas où tu l'aurais oublié.

-Si tu sais à qui j'appartiens, pourquoi...

-Juste une petite blague. Je m'ennuyais.

-Et tu ne crois pas qu'il puisse être...

-En colère? Bien sûr que si!


Le démon lui saisit alors le menton comme pour être sûr qu'il le regarde bien. Ses griffes lui entrent dans la peau pour la première fois et Jonas grimace.

-Et à ce propos, je te conseille d'arrêter le tutoiement, imbécile. Je suis peut-être plus gentil que la moyenne au lit mais je ne tolère pas qu'on me manque de respect, surtout lorsque cela vient d'un simple esclave, aussi mignon soit-il...

-Je ne suis pas du genre à obéir.


Jonas se dégage brusquement et s'approche jusqu'à frôler ses lèvres, un sourire goguenard plaqué sur son visage.

-Et je n'aime pas qu'on me coupe la parole. Jalil n'a pas réussi à me domestiquer, je ne vois pas comment quelqu'un d'autre pourrait y arriver...

-Idiot...


La langue du démon vient alors rejoindre sa jumelle dans une légère caresse tandis que sa main se pose sur sa nuque pour l'approcher.

-Jalil n'est pas du genre à laisser un de ses esclaves faire ce qu'il veut. Tôt ou tard, tu regretteras de lui avoir désobéi.

-Peut-être bien. Il m'arrive même de regretter de l'avoir rencontré. Un peu plus ou un peu moins...

-C'est une vie d'esclave. Pas une vie de torture. Soit obéissant et ta vie ici sera cent fois meilleure que si tu n'avais pas été avec lui.

-Je ne sais pas. J'aurais pu avoir quelqu'un d'autre à la place...

Son regard se fait plus appuyé.

-...Quelqu'un de plus doux et de plus agréable...


Jonas s'approche encore et se colle à lui, charmeur. Le démon émet un bref rire avant d'agripper une de ses fesses.

-Ne t'avance pas dans des conclusions trop hâtives. Je sais être cruel. Je suis un démon, n'oublie jamais ça.

-Et un démon est sadique.

-Oui.

-Et il sait faire plein de vilaines choses aux méchantes âmes qui n'obéissent pas n'est-ce pas?...

-Ne me tente pas... murmure la créature face au ton que prend le jeune homme, ses yeux de chat s'illuminant dangereusement.

Le jeune rouquin fixe encore un instant ses yeux, hésitant.

-Pourquoi... Pourquoi cet homme m'a ramené ici? Pourquoi moi...

-Parce que tu es beau, et qu'il a comme ordre de chercher chaque créature qui pourrait me plaire.

-Même les esclaves qui appartiennent à quelqu'un d'autre?

-Il n'a pas le droit de m'amener quelqu'un qui refuse.

-Je vois. Peu importe la personne alors.

-Oui.

-Un démon de luxure?

-Oui.


Son regard s'accentue encore et un baiser langoureux vient interrompre la conversation un instant avant que Jonas, des frissons parcourant encore son corps, ne murmure.

-C'est pour ça que tu connais Jalil.

-Même fratrie. Mais pas le même esprit. Ça a surpris tout le monde lorsqu'il a finalement choisis un esclave avant même sa mort, comme si un démon du sexe pouvait s'attacher à quelqu'un en particulier, à un humain de surcroit. Lorsque j'ai compris qui tu étais, j'étais encore plus... excité.

-Tu m'as pris juste à cause de ça?

-Cela te gène?

-Non. J'ai passé un bon moment et ça me suffit. Maintenant je vais m'en aller.

-A ton aise. Je dirais à Jalil qu'il t'a bien choisi.


Un dernier regard à cet être magnifique, comme pour le graver dans sa mémoire visuelle après avoir conservé précieusement les souvenirs de sa peau, et Jonas vide les lieux. Une fois, cela est assez n'est-ce pas?


Il ne regrette rien.


Mais n'oublie rien.


Est-ce qu'il le reverra? Est-ce qu'il aura l'occasion un jour de revivre encore des moments aussi passionnés dans ses bras?


Qui sait...

Par Absynthe - Publié dans : Les Enfers, Cadeau de Noël, YAOI, Fini.
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