Un Vampire? Non merci! Par Inrainbowz

Dimanche 12 décembre 7 12 /12 /Déc 21:34

Yo !

 

Chapitre 7 pour votre bon plaisir. Je vous annonce au passage de que ce chapitre marque la moitié de ma fic (sans compter l’épilogue parce que je sais pas encore si je le mettrais en même temps que le dernier chapitre ou la semaine suivante, histoire de bien faire rager tout le monde). Bref.

Au fait, si ça vous intéresse, j’ai dessiné Stef’ et les autres. Je peux les mettre en image pour le prochain chapitre si vous n’avez pas peur de voir vos idéalisations, illusions et conceptions visuels écraser ma propre vision de mes persos. Je ne suis pas une as du dessin mais je me suis pas trop mal débrouillée – en tout cas ils ressemblent à ce que moi j’avais imaginé. Bref, laissez moi votre avis !

 

Voilà voilà. Bon bah je crois qu’on va y aller hein.

 

Bonne lecture !

 

{l'image viendra un autre jour, si souci, voyez avec le staff d'erog, moi j'abandonne...}

 

Image : God, by Ahermin (DA)

 

 

 

 

 

                « Bon tu vas faire la gueule encore longtemps ? C’est bon, il a dit qu’il s’en foutait ! C’est quand même pas ma faute à moi si il finissait plus tôt aujourd’hui, si ? »

                Sale gamin, petit con d’adolescent stupide et borné ! Cela fait plusieurs minutes que j’essaie en vain de sortir de son mutisme encombrant un putain de vampire visiblement peu disposé à écouter ce que j’ai à lui dire. Le truc c’est que j’aimerais bien prendre ma douche, moi. Je me retiens de défoncer cette porte de salle de bain, tournant comme un lion en cage devant ce panneau de bois qui reste obstinément fermé. Je vais faire un massacre.

                « Axel, sors de cette salle de bain.

                -Tu pourrais au moins faire semblant d’être désolée !

                -Mais de quoi ? C’est bon, tu n’as pas perdu tes prérogatives, il est toujours complètement sous ton charme, alors sors de cette salle de bain espèce de petit con !

                -Stef’ ! »

Ça y est, le frère s’y met maintenant. Ils sont tous contre moi aujourd’hui ! Je fais volte-face pour le foudroyer du regard.

                « Quoi, c’est pas vrai peut-être ? »

Il rougit furieusement, opère un repli stratégique dans un coin aussi éloigné de moi que possible – c'est-à-dire à peine trois mètres, pour aller bouder avec toute la maturité dont il est capable. Bien sûr qu’il craque complètement, vampire ou pas, sur mon colocataire. Qu’il essaie seulement de me soutenir le contraire.

                « Alors tais-toi ! Et puis d’abord c’est de ta faute, t’avais qu’à pas rentrer si tôt !

                -Non mais ça va bien ouais ! Et tu comptais me le cacher encore combien de temps ?

                -Jusqu’à ta mort si possible ! AXEL ! SORS DE CETTE SALLE DE BAIN !! 

                -C’est pas en gueulant plus fort que tout le monde que t’obtiendra ce que tu veux !

                -JE SUIS CHEZ MOI ICI ET JE GUEULE SI JE VEUX !!! »

Au bord de l’explosion, j’empoigne avec empressement mon blouson en cuir et claque la porte aussi fort que je le peux. J’entends un truc ou deux s’écraser au sol dans l’appartement – ils ont intérêt  à avoir nettoyé à mon retour. Je sors fumer sous le perron, pour me calmer. Je ne fume pas souvent, mais ça me prend en général très soudainement, comme ça, comme la fois où je contemplais Axel affalé dans la ruelle. Là, c’est surtout parce que je suis énervée. La cigarette n’a pas vraiment bon goût et pas précisément d’effet sur mes nerfs, mais c’est une manie qui me vient de temps en temps, beaucoup plus facilement quand j’ai bu d’ailleurs, mais passons.

                Tiphaine s’est trouvé un petit boulot quelques rues plus loin, il fait le ménage à l’épicerie tenue par le Polonais, que je n’ai jamais appelé autrement et qui n’a pas l’air de vouloir que ça change. Le jeudi soir, il rentre en général vers minuit, ce qui nous permet de nous occuper rapidement de la nourriture du vampire. Et puis ce soir, pour on ne sait quelle raison sans doute pas valable, il est rentré une heure trop tôt, et il est tombé pile pendant la partie critique de l’opération, à savoir Axel, mon poignet à la bouche, le sang dégoulinant de son menton et les yeux brillants d’un plaisir mal contenu, et moi serrant les dents, grimaçant de souffrance.

                Ça a été un sacré bordel. Tiphaine, je ne sais pas trop ce qu’il a cru, mais il a sauté sur Axel pour l’éloigner des giclées d’hémoglobine qui tâchaient (encore) les draps. Sauf que comme il avait planté ses dents bien comme il faut dans ma chair, il m’a arraché une bonne partie de la peau. J’ai hurlé, ce qui n’a pas spécialement amélioré la situation, et encore moins quand je lui ai lâché un « t’inquiète pas, c’est un vampire » qui n’a pas vraiment eu l’effet escompté. Et donc Axel a fui la colère de mon petit frère et mon propres accès d’hystérie provoquée par la douleur en s’enfermant dans la salle de bain, et j’ai dû expliquer pendant une heure à Tiph’ ce qu’il en était, mais il n’a pas voulu s’excuser, étant au moins aussi orgueilleux et borné que moi. J’avais mal, j’ai galéré pour faire cesser les effusions de sang, et donc, après m’être énervée un bon coup, et je me retrouve dehors  pour essayer de me calmer. Je suis assise contre la façade de l’immeuble, le nez levé vers les étoiles à peine visible, mon bras meurtri replié contre moi, en regardant s’évanouir les volutes de fumées blanches de mon tube de nicotine qui se consume lentement. Il fait froid.

                « Salut, Stef’ !

                -Lukas… »

Et voilà le seul garçon de moins de trente ans qui ne soit ni un vampire ni mon frère et qui n’aie pas peur de m’adresser la parole. Lukas, le fils du concierge de l’immeuble, a tout juste 18 ans, et il bosse au garage de voiture de son père depuis qu’il a fini le secondaire. Sa spécialité, c’est de retaper des vieilles caisses avec des pièces d’occasion pour les revendre aux autres garages, plus légaux mais donc moins libre de leurs mouvements. C’est un éternel optimiste, qui ne se démonte jamais. Le genre à attirer naturellement la sympathie, la confiance des gens, le genre à qui l’on a envie de parler quand on le croise dans la rue, qui sourit un peu à tout le monde en général et à personne en particulier. Le genre qui m’insupporte en somme, et qui m’est, de toute façon, totalement inaccessible, comme évoluant dans un autre monde. Je ne sais pourquoi celui-là a décidé de s’intéresser à moi, mais en tout cas, il trouve toujours une occasion pour m’aborder en souriant, voir pour me draguer discrètement. Il a peur de rien, celui-là. Enfin, je ferais preuve d’une horrible mauvaise foi – et c’est ce que je fais – en disant qu’il me laisse complètement indifférente.

                « Ça n’a pas l’air d’aller très fort. Je peux faire quelque chose pour t’aider ?

                -Commence par la boucler Lukas. J’essaie de me calmer les nerfs.

                -Problème de colocation ? »

Je me tourne vers lui, surprise qu’il évoque mes deux résidents, ce qui n’a en fait rien d’étonnant. Depuis que Tiphaine s’est installé sur mon matelas, Axel s’est soudainement montré beaucoup plus intéressé par les sorties, d’autant que la nuit se couche tôt, en novembre. Sa nouvelle lubie, c’est de suivre mon frère un peu partout dès que le jour est couché : aux courses, au boulot, au parc où ils passent leur soirée à faire on ne sait trop quoi… J’impose tout de même un couvre-feu à Tiphaine pour la forme, parce qu’il va en cours, mais sinon, je ne fais pas spécialement attention à leurs allées et venues – moi-même entre la fac et le vidéoclub, je suis souvent sortie. L’avantage, c’est qu’Axel met le nez dehors, maintenant. Il m’a même accompagnée deux ou trois fois à la boxe.

                « Je t’espionne pas hein, s’empresse d’ajouter Lukas sur un ton d’excuse. C’est juste que je les voie régulièrement rentrer et sortir alors… 

                -Ils sont idiots. Et comme si cela ne suffisait pas, ils se courent après sans oser se lancer. Ça me gonfle. »

Il me surprend encore en éclatant d’un rire léger qui résonne dans la nuit glaciale. Deux fossettes se forment sur son visage carré quand il rit, je n’avais jamais remarqué. Je lui en parle aussi ouvertement parce que Lukas est le fils de Samuel, et qu’il est donc par définition plus tolérant et ouvert d’esprit que la plupart des gens qui peuplent cette planète.

                « Les premiers émois hein ? Pas étonnant qu’ils rament ! Laisse-leur le temps… Quoi ?

                -Tu es beaucoup plus mature que tu en as l’air.            

                -Je vais considérer que c’est un compliment ! »

Il rit de nouveau, et je me prends à rire un peu, moi aussi, même si je ne vois pas vraiment ce qu’il y a d’amusant.        « Finalement, j’ai réussi à t’aider !

                -Ah oui ?

                -Tu n’es plus aussi remontée. »

Comment rester en colère en face de cette tête aussi ? Lukas est brun, les cheveux en bataille, la barbe à peine visible et la barbiche sur le menton, les yeux noirs et sans fond, la peau très bronzée. En bref, le pur physique méditerranéen en plein cœur de Prague, légèrement démenti par ses lunettes rectangles à monture épaisse, qui lui confère un petit charme décalé, surtout quand il sourit. Il fait vraiment plus vieux que son âge – plus vieux que moi-même.

                « Il faut croire que tu as un effet bénéfique sur mon humeur. 

                -De rien, c’est gratuit ! »

Sa façon de sourire n’a vraiment rien à voir avec celle de Mandy. C’est vrai, il me remonte le moral, même si les gens aussi rayonnants m’exaspèrent à la longue. Je me relève, secouant un peu mes jambes engourdies par le froid qui commence à me faire claquer des dents, frictionnant mes deux mains l’une contre l’autre.

                « Bon aller j’y retourne, il fait vraiment trop froid, et j’ai peur qu’ils fassent une bêtise.

                -Si vous pouviez éviter de mettre le feu à l’immeuble…

                -Je vais y penser.

                -Alors bonne nuit ! »

D’aussi loin que je me souvienne, Lukas a toujours terminé nos entrevues ainsi : « Bonne nuit », « Bonne journée », « Bonne chance », « Bon courage ». Toujours avec ce large sourire, ses yeux pétillants derrière ses verres de contact, et toujours imperméable à mon absence de réponse. Je ne lui ai jamais répondu. Jamais. Il avait, en quelque sorte, toujours le dernier mot de nos rencontres.

                « Merci. À toi aussi. »

Et comme souvent quand je me trouve dans une situation embarrassante, dont je ne préfère pas connaître l’issue, je tourne les talons avec précipitation ; en d’autre terme, je m’enfuis.

                « À bientôt ! »

Quel con, franchement…

 

O

 

                C’est dans de bien meilleures dispositions que je remonte au quatrième, amusée par ma petite discussion avec Lukas. J’ai sans doute réagi un peu brusquement face aux deux idiots. On va discuter calmement, si il le faut je forcerai tranquillement la porte de la salle de bain, sans brusquerie. Heureusement que mes clés étaient restées dans mon blouson, ça aurait un peu cassé le pardon que je vais daigner leur accorder si j’avais dû faire le pied de grue devant la porte en attendant qu’ils viennent m’ouvrir.

                C’est donc totalement en paix que je rentre dans l’appartement.

                Où il y a toujours du sang par terre et sur le mur du fond, où les débris de ce que j’ai fait tomber en sortant – deux verres vides de l’étagère du haut – sont toujours éparpillés sur le sol et où il y a … Axel et Tiphaine qui se dévorent la bouche au milieu de la pièce.

                « Je-vais-vous-BUTER… »

Ils se séparent précipitamment tandis que mon frère tente un maigre « attends, je vais t’expliquer ».

                « Vous croyez que c’est le moment de vous rouler des PELLES ? BANDE DE CRETIN !!! »

Si je ne ressors pas immédiatement, je vais faire un massacre. Comment OSENT-ILS expérimenter leur amourette de jeune cons dans MA piaule que je viens de quitter en hurlant, et ce sans daigner s’excuser, ranger, m’attendre avec des crêpes, ramper à mes pieds en me suppliant de les pardonner ? Je vais les tuer, je vais les tuer tous les deux.

                « Y’A INTERET A CE QUE CE SOIT NICKEL QUAND JE REVIENS ! »

Et je re-claque la porte comme une furie – de nouveaux objets finissent leur vie en morceau sur le parquet – pour aller m’en re-griller une, en espérant que je sois calmée avant d’avoir fini le paquet. Et en plus ils essaient de me tuer avec mes propres clopes…

                « Ça s’est pas arrangé, finalement ? »

Je sursaute en voyant Lukas débarquer à notre étage. Je ne l’avais absolument pas entendu monter, le son de ses pas probablement couvert par mes hurlements enragés.

                « J’abandonne, ce sont des cas désespérés. 

                -Oh, à ce point-là ?

                -T’as pas idée… »

À nouveau ma tension redescend. Il est très fort ce mec-là. Un silence confortable, ni tendu ni pesant, s’installe brièvement, avant d’être brisé par ma porte d’entrée qui s’ouvre brusquement.

                « …tends, je vais la cher… »

Axel s’interromps en me voyant planter sur le palier.

                « C’est bon, je suis là.

                -Stef’, écoute, je voulais te dire… »

Il se tait de nouveau, ayant visiblement remarqué l’autre jeune homme toujours debout en haut des marches. Je vois le vampire marqué un temps d’arrêt, hésiter à parler. Il est en train de se passer quelque chose mais je serais bien incapable de dire quoi. L’instant s’étire, s’éternise, devient presque palpable. Et puis Lukas met fin à la scène en déclarant :

                « Bon, je dois redescendre moi, alors bonne nuit à tous ! »

Encore une fois, il a le dernier mot : je suis trop préoccupée par la réaction d’Axel pour lui répondre. Il est sur le point de me dire quelque chose, mais se ravise.

                « Dis, tu le connais ? »

Il ne semble pas savoir quoi répondre.

                « Non, mais… enfin… »

C’est le moment que choisit Tiphaine pour débarquer, n’ayant absolument rien suivit de la scène.

                « Ah, tiens, t’es là… Bon bah rentrez, on va pas faire salon de thé dans le couloir. »

Axel le suit sans croiser mon regard, les yeux obstinément baissés. Je doute de pouvoir un jour le faire parler de ce qui vient de se produire. Je sais que c’est idiot et égoïste, mais je ne le souhaite pas. Ses connaissances sont fatalement des vampires, comme lui, n’est-ce pas ? Ou un truc du genre. Et s’il les retrouve… s’il se souvient… Ne risque-t-il pas de partir, tout simplement ? Ou de nous tuer, mon frère et moi ? Je sais bien qu’on en a déjà parlé, avec Ax, et que je ne peux pas répondre à ces questions, mais ça ne me concerne plus seulement moi. Tiph’ est mon seul et unique petit frère, celui sur qui je porte tous mon amour maintenant qu’il ne reste plus que nous deux, et je ne veux pas qu’il souffre de mes faiblesses. Notre histoire a beau être horriblement cliché, nous ne sommes pas dans un film. Tout ne se finira pas nécessairement bien.

                « Au fait, j’étais censée être très remontée contre vous, vous vous souvenez ? »

Les deux garçons se raidissent brusquement. Ce n’est pas le moment de s’inquiéter pour rien. En attendant, je vais leur en faire baver. Le reste attendra.

 

O

 

                Je vais à la boxe deux fois par semaine, en moto. Il se trouve que ce soir, ma moto était en panne, à cause de mon idiot de frère qui a essayé de jouer avec des engins trop agressifs pour lui. Résultat, j’ai dû la laisser au bon soin de Lukas et me taper le trajet en métro, et l’arrêt n’est vraiment pas à côté de la salle. D’ordinaire, marcher ne me dérange pas plus que ça. Sauf que là…

                Je suis sortie  un peu tard parce que j’aime bien traîner sur le ring avec les autres, dont je ne connais aucun prénom et qui pourtant me réservent toujours un casier aux vestiaires. Du coup, il faisait nuit noire quand j’ai repris le chemin du métro. Je pressais le pas en serrant ma veste un peu trop fine pour la saison contre moi, de un nuage de fumée blanche s’échappant avec irrégularité de ma bouche.

                Pour m’être battue une fois un peu sérieusement avec Axel, je sais que question force, je ne fais pas le poids contre un vampire. Alors contre trois… J’ai compris dès la première droite que ce n’était certainement pas des mecs ordinaires.

                Ils m’ont chopé juste avant que je sorte sur l’artère éclairée où se trouve la station, dans un petit coin bien sombre et bien désert. Dans un sens, j’ai eu du bol, parce qu’il est clair qu’ils n’avaient pas l’intention de me tuer, ni même de me blesser sérieusement, parce qu’ils y seraient arrivé sans peine si ils l’avaient voulu. Mais ils souhaitaient juste que je le sente passer. Et effectivement, je l’ai bien senti passer. A cet instant, j’aurais pu être aussi faible que Mandy ou être Mike Tyson, ça n’aurait strictement rien changé, et être capable d’étaler sur le ring des types de vingt kilos de plus que moi ne m’a certainement pas empêcher de me prendre la dérouillée de ma vie. Je me suis retrouvé couché sur le sol, sans rien pouvoir faire d’autre que protéger tant bien que mal mon visage avec mes mains, la douleur irradiant chaque partie de mon corps meurtri.

                Le quatrième connard, celui qui avait un long manteau noir et qui se prenait pour le roi du pétrole, est le seul qui a ouvert la bouche. Il aurait pu avoir la classe s’il ne commandait les types en train de me refaire le portrait et s’il n’avait pas été sans cesse en train de secouer la tête comme un guignol pour essayer de dégager ses cheveux trop long de son visage. C’est dingue comme je peux m’attarder sur des détails sans intérêt. Enfin, c’est encore un des moyens les plus efficaces pour oublier la douleur.

                « Dis à Johan que le châtiment en ai déjà à la moitié. Il n’aura pas intérêt à traîner pour rentrer. Il a de la chance qu’on ne fasse pas cramer ton immeuble, ma belle, sa casse-couilles de femme nous l’a interdit. Aller, on se casse. »

                Et ces enfoirés m’ont laissée là, la lèvre fendue, le nez en sang et de bons gros hématomes en formation sur mes flancs, dans cette rue obscure qui puait l’urine. Quand j’étais gamine, ce genre de chose arrivait tous le temps. Mais en général j’étais du côté de ceux qui tiennent debout à la fin, moi. En plus, qu’est-ce qu’il voulait que je comprenne à son charabia, ce gros crétin ? Je me suis traînée tant bien que mal jusqu’à la station. Les autres voyageurs m’ont regardés comme si un troisième œil m’avait poussé au milieu du front mais j’ai préféré faire comme si de rien était, essayant plutôt de me concentrer pour gérer la douleur et éviter de tourner de l’œil. Je ne savais pas quoi faire, en tout cas, je ne pouvais pas aller à l’hôpital, trop cher, trop curieux, et encore moins rentrer dans cet état.

                « Tu as de la chance que Samuel ne soit pas là. Il aide au refuge des sans-abris ce soir… »

C’est ainsi que j’ai échoué sans trop savoir comment chez Lukas, qui essaie de me rendre présentable à grand renfort de compresse et de désinfectant depuis une demi-heure. Histoire d’être crédible quand je dirai à mes deux squatteurs que j’ai juste mis un peu plus d’ardeur à l’entrainement que d’habitude.

                « Je sais pas ce que j’aurais fait sans toi. Je me voyais mal débarqué chez Mandy avec cette gueule-là.

                -Mandy… la petite blonde qui vient de temps en temps ? Elle a l’air plutôt sympa pourtant.

                -Trop sympa. Elle aurait hurlé avant d’appeler la police, les pompiers et les urgences dans la seconde suivante. Elle réagit mal au stress.

                -Alors que moi…

                -Toi, t’es zen. Tu contrôles. Je me suis dit que tu pourrais m’aider.

                -À ton service ! »

Je n’ose lui parler d’Axel et de l’autre jour. Encore une fois, je préfère lâchement ne pas savoir. De toute façon, d’après l’enfoiré en manteau noir, je serai vite fixée. Je ne veux pas y penser, je ne veux pas savoir, je veux me voiler tranquillement la face, parfaitement en paix avec mon ignorance délibérée.

                « Bon, je vais y aller. Merci pour ton aide, vraiment.

                -De rien. Et au fait, Stef’… »

Et là, c’est le retour des clichés en force. Il me choppe par le bras avant que je ne passe la porte, et il m’embrasse. Furtivement, à peine un contact. Je rougis instantanément, les yeux écarquillés, pas très sûr de ce qui vient de se produire. La colère se dispute à la honte, y’en a qui ont fini le nez cassé pour moins que ça…

                « Bonne nuit ! » lance-t-il, tout sourire.

J’hésite à lui casser la gueule. Pour qui il se prend ? Je déteste ça, je déteste. Mais j’ai mal, je veux rentrer chez moi, et il m’a aidé, et… je ne sais pas, c’est lui, ce type tellement rayonnant que ça en devient insupportable, et je ne peux rien contre lui. Alors à la place, je balbutie une réponse incompréhensible, et je m’enfuis, partagée entre la fureur, la gêne, et bien enfouit quelque part, le plaisir. Petit con…

Par Absynthe - Publié dans : Un Vampire? Non merci! Par Inrainbowz - Communauté : Lawful Drug
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Dimanche 19 décembre 7 19 /12 /Déc 22:57

Bonsoir bonsoir, c’est Inrainbowz qui vous livre son chapitre in-extremis. J’avoue que j’ai eu peur qu’on n’en voit pas la couleur de celui-là. En fait j’ai déménagé hier et j’avoue que je n’avais pas prévu que cela entrainerait momentanément la disparition d’internet dans mon existence. Heureusement que mon frère (et ses potes) se démerdent pas trop mal en connexion hasardeuse, parce que le chapitre nous passait sous le nez et sans un regard en arrière.

Donc le voilà finalement ! Mon déménagement implique également que je ne peux pour l’instant pas vous scanner les têtes de mes persos comme je l’avais dit, il faudra attendre quelques semaines.

Au fait, je me suis rendu compte que par un hasard particulièrement bien foutu, Stef’ et les autres fêteront Noël quasiment en même temps que nous. Je pourrais peut-être publier deux chapitres pour Noël du coup, en cadeau ? A vous de voir.

 

Bonne lecture !

 

 

  

  

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                « Putain, Stefane, laisse-moi rentrer !

                -Pas tant que tu ne m’auras pas donné ta parole !

                -Va te faire foutre !

                -Alors tu peux rester dehors. »

Nouvelle crise de nerf, nouveaux cris enragés, nouvelle grosse prise de tête, environ deux semaines après la première et une semaine et demi après mon gentil passage à tabac, dont je n’ai pas soufflé mot ni à mon frère ni à son nouveau petit ami suceur de sang, ce dernier étant d’ailleurs l’objet de notre présente dispute. J’ai toujours une jolie coupure sur la lèvre inférieure et une pommette un peu enflée, mais globalement, il n’y parait plus. Tant mieux. J’en avais marre que les gens à la fac me regardent de travers. Je veux dire, encore plus de travers que d’habitude, presque en faisant le poirier. Certains visages annonçant clairement « je m’en doutais, sale délinquante droguée, c’est à cause de gens comme toi si notre société court à sa perte ». Bon peut-être que ce n’est pas écrit sur leur visage. Mais c’est immanquablement ce qu’ils pensent.

                « Stef’, tu crois pas que t’exagères là ?

                -Axel, ta gueule. »

J’ai au moins la satisfaction de toujours pouvoir le rembarrer quand il me gonfle. Manquerait plus qu’il me rende polie en plus. Je lève une main vers lui, lui signifiant clairement de ne pas s’approcher davantage.

                « Stefane, OUVRE !

                -C’est ça, appelle-moi par mon prénom, ça me donne tellement envie de m’exécuter. »

Je me suis remis à parler à ma porte d’entrer, adossée au battant pour entendre ce que mon petit frère a à me dire. Je suis extraordinairement calme pour une fois. Sans doute parce que je sais que de toute façon c’est moi qui aurais le dernier mot.

                « T’es qu’une sale garce ! »

Charmant.

                « Et toi t’es mon petit frère et tu vis à mes crochets, alors je te déconseille de la ramener. »

Le problème, c’est qu’il a bien fallu faire croustiller les détails de la condition d’Axel et de notre petit manège à Tiphaine qui a exigé des explications. Et comme j’aurais pu le prévoir, ça ne lui a pas du tout plu d’apprendre que je donnais régulièrement de mon liquide vital à celui qui partage son lit (en tout bien tout honneur soi-disant, et en plus il me prend vraiment pour une abrutie…). Mais son emportement à lui n’était rien à côté du mien quand il a osé émettre l’idée qu’il pourrait, lui aussi, participer au repas du vampire en apportant sa dose au festin d’hémoglobine qui par ailleurs pose toujours le problème des tâches de sang partout, continuant de faire hebdomadairement passer mon appartement pour une scène de cérémonie sataniste. J’ai explosé littéralement et, après environ deux minutes de pourparlers qui m’ont clairement fait entrevoir qu’il n’en démordrait pas, j’ai opté pour une solution plus radicale : je l’ai choppé par le t-shirt que je cherche depuis trois jours et je l’ai foutu dehors où il s’égosille contre la porte fermée depuis quoi… dix bonnes minutes ? Je m’étonne que personne ne soit encore venu s’en plaindre.

                Je refuse catégoriquement et entièrement qu’il fasse cela. Je conçois qu’il ne puisse pas le comprendre et qu’il m’en veuille d’être aussi intransigeante, mais c’est hors de question. Je suis appuyée contre la porte, l’écoutant proféré tout un tas d’injures, dont la plupart que je lui ai moi-même apprises, à une époque bénie où il n’y avait ni dégénérescence familiale ni amateur de veines saillantes dans nos vies. Il doit avoir froid, dans ce couloir mal isolé. Bien fait tiens.

                « Mais putain c’est pas possible d’être aussi bornée !

                -Tiph’, en quoi c’est si extraordinaire que je ne veuille pas que tu te fasses saigner ? Tu es mon frère merde ! Et sois un peu plus poli sale gamin !

                -Je fais ce que je veux !

                -Certainement pas ! »

On croirait entendre une mère et son ado boutonneux qui veut se faire un piercing à la langue. Je ne veux pas qu’il se blesse volontairement pour Axel, que j’ai pris seule la responsabilité de recueillir et de nourrir. Mon regard dévie furtivement sur mes poignets qui m’élancent en permanence, car tout cela n’est pas très sain, quand même. Je cicatrise à peine que déjà il faut ré-arracher les croutes et refaire couler le sang.

                « Stef’, je comprends pourquoi tu ne veux pas mais…

                -Toi, n’essaie pas de m’amadouer. Je sais très bien comment tu fonctionnes et l’effet que tu as sur moi. Vous pouvez toujours courir, t’as compris ? »

                Je hausse à nouveau le ton pour être sûr que Tiphaine m’entende.           

                « Tiph’, ce n’est pas la peine de discuter. Je ne changerai pas d’avis. Je te laisse rentrer. Si je découvre que vous avez eu le malheur de me désobéir… Je vire Axel de chez moi tu m’entends ? Ou je t’envoie en pension. Mais je ne le permettrai pas.

                -Tu vas nous interdire de nous voir aussi ?

                -Ah non, pour ça vous faites ce que vous voulez. Vous pouvez baiser sur mon plumard si ça vous chante, j’en ai rien à foutre, mais que je ne trouve jamais de marque de dents sur tes avant-bras si tu ne veux pas que je te montre à quel point je peux être cruelle. »

                Je compte sur Tiphaine pour me croire sur parole. Il me connaît depuis suffisamment longtemps pour savoir que je ne plaisante pas.

                « Axel, ça te va ?

                -Oui. »

De son côté, je ne me fais pas de soucis. En fait, ma décision l’arrange bien. Je lui glisse à l’oreille, assez bas cette fois pour que mon frère n’en perçoive  rien :

                « Ça ne te gêne pas de me saigner autant que faire se peut, mais dès qu’il s’agit de ton béguin, c’est une autre paire de manche, hein ? »

                Je sais qu’il n’en a pas conscience et que je suis mesquine. Je vais sans doute même arriver à le faire culpabiliser. Mais en même temps…

                « Tu es jalouse, hein ? »

Je fais celle qui n’a rien entendu et ouvre la porte d’entrée. Tiph’ rentre tête baissée et va s’affaler sur le clic-clac, en me tournant le dos, toujours furieux. Il s’enroule dans une couverture hideuse récupérée je ne sais-où, montant clairement qu’il boude, ce qui me fait une belle jambe. Juste avant de le rejoindre, Axel se rapproche juste assez pour me glisser furtivement avant de le rejoindre :

                « Je suis désolé. »

Bien sûr que tu es désolé. Bien sûr que je suis jalouse.

                Tiphaine est mon petit frère. Le seul petit frère que j’ai jamais eu, que je n’aurai jamais, je n’ai plus que lui désormais, et je l’aime sans doute plus que je ne le devrais. Je voudrais que nous soyons seul tous les deux dans mon appartement pour que je m’occupe de lui et je m’en veux de penser ainsi. Comme une mère trop possessive. Quand à Axel… c’est pareil. Je l’ai trouvé, moi, je l’ai sauvé, et c’est moi qui l’ai nourri tout ce temps, qui me suis ouvert les veines pour qu’il survive. C’est à moi qu’il le doit. Même la rencontre avec son amant, c’est à moi qu’il la doit. À moi seule. Et par-dessus tout… Eux sont heureux, tous les deux. Ils apprennent lentement ce que ça peut faire, d’aimer. Et moi, je me retrouve seule, comme une conne. J’aimerais qu’Axel soit aussi mon frère. Ainsi je serais le centre de leur monde et ils resteraient tous deux tournés vers moi.

                Je me trouve méprisable de penser ainsi. Malgré l’influence du mort-vivant, je suis toujours aussi égoïste. Ça me rassure et m’attriste en même temps. Pas étonnant que je ne puisse pas expliquer à Tiphaine pourquoi je reste aussi inflexible. Je ne pensais pas que les choses se dégraderaient dans notre mini tribu sans l’intervention du facteur « vampire ».

 

O

 

                « Stef’, ça va pas ? »

Elle aussi, elle a un sixième sens qui détecte les humeurs des autres. Au moins suis-je assurée, assise en plein jour sur ce banc du parc de Letna, que Mandy n’est pas un vampire. Ces derniers temps, j’ai tendance à en voir partout. Surtout la nuit.

                « Si, c’est bon. T’inquiète pas. »

Elle n’insiste pas aujourd’hui. Ce n’est pas vraiment bon signe. Mandy se tient tranquille uniquement les jours où elle sait que je suis vraiment mal. Pourtant, j’ai l’impression qu’aujourd’hui plus que jamais j’aurais besoin de son horripilant flot de parole, plus distrayant qu’un silence gêné.

                Il fait froid, naturellement, en ce début du mois de décembre. Les rues se parent peu à peu de leurs guirlandes clignotantes, les gens ont sorti les couronnes de sapins où on allumera une bougie chaque dimanche jusqu’à Noël – même nous nous en avons une – les boutiques débordent d’offres promotionnelles, Mandy a sorti l’écharpe violette que j’ai trouvée l’année dernière chez une de ses amies et que je lui ai offert, il y a un an, pour Noël. Nous nous sommes retrouvés pour boire un verre et pour aller, à sa demande, voir une énième fois l’horloge astronomique de la place de la Vieille-Ville, une des plus belles merveilles de ce monde que nous adorons, elle et moi. C’est bien une des seules choses que nous partageons – peut-être même la seule. Le ciel est gris, uniformément bouché par des nuages bas, donnant au paysage, aux arbres nus du parc un éclat irréel, et désagréable.  

                Je dors très mal, depuis quelques semaines. Je n’ai rien dit à Axel ni à Tiphaine, parce que je ne leur dit rien, mais je ne suis pas vraiment au mieux de ma forme. Le vampire a pris l’habitude de rester debout jusqu’à environ quatre ou cinq heures du matin, puisqu’il finit toujours par s’ennuyer. Il se réveille avec nous pour nous voir un peu, puis il se rendort environ jusqu’en fin d’après-midi. Je suppose que ce n’est pas très naturel pour les gens comme lui, mais il ne se nourrit pas suffisamment, je le sais. Oh il a largement de quoi se sustenter, bien sûr, mais pas assez pour qu’il puisse sauter partout comme un jeune hyperactif drogué à la caféine. Et cela est également dû au fait que, presque chaque nuit, quelques minutes seulement après s’être endormi, il se met à hurler.

                « … m’écoutes ?

                -Hein ? De quoi ?

                -Je te disais que tu n’as pas l’air en forme. Tu es malade ?

                -Non, ce n’est rien, je ne dors pas très bien… »

Et l’expression est faible. Tiphaine a naturellement un sommeil très lourd depuis son enfance, même les pleurs de sa sœur jumelle ne le réveillaient pas, quand ils dormaient encore dans le même lit à barreau. Moi par contre, j’ai tendance à peiner pour trouver le sommeil, et pour le garder. Ainsi, Tiphaine ne bouge pas d’un pouce, la nuit, quand son copain se met à geindre, se tortillant dans les draps, en proie à je ne sais quels démons intérieurs. Moi, par contre, je me réveille immanquablement. Et je passe généralement le reste de ma nuit à essayer de l’apaiser. Parfois, il se calme en quelques minutes et pour plusieurs heures. D’autre fois, il ne se tranquillise pas de la nuit, et m’empêche définitivement de profiter de la mienne. Je ne sais pas à quoi c’est dû, et il n’en a pas souvenir au réveil, ou en tout cas il ne l’a jamais mentionné. Toujours est-il que j’ai du mal à m’endormir, et je me repose, au final, très peu. Je dois tout de même aller en cours, allé travailler au vidéoclub, m’occuper un minimum de notre vie.

                « Dis, Mandy…

                -Hm ? Qu’est-ce qu’il y a ? Tu veux qu’on aille autre part ? C’est vrai qu’il commence à faire froid…

                -Mais tais-toi un peu, idiote, je ne parle pas de ça… »

Je me surprends autant que je la prends de cours. Je pense que je ne l’ai jamais envoyé paître avec aussi peu d’énergie. Avec autant de lassitude. Je suis tellement fatiguée…

                « Mandy… est-ce que tu serais triste… si je mourrais ? »

Le temps semble suspendu – pour une fois que ce n’est pas l’apanage d’Axel – et pour la première fois, elle n’a rien à dire. Je ne sais pas trop ce qui m’a pris. J’ai eu le sentiment que si je voulais lui demander, c’était maintenant.

                « Est-ce que je… te manquerais ? »

J’ai vraiment envie de dormir. Juste quelques minutes.

                « Bien sûr. Bien sûr que tu me manquerais. Et je serais triste. Vraiment. Alors tu ne pars pas hein Stef’ ? Tu restes avec moi ? Tu sais que je ne peux pas me débrouiller toute seule… Stef’ ? 

                -C’est rien, c’est rien, il faut juste que je dorme un peu. »

Je n’ai pas résisté à l’envie de m’allonger sur ses genoux. Le contact de sa jupe au tissu soyeux sur ma joue m’arrache un sourire contenté. Merde, si je m’endors comme ça, elle va piquer une crise et m’envoyer aux urgences. Elle est trop cruche pour réagir calmement.

                « Juste quelques minutes… »

Je sombre.

 

O

               

                Les hôpitaux sont honnis par un bon nombre de gens. Je n’avais jusqu’à aujourd’hui connu que l’hôpital psychiatrique, celui où ma mère était régulièrement admise, au cours des derniers mois de sa vie. Du coup, l’hôpital standard ne me semble pas si terrible. J’aurais tout de même préféré ne pas me retrouver dans ces enchaînements de couloirs impersonnels, imprégné par l’odeur caractéristique des environnements aseptisés.

                « Mais puisque je vous dis que je vais bien !

                -Mademoiselle, vous êtes fortement anémiée. Vous devriez vraiment rester en observation, au moins pour cette nuit.

                -Merci, mais ce ne sera pas nécessaire. Vous m’avez transfusée, non ? Alors je peux y aller.

                -Oui, mais sans en connaître la cause, vous risquez de…

                -C’est bon. Je la connais, la cause. »

Je passe devant le médecin grisonnant à cours de mot dont la bouche ouverte et l’expression ahurie n’a plus rien de sérieux, j’enfile mon blouson doublé, et je quitte précipitamment l’hôpital. Mon portable vibre dans ma poche.

                « Allô, Stef’ ? Comment ça va ? Tu es sortie ?

                -Toi, je te retiens, avec tes idées à la con ! »

Je suis hors de moi. Mais qui a l’idée d’emmener une amie à l’hosto parce qu’elle s’est endormie sur un banc ? Mandy, bien sûr. Je m’énerve contre l’appareil, peu soucieuse des regards scrutateurs des passants croisant ma route.

                « Tu as une idée de combien va me coûter ta connerie ?

                -Laisse tomber. C’est pour ma mère. »

Là, j’avoue qu’elle me laisse sans voix. Je m’arrête au milieu du trottoir tellement je suis surprise. Son ton est incroyablement ferme.

                « Comment ça ?

                -Je préfèrerais qu’on parle… d’autre chose. Tu vas bien ? Les médecins ont dit que…

                -T’occupe de ce que les médecins ont dit. Je vais bien, ne t’inquiète pas. Merci de ton attention, Mandy, mais je vais me débrouiller. Salut.

                -Attends, Stef’ ! »

Trop tard. Je range mon cellulaire avec une pointe de culpabilité qui disparait bien vite au profit de l’exaspération. Il fait déjà nuit, et il fait vraiment froid. Heureusement que je n’habite pas très loin du centre hospitalier. Mon portable vibre à nouveau. Je décroche avec humeur.

                « Quoi ?

                -Stef’, c’est moi ! Tu es où, ça va ?

                -Ça va Tiph’, respire. J’ai eu deux-trois trucs à régler, je rentre là.

                -Je me suis inquiété.

                -Il fallait pas. Je raccroche. À toute à l’heure !

                -Ouais. Bisous. »

Quand est-ce qu’il s’est inquiété ? Entre deux roulages de pelle ? Entre deux pipes ? Et merde. Je suis ridicule.

 

Par Absynthe - Publié dans : Un Vampire? Non merci! Par Inrainbowz - Communauté : Ecritures Sensuelles
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Mercredi 29 décembre 3 29 /12 /Déc 16:32

Mais non, je suis pas en retard. Enfin pas vraiment. En fait c’est fait exprès. Bon, c’est juste que y’avait pas internet dans le bled où j’ai passé Noël. Allez, râlez pas, je vous offre deux chapitres au lieu d’un !

Je suis au regret de vous annoncer qu’après ces deux chapitres horriblement banals (banaux) et pépère, on passe aux choses sérieuses. Les choses un peu moins drôles quoi. Enfin moi perso c’est celles que je préfère, mais enfin, chacun ses goûts.

 

Bonne lecture alors !

 Prague_by_Kvikken.jpg

Image : Prague, by Kvikken (DA)

 

 

                Maintenant que j’y pense, je ne crois pas que les trois types qui maltraitaient Axel le jour où je l’ai trouvé étaient des vampires. À mon avis, ils l’ont juste trouvé là, et ils en ont profité, parce que c’étaient de sombres connards. A noter que le quartier n’a pas une réputation très brillante. J’ai d’ailleurs mis en garde Axel et Tiphaine plus d’une fois quand ils sortaient tous les deux, de ne pas étaler leur idylle toute rose à la vue de tous. Par contre, ça n’explique pas les chaînes. Je crois qu’il a sciemment été abandonné ici. N’était-ce pas sa « punition » ? Puni de quoi ? Pourquoi ? Et bien sûr, la question à deux mille euros : jusqu’à quand ?

                Axel m’évite. Il fait toujours en sorte de ne pas pouvoir me parler, d’avoir toujours mieux à faire, il utilise souvent Tiph’ comme prétexte d’ailleurs. Je dois avouer que je n’avais pas prévu que cela aille aussi loin. Je veux dire, je ne pensais pas que ce serait… de l’amour. Pour moi, ils devaient juste flirter un peu, coucher ensemble, se marrer. Mais je me suis fourvoyée. Pour Tiph’, ça ne m’étonne pas vraiment parce qu’il est très fleur bleue, mais pour Ax…. Je lui en veux un peu de prendre ce risque, de s’être à ce point attaché. Et la jalousie me ronge. Parce que moi, je ne compte pas. Ensuite, naturellement vient la honte de penser de façon aussi puérile. Et la honte cède à la colère, et je leur en veux d’être ce qu’ils sont et d’avoir fait de moi une pauvre idiote en mal d’affection. Je me portais mieux quand ils n’étaient pas là. Mais je les adore, l’un comme l’autre, alors la honte reprend le dessus. Tiphaine est mon frère, Ax, c’est tout comme, et moi, je souhaiterais parfois les rayer de ma vie. Je me déteste. Je les déteste plus encore.

                « Stef’, ça te dirait qu’on organise un petit truc pour Noël ? »

Je regarde Tiphaine avec des yeux ronds, alors qu’il essaie d’avoir l’air naturel, comme si sa proposition était des plus banales. Il porte ce pull vert que je déteste, celui qu’il a acheté avec sa première paie et qui, selon moi, le fait ressembler à un taulard déguisé en fils à papa. Ça ne me met déjà pas dans de bonnes dispositions. Et puis le chauffage a des ratés depuis quelques jours. Il fait froid dans l’appartement. Je déteste ça.

                « Comment ça ?

                -Et ben, tu sais… On achète à manger, on met un peu de musique, on rigole, on… euh… on s’offre des cadeaux ?

                -Tiph’… Tu m’as acheté quelque chose ?

                -Hein ? Mais non… »

Je sais toujours quand il ment. Il n’est pas fait pour ça. Dans notre famille ce sont les femmes les spécialistes de la manipulation, de la simulation, du mensonge impudent. Tiphaine, lui, est trop honnête pour me cacher des choses, surtout à moi, je le connais trop bien pour me laisser berner. Il regarde les murs, les fringues qui s’amoncellent dans tous les coins, à plus forte raison depuis que nous sommes trois, il se balance d’un pied sur l’autre et je devine ses mains se tordre même si il les a cachées dans son dos, essayant naïvement de me faire croire qu’il est parfaitement à l’aise.

                « Tiph’…

                -Mais quoi ! On pourrait se faire une petite fête non ? Et pourquoi pas ?

                -Je n’aime pas vraiment recevoir du monde chez moi Tiph’. Et puis, ce n’est pas comme si on avait vraiment de la place ou de l’argent à perdre…

                -Tu économises tous ce que tu gagnes. Je le sais bien. Tu ne devrais pas être aussi… austère. »

Ça, c’est méchant. Je me ferme instinctivement, peu désireuse d’entendre la suite. Je me mets à ramasser des fringues au hasard pour les fourrer sur mes étagères surchargées, pour me donner contenance et ne pas avoir à croiser son regard.

                « Excuse-moi, c’est juste que… Tu as l’air maussade, grande sœur. Je m’inquiète pour toi.

                -Trop aimable. »

Je ne peux pas m’empêcher d’être agressive quand on me dit des choses que je n’aime pas entendre. C’est un réflexe d’autodéfense puéril mais efficace, bien qu’il soit légèrement dégradant. Tiph’ préfère clore la discussion et rejoint Axel dans la salle de bain. Je me retrouve seule au milieu de la pièce, une culotte sale dans la main, sombre et déstabilisée, légèrement ridicule aussi. Si je ne suis même pas capable de rassurer mon propre frère… Je suis bonne à quoi ?

                « Au fait, Tiph’… »

Je profite du fait que l’on entende toujours le bruit de la douche, laissant supposer que le concerné n’entendra pas ma question – et surtout, n’entendra pas sa réponse.

                « Tu es amoureux de lui ? »

La douche s’arrête, sans que l’on puisse déterminer si c’est une coïncidence, le silence se fait tandis qu’il rougit comme une jeune fille, et me tourne brusquement le dos en marmonnant :

                « Qu’est-ce que ça peut te faire d’abord. »

Je souris.

                « Comme je le pensais. »

Il disparait dans la salle d’eau en verrouillant la porte. Mon sourire s’évanouit.

                Comme je le craignais…

                « Et tu l’aimes comment ? Dis, Tiph’, tu l’aimes plus que moi ? »

J’ai hurlé cette question dans le secret de mon esprit en regardant la porte se refermer sur lui. Je ne lui demanderais jamais. Je ne veux pas savoir.

 

O

 

                Il est revenu à la charge, plusieurs fois, soutenu parfois par Axel qui semblait plutôt emballé par le projet. Ils m’ont promis qu’ils s’occuperaient de tout, que je n’aurais rien à faire, et qu’ils n’inviteraient pas d’inconnu dans mon appartement. Alors j’ai dit oui. Et Tiph’, est parti, triomphant, organiser notre soirée de Noël. Je me ramollis…

                Tiphaine a raison, je ne dépense presque rien de ce que je gagne au vidéoclub. À part un minimum pour les courses et ma participation toute relative au loyer, je mets tout de côté. À plus forte raison depuis que j’ai l’avenir de mon jeune frère entre les mains. Je n’ai besoin de rien en particulier, et le peu que j’ai, je l’ai obtenu de manière pas très légale et à des prix largement avantageux. Alors oui, j’économise. Je ne me sens pas de faire autrement. J’achèterai tout de même quelque chose pour les garçons. Et pour Mandy, et Lukas, histoire de les remercier de m’avoir secourue, même si ça ne m’a pas spécialement fait plaisir. Je n’ai jamais dépensé un sou pour offrir à quelqu’un. Encore une fois, je ne sais pas ce qui me prend. Une autre peur a d’ailleurs germé dans mon esprit il y a peu : quand Axel disparaîtra de ma vie, est-ce qu’il emportera avec lui les effets qu’il a eu sur mon esprit ? Est-ce que je redeviendrai identique à la garce que j’étais avant ? Ou est-ce que je resterai le mollusque que je suis aujourd’hui ? Sincèrement, je ne sais pas pour quelle personnalité j’opterais, si d’aventure on me laissait le choix.

                Les vacances de Noël approchent, et je n’ai toujours pas la moindre idée de ce que je vais acheter à mes quatre idiots. C’est à ça que je réfléchis, à la place de me concentrer sur mes équations en cours de stéréochimie. Pas que je craigne vraiment de tomber à côté, après tout, c’est l’intention qui compte, mais je n’ai tout simplement pas encore eu le courage de me poser la question, et pire que tout, de devoir affronter la journée de magasinage qui va fatalement en découler. Je déteste la foule, les boutiques, les gens qui se pressent en tous sens, les files d’attente, les vendeurs… Je préfère savoir précisément ce que je veux acheter et ainsi écourter autant que possible l’enfer des achats de Noël.

                Plus possible de repousser davantage. Noël, c’est après-demain.

                « Axel, Tiph’, je vais faire un tour, je reviens.

                -Ok ! »

Tu parles que c’est « ok », ils sont trop content de pouvoir disposer librement de mon deux-pièces pour leurs ébats. D’après ce que j’ai pu observer, ils ont passé le cap récemment, ce qui les rend encore plus insupportables qu’avant. Mais bon, je ne dis rien. Parce que je ne dis jamais rien de ce que je ressens en général. C’est sans aucun doute un tort. Mais je ne compte pas faire quoique ce soit pour que ça change.

                « Je peux vous aider Madame ?

                -Oui, bien sûr. Vous vendez des accessoires de bondage ?

                -Euh… je… non, non, désolé… 

                -Alors tant pis. »

Je quitte avec une satisfaction malsaine la boutique de babioles et sa vendeuse godiche. Je deviens exécrable quand je suis contrainte à ce genre d’activité, encore plus exécrable qu’à l’accoutumée. J’ai déjà trouvé pour mon frère – un t-shirt dont il m’a rebattu les oreilles depuis qu’il l’a repéré – et pour Mandy – une poupée en plastique qui porte la réplique exacte de la robe rose que Mandy elle-même portait au jour de l’an, il y deux ans – les plus faciles, en somme. Même pour Lukas, ça ne va pas être bien compliqué, il suffit que je lui trouve une petite voiture en ferraille – l’idéal serait une Mustang, ses préférées. Non, le vrai problème, c’est Axel.

Je réalise seulement maintenant que le vampire reste, et restera sans doute, un mystère pour moi. Je ne sais rien de lui. Déjà parce qu’il ne se souvient de rien, bien sûr, mais aussi parce que je n’ai jamais vraiment pris le temps de lui parler. Je ne sais pas vraiment quel est son caractère, s’il est plutôt calme ou emporté, quel couleur il préfère, les rêves qu’il peut bien nourrir. Je me demande si Tiph’ le sait, lui, si il a pris la peine de lui demander et si l’autre le lui a dit. Je suppose que oui.

Je traverse avec empressement l’avenue sur-fréquentée de Na Prikope sans même jeter un regard aux boutiques hors de prix. Les touristes abondent à cette période de l’année, principalement pour le jour de l’an. La neige est tombée récemment, rendant les rues boueuses et glissantes, et les grands bacs remplis de carpes frétillante encombrent les trottoirs. La période de Noël est très festive à Prague.

Qu’est-ce que je vais bien pouvoir offrir à mon vampire d’appartement ? Je réfléchis à ce qui peut bien lui convenir, au peu que je sais de lui. Alors, je sais… je sais…

                Je sais.

                J’ai trouvé.

                Ça ne me ressemble pas du tout. De me démener pour quelqu’un. Je n’ai jamais été très adroite de mes mains ni eu de dons d’artiste, mais maintenant que j’ai attrapé l’idée au vol, je ne peux plus la lâcher. Tant pis si ce n’est pas vraiment moi. Tant pis si il me manipule, si il nous quitte un jour, si je souffre de sa présence et que je souffrirai peut-être plus encore de son absence. Je vais le faire. Un pur truc qui nous ressemble, comme dans les films idiots où ils offrent des cadeaux ultra-personnalisés, qui symbolisera ensuite notre lien et le temps qu’il aura passé chez moi. Parce que d’une manière ou d’une autre, cette époque prendra bientôt fin. Je fais un petit détour pour passer devant la grande horloge à laquelle je murmure une courte prière. Que Prague nous garde ensemble.

 

O

 

                Je me demandais comment j’allais paraître naturelle en frappant chez Lukas – que je n’ai pas revu depuis qu’il m’a… bref – pour lui donner son cadeau, et comment j’allais me démerder pour que Mandy reçoive le sien sans que je sois dans les parages, et ainsi éviter les effusions et les larmes de joie dont elle m’a gratifiées la dernière fois, alors qu’elle savait que je l’avais piquée cette écharpe. Apparemment, elle l’applique vraiment, elle, le principe du « c’est l’intention qui compte » : le plus souvent, elle fait ses cadeaux elle-même, et elle a clairement deux mains gauches. Sauvez-nous.

                Ces questionnements étaient vains, comme j’ai pu le constater il y a quelques minutes : les deux personnages précédemment nommés étaient tous les deux assis sur le sol de mon appartement quand je suis rentrée du boulot pour le réveillon. 

                Je dois admettre que Tiph’ a fait ça très bien (il a bien plus de goût que moi) : ils avaient enlevé le matelas et poussé le clic-clac replié contre le mur, pour laisser un espace au milieu suffisamment grand pour que l’on puisse s’asseoir en rond autour de la table matérialisée par une nappe en papier blanche couverte d’étoiles dorées. Il y avait bien sûr une overdose de guirlandes de toutes les couleurs qui perdaient des poils partout dans l’appartement, et même un minuscule sapin d’à peine trente centimètres sur le comptoir de la cuisine. Par contre, il y avait aussi deux non-pensionnaires sur le parquet, et ça, ça a eu légèrement tendance à faire monter ma tension. Que Tiphaine à rattraper tout de suite :

                « Tu avais dit « aucun inconnu », je te cite. »

Effectivement, je n’avais rien à redire à cela : c’était parfaitement vrai. Et je n’avais pas envie de m’énerver, ce soir. Alors j’ai laissé couler. Je me vengerai plus tard.

                Et donc, nous sommes cinq pour notre petit repas de Noël sur le sol. J’ai appris avec soulagement que ni Axel ni Tiphaine n’avait fait la cuisine – pas un pour rattraper l’autre dans ce domaine – mais que c’est Mandy qui s’y était collée – elle ne se débrouille vraiment pas mal du tout, à mon grand étonnement. Elle a pris pour un compliment mon « enfin un truc que tu sais faire », d’ailleurs. Il faut dire qu’elle irradie littéralement de bonheur, dans sa petite robe blanche sans doute achetée pour l’occasion.

                « Tu l’aurais vu quand je l’ai invitée… J’ai cru qu’elle allait en pleurer » m’a confié Tiph’ en souriant. Il a l’air de l’apprécier, et c’est tout à son honneur. Remarque, les autres aussi. C’est peut-être moi, le problème, au final ?

Lukas, lui, est égal à lui-même, c'est-à-dire qu’il génère de la bonne humeur par sa seule présence. Il ne semble pas y avoir de malaise entre Axel et lui, au contraire, ils rigolent bien – ce qui ne plait pas trop à Tiph’, ne puis-je m’empêcher de noter – j’en conclus que l’incident de leur première rencontre n’était qu’une peccadille. Il y a de bonnes choses à manger – beaucoup de petits gâteaux aux amandes, et des morceaux de carpe grillées avec de la salade de pomme de terre bien sur – pas mal de boissons dont une bonne quantité d’alcool que Tiphaine boit en douce mais sans la moindre discrétion, et je suis bien. Lukas n’arrête pas de me sourire, sa main égarée distraitement très proche de la mienne, et Mandy rit à n’en plus finir, Axel et Tiph’ se comportent comme deux amoureux à leur premier Noël. Je suppose que tout est bien.               

                « Au fait, Mandy, pourquoi tu n’es pas chez toi ?» lui ai-je glissé discrètement en l’aidant à la cuisine, pour ne pas l’embarrasser je suppose.

                « Ah… Et ben, tu sais, elle… Enfin, elle est encore avec un homme… Ailleurs.

                -Comment ça ailleurs ?

                -Je ne sais pas. Elle ne m’a rien dit.

                -Depuis combien de temps ?

                -Je ne sais pas. Deux… deux ou trois semaines…

                -QUOI ?? »

Alors là, je ne me soucis plus du tout d’être entendue. Les autres nous jettent des regards curieux mais ont la présence d’esprit de ne pas intervenir.

                « Et tu es toute seule depuis tout ce temps ? Mais pourquoi tu ne m’a rien dit ?

                -Tu… tu n’avais pas l’air bien, je n’ai pas voulu t’embêter. Et puis… »

Elle a les larmes aux yeux mais elle refuse de continuer. Je sais très bien pourquoi, tout comme je sais ce qu’elle ne veut pas me dire. « Et puis, tu n’en aurais rien eu à faire, tu sais. Tu ne m’aurais même pas écoutée ». Je vois les larmes prêtes à déborder, ses mains triturer le bas de son pull en cachemire rose pâle enfilé sur la robe trop décolleté, pour ne pas réclamer ce qu’elle veut plus que tout et que je peux bien lui concéder ce soir. C’est Noël. Et puis… Axel est dans ma tête.

                Je passe précipitamment un bras autour de ses épaules, et je l’attire contre moi.

                Ses larmes se tarissent d’un coup. Je ne l’ai jamais prise dans mes bras, bien sûr. Je ne lui ai jamais manifesté le moindre signe de tendresse ou d’affection, même pas la bise pour dire bonjour dont je suis avare. Je la lâche rapidement, sentant qu’elle va exploser et me sauter dessus, et que les regards des autres sont posés sur nous. Pour stopper tout débordement d’émotion, je m’éloigne avec empressement pour fouiller dans mon sac resté près de la porte, et je tends à Mandy, la petite fille qui m’a supporté sans broncher pendant cinq ans, un paquet cadeau particulièrement mal fichu, sommairement entouré de ruban à cadeau. Je vois ses yeux briller encore plus fort.

                « C’est juste parce qu’elle a ta tête, et parce que j’étais obligée. T’excite pas. »

Bien entendu, une fois le cadeau déballé, elle s’excite complètement. Finalement, je n’y aurais pas échappé : elle me saute dessus en hurlant de joie, manquant de nous faire nous étaler sur le sol toutes les deux. Je souris quand même un peu, parce qu’elle pleure vraiment de joie, et que j’ai bu quelques verres. Je la console. Plus ou moins.

                « Mandy, t’es ridicule…

                -M’en fiche… »

Une vraie gamine.

                « Bon, c’est l’heure des cadeaux alors ? »

Et merde. Je les avais oubliés ceux-là. J’ai donné le sien à Mandy sur un coup de tête, mais bien sûr, Tiph’ a sauté sur l’occasion. En fait, moi j’espérais qu’ils oublient et qu’on zappe ce passage embarrassant.

                « Et bien allez, c’est parti ! »

Je les déteste…

 

Par Absynthe - Publié dans : Un Vampire? Non merci! Par Inrainbowz - Communauté : Lawful Drug
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