Pure Vengeance (Finie)

Vendredi 19 septembre 5 19 /09 /Sep 00:45
Respire. Respire et  cours.

Cours ma  grande, cours ! Mon cœur  palpite  dans  ma  poitrine, je n’entends  que  ses battements  sourds autour de moi.

Mes  pas pourtant rapides sur  le  carrelage jauni par les années se font  silencieux. Je n’entends pas  non plus  ma respiration haletante, coupée lorsque je change brutalement de  direction dans les  couloirs  de l’hôtel miteux. Encore  moins les  cris  de  mon amour dans  la  chambre que je viens de  quitter.

Je  sens  mon sang  pulser  à mes tempes, son bourdonnement se répercute dans la tête, j’ai l’impression de  n’entendre  que lui.

Boum. Boum. Mes  yeux  et  ma conscience travaillent  à cent  à l’heure. Mes  yeux  paniqués  cherchent la  sortie à toute  vitesse.

Droite, gauche, Boum. Boum.

Au détour du dernier couloir  mon poignet droit frôle  un mur. Une simple  caresse  qui m’arrache  un cri. Aussitôt  tout revient. Le  son, la  douleur, la  peur, la  haine  et  l’amour.

J’arrête de courir et  baisse les  yeux vers  mes  mains tâchées  de sang. De  mon propre sang. Quelques gouttes  tombent  au sol, je  les  regarde  s’écraser  sur  le  carrelage.

Comme  je les envie. Elles  sont  là. Etalées  sur  ce sol.

Nettoyées  avec  un balais sale d’ici quelques heures. Leur  vie  est finie. Et  moi je  dois  continuer  à vivre  cette longue agonie.

Ma  main droite  ne  ressemble  plus  à grand  chose  à présent.

Il m’a écrasé les  os en me serrant contre le mur, l’attelle de résine n’a pas tenu le  choc et  s’est brisée net, les  fibres se  sont enfoncées  dans  ma  peau.

A présent je peux  remercier les inventeurs de cette  nouvelle  résine ultra  solide, qui ne  tient  rien contre  un homme, mais qui s’incruste parfaitement dans ma chair  sous  la  pression des  liens qui gardaient l’attelle en place.

Avec effroi j’observe les tiges de résine transparaître sous  ma  peau. Certaines  enfoncées  d’au moins  un centimètre.

Je frissonne et  relève  les  yeux vers le  vieillard derrière son comptoir. Je le rassure  d’un sourire, et  le  remercie brièvement avant de franchir la porte  vitrée au pas  de  course.

Bien entendu il m’a  fait comprendre  d’un regard qu’il y  avait quelque chose de différent hormis le fait que je ne sois pas accompagnée. Il est peut-être  flic, mais  moi je suis  loin d’être  une  idiote et  ce vieillard crado me protègera autant  qu’il le  pourra.

free music

Alors  oui. J’ai feint la surprise. Oui. Je me  suis jetée  dans  la  gueule du loup.

Espérant que cette  fois  il arriverait à me  croquer et  me  briser  la  nuque. Mais  non…

C’est lui ou toi, Lui ou Toi, me  souffle  une  voix dans  mon esprit.

Lui ou moi. Je refuse de  lui faire  plus  de  mal que  j’en ai déjà fait… Et  je  refuse  d’aller  en prison. Libre  depuis  si peu de temps…

Et  je  devrais  retourner  derrière  d’autres  barreaux ?

Pas question. Pensez  vous qu’un animal sauvage cherchera la laisse  jusque dans  la  main d’un pseudo maître ?

Pensez  vous qu’une bête  maltraitée  toute sa vie par les  êtres  humains retournera parmi eux ?

Non. Pas  un seul instant.

Alors  pourquoi pensez  vous que  je  devrais me rendre ?

Accepter mes  « erreurs » ?

Si vous  pensez  que c’en était vous  n’avez rien compris.

Ils étaient des  monstres. Ils  l’ont mérité. La seule erreur était l’amitié entre Jim et  Stef.

Ce n’est pas  ma faute.

Mais  la  leur.

Jamais.

Jamais  je  n’irais  en prison.

Ce n’est même pas  concevable. La  vie d’un animal sauvage  c’est sa  liberté. Il mourrait pour elle. Et  je  compte bien faire  de  même. Je  la  protègerai jusqu'à  ma mort. Pas  question que  cette  liberté  me quitte  maintenant. Si durement gagnée  ma  liberté…

Mes  pas  me mènent au parking de  sable, mon sang coule sur  mes  mains, je tâtonne  inutilement les  poches de mon jean beige, le tachant au passage, mais  le fait  est là.

Je n’ai pas  mes  clefs de  voiture. Pas de clefs, pas de voiture. Pas  de  voiture, pas  de fuite  possible. Pas  de  fuite  possible…

Prison.

 

Je  suis  là, au centre  de ce  parking, les  pieds ancrés dans le sable jaune, mon pantalon beige  se tâchant allègrement de mon sang, mes bras nus entièrement rougis, tout  comme  mon haut.

Une  brise  polluée fait  voleter mes cheveux, je  regarde tout  autour  de  moi. Mon regard  glissant  sur cet hôtel sans  le  voir.

Sans prêter attention un seul instant à l’homme qui va en sortir, plus  mauvais  que  jamais.

Je. Ne. Veux. Pas. Perdre. Ma. Liberté.

J’avise un instant la  voiture de  mon homme  et  m’avance vers elle avec  un bref espoir  qu’il ai laissé ses  clefs  sur  le  contact. Mais  non. C’aurait été trop facile.

Une  de  mes mains glisse sur  le  pare  choc brûlant, longeant  la  carrosserie pour  s’arrêter au dessus de  l’un des  pneus, laissant une  longue traînée  de  sang repeindre partiellement l’automobile.

Ma seconde main se faufile dans mon dos, sous mon t-shirt, avisant le couteau attaché dans le bas de mon dos, juste dans le creux  de mes reins, et le  tire  d’un coup sec, avant de le planter dans le caoutchouc qui se perce et laisse échapper son air.

Un autre  pneu subit le  même  sort  jusqu'à  ce  que des pas pressés la fassent  relever la tête vers  la  porte de  l’hôtel.

Il est  là.

Le visage  rouge  de  colère. Un grondement sourd s’échappe de sa gorge avant qu’il hurle à travers le  parking :

-Sale conne !

Ne  pouvait il pas  rester dans  cette  chambre  à se  tenir l’entre  jambe  quelques  minutes  de  plus ?!

Je veux  répondre mais  rien de  s’échappe de  ma gorge sinon un feulement de  colère. Un véritable  feulement  de  haine.

Pourquoi maintenant ?! Pourquoi ne  m’as  tu pas laissé  quelques  minutes de  plus, que  j’ai le temps  de  me  sauver ?!

Il est un danger  pour  toi. Danger  pour  ta  liberté. Danger  pour  ce  qu’il y a  en toi !

Rrraaaahh !!!

La  haine me fait  lancer  le bras  dans  sa  direction. Au bout  de  mes  doigts  se trouve  le  poignard  que  je  tenais  un instant  plus  tôt.

Ce même  poignard franchit les  quelques  mètres qui nous  séparent, tranchant  l’air en un sifflement aigu. Un rapide  mouvement sur  le  côté sauve  la  vie  de  mon amour mais  pas son visage.

Le couteau se  plante  dans  une des  planches de  bois  de la  bâtisse. Stéphane se tient la joue et se redresse lentement vers moi. Il écarte ses doigts de  sa chair et observe sa peau couverte de sang.

Son regard se fige dans le  mien, et  je  l’observe, balafré, coléreux, haineux, mais  si beau. Du bout  des  lèvres je  murmure :

-Dé-so-lée.

Et  commence  à faire  quelques pas en arrière, visant  une sortie  piétonne du parking.

Un chemin caillouteux qui monte vers  une colline boisée. Du coin de  l’œil je le  vois retirer le couteau de la planche dans laquelle  il s’était  fiché, et  s’élancer  à ma  poursuite.

Reviens ! Chérie ! Mon cœur, mon amour. Tu viens d’essayer  de  me tuer, attends  moi, que  j’essaie à mon tour.

Un rire  acide s’élève tandis que  je  me  mets  à courir sur  le  sentier. J’entends  derrière  moi le bruit  d’une arme qu’on enclenche.

La voix dans  ma tête  me hurle  d’aller  plus vite. Je ne peux pas  m’arrêter. Un coup de  feu retentit, une balle  siffle  près  de  mon épaule. Je  sursaute et  cours de  plus en plus vite.

Mais  attends  moi mon ange ! Attends  moi qu’on s’amuse  tous les deux !

Liberté. Liberté.

 Je  ne  tiendrais  plus  longtemps.

La folie qui m’habite  semble  avoir fait  un nouvel adepte. L’homme  que  j’aime devient aussi fou que moi.

La  personne  à qui je  me raccrochais est comme  moi. Nous  sommes  fous. Tous deux fous de  colère  et  d’amour.

Deux  anges  brûlés  par  la  passion et  par  la  haine de ce  monde.

Qui sommes  nous finalement ?

Par Absynthe - Publié dans : Pure Vengeance (Finie)
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Vendredi 19 septembre 5 19 /09 /Sep 00:52

Je te tuerai.

Je te tuerai.

Je te tuerai.

- Mais  attends  moi mon ange ! Attends  moi qu’on s’amuse  tous les deux ! Je hurle la voix douce

La folie m’emporte dans un autre monde, un monde où je baigne dans le sang des criminels ! Un monde de jouissance frappant, tuant tout ceux qui entravent cette route ! Tout ceux qui croisent les voyageurs de cette route. Il ne peut en rester qu’un seul.

Je cours, ne voyant pas vraiment où je vais, sentant juste mes chaussures s’enfoncer dans le sable et elle   ressemblant à une appariation divine. Ma proie. Elle, courant haletante, espérant m’échapper d’une manière où d’une autre pour mieux revenir me tuer.

Je suis fou.

HAHA je suis complètement fou ! Je n’ai plus aucun but, plus de raison de vivre ! Je mérite de crever enfoncé dans ces sables et que plus personne ne me retrouve. Je mérite de mourir noyé dans ma skyzophrénie ! De mourir étouffé par mes rires perçants.

Et je t’emporterai avec moi petite garce !

C’est finit ! Animal craintif je te tuerai quoi que tu fasse je te tuerai !

- Je t’aurai salope…, me dis je essayant de visé l’être en fuite.

Je tire. Je tire. Je tire.

Je ne m’arrête plus, peu m’importe si il me reste plus de balles au pire je l’étriperai de mes mains quand je l’aurai rattrapée Je veux la voir hurler,implorer mon pardon, je veux qu’elle me supplie qu’elle me hurle qu’elle m’aime. Je veux qu’elle m’aime autant qu’elle me déteste, autant que je la déteste et que je l’aime.

Je veux qu’elle souffre comme je souffre qu’elle m’ai brisé ! Tu crèveras en enfer avec moi, je ne partirai pas seul crois moi !

Je te tuerai.

Je te tuerai.

Je te tuerai.

 

Dans cette course morbide les arbres commencent petit à petit à nous entourer, des arbres de plus en plus denses enlevant ce sable désagréable pour une herbe plus fraîche que jamais par une nuit d’été.

N’étant plus dérangé par le sable mes pas se font plus réguliers, plus affinés et ma vitesse décuple, quant à elle.
Elle avait déjà quitté ses talons elle se retourne pour vérifier ma présence et pousse un grondement effrayant. Un cri de bête je dirai, un rire lointain et assourdissant.

Je tire.

Elle rit.

Je tire.

Elle s’écroule.

Je m’arrête.

==> musique<==

Je ne l’ai pourtant pas touchée j’en suis sûr, les genoux à terre, les ombres des arbres faisaient des vagues sur son corps, ses épaules suivant bientôt le mouvement des vagues et quelques gémissement mélanger à des rires effrayant.

- Tu ne me tuera pas Stef tu n’en as pas le cœur…, elle murmure

Je m’approche à pas lents, la gorge nouée, les larmes me brûlant les yeux et la rage me rongeant le tête. Être tiraillé entre le désir de l’aimer où de la tuer ?

C’en est presque poétique, les plus belles histoires d’amour ne sont pas celles qui se finissent dans le sang et les larmes ?

Je pointe mon canon sur sa nuque, elle frémit sous la froideur de mon arme et se retourne me faisant face maintenant un sourire déformé par la folie sur son visage. Mon visage impassible ne pourra jamais laisser paraître une once de douleur mais elle lit en moi comme je lis en elle qu’elle n’a pas l’intention de se rendre.

Je me baisse à sa auteur et la regarde sans lâcher mon arme tenu fermement, elle continue de sourire, un sourire qui petit à petit devient plus doux.

- Dis le moi, je lui murmure la voix brisée

Elle pose la main sur mon arme doucement.

- Dis le moi, ma voix sombre comme un cailloux qu’on aurai jeter dans un gouffre.

Elle baisse mon arme et s’approche doucement.

- Dis le moi…, je répète

Elle m’embrasse et se colle à moi me laissant respirer son odeur…

- Je t’aime pardonne moi…, elle me susurre

Une douleur, une larme.

Son fameux couteau entre ses mains. Mon arme se levant vers sa tempe.

Je respire son odeur une dernière fois.

Une douleur. Je sens la lame s’enfoncer dans mon dos mais moi…

Je ne tire pas.

Elle s’écroule dans mes bras, les larmes viennent sur mon visage et je me rends compte que c’est moi qui me suis écroulé. Elle hurle maintenant, de folie, elle m’injure.

- POURQUOI EST-CE QUE TU NE M’AS PAS TUEE !!!

- Je t’ai pardonné…, je dis la voix chevrotante sentant déjà un liquide affreux remonter dans ma gorge

- IMBECILE !! TU N’ES QU’UN CONNARD !! TU N’ES QU’ UN…

- Monstre…je sais.

Le sang gicle seul de ma bouche, vu la couleur de se sang je dirai qu’il ne me reste que quelques seconde, elle est médecin légiste je vois bien qu’elle s’en rend compte.

- Non…jamais tu ne sera un monstre…

Je t’emporterai pas finalement mon cœur…je ne suis pas assez égoïste pour ça.

- Casses toi ! Je cri avec les dernières forces qu’il me reste

- Je comptais pas rester…

Elle se lève me plantant une dernière fois son couteau dans la main, une hurlement déchire mes paumons et elle s’envole au loin.

Je t’attends en enfer.

Par Absynthe - Publié dans : Pure Vengeance (Finie)
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Mardi 21 octobre 2 21 /10 /Oct 19:45



Epilogue:

Il n’a pas tiré…

Nous avions pourtant cet accord tacite. Deux contre le monde, deux contre la mort. Deux à partir.

Il aurait du tirer, je plantais ma lame dans son corps, il devais laisser aller le canon de son arme.

Laisser partir sa dernière balle.

De rage je pleure et hurle, je hurle encore et encore, l’insultant de tous les noms que je connaisse.

Il dit être un monstre.

Non jamais il n’en sera un, il est un ange, un juste, un homme bon et je pleure sur son épaule, laissant son sang se répandre sur moi, lui murmurant tous les mots d’amour que je n’ai pas su lui dire tant que je le pouvais.

Je le sens s’affaiblir dans mes bras, je le serre contre moi, continuant de pleurer, de l’aimer et de le haïr à la fois. Il se raidit d’un coup, et me crie de me barrer, il me hait…

Je l’ai tué. Il me déteste et moi je l’aime… Je me détache de lui avec douleur, plongeant une dernière fois mes yeux dans ses iris glacés, son regard est fiévreux par la douleur, mais glacial par ses sentiments, je l’ai tué.

Il me hait. Je secoue la tête, qu’ais-je fait ?! Nous devions partir tous les deux. Ensemble.

Mais lui n’a pas pu… J’ai été égoïste.

Doucement je me redresse, la rage reprend le dessus, il a été stupide, il a été faible, amoureux mais de la mauvaise façon… Je crache d’une voix brisée :

-Je ne comptais pas rester !

Puis plante une dernière fois ma lame dans le creux de sa main. Oh oui mon amour, tu vas regretter de ne pas m’avoir tuée. Tu aurais du le faire, je suis une fraction du mal, une partie du démon.

Maintenant souffre.

Souffre et meurt. Je reprends ma route en courant, laissant flotter derrière moi les volants de ma jupe tachée de sang. Je sens son regard sur ma nuque.

Mes pas se font lourds au fur et à mesure que je m’éloigne de celui qui a su faire bondir mon cœur. Bon dieu comme je t’aurais aimé Stéphane…

J’arrive en haut de la colline, et me retourne vers toi. Une dernière fois. Ton regard me transperce, mais tu ne vois plus.

Je le sais.

Tu es au stade ou ta vision se brouille, ou les arbres deviennent danseuses exotiques, ou le ciel a des allures de mers, ou les hommes ressemblent à des morts.

A ceux que tu iras bientôt rejoindre.

Je vois ton corps s’affaisser, les spasmes t’agiter, mes larmes redoublent d’intensité. Je porte ma main à mes lèvres, cherchant à stopper mes râles de souffrance.

J’aimerais te voir te relever, venir vers moi et me gifler, me cogner s’il le faut. Mais rien. C’est fini. Je t’ai tué. Je n’arriverais jamais à surmonter ça seule. Je ne veux pas le surmonter en fait.

Je veux mourir.

Mourir.

Mourir.

Un sursaut me fait enfin émerger de mon sommeil, le front en sueur, les membres tremblants.

Un rêve ? Ce n’était qu’un rêve ? Je repousse les draps de mon lit et pose mes pieds sur le carrelage glacé de ma chambre.

Je baisse les yeux vers le sol, et, comme tous les matins, ne puis voir mes pieds… Encore un mois et je les reverrai… Adieu ma silhouette de rêve, mais je les reverrai.

Des rayons du soleil commencent à se frayer un chemin à travers les arbres. Un coup d’œil vers le réveil.

Cinq heures.

Rien que ça.

Je m’avance vers la terrasse et m’accoude à la rambarde de pierre. Inspirant une grande bouffée d’air avant d’enfouir mon visage entre mes mains, le front sur la pierre encore fraîche.

Les minutes passent et la sueur qui me collait à la peau sèche doucement grâce à la brise marine…

Je relève les yeux vers mes mains et observe la cicatrice sur mon poignet droit.

Pas un rêve non.

Un cauchemar.

Après avoir fuit mon amour, j’ai traversé tout le pays d’Est en Ouest, pour arriver sur la côte, volant au passage de riches imprudents, réunissant un bon petit budget de départ pour ma nouvelle vie. Parce que oui, j’ai décidé de vivre.

Pas pour moi mais pour Lui.

Cela va faire bientôt huit mois que j’ai quitté New York.

Huit mois que je me suis installée dans cette petite bâtisse.

Huit mois qu’il me manque.

Les premières semaines ont été les plus dures. Mais une fois que je me rendis compte que mes nausées qui me poursuivaient n’étaient pas dues à mes états d’âme mais à autre chose, je me suis remis à vivre.

Et à me battre pour ce qui me reste de mon ange.

De mon amour.

Aujourd’hui je vis.

Du moins je survis. Ah si tu étais là mon amour, tu serais fier de moi… La bête sauvage qui vivait en moi a été apprivoisée. Désormais je ne me sers d’elle qu’en fin de mois.

Pour vivre, et non pour me venger. Un rayon m’éblouit et je rentre dans ma demeure, traversant plusieurs pièces, attrapant au passage un long gilet de laine blanche que je serre autour de ma taille avant de sortir par la porte, marchant dans l’herbe jusqu’à ma boite aux lettres.

Je ne suis pas allée chercher le courrier hier. J’empoigne la pile d’enveloppes et retourne sur la terrasse avec un verre de jus d’orange. Je m’installe sur le rebord de pierre, les pieds dans le vide en haut de la falaise sur laquelle est juchée la maison.

Une nouvelle « mission », de la publicité, de la publicité, des factures et oh…

Une lettre parmi les autres attire mon attention, postée des îles, mon nouveau nom y est inscrit, l’ancien également, mis entre parenthèses.

Je frémis avant de l’ouvrir.

Mes yeux s’écarquillent sous la surprise et des larmes montent à mes yeux.

Mon ange…

 

 

« Je du recommencer une bonne dizaine de fois la lettre avant d’avoir trouvé la bonne façon de m'exprimer. Les bonnes paroles. Ce que je voulais vraiment que tu saches.

Ça pourrait se résumer en quelques mots comme : haine, rage, folie, démence.

Finalement je préfère la jouer subtile et t’écrire une belle lettre pour exprimer tout ce que je ressens, et ai ressenti pour toi.

Qui sait ?

Tu t’en doutes et j’imagine déjà que tu te tiens la bouche entre ouverte avec un air stupéfait, le cœur battant à toute allure parce que tu as peur que je te retrouve.

N’ai crainte mon amour.

Je sais déjà où tu es.

Tu as fait de moi ce que je suis maintenant, faut croire que toi tu vis tranquillement et que chaque dimanche tu vas à l’église priant pour moi ou alors tu cherches la rédemption car tu n’as plus jamais eut le besoin de tuer qui que ce soit ! Je t’envie mon amour tu ne fais plus de cauchemar et tu penses à moi avec ton sourire d’ange. Je t’envie tellement…

Malgré cette douleur qui me ronge encore le cœur, me vide de tout sentiment et me rend tellement cruel que de voir ton sang couler me ferai presque fantasmer.

Je crève d'envie de te voir me supplier, les yeux larmoyants, la gorge offerte, tes belles mains en sang à force de m'avoir griffé en te débattant tandis que je te torture, encore et encore. Déchiquetant chaque parcelle de ton corps que j'ai tant aimé. Maltraitant ton corps comme tu as maltraité mon âme, le rouant de coups, pour ensuite lui faire l'amour, avant de reprendre mes sévices. Chaque nuit je revois nos ébats, nos bons moments passés ensemble, les mots doux que nous nous sommes chuchoté à l'oreille après l'amour. Tant de promesses encore et encore, tant de mensonges éhontés.

Une fois tous revenus à ma mémoire viennent tous les instruments de torture que j'utiliserais sur toi... Toutes les brûlures au feu ou à l'acide, les plaies, déchirures puis soins précaires avant de recommencer.

Je ne sais si l'envie de te tuer sera trop forte, et si je te tuerais d'un coup, fracassant ton si joli visage sur le premier meuble ou mur qui passera, ou si j'arriverais à me retenir, et te garderais envie pour te voir souffrir autant que je souffre et que j'ai souffert.

Ah mon amour, tu m'as tué te rends tu compte? Tu as enfoncé cette lame dans mon corps et m'a laissé pour mort. Malgré tout ça, je t’aime. Si tu savais comme je t’aime !

Je n’ai jamais cesser de t’aimer ! Et ne fais pas attention à ces quelques tâches sur le papier, mes émotions ne sont pas toutes brûlées dans ma rage. Malheureusement oui! Je suis resté un éternel altruiste ! Pensant que comme toi un jour je pourrais redevenir quelqu’un.

Aurais-je droit à la rédemption moi aussi ?

Je caresse un doux rêve, j’hésite entre te trancher la gorge ou venir t’embrasser comme si c’était la première fois. Finalement sept mois n’ont rien changé, tu es toujours aussi belle, je suis toujours aussi mal et mon cœur est toujours réduit à néant.

Je n'ai de notre dernière entrevue qu'une légère cicatrice qui réclame réparation. Pourrais-je un jour la faire taire ? Ou devrais-je céder à son désir de cicatriser par tes larmes ?

C’est horrible cette sensation de trahison, cette sensation de mal être et de culpabilité, c’est comme si on t’ouvrait la poitrine de la manière la plus lente, que l'on arrachait ton cœur doucement, qu’on y plantait ses doigts, qu’on le griffait, qu’on le piétinait pour enfin le brûler à petit feu.

A la fin il n'en reste que des cendres.

Sur ces divagations je te laisse mon cœur, retiens les informations principales :

Je t’aime,

et je te hais plus que la mort ne m’est offerte.

Bisous des îles.

PS : Ne dors que d’un œil…

Par Absynthe - Publié dans : Pure Vengeance (Finie)
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