Dimanche 21 novembre 7 21 /11 /Nov 21:55

La créa se permet de s'inscruster quelques lignes:

Les filles, je suis pas contente, et pas fière de vous!

Limite si je ne me sens pas comme une personne qui invite une nouvelle connaissance à rencontrer son cercle d'amis et que ces derniers se conduisent comme les derniers des bledars paumés en haut de leur montagne à trimballer leurs moutons sous le bras en riant grassement.

Je viens de m'apercevoir qu'il n'y a eu qu'une personne qui a daigné commenter sur le dernier chapitre. Si c'était moi qui publiais, j'arrêterai tout de suite le temps qu'on me donne ce qu'on me doit pour mon travail.

Toutefois, Inrain étant sympa, peut-être trop, le chapitre est tout de même publié.

 Je peux comprendre qu'une histoire sans yaoi au premier plan puisse rebuter, mais d'une: "Faut être aware les meufs", et de deux: en tant que créa je peux voir le trafic sur les pages et catégories du blog.

Donc je peux voir que le trafic sur cette histoire n'a pas faibli au fur et à mesure de l'avancée. Donc je peux aussi en déduire {elle peut faire plein de choses Aby, comme elle est forte!) que ce n'est pas parce que vous avez fui, mais bel et bien parce que vous avez la flemme.

Donc je vais simplement donner mon avis, en espérant que vos petites consciences se mettent en marche: Cette histoire, cette auteur méritent toutes deux votre attention. C'est pas tous les jours qu'une héroïne n'a pas l'air d'une abrutie. Si vous n'êtes pas convaincues par l'originalité de la chose, lisez ce chapitre, je crois que ça s'affirme bien comme il faut ici, et c'est une très agréable surprise.

Tout auteur mérite des encouragements, mais encore plus celles qui ont le courage de se lancer sur un défi, sur un blog qui regroupe des lectrices habituées au style du propriétaire. Parce que merde! C'est impressionnant!

La moindre des choses serait de la rassurer, de l'encourager et si certaines choses ne vous plaisent pas, lui conseiller pour la suite!

J'espère que cette intro à la cravache ne vous aura pas fait fuir et vous fera au contraire réagir! Mettez vous à sa place!

{Assommez moi au prochain point d'exclamation... -___-)

 

 

 

Yo !

 

Et oui, c’est encore moi. Je suis envahissante ^^. Chapitre 4 donc.

Alors puisqu’on en parle (dans le chapitre) je vais revenir vite fait sur pourquoi Prague et par ailleurs. Alors déjà c’était pour changer un peu de décor. Et après, cette ville en particulier, à cause de l’image qui suit. Je fais une fixation obsessionnelle sur le temps (j’ai 5 réveils et deux horloges dans ma chambre) alors pour moi cette horloge astronomique c’est… wow. Une merveille. Un des trucs que je veux absolument voir avant de mourir. Aucune idée de commun elle marche, mais bon. Et donc c’est pour ça que la ville de Prague m’attire tout particulièrement.

 

Et sinon, si certaines d’entre vous me lise et apprécie un minimum, laissez une petite trace de votre passage s’il vous plait, ça coute pas grand-chose.

 

Voilà !

 

Bonne lecture.

 

 

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Chapitre 4

 

                « Alors ? C’est qui ? Un fugueur ? Un échappé de l’asile ? Un rescapé de camps d’entraînement militaire top secret ? Un extraterrestre ? Un…

                -Mandy. Ta gueule. »

Cette réplique a des effets variables sur la jeune femme. Disons que ça dépend des jours. Parfois elle se tait aussitôt, parfois elle continue à piaffer comme si de rien n’était, et parfois elle boude. Aujourd’hui, le ciel est couvert, le vent mordant, et elle a décidé de bouder. Elle prend une moue d’enfant mécontente, faisant en sorte de cacher son visage derrière ses cheveux blonds, croise les bras sur sa poitrine généreuse, presque trop pour sa petite taille, et elle se met à geindre.

                « Mais allez, dis-moi.

                -Il s’est barré de chez lui, c’est tout. Il va rester chez moi, alors ne monte pas sur tes grands chevaux. »

Je suis irritée, par le froid, par mon écharpe qui me gratte le cou, ma moto qui pèse lourd contre ma hanche, je pourrais presque la supplier, me mettre à genoux pour qu’elle me laisse en paix. Presque.

                « Et pourquoi il était attaché au mur ?

                -Mais qu’est-ce que j’en sais moi ? Tu m’emmerdes avec tes questions. Lâche-moi. »

A mon grand regret, nos logements sont situés de telle sorte que je dois inévitablement passer la chercher en moto chaque matin. Enfin, c’est toujours mieux que lorsqu’on prenait le même bus. Au moins, sur ma vieille 125 rafistolée, on ne peut pas discuter. Par contre, elle me retient toujours devant l’entrée de son côté de la fac, pour me raconter ses histoires sans intérêt, avant de me laisser rejoindre mes propres bâtiments. Et elle piaille, elle piaille encore et encore, et je fini fatalement par l’envoyer promener.

                « Bon, j’y vais.

                -On se rejoint pour manger !

                -Ouais… »

Je me détourne aussitôt, remontant mon vieux sac en cuir sur mon épaule et traine avec peine mon tas de ferraille grinçant. Je pourrais me poser un peu plus de question, tout de même, sur le type que j’ai laissé sans rechigner s’installer dans la même pièce que moi. Mais je n’ai pas envie, va savoir pourquoi… Je fais un mouvement de tête nerveux pour dégager mes yeux de mes cheveux en désordre en soufflant, exaspéré.

Les emplois du temps à l’université sont généralement criblés de temps morts, de trous grands comme des séances de cinéma, d’horaires improbables et encombrantes. Et pourtant, le sort s’acharnant sur moi, il n’y pas un seul midi de la semaine où l’on ne peut pas manger ensemble, Mandy et moi, à part le mardi où je n’ai pas cours avant 13 heures. Alors je me farcis ses monologue tous les midis. Oh désespoir.

                Je ne lui ai pas dit qu’il ne se souvenait de rien, parce que ça aurait encore entraîné des dizaines de questions et d’interrogatoires interminables, et de « j’ai vu une fois à la télé… » et « je connais un type qui… ». Je suis sûre qu’elle me conseillerait de l’emmener chez un hypnotiseur ou un truc comme ça. Elle est très branchée spiritisme et ce genre de conneries. Enfin bref, j’ai préféré ne rien lui dire, et lui faire croire qu’Axel était son vrai nom, qu’il avait 15 ans (c’est l’âge qu’on lui a donné après délibération, en même temps que le prénom) et que le reste, j’en avais rien à foutre. Ça a eu l’air de lui convenir puisqu’elle m’a laissé partir. Je lui ai mentit tellement souvent, je ne suis plus à ça près. Et puis c’est vrai que je m’en balance.

                Du reste, Axel m’inquiète un peu. Il ne dort pas beaucoup, en tout cas pas la nuit, et surtout, il ne mange rien. Rien du tout. Peut-être qu’il grignote un peu la journée, mais en tout cas rien d’assez significatif pour que je le remarque en inspectant ma cuisine. Quand je lui demande il me répond « Je n’ai pas faim ». Je n’ai pas faim, sans cesse. Pourtant, il est tout mou, faiblard, encore plus que quand je l’ai récupéré, voilà près d’une semaine maintenant. C’est un type étrange. Il réagit comme un gosse devant les trucs les plus banales qui soient : quand j’ai allumé ma minuscule télévision l’autre jour, on aurait dit que j’avais inventé le concept sous ses yeux. Par contre, il fait preuve d’une maturité fulgurante de temps en temps. Hier, alors que je dînais en silence, perdu dans mes pensées, il m’a regardé fixement et m’a sorti :

                « Au final, rien ne remplace la famille, hein ? »

J’ai failli m’étouffer avec mon verre d’eau et lui en retourner une.

                « Nouvelle règle, coco : on ne parle JAMAIS famille. C’est clair ? »

Il n’a pas insisté, mais il est clair qu’il n’en pensait pas moins. Néanmoins, il n’a plus fait aucun commentaire, et le repas s’est achevé sans une parole de plus. J’avoue que je ne sais pas quoi penser de ce gamin. Un instant il est encore plus puéril que Mandy, et l’instant d’après il semble plus sage que mes profs. C’est assez déroutant je dois dire. Gonflant surtout. Je ne suis pas sûre de le supporter éternellement, celui-là.

                « Et donc, en étudiant indépendamment les deux réactions, on peut conclure que… »

Je fixe le ciel, encombré de nuages d’un blanc aveuglant, par la fenêtre de la grande salle de cours en tournant distraitement mon stylo bic entre mes doigts. Mon esprit est loin, tellement loin de cette classe et de tous ces gens, de ce professeur vieux de plusieurs siècles qui nous parlent de chimie organique comme si c’était la plus belle chose que l’homme n’ai jamais créé… Je jette un coup d’œil sur les notes éparses que j’ai pris sans y penser, soupire en constatant qu’une fois de plus je n’ai rien suivi.

                « Si on suppose que l’ordre global est de un par rapport à… »

                J’ai choisi la fac de science comme j’aurais pu choisir n’importe quelle autre fac, à part histoire bien sûr, parce que là-bas, il y a Mandy. Je n’ai pas d’ambition, pas d’envie particulière, aucune passion. Il n’y a aucun domaine que je préfère à un autre, ils reçoivent tous une part égale de mon indifférence – et de mon ignorance. Ainsi, les cours ne me m’intéressent pas plus que ça, et j’y assiste plus par dépit qu’autre chose. Pour ça, je ne peux qu’envier – et respecter – Mandy : elle étudie et elle bosse pour ce qui la passionne, pour faire le métier qu’elle veut réellement faire, pour avoir un but, et l’atteindre. Moi je n’ai pas de but. Pas de projet, pas de rêve. Encore une fois, le fait d’avoir abandonné ma maison et ma famille pèse sur ma conscience, aussi lourde qu’une chape de plomb. Je ne me sens pas capable de décider de mon avenir. Finalement, après tout ce temps, je n’ai toujours pas tourné la page, je n’ai toujours pas avancé depuis ce jour où j’ai claqué la porte du domaine familiale en hurlant que je n’y remettrais plus jamais les pieds. Sans doute parce que je sais au fond de moi que c’était une erreur monumentale. Je me punis encore, en gâchant ma vie.

                Ainsi les cours défilent sans me toucher. Ma participation, mon assiduité sont mécaniques ; j’écris ce que j’entends sans chercher à comprendre,  je fais ce qu’on me dit sans me demander pourquoi. Les autres élèves de ma promotion ont abandonné l’idée de m’intégrer à leur groupe. Ils se contentent de regard amicaux, de signe de tête évasif, certains risquent parfois un sourire auquel je ne réponds jamais. Ce monde m’indiffère totalement. C’est avec un certain soulagement que je vois mes cours s’achever. La journée du vendredi est la plus longue et la plus harassante. Le reste de la semaine, j’ai suffisamment de temps libre pour bosser au vidéoclub près de la fac,  L’argent ne fait peut-être pas le bonheur, mais en attendant, si t’en as pas, t’as peu de chance d’être heureux. Va irradier de bonheur quand t’as rien à bouffer…

                Je me suis habitué à Prague. Cette ville, splendide à mon sens, me fait beaucoup plus d’effet que Berlin où j’ai pourtant vécu plus longtemps. Enfin, je ne me suis jamais sentie appartenir à un pays de toute façon. Mon père était américain, ma mère juive polonaise, on vivait en Allemagne, puis je suis partie à Prague… donc je n’appartiens à nulle part. Mais bon, à Prague, il y a l’horloge astronomique, que je vais voir quand j’ai envie de tuer tout le monde. Je l’aime beaucoup, cette horloge.

                Je gare ma moto dans le hall d’entrée de l’immeuble, sous l’escalier. Je n’en prends pas particulièrement soin, sans doute parce que je sais qu’elle ne m’appartient pas vraiment, même si elle me rend bien service, cette petite chose rouge et bruyante. Je l’attache sommairement dans un recoin inutile, à un tuyau de plomberie mis à nu par quelques coups de pied dans le mur jaune défraichi.

                « Bonjour Stef’ ! Tu vas bien ? »

Samuel, le propriétaire. Age indéterminé, origine indéfinie, appartenance à l’espèce humaine sérieusement remise en question. Même Mandy n’est pas aussi souriante.

                « Très bien. Tu m’excuses, je monte, je suis crevée.

                -Bien sûr ! Bonne soirée ! »

C’est ça. Je monte à l’appartement, trainant mes vieilles baskets sur les marches usées, tandis qu’il regagne son logement du rez-de-chaussée, en continuant de surveiller discrètement les allers-et-venus.

                Comme d’habitude, Axel comate sur le lit, pâle et sans force. On dirait que même sans la lumière du soleil, le seul fait qu’il fasse jour lui est douloureux. J’ai cherché sur internet (sur les ordis de la fac, pendant un cours ennuyeux) de quelle maladie il pouvait bien souffrir, mais à part une allergie ultra violente aux UV, rien ne colle vraiment. Il n’avait pas de médicament sur lui, en fait, il n’y avait rien dans les poches de son vieux jean troué, ni papiers, ni argent, ni portable, ni un indice quelconque sur son identité. J’ai dû lui prêter des vêtements – une chance pour lui que je ne sois pas très féminine. Mes fringues sont même un peu grandes pour lui.

                « Ax, ça va ?

                -Hmm. »

Il remue à peine. Je sais qu’il retrouvera son entrain aussitôt que le soleil sera couché. Un vrai vampire ce mec. Je pousse la vaisselle salle et les restes de mes précédents repas pour m’installer au comptoir et faire semblant de bosser – ça soulage ma conscience. J’assiste de moins en moins aux cours, ces derniers temps. Il faudrait aussi que je fasse un peu de ménage, ou au moins que je ramasse quelques affaires, que l’on puisse circuler un minimum. L’espace est si réduit que le moindre objet qui traine fait figure d’obstacle infranchissable. Généralement, je pousse tous sous le clic-clac, ou j’entasse mes maigres effets sur les étagères en métal collé contre un des murs blancs cassés – ou sales, ça dépend du point de vue.

                Quelques heures plus tard, c’est le moment de dîner, et il a retrouvé son état normal. Enfin, il a l’air drôlement faible, quand même.

                « Toujours pas faim ?

                -Non. Juste soif. »

De mieux en mieux. Il n’esquisse pourtant pas un geste pour se prendre un verre, et puis je ne vais pas le servir non plus. Il se débrouille. J’expédie mon repas en vitesse ; je suis crevée. Mon couvert se retrouve dans l’évier, je range sommairement le coin cuisine, mets les restes de côté tandis qu’il reste planté à côté du comptoir encombré, l’air de ne pas savoir quoi faire de son corps.

                « Bon, je vais pioncer moi. Tu restes debout ?

                -Ouais. Je me coucherai plus tard. Bonne nuit.

                -‘Nuit. »

Je me douche rapidement avant de rejoindre mon lit, en boxer et t-shirt trop court. Il s’accommode plutôt bien de mon manque de pudeur et de mon hygiène de vie déplorable qui me fait manger, dormir et me laver à n’importe quelle heure. En même temps, lui, il dort le jour, alors il n’a rien à dire.

 

O

 

                La douleur. Une douleur cuisante, lancinante, insoutenable.

                Je me réveille en hurlant, envoie un coup de pied au corps penché sur le mien, et puis un autre, et encore un autre. Axel. Il m’a mordu ce con ! Je sens l’hémoglobine s’écouler le long de mon épaule tandis que je lui assène encore quelques coups de pieds dans les côtes pendant qu’il est à terre. Il gémit. Je me calme, et allume finalement à tâtons la lampe de ma table de chevet.

                Un vrai carnage.

                Il y du sang plein les draps anciennement bleu ciel, et qui macule ses – mes – vêtements. Il me regarde d’un air hagard, le visage barbouillé de peinture rouge, l’air paumé. Il gît comme un animal blessé sur le parquet. Je suis furax.

                « Espèce de petit bâtard de merde, qu’est-ce que tu croyais faire ? »

Je le frappe à nouveau, violemment, il geint encore, et je me recule brusquement, comme s’il m’avait giflé. Il pleure. Les larmes dévalent ses joues creuses en un torrent aussi abondant que celui qui s’écoule de mon épaule douloureuse. D’ailleurs je ferais mieux de m’occuper de ça. Je presse le drap – qui de toute façon est foutu – sur la plaie, tout en continuant de l’observer. Je ne pense pas que ce soit la douleur, il a plutôt l’air paniqué, nageant dans l’incompréhension la plus totale, exactement comme moi. Ses grands yeux hagards s’agitent dans toutes les directions et il se mord la lèvre inférieure, les bras serrés autour de son corps comme pour se protéger. Je perds toujours du sang, je vais finir par tourner de l’œil. Ce n’est pas une bonne idée, il risque vraiment de me tuer, cette fois. Merde, je commence à voir trouble. Il faut que je me tire, au moins que je m’enferme dans la salle de bain ou que je l’enferme dans l’appartement. Il se relève déjà, titube un peu en grimaçant parce que je lui ai sans doute brisé une côte. C’est à moi de me retrouver face contre terre, le sol s’est dérobé sous mes pieds.

                « Stef’ ! »

Tout devient noir.

 

O

 

                Je ne sens plus mon corps, mes membres sont lourds comme du plomb, et je vois flou. Mais il faut croire que je suis vivante, qu’il me reste quelques litres de sang dans les veines, et je ne suis visiblement pas enchaînée nue aux pieds du clic-clac, ce qui n’est pas un si mauvais constat au final. Le plafond finit par se stabiliser, je jette un coup d’œil dans la pièce, remue un peu, ce qui attire l’attention de l’adolescent accroupi près du lit.

                « Stef’ ? Tu es réveillée ? Ça va ? Putain je suis désolé, je suis vraiment désolé…

                -C’est bon, ferme-la, aide-moi plutôt à me lever. »

Il s’exécute en silence. La tête me tourne atrocement, je tiens assise avec peine, appuyée contre le mur. Il semble mort de honte, accablé par les remords, la culpabilité, les doutes.

                « Bon, déjà, rapproche-toi.

                -Hein ?

                -Approche-toi je te dis. »

Et un poing dans ta gueule, un. Sa tête part sur le côté, même si je n’y ai pas mis toute la force que j’aurais voulue car elle me fait défaut en ce moment. Il se retourne vers moi, perturbé, à genoux sur le lit.

                « Voilà, maintenant on est quitte. Alors explique-moi un peu. C’était quoi ça ? T’as pris de la drogue ? T’as fait une crise de folie ?

                -Non…

                -Alors quoi ?

                -J’avais juste… Soif. Je te demande pardon. Si tu veux que je m’en aille je… 

                -Ah, mais tu vas la fermer oui. Comment ça, soif ? Soif de quoi ?

                -De sang. Ça va mieux maintenant. Je ne me sens plus mal.

                -Attends, tu déconnes là ? »

Je retombe comme une masse sur le matelas usé en grimaçant – il est vraiment fin ce truc. Je ferme les yeux, inspire et expire profondément, toujours en essayant de conserver mon calme. Je me sens un peu nauséeuse. Il a épongé sommairement le sang qui avait coulé sur mon épaule mais ma peau est tout de même collante, poisseuse, dégageant une odeur entêtante et métallique.

                « Attends… on récapitule tu veux ? Tu ne supportes pas le soleil. Tu ne manges rien, par contre tu as eu soudainement envie de boire mon sang, et d’après la douleur qui me lacère l’épaule gauche, je devine que tu as les dents suffisamment aiguisés pour y parvenir. Donc j’en conclus… »

                C’est n’importe quoi. Complètement absurde. C’est une mauvaise blague.

                « On se croirait dans un mauvais film de la chaîne suspens du câble, genre deuxième partie de soirée. »

Je ris nerveusement sans trouvé ça drôle, et il garde le silence, les yeux obstinément rivé sur le matelas, sa joue rougissant à vue d’œil – mon coup à quand même eut un tant soit peu d’effet. Je ne suis pas sûre de comprendre ce qui se passe. 

                « Ou encore pire, dans Twilight… »

Oui, j’ai vu Twilight. Le premier épisode. Mandy était partie une semaine chez ses grands-parents quand il est sorti, et bien sûr à son retour, toutes ses copines s’étaient déjà précipitées pour le voir, deux fois pour certaines. Alors elle m’a suppliée, harcelée sans relâche parce qu’elle n’était pas capable d’y aller seule, et j’ai accepté à condition qu’elle me paye la place, les pop-corn et le menu best-of du MacDo juste avant. Et bien même comme ça ce n’était pas équitable. Parce que je ne me suis jamais autant fait chier au cinéma, et la tournure est faible. Bien sûr, elle, elle avait des étoiles dans les yeux en sortant, elle a déjà lu les quatre livres, plus les autre sagas qui ont découlé de la vague « les vampires sont à la mode » pour adolescente en mal de frisson. Enfin bref, dans le film, la pimbêche fait sa petite liste d’indice troublant avant d’aboutir fatalement à la conclusion qui s’impose.

                « Un vampire… »

Aussitôt, j’éclate de rire, franchement cette fois, malgré mon mal de tête tenace. Ce son un peu incongru résonne contre les murs nus de l’appartement, enlevant encore un peu de crédibilité à cette scène absurde.

                « Putain, c’est n’importe quoi. Quelle connerie. »

Cette situation est trop stéréotypée pour être sérieuse. Déjà, l’archétype de l’héroïne qui n’en est pas une : exécrable, antipathique, de préférence avec une situation familiale compliquée. Second héros : un garçon sorti de nulle part, qui se révèle être un cadavre animé, et frappé d’amnésie, histoire de rajouter au côté dramatique. Personnage secondaire : la pseudo-meilleure amie présente exclusivement pour faire ressortir les défauts de l’héroïne et apporter les traits d’humanité sans lesquels le film serait trop pessimiste pour l’écran.

                « Quel scénario en carton.

                -C’est plutôt comique quand on y pense.

                -C’est carrément ridicule oui. »

Il esquisse un sourire timide et je reprends difficilement mon souffle. Alors comme ça les mort-vivant, ça existe. Mandy ferait une syncope si elle savait ça – et elle ne le saura jamais, bien évidemment. Je savais bien que les vampires ne brillent pas au soleil, où est-ce qu’ils ont été cherché ça franchement ?

                « Bon. Bah ça explique déjà ton allergie au soleil et ton anorexie. Remarque c’est tant mieux, parce que tu commençais vraiment à me faire flipper à rien bouffer comme ça. Et sinon… »

                Il faut bien qu’on résolve aussi la situation embarrassante qui a eu lieu plus tôt dans la nuit, si on veut avancer un minimum. Nous sommes assis en tailleur l’un en face de l’autre, et je le vois essayer d’éviter de me regarder, mais ses yeux sont sans cesse attirés par la croute qui commence à se former à la base de mon cou et qui m’élance douloureusement.

                « Ça va là ? T’as plus faim, ou soif, ou ce que tu veux ? »

Il baisse les yeux, honteux, en faisant signe que non.

                « Ravie d’avoir pu t’être utile. A part ça… Je ne t’ai pas fait trop mal ? »

Je désigne vaguement ses flancs où je me rappelle clairement avoir enfoncé mon pied rageur à plusieurs reprises.

                « Non, ça va. Je ne sens plus rien.

                -Attends, t’es sûr ? »

Avant qu’il ne fasse mine de protester ou simplement de répondre à ma question, je me redresse brusquement pour soulever son – mon – t-shirt rouge à l’effigie des Doors afin d’examiner l’endroit où j’ai passé mes nerfs. Je palpe légèrement son torse, remarque sans surprise que sa peau est désagréablement froide, cherchant à sentir les côtes que j’ai très nettement senti craqué sous le choc tout à l’heure, et sinon se casser, au moins être fragilisées. Il devrait être incapable de se tenir droit.

                « Rien. Intact. »

Je suppose que cela confirme notre théorie délirante. Nous nous regardons en biais sans savoir quoi dire. Quelle situation gênante… C’est bien pour ça que je n’aime pas les gens. Ils n’apportent que des emmerdes. J’hésite entre rire et simplement me rendormir. Ma tête me tourne, je choisi la seconde option.

                « Bref. Je propose qu’on se couche et qu’on reparle de ça demain. Je suis crevée.

                -Tu es sûre ?

                -De quoi ?

                -Tu veux que je reste ? Que je dorme là ? Tu n’as pas peur ? »

Je réfléchis un moment à sa question. C’est vrai ça, qu’est-ce que ça me fait au fond ? Peur ? Même pas la peine d’y penser. Un vague frémissement dû à la découverte scientifique peut-être ?

                « Non. Je m’en fous. »

Je m’étends de nouveau sur notre matelas de cinq centimètres d’épaisseur. Il me jette un regard incrédule, la  faible lumière de ma lampe fait briller ses yeux écarquillés de surprise.

                « Écoute, j’ai perdu quantité d’hémoglobine et je suis vraiment HS. On s’occupera des détails glauques demain.

-Il est déjà plus de quatre heures du matin.

                -Et bien tu vas pouvoir faire comme si il faisait jour alors. »

Il semble reconnaissant du détachement avec lequel je prends cette situation, même si je le soupçonne de le croire factice. Il a tort. Je n’en ai VRAIMENT rien à cirer… il se couche tout de même à bonne distance de moi, crispé. Je soupire discrètement avant d’être vaincu par cette soirée éprouvante. Si ça se trouve je ne passerais pas la nuit. Je pouffe discrètement de rire. Comment c’est possible d’apprendre un truc pareil avec autant de détachement ? J’ai un sérieux problème moi…

Par Absynthe - Publié dans : Un Vampire? Non merci! Par Inrainbowz - Communauté : Plaisir mutuel sans limite
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