Hey les gens !
J’avais envie de dire un truc sur le chiffre douze. Pourtant c’est pas un chiffre particulier et je l’aime pas spécialement, mais je sais pas, douze quoi. Hm, bref.
Quand j’ai posé la question j’ai eu quelques réponses positives ou pas de réponse du tout alors j’ai pris ça pour un oui : voilà en exclut la p’tite bande tel que je l’ai ai imaginé et tel que mon coup de crayon peu sûr de lui les a représenté. J’ai enfin réussi à faire marcher cette c*nnerie d’imprimante. La qualité est moindre, et j’ai essayé comme j’ai pu d’effacer le dessin qu’on voyait en transparence au dos avec la gomme de Paint, c’est pour ça les taches blanches un peu partout…
Euh, pour ce qui est des commentaires bah… n’hésitez pas hein.
Chapitre pas très gai (toute façon c’est fini tout ça, la légèreté on laisse tomber j’ai dit)
Bonne lecture !
Tous les enfants de ma mère sont nés à Prague. Mon grand frère y a même passé une bonne partie de son enfance. Pour ma part, avant ma fugue, je l’ai assez peu connu. Nous avons quitté la République Tchèque un an après ma naissance, et nous n’y sommes retournés que pour que les jumeaux y voient le jour – ma mère y tenait. C’est donc assez naturellement que je me suis tournée vers cette ville lors de ma fuite, d’autant qu’elle me charmait comme nulle autre. Nous habitions Berlin, avant cela. C’est dans la capitale allemande que j’ai grandi pendant quinze ans, c’est là-bas que se trouvent tous les souvenirs de notre vie d’avant, quand le mot « famille » avait encore un sens. Et c’est là-bas, comme par hasard, que je dois aller si je veux revoir mon ancien colocataire.
Ça y est, on a finalement viré dans le dramatique. J’aurais dit pathétique moi, mais bon, je ne suis pas objective aussi. Cette histoire va probablement finir assez mal, surtout pour moi, dont le corps recommence à réclamer une nourriture que je répugne à lui donner. Je n’ai jamais pu faire boire de sang animal à Axel. Nous avons bien essayé, une fois, avec un chat de gouttière. Il a failli vomir sur mes chaussures, nous en avons donc conclut que le sang animal était largement proscrit. Vais-je devoir tuer pour survivre ? Encore ? J’ai déjà du mal à supporter mon reflet dans la vitre doublé du train. Je suis un monstre.
Le train ralentit. Je joue des coudes pour me frayer un chemin vers l’extérieur, entreprise grandement facilité par le fait que je n’ai pas le moindre bagage – même pas un sac à main mais en même temps, est-ce qu’on m’a déjà vu avec un sac à main ? Je suis devenue plus humaine à cause de ce con de vamp’, pas plus féminine. Y’a des limites quand même.
Berlin.
À peine sortie de la gare centrale, je suis assaillie d’un flot d’émotion intarissable, conséquences des réminiscences incontrôlées qui m’envahissent à la vue de tous ces lieux qui portent une formidable signification. Je ne peux résister à l’envie de parcourir à pieds ces rues qui me sont tantôt familières, tantôt inconnues, mais qui ne peuvent résolument pas me laisser indifférente. J’écoute avec un plaisir diffus cette autre langue que je parle parfaitement mais que je n’ai pas pratiquée depuis des années. Je m’interdis toutefois d’approcher le quartier résidentiel où nous habitions. Inutile de raviver de trop désagréables souvenirs.
Après un pèlerinage de quelques heures qui m’a fait passer par l’école, le collège, le centre commercial, le parc, et tous ces lieux où j’avais à une époque l’habitude d’aller, je me décide finalement à me mettre en quête de ce que je suis venue chercher : « un manoir dans une forêt », lieu de résidence de la famille, du clan d’après ce que j’ai compris, d’Axel.
Je me rends compte de tout ce que j’ai perdu, au fur et à mesure des années, et ce que je risque de perdre très bientôt. Cette vie seul puis à deux et à trois, cet appartement que j’ai même réussit à aimer quelques temps, mon boulot, mes cours, cette routine qui ne me rendait ni heureuse ni malheureuse, comme si j’en avais seulement été la spectatrice. Tout cela a disparu. Tss, voilà que je philosophe, maintenant. Comme si c’était le moment…
Ayant déjà dépensé une somme non négligeable dans mes billets de train, je préfère éviter de prendre le taxi, ou même le car, pour me rendre dans la ceinture extérieure de la banlieue berlinoise, dans ce minuscule bois, qui n’a pas de nom à ma connaissance, où je suis sensée trouver l’objet de mes recherches. Puisque je suis dans la ville de mon enfance, autant en profiter. Les anciens amis n’en reviendront pas quand ils me verront devant leur porte.
O
« Tu es sure que tu veux aller là-bas ?
-Ouais. C’est pour ça que je suis venue.
-On raconte vraiment des trucs bizarres sur cet endroit tu sais, et sur ceux qui y habitent.
-Merci Arman. Je vais me débrouiller. »
C’est assez extraordinaire qu’après cinq ans d’absence, j’ai pu trouver avec autant de facilité mon meilleur ami de collège et le convaincre tout aussi facilement de m’emmener hors de la ville aussi tard dans la soirée. Je ne m’étais pas doutée que lui et sa sœur seraient aussi contents de me voir. Ils vivent toujours chez leur père, et Arman poursuit ses études de droit dans le centre-ville. Je ne pensais pas non plus que ça me remuerait autant de le retrouver. Il était un de mes seuls amis au collège, et sans doute le seul qui m’a manqué quand je suis partie. Il arrête le moteur de sa Volkswagen et me regarde, insistant. A une époque il me faisait même rougir, avec ses yeux chocolats et son attitude toujours protectrice même quand je nous mettais dans la merde et qu’il se faisait entrainer dans les bagarres de quartiers avec moi.
« Je t’attends.
-Ce n’est pas la peine enfin, rentre chez toi.
-Tu rêves. Je ne veux pas te voir re-disparaitre comme la dernière fois, pas avant que tu ne m’as raconté en détails ces cinq années d’exil. Je reste. »
Je ne me sens pas le courage d’insister, même si je pense qu’il est inutile de m’attendre. Et aussi, j’ai un peu peur de ce qui pourrait lui arriver si d’aventure il décidait de venir me chercher. Mais comment le lui expliquer ? J’ai du mal à me l’avouer, mais son sort m’importe moins qu’il ne le devrait. Après tout, c’est un humain… Et merde.
Devant moi se déroule un large chemin de terre battue, bordé d’arbres touffus, menant jusqu’à la demeure que j’aperçois à une bonne centaine de mètres, derrière un haut portail ouvragé. Il fait froid, le vent me fouette le visage, s’infiltre dans mon manteau ouvert. Je préfère cela. Je préfère le sentir, pour éviter de sombrer, de perdre tout à fait conscience.
« Alors à toute à l’heure… » lui dis-je sans conviction.
Je ne le reverrais jamais.
O
Le manoir est exactement tel que l’idée que je m’en faisais. En fait, il est à peu de chose près comme toutes les idées de manoir que l’on peut se faire si on nous dit que des vampires y habitent. Une bâtisse ancienne, majestueuse, trois rangées de hautes fenêtres pour le corps principal, une imposante porte en bois, de larges balcons ouvragés sur les ailes de chaque côté… Le manoir des vampires quoi. Pas vraiment glauque ni sinistre, mais pas non plus rassurant. Froid est le mot qui lui convient, je suppose.
Le portail, lui aussi, est immense. Le genre impossible à escalader, et de toute façon, ça ne me viendrait même pas à l’esprit. Le plus sûr pour moi est malheureusement de m’annoncer. Je serais bientôt une des leurs. Peut-être me laisseront-ils entrer. Le ciel est si sombre, d’un noir d’encre, sans la moindre étoile, à peine éclairci par les lumières de la ville, trop éloignée. J’ai peur. Ce constat seul me surprend. Moi qui me croyais imperméable à tout ce qui pouvait m’arriver, moi qui pensait pouvoir tout supporter… de l’orgueil, et rien d’autre.
Le portail qui pivote de lui-même sans que j’aie encore décidé de la conduite à tenir, c’est au-delà de mes espérances. J’hésite un peu à franchir le passage qui s’est ouvert devant moi. J’ai peur de ne plus jamais en revenir. J’ai de plus en plus de difficulté à me mouvoir. C’est normal, selon Lukas – je le retiens celui-là.
« Les vampires mis au monde alors qu’ils sont encore vivant sont plus puissant et plus stable que ceux qu’ils transforment en une seule fois quand ils sont morts ou sur le point de mourir, parce que le poison a le temps de s’imprégner plutôt que de ravager en une seule fois le corps du nouveau-né. Bien sûr, les vampires de ce type sont rares, parce qu’ils trouvent rarement un humain disposé à se soumettre à ce processus, qui de plus est très douloureux par rapport à la méthode « traditionnelle ». En plus, on ne survit pas forcément. Tes dernières heures en tant que mortelle seront sans doute pire que la mort ». Ça m’a profondément blessée, quelque part dans mon être, qu’il expose cet état de fait avec aussi peu d’émotion. Je n’ai pas pu m’empêcher de lui demander :
« Ça ne te fait ni chaud ni froid que je meurs au final, n’est-ce pas ? »
Il m’a regardé avec un étrange mélange de tristesse et de colère que je n’ai pas pu déchiffrer, mais il n’a rien répondu. Et puis je suis rentrée et là… Bref. Je ne l’ai plus revu.
Quand je repense à ce qui s’est passé alors, à ce que j’ai fait… Je suppose que quand ma transformation sera achevée – ce qui ne devrait plus tarder, maintenant – ces remords et ce dégout pour le meurtre d’êtres humains ne me semblera plus aussi important, et la nature de ma condition ne me paraitra plus aussi barbare et ignoble. En attendant, je dois me retenir pour ne pas rendre tripes et boyaux en me remémorant mon carnage.
« Tu ne seras véritablement un des leurs que lorsque tu auras bu du sang humain pour la première fois. Tu auras environ 24 heures à vivre en tant que mortel à partir de là, m’a dit Lukas sur le pas de sa porte.
-Donc si je ne bois pas de sang, je resterais telle que je suis ? »
Je ne pourrais pas décrire la tête qu’il a faite à cet instant. Il semblait sincèrement désolé pour moi.
« Théoriquement, sans doute.
-Mais ?
-Mais tu ne résisteras jamais à ta soif. Ça finira fatalement par arriver, que tu le veuilles ou non. »
Il a cru utile d’ajouter un « Je suis désolé », et peut-être était-il sincère. Je lui ai demandé s’il m’aimait, ou s’il m’avait aimé, ou si notre brève relation était purement intéressée. Encore une fois il n’a rien dit. Je ne le saurai jamais. Est-ce que je l’ai aimé, moi ? Je n’en sais rien non plus. Sans doute un peu. Sans doute que j’aurais pu l’aimer aussi sincèrement et profondément que faire se peut. Si j’avais eu du temps. Toujours est-il que je n’en ai plus beaucoup maintenant, du temps. Il est certain que je ne passerai pas la nuit. J’espère juste avoir en avoir assez pour faire ce que j’ai à faire avant.
Les portes s’ouvrent, comme la grille de l’entrée, sans qu’une âme vivante ne se montre. Je pénètre Je débarque dans la pénombre d’un vaste hall d’entrée carrelé en damier noir et blanc, très chic, un peu désuet, et désespérément désert… pour quelques secondes encore. Et puis, brusquement, tout s’éclaire, deux ou trois hommes se jettent sur moi et m’immobilisent. En un clin d’œil, mes mains sont menottées dans mon dos, un canon de ce que je devine être un pistolet de bonne taille appuie contre ma nuque, et un homme très grand s’avance vers moi, habillé élégamment, l’air assuré de celui qui maîtrise la situation. Il la maîtrise effectivement parfaitement. Il me dévisage avec intérêt comme on jauge une marchandise attrayante de ses petits yeux étroits où brille une lueur malsaine qui me fait frissonner. Il fait aussi froid à l’intérieur que dehors.
« Une nouvelle venue dans nos rangs à ce que je vois. »
Sa voix m’insupporte. Elle vrille mes tympans et résonne dans mon crâne déjà malmené par une migraine épouvantable depuis plusieurs heures.
« Je ne suis pas venue demander l’asile. Je veux voir quelqu’un. »
Il semble modérément surpris, en partie parce que son visage ne reflète que modérément ses émotions et ses pensées.
« Tiens donc. Et qui ?
-Celui que vous nommez Johann. Je dois lui parler. »
Il me regarde encore, perplexe, avant d’avoir une illumination subite.
« Ah ! Je sais. Tu es la cinglée qui a l’a récupéré au début de sa punition ! Tu es déjà ici, c’est très bien. Ils attendaient ta venue. »
Cela par contre me stupéfait. Pourquoi avait-on parié sur ma venue, comme si j’allais tout naturellement me destiner à cet endroit, à cette vie ? Et puis… la cinglée ? Connard va.
« Eh bien allons-y ! Tout le monde est réuni à l’étage. Tu arrives à point nommé. »
Je ne sais pas si c’est spécialement une bonne nouvelle.
Le rez-de-chaussée semble inutilisé, au moins pour l’aile principale. Nous montons toujours dans l’obscurité un escalier menant aux étages supérieurs. D’après ce que j’entends, ils doivent être quatre à nous suivre – à me surveiller. Devant nous, l’homme qui est le seul à avoir ouvert la bouche converse avec enthousiasme avec un autre, plus petit et plus âgé, d’après ce que je peux en juger, tout en me jetant des coups d’œil fréquent. Je capte parfois certains mots, sans parvenir à en saisir le sens. Mon corps me fait souffrir. La douleur augmente graduellement, en même temps que je sens ma force et mes sens se développer – la supériorité physique des vampires ne semble pas être une légende. Je me demande s’ils s’évanouissent en poussière quand on les plante avec un piquet de clôture. Ça m’arrangerait bien, pour la suite de mon plan, si tant est que je parvienne à faire ce que j’ai prévu. Je le dois bien à Tiphaine, après ce que je lui ai fait.
Nous entrons dans une pièce fortement éclairée et remplie de gens, en contraste avec le couloir, vide et noir. Une vaste salle, de réception je suppose, vu le buffet, l’orchestre discret dans la fond, et la foule d’inconnus en tenues de soirée qui y devisent joyeusement. Les conversations cessent et tous les regards se tournent vers moi, tandis que l’homme qui m’a guidé va glisser quelques mots à un couple de quadragénaire dans un coin de la pièce. Ils me coulent un regard intéressé. L’homme aborde une coupe grisonnante quoiqu’entretenu, le costume qui semble être de mise, et un sourire sans chaleur, tenant par le bras sa compagne, dont les cheveux flamboyants ondulent dans son dos comme une cascade de flammes. Ses yeux acérés me fixent, amusés. Je me sens terriblement mal.
Ils ne sont pas tous beaux à s’en damner, mais ils ont tous une certaine forme de charme à leur façon. On pourrait raisonnablement affirmer qu’il y en a pour tous les goûts. Pas seulement physiquement, mais dans l’ensemble, dans ce qu’ils dégagent chacun à leur manière. Fascinant en somme. Je reconnais furtivement « l’homme au manteau noir et aux cheveux dans la gueule », les yeux brulants de haine.
Et puis je l’aperçois. Magnifique et tellement identifiable dans cette pièce glaciale et maintenant silencieuse. Plus beau et plus fermé que dans mon souvenir qui ne date pas de si longtemps pourtant. Il n’affiche pas la moindre réaction en m’apercevant – m’a-t-il seulement reconnue ? Sans doute, mais après tout, je n’ai pas de valeur à ses yeux. Je ne suis rien, rien de plus qu’une cruche suffisamment stupide pour l’avoir laisser me détruire. Mais quelle idiote, franchement. Pour moi ce qu’il a fait est la plus abjecte des trahisons, mais pour lui ce n’est sans doute qu’une peccadille, un incident qu’il a rangé avec tant d’autre dans le tiroir des évènements insignifiants.
« Johannesburg, regarde qui voilà. »
L’homme aux cheveux gris a une voix encore plus grinçante que son sous-fifre. Je grimace, pas seulement de douleur, de peur et de frustration, mais également de moquerie et non, je ne peux pas m’en empêcher, même dans cette situation qui franchement ne s’y prête pas mais alors pas du tout.
Johannesburg, est-ce un nom, franchement ?
A suivre....
Sincèrement j'adore {Aby} ce chapitre, et encore plus le suivant. Pensez à me dire que j'ai raison avant que je fasse une crise monstrueuse pour le savoir ^^
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