Jeudi 10 juin 4 10 /06 /Juin 06:45

jez.jpg

 

 

Coucou!

Bon, ce n'est pas la suite, mais pour vous faire un peu poiroter, je me suis dit que je pouvais bien vous donner à ronger.

Donc ceci est le texte que j'ai écrit pour le second tome des Délices Citronnés. A présent, le projet est clos, je ne suis même pas sûre que le bouquin soit encore en vente, dans le doute, je vous le donne quand même.

(Oui, je fais comme Joy.)

 

Alors avant toute chose, c'est le premier texte que j'essaie d'écrire en étant vraiment sérieuse, et merdouille, c'est pas du tout mon style ^^.

 

('tendez, je vais me coucher en fait, je continue l'article après)

(re!)

Les filles j'habite au 4ème étage, et mon balcon se prend pour un lac. Il a plu cette nuit, on a sonné ce matin, moi bien gentille, tête dans le cul je sors voir qui c'est et...

Floc. Floc.

Les pieds dans l'eau.

Doigts de pieds submergés, réveil d'enfer. Apparemment l'évac' est bouchée. Youpi.

 

Bon, rien à voir, mais à quatorze heures je saurais si j'ai un avenir. OU PAS. Genre je saurais si on veut de moi en DUT ou s'il va falloir que je me retape une année de fac...

 

Et enfin... J'ai oublié la dernière... Ah! non! J'ai envie d'écrire une nouvelle histoire (mais je SAIS, je peux pas) ce serait un type qui bosse pour le vatican. Genre bras armé. Et il est envoyé en missions pour zigouiller des Faes, des vampires, quelques autres bestiolles etc. Et il a un psy, à qui il doit faire gober que ses problèmes sont oniriques etc etc.

Arffe dit comme ça, ça ressemble à rien.

Je sais plus ou j'ai lu que si on sait pas raconter une histoire à l'oral, ou la résumer en fascinant le public, on a aucune capacité d'auteur. Ben je suis super mal barrée alors xD

 

Bon allez zou, ma gueule.

 






Jezekel,


Par Absynthe.





 




« La vraie intelligence de l'être humain, c'est sa capacité d'adaptation. Les hommes se font à tout, y compris au pire »

Sebastiao Salgado

 

 


 


« Je ne lis pas le scénar, c'est le scénar qui me lit. »

Sergent Osiris

Tonnerre sous les Tropiques







A Véiane, Elèctre, Iris et Ponnette...


...Surtout Ponnette.


Parce qu'écrire sans vous, c'est écrire sans moral et sans inspiration.

Juste impossible.



 


 

On aime les guerriers. On admire ces meurtriers professionnels, on les adule, les respecte et les désire. Pourtant ils tuent, passent leur vie à tuer et le pire c’est qu’ils aiment ça. Jezekel aimait ça lui aussi. Non, pas les guerriers.

Juste tuer.

N’importe qui, n’importe quand, simplement pour la sensation grisante d’être maître de tout. Pour la mélodie envoûtante de l’agonie, tous ces sons si disgracieux dans la bouche de nobles, tous ces gestes fébriles, inutiles, cette accroche à la vie que l’on cache sous des airs courageux pendant des années. Pour le plaisir de sentir l’âme du défunt l’effleurer en sortant de son corps. Pour la sensation malsaine et délicieuse du sang d’autrui refroidissant lentement sur sa peau, ce liquide vital qui recouvre une partie de son corps, de son visage.

 

Ah qu’ils sont beaux les humains lorsque viennent leurs derniers instants. C’est le seul moment dans leur misérable existence ou ils sont vrais. Ou leurs yeux reflètent véritablement leur personne. La seconde ou ils comprennent que c’est la fin, que l’homme penché au dessus d’eux est la dernière chose qu’ils verront sur cette terre. Alors leurs yeux s’écarquillent, leurs pupilles se dilatent comme à l’orgasme, leurs muscles se tendent une dernière fois, leur bouche s’entre ouvre pour leurs derniers mots, toujours tronqués, toujours sans sens pour leurs familles, et c’est la fin, la dernière inspiration. Et le corps retombe, l’âme s’élève, vient frôler son meurtrier avant de s’en aller à jamais.

Jezekel aimait cela. Ça lui rappelait sa vie d’avant. Son existence avant son damne des enfers, un hiver particulièrement meurtrier. Le calme et la satisfaction d’après mort. Comme après la jouissance. Bon sang qu’il aimait cela. Il ne s’en lassait pas. Jamais.

 

Manque de chance pour lui, les années défilèrent, le monde des hommes se développa, et bientôt il fallut avoir une autorisation officielle pour se livrer au meurtre. Alors il devint successivement soldat dans les armées pharaoniques, dans les trois guerres puniques, dans toutes celles qui se sont succédées avant, après, pendant. Mais arriva un règne ou il fallut faire des études pour pouvoir se battre. Après plus de mille ans de tueries, il devait aller en cours avec des jeunes?! C’était hors de question. D’autant plus qu’il devrait repasser ces mêmes examens tous les vingt ans, dans un pays différent puisque son enveloppe corporelle garderait à jamais un corps de jeune homme.

Alors il trouva un travail dont personne ne voulait, qui lui permettait de faire ce qu’il aimait, mais plus de combattre. C’était triste, ça le rendait malheureux, mais il pouvait tuer. C’était déjà ça, et la rage de devoir obéir à de misérables humains s’évanouit avec les années. Il continuait à combattre, mais comme maître d’armes. Il apprenait à des jeunes qui n’avaient pas les moyens de se payer des cours avant d’entrer dans les écoles de soldats comment tuer, sans pouvoir le faire par lui-même. Et ils devenaient des seigneurs de la guerre. De vrais hommes, sans pitié aucune. Il était le maître d’armes, il était le bourreau.

 

On aime les guerriers. On admire ces meurtriers professionnels, on les adule, les respecte, les désire.

Lui, on ne le connaît pas. Il n’est que celui qui passe après les autres sur le champ de bataille. Celui qui le parcourt de part en part, écoutant ce silence divin et mortuaire à la recherche d’un souffle. Celui qui achève les mourants. Le plus beau des postes.

Tous ces guerriers qui se voilent la face avec de faux prétextes pour leurs crimes, amour de leur famille, amour de leur patrie, amour de leurs terres. Ils ratent tout. Ils ratent l’apogée de leur œuvre. Ils n’arrivent pas à voir le merveilleux dans la mort. Alors soit, ils fuient dès que les blessés du peuple gagnant sont tous sur civières. Ils s’enfuient et vont fêter, un sourire aux lèvres, une chope de bière à la main, fêter les morts victorieux, tout en ignorant ceux qui passent après eux. Le bourreau puis les croque morts.

Le bourreau. C’est ainsi que ceux qui le connaissent l’appellent ces temps ci. Ils ont peur de lui, de sa folie apparente pour leur espèce, mais jamais ils ne lui diront, pas plus que leur incompréhension face à son éternelle jeunesse. Alors les générations de croque morts se poursuivent, et il reste là, éternel bourreau. Jezekel. Jez. Celui qui fait ce dont eux ne veulent pas. Car il faut du courage ou de la folie pour tuer de sang froid. Ou bien alors, ne pas être humain.

 

Les années défilent, une grande guerre éclate, les champs de batailles ne se comptent plus, on emploie les plus jeunes hommes à peine entrés à l‘école directement dans les combats. Mais Jezekel n’est pas au courant, cela fait des décennies qu’il a cessé de s’intéresser aux mortels. Et un soir d'hiver, alors que la bataille a duré de la veille jusqu’au crépuscule sans la moindre interruption, que les corps s‘amassent sur des mètres entiers au fond d‘une vallée enneigée, que le sang forme des flaques qui givrent dans les creux de la plaine, que les vivants étouffent sous les morts, que les agonisants n‘ont pour vision que leurs semblables qui se recouvrent peu à peu de poudreuse, les derniers blessés sont rapatriés vers les camps, Jezekel peut commencer son œuvre.

 

Il est heureux, un sourire discret trône sur ses lèvres tandis qu’il avance, trempant ses bottes de cuir dans la boue, le sang et la neige fondue, ses yeux parcourant la scène avec une délectation toute particulière. Ils ont été durs en cette journée de février. Un si beau mois. Ni trop chaud ni trop froid. Juste assez pour que les mouches ne se fassent pas trop nombreuses, et que les moustiques colportent des maladies entre morts et vivants. Arrivé à ce qu’il estime être le centre du champ de bataille, il s’immobilise et ferme les yeux. Le vent porte à ses narines l’odeur de la mort, du bois brûlé, de la chair cautérisée. Des mèches blondes s'échappent de la natte qu'il porte haut sur son crâne et retombe sur ses reins pour aller flotter dans les airs. Il inspire une dernière fois, -il n'en a jamais eu besoin puisqu'il n'est pas humain, mais c'est une sensation agréable- et avant de s‘avancer vers le premier souffle il sort un long poignard à lame incurvée. Vestige de la sanglante Carthage. Quelques minutes passent, les vêtements du blond se maculent peu à peu de sang, et alors qu’il se tient à genoux au dessus de ce qui reste d’un homme d’une trentaine d’années, qu’il amène mécaniquement sa lame tiède sous le sang à ses lèvres, la vision d’un enfant de six ans tout au plus se porte à ses yeux.

 

Blond comme un ange. Délicieusement innocent. Un vrai sourire le prend et il se relève, marchant droit vers lui, avant de s’accroupir à un mètre du gamin. Il sait qu’à son âge il peut encore Les voir. Elles. Ses ailes noires qui se font lourdes et inutiles dans son dos. Il doit savoir qu’il est Une Mort. Mais il ne dit rien, ne pleure pas et au contraire s’approche. Alors Jezekel tire son couteau de sa ceinture, encore une fois, mécaniquement. Et tandis que l’enfant avance à petits pas, il en entend d’autres au loin. Quelqu’un le regarde. Tant pis. C’est si bon. Sa lame dans la main droite, il tend l’autre vers l’enfant qui y glisse la sienne, glacée par l’hiver, couverte de sang par la guerre. Le gamin s’approche et se serre quelques instants contre lui en une recherche de réconfort, puis se recule un peu et s’appuie contre la cuisse repliée du grand homme qui le surplombe. Le blond passe sa main sur sa joue, tout en douceur, et lui fait pencher la tête en arrière, l’enfant obéit sans résister et laisse ses yeux errer sur les grandes ailes noires qui l’encadrent dans une étreinte rassurante. Il tend la main vers l’une d’elles, avec autant de douceur que la lame qui glisse sur sa gorge, faisant céder la peau si tendre, et la ramène vers lui, une plume noire étroitement serrée entre ses doigts alors qu’il hoquette sans pouvoir respirer tant le sang obstrue sa gorge.

 

Jezekel glisse sa langue le long d’une clavicule révélée à l’air libre, et goûte le sang qui se répand sur le petit torse si jeune, puis remonte à hauteur des yeux du petit blond, plongeant son regard argenté dans les orbes bleutées qui s’agitent devant lui. Un doux sourire s’installe sur son visage devant la peur de l’enfant et il se penche pour déposer un baiser sur son front, recueillant sur ses lèvres quelques flocons venus s’y poser. Quelques râles encore et ce sera la fin, le sang cesse déjà d’affluer à sa gorge, et ses yeux se font lourds. Mais il ne ferme pas les paupières et finit sa vie le regard plongé dans celui de son bourreau. Sans haine, sans colère, rien que de la reconnaissance. Jezekel lève les yeux au même rythme que l’âme qui s’extrait du corps à présent sans vie pour en rejoindre deux autres qui semblent l’attendre au bout du champ enneigé.

Une respiration rauque se fait entendre derrière lui. C’est vrai. Il avait un public, quelque fou ou malheureux, cherchant un ami ou un parent parmi les cadavres. On se penche derrière lui, et il sent un souffle chaud effleurer son cou, une larme déjà froide tomber entre son col et sa peau. Une main passe au dessus de son épaule, des doigts se tendent vers le visage de l’enfant, fermant ses yeux à jamais fixes.

-Vous avez toujours autant de mal avec les yeux des morts, murmure Jezekel sans une once de remord dans sa voix.

-Avec les yeux aveugles en fait. Leur immobilité nous effraie, répond une voix grave et étrangement calme.

Le blond ne répond pas. Il a été interrompu, il devrait être en colère mais il n’en est rien, l’autre n’hurle pas, ne pleure pas, ne l’insulte pas et ne le provoque pas en duel. C’est déjà ça. Il est simplement penché au dessus de lui, quelques mèches brunes presque noires retombant sur l’épaule de celui qui vient de tuer un enfant sous ses yeux. Jezekel repose le corps au sol, et glisse un doigt sur le plat du poignard avant de le mettre en bouche en fixant un point loin devant lui.

-C’était la fille du forgeron de mon village, ajoute le nouveau venu, comme s’il parlait au vide.

 

L’autre ne répond pas et se redresse lentement, finissant debout, dos à un homme qu’il ne voit pas et qui l’effleure tant il est proche. Avec un sourire il se retourne, dévisage le brun devant lui, une trentaine d’années, un visage fin, le teint hâlé et les yeux noirs dans lesquels étincèlent de petites nervures argentées. D’eux deux, ce serait lui à qui l’on donnerait le poste de Mort ou de Démon. Sans hésiter une seconde.

 

Jezekel lève un doigt sanglant à hauteur des lèvres de l’homme, appuyant légèrement dessus, lui intimant le silence, puis pointe la plaine de l’autre main, lui faisant signe d’écouter. Seul le vent ne parvient aux oreilles du brun, et il entre ouvre les lèvres pour dire quelque chose.

-Tais toi, le coupe le bourreau.

-Feïkh’an, souffle-t-il avant qu’une main autoritaire ne s’installe sur sa bouche.

-Tais toi Feikh’an, reprend le blond. Viens avec moi. Viens. Allons au devant des morts.

 

Et Jezekel s’avance, silencieux, ne prenant pas la peine d’enjamber les cadavres, marchant simplement dessus sans qu’un craquement d’os ne se fasse entendre, suivi du brun qui ne peut s’empêcher de fixer les visages sans vie sous lui. Amis. Ennemis. Inconnus. Le blond s’immobilise à nouveau, et pose sa main sur le bras du guerrier, levant vers lui un regard pétillant de vie. Il s’approche d’un pas et se colle contre lui avant de relever le visage vers son oreille, frôlant au passage tout son cou de ses lèvres, pour finir par chuchoter:

-A droite de la lance brisée plantée dans le sol. Entre le cheval et le rocher. 

 

La neige et le vent se faisant plus forts de seconde en seconde, le plus grand plisse les yeux dans la direction indiquée, ne distinguant que de vagues formes blanches et le pieu dressé vers le ciel. Il s’apprête à exprimer son échec et s’écarter de cet homme étrange, trop proche, trop insensible, mais l’autre ne le laisse à nouveau pas parler et murmure encore:

-Cesse de te comporter comme un banal humain. Vois ce qu’ils ne voient pas. Écoute ce qu’ils n’entendent pas. Concentre-toi. Un souffle, haletant. Douloureux. Le sang obstrue sa gorge. Il crache comme il peut, mais il est écrasé, ses os sont brisés, écoute, ses poumons sifflent. Écoute. Il se fait recouvrir de neige. Ne l’entends tu pas crisser à chaque respiration? Ne fais pas semblant. Tu n’es pas comme Eux, tu es revenu voir ton œuvre, tu n’as pas bougé pour sauver cet enfant. Concentre-toi Feikh-an. Écoute l’agonie... Trouve-le!

 

Fermant les yeux, le brun laisse le vent d’hiver l’encercler, le faire sien, étroitement enlacé par cette force de la nature et par ce bourreau. Sans savoir pourquoi il obéit, le vent se fait plus calme à ses oreilles bien qu’il ne fasse que souffler plus fort dans la réalité. Il n’entend plus que le souffle factice du bourreau. Ne ressent plus que son regard, et bientôt, le silence se fait sur la vallée.

Ses yeux se rouvrent, ses lèvres s’étirent en un mince sourire, ignorant la caresse du froid sur elles qui les fait bleuir, car au loin, là où indiquait le blond, il peut entendre une respiration. Comme il avait dit. Difficile, douloureuse, haletante. Feikh’an baisse les yeux vers le bourreau plus petit que lui d’un ou deux centimètres et lui sourit, sans se poser de question, sans l’interroger plus que cela. Il a l’impression d’habiter son univers à présent. Presque une autre dimension. Ou tout est nuancé. Différent et pourtant presque identique. Le même monde, mais pas la même dimension. Leurs yeux se quittent, et tous deux marchent paisiblement vers le son, Jezekel se baisse et repousse le corps d’un grand roux au crâne défoncé. Sous lui, un tout jeune homme aux yeux écarquillés sous la douleur, qui a dû être châtain clair avant cette bataille.

-Il a l’air en vie, remarque Feikh'an.

-Pas tant que ça…

-Il respire.

-Moi pas, et je suis en vie aussi.

Feikh’an tourne la tête vers le blond. C’est vrai, il ne respire pas. Il lui rend son regard, vide, calme, inexpressif. On croirait voir un ange au milieu de toute cette neige. Blond, fin, de grands yeux argentés. Un peu trop brillants pour être humains. La pupille manquante. Un peu trop flagrante pour passer inaperçue. Leurs yeux rejoignent à nouveau le mourant qui les fixe, paniqué, tentant de respirer comme il peut.

-Il a l’air en vie.

-Pas tant que ça…

-Il bouge.

-Les arbres aussi. Pourtant on les coupe.

Le silence s’installe, Jezekel se baisse et examine le jeune homme comme l’on observe du bétail.

-Ses mains sont déjà hors d’usage, elles ont été gelées par le froid. Ses pieds doivent être dans le même état. Son torse… Il place sa main sur la poitrine du soldat et appuie dessus. Le châtain ouvre la bouche comme pour hurler. …est brisé. Sans compter le sang qu’il a perdu… Bref… Je peux?

-Je t’en prie, répond l’autre avec le ton digne d‘une conversation un rien banale.

D’une main experte, Jezekel repousse les cheveux encombrant la jugulaire du soldat, et approche sa lame de sa peau sans le quitter des yeux, se délectant de ses sursauts et de sa façon vaine de se débattre de la poigne de fer de La Mort.

Mais alors que la pointe du poignard entre en contact avec la peau déjà blanchie par la peur et l’agonie, une main hâlée se superpose à la sienne, et le souffle rauque qu’il a déjà entendu plus tôt effleure à nouveau sa nuque. Le blond s’immobilise un instant puis entrecroise ses doigts avec ceux qui font ce que personne n’a jamais osé faire, le toucher en pleine… Action. Le rituel continue, le métal glacé pénètre la peau et la caresse jusqu’à la faire céder. Un corps chaud se colle contre celui de Jezekel, Feikh’an épouse le moindre centimètre de son corps et appuie sa tête sur l’épaule du bourreau, contemplant leur victime, qui voit son heure arriver, ne sachant qui contempler, l’Ange, le Démon, le Démon ou l’Ange : il ne sait qui a quel poste. Finalement, il suffoque quelques secondes, ses yeux faisant des allers-retours entre les deux visages, et finit par rendre l’âme en fixant un point entre eux.

Le brun frissonne. De froid, de dégoût ou d‘excitation, il ne saurait le dire. Son compagnon monte son couteau à ses lèvres et en caresse le plat du bout de la langue, puis lui propose l’autre face sans le moindre son. Il s’exécute et tous deux se relèvent lentement, puis parcourent le champ sans un mot, répétant plusieurs fois la même action, étrangement proches pendant la mise à mort. A nouveau ils sont distants l’un de l’autre lorsqu’ils marchent côte à côte. La nuit s’est bien installée et ils s’éloignent des morts pour regagner un village en passant par la forêt. Ils ignorent les regards choqués des croque morts qui les fixent avec effroi tandis qu‘ils bravent l‘hiver et la neige, tous deux impassibles sous la tempête. Finalement, Feikh’an prend la parole:

-A l’aube, les armées germaniques vont attaquer. Il parait qu’ils sont des milliers, et que nous ne sommes que cinq cent. Il marque une pause et continue. Je n’ai pas envie de mourir en hiver… Je n’ai pas envie de me faire achever par quelqu’un comme toi.

L’autre laisse le silence envahir l’atmosphère durant de longues minutes avant de murmurer:

-Tu sais, c’est dans ma nature de faire ce que nous avons fait. Je ne suis pas humain, on me dit même monstre. Mais toi…

- Tais-toi.

-Toi, tu dois être particulièrement fou, achève Jezekel avec un sourire mauvais vers le brun.

-Tais toi, crache à nouveau ce dernier.

-Je ne suis pas le premier à te le dire n’est-ce pas? Que tu es totalement, irrévocablement f…

Un poing lancé en pleine vitesse vient s’écraser contre la mâchoire du blond, qui, surpris trébuche puis se redresse pour se jeter de toutes ses forces sur l’humain qui a osé porter la main sur lui. Les deux hommes tombent au sol, s’écrasant dans la neige et très vite, Feikh’an se retrouve plaqué face contre la poudreuse, un corps étroitement pressé contre le sien, une main enserrant sa gorge jusqu’à la faire presque céder sous l’étreinte.

-Tu n’aurais jamais du faire ça… Humain.

A ces mots soufflés à l’oreille, Jezekel recule quelque peu du corps qu’il écrase et enfouit son visage dans la nuque du soumis. Il soupire après son odeur et sa chaleur, glisse sa langue dessus puis inspire une dernière fois et mord à pleines dents dans la chair qui cède sous les cris de la victime. Le sang gicle et tâche la neige alentour. Le blond lèche le sang perdu et retire d’un mouvement brusque le long manteau de cuir du soldat : replongeant ensuite ses lèvres dans la plaie ouverte, il caresse du bout de la langue la chair à vif, laissant ses mains découvrir le dos large du jeune homme.

-Qui es-tu donc, bourreau? Halète le blessé, dont les lèvres glacées par la neige l’empêchent de parler correctement.

-Je suis… Je suis Jezekel, Mort de Luxure, banni des enfers pour mon goût pour la guerre brute et… Sa voix meurt au creux de la tempête qui s’élève. Et toi, tu es un fou qui va apprendre qu’il ne faut pas lever la main sur la luxure, même déchue.

-Jezekel. Je ne veux pas mourir. Pas en hiver.

Sans répondre, l’autre enfonce un peu plus le brun dans la neige, et se redresse, une main dans le creux des reins de celui qu’il surplombe, pour atteindre son poignard et en presser la lame entre les deux omoplates dorées sous lui. Sans douceur il se penche vers son cou et glisse sa langue le long d’un sillon de sang mêlé à la neige fondue.

-Tu vas aimer ça…

Le métal glisse sur sa peau, créant un sillon du haut de son dos, suivant sa colonne vertébrale, jusqu’au bas de ses reins. La douleur fait se cambrer le plus jeune qui gémit en serrant les dents ; une main s’enfonce dans ses cheveux, le maintenant cambré tandis qu'une langue remonte le long de la plaie, léchant le sang jusqu’à la morsure. Un corps se presse contre ses fesses, un membre dur l’écrasant un peu plus. Un gémissement sonore se fait entendre, et Jezekel murmure en glissant ses mains sous le pantalon du brun:

-Je te l’avais dit. Tu aimes déjà.

Quelques secondes plus tard, lubrifié par la neige, la Mort s’enfonce dans ce démon humain, ce fou qui a oublié d’avoir peur de lui. Le sang ruisselant du dos du soumis s’étale entre eux deux, recouvrant le torse dénudé de l’autre de la plus divine des matières, la tempête hivernale recouvre leurs cris, et le premier baiser est échangé alors que le plaisir atteint son apogée.

Là, dans la neige. Là, en plein hiver.


Demain… Demain la Mort de Luxure reprendra part au combat, car Feikh’an ne mourra pas en hiver, encore moins de la main d’un autre que lui.

Feikh’an ne mourra pas demain, car il est Jezekel, Mort de Luxure, banni des enfers pour son amour de la guerre brute, et parce que la Luxure n’a pas le droit d‘aimer. Demain il montrera qu’il peut se battre, aimer et être ce qu'il est.

Une des nombreuses morts. L'unique bannie, au plus grand damne de l'humanité. Et les humains trembleront.

Bien des hivers passeront encore, bien des guerres auront lieu, bien des flocons fondront sous le sang.

Ils seront deux à défier l'humanité, la mort amoureuse, trop humaine, et l'humain mortel, trop peu humain.

Par Absynthe - Publié dans : Cock Tales Cocktails - Communauté : Communauté gay
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