Tu peux venir habiter ici si tu veux.
Je le fixe, incrédule. Alors ça, c’est sympa pour le petit dèj. Entre deux tartines beurrées. Je te dis que j’ai peur, et toi tu me dis d’habiter chez toi.
Ma parole, il faut que je m’habitue, c’est un homme extraordinaire certes, mais ça reste un homme. Ce qui veut dire… Rien dans la tête, niveau de tact zéro, et incidence des propos par rapport au sujet, niveau zéro également.
Je glisse mon regard vers sa tasse de café. Mais qu’est-ce qu’il a foutu dedans pour sortir des choses comme ça.
Du produit vaisselle ? Je plisse les yeux et observe suspicieusement ses lèvres, attendant les bulles de savon.
« Enfin je veux pas dire emménager ! »
Pas de bulles. Raté.
Bon maintenant logique plus qu’ultime, il veut que j’habite chez lui sans emménager. T’es bien un homme toi…
« Mais j’aimerais vraiment rentrer et te retrouver chez moi. »
Avec tes pantoufles devant l’entrée, un grand sourire et la marmaille dans les pattes en attendant de passer à table ?
« Enfin si tu veux bien. »
Trop aimable de demander mon cher.
« Bien sûr tu garderas ton appartement ! »
D’où l’utilité de venir habiter chez toi bien sur. Je garde mon appart pour stocker mes meubles et je viens vivre chez toi. Lo-gi-que.
« J’aimerai juste qu’on essaye de passer du temps ensemble sachant que j’ai un travail qui me prend pas mal de temps déjà. »
Mais oui !!!! Je comprends tout à fait !!! Je dois attendre à la maison le temps que tu rentres, si tu rentres, et à pas d’heures.
« Je veux juste qu’on puisse se voir, je n’aime déjà pas cet appartement ».
C’est pour ça que tu me demandes d’y vivre ?!
« Il me rappelle des souvenirs douloureux puis j’y suis seul, il n’a aucune vie. »
Hahin…
« Alors qu’avec toi ici, je me sentirais tellement mieux… »
Tricheur ! Comme il est craquant avec cette moue timide et assurée à la fois… J’adore quand il s’embarque dans des explications pareilles…
« Avec toi je suis tellement mieux... »
Taratata, il sort les armes de pointe là… Raaaaah !
J’écrase ma main accoudée sur la table sur le coin de mon visage, cachant partiellement mes yeux. C’est traître comme argumentation. Je soupire, la main toujours écrasée sur mon visage.
« Tu exagères. » Je murmure en relevant les yeux vers lui, le regardant comme un gamin en faute, pris sur le fait, mais qui a une moue tellement craquante et innocente qu’on ne peut pas le gronder.
« Stéphane je… » Suis une tueuse, j’ai tué deux hommes de sang à peu près froid.
Dès que quelque chose me contrarie je sens qu’une partie de moi déglingue et me force à faire des choses atroces. Si bien que j’ai peur de te faire du mal. Je suis dangereuse.
Pourquoi faut-il que maintenant que la bête est de retour à la vie sauvage tu apparaisses comme par magie ? Je ne veux pas… Je ne veux pas te faire de mal.
Je ne veux pas te quitter, mais je ne peux rester avec toi. Je le sais… Elle aussi le sait. Elle ne tardera pas à s’éveiller en moi. Tôt ou tard tu feras quelque chose qui me rappellera à la vie, et je te ferais du mal. Du mal…
Je te tuerais peut-être…
Et ça, jamais je ne pourrais l’accepter. C’est peut-être égoïste, mais je ne veux pas te tuer justement parce que je t’aime…
Parce que ma vie déjà ruinée et détruite n’en serait qu’encore plus sombre et mortuaire… Je ne veux pas je ne veux pas…
Non…
Non…
« Tu ? »
Mes yeux partis dans le vague, se replongent dans ses yeux violets. J’hésite…
« Je suis désolée… Je dois partir… »
Je me lève brusquement et me dirige vers la chambre à grandes enjambées, attrapant mes vêtements et les mettant en hâte, les yeux déjà troubles.
Il se place devant moi, appuyé contre la porte de sa chambre :
« Je suis un monstre c’est ça ? Je ne voulais pas te brusquer Lay… Je te le jure, excuse moi je ne… »
Je me précipite vers lui, m’agrippant à son cou avec colère.
« Ne répètes jamais plus que tu es un monstre. Tu es la plus belle chose qui me soit arrivée dans ma vie. Je t’aime Stef… Je t’aime. »
Mes lèvres se pressent contre les siennes avec la rage du désespoir. Je l’aime mais je peux le tuer. Je ne veux pas…
Pas lui…
-Mais alors pourquoi tu…
-Chhhhh, je murmure tout en le poussant, une main appuyée sur son torse, vers le couloir. Je dois partir. On se reverra Stef… Je le sens. Mais pour l’instant je dois m’en aller. C’est mieux pour nous, je marque un silence et reprend : Et surtout pour toi.
Il me fixe, une lueur de désespoir dans le regard, je voulais partir pour ne pas lui faire du mal…
Mais à voir son regard je crois que c’est déjà fait. Je dégringole les escaliers à toute vitesse.
Décidemment je ne fais que fuir et causer des problèmes.
Pitoyable…
Pitoyable…
Je cours dans les rues, je visage voilé par mes larmes invisibles et mes regrets.
Pitoyable.
Ca va? M'en suis pas trop mal sortie? Oui peut-être que c'est pas ce que vous esperiez, mais étant donné que Lay a autant de bordel dans sa tête que moi....( C'est pas peu dire) Il est logique qu'elle ai une réaction pas super attendue (qu'on va dire) Bisous!