-On y va Al Hataal. Dit-elle, décidée.
-Quoi ? Non c’est hors de question, tu ne sais pas te battre.
-J’ai une arme, c’est déjà plus que ce qu’ont ces hommes.
-Dainsleifin ce ne sont pas des enfants que tu vas combattre là, ce sont des guerriers, entraînés à tuer.
-Oui bien avec un peu de chance ils seront maladroits comme les précédents. Et puis l’effet de surprise tu connais ?
La jeune femme se penche sur l’encolure, glissant sa main sur la peau de l’étalon :
-Je ne peux pas les laisser mourir, galope maintenant, je t’en prie.
Le Meshamhaan souffle lourdement. Elle est mignonne cette petite mais là elle l’agace. Il s’élance dans la plaine, galopant à une vitesse folle pour accéder enfin à la forêt.
Chaque foulée du démon noir les rapproche des cris, elle les entend. Apparemment ces hommes donnent du fil à retordre aux chevaliers. Il faut dire que les arbres ne sont pas pratiques pour dégainer une épée.Son galop s’intensifie, Dainsleifin couvre son visage d’un de ses foulards pour ne pas se faire déchirer par les branches arrivant trop vite pour être évitées. Ils tombent dans une petite clairière.
Les Autres ont poussé les humains jusque dans cet espace ouvert pour pouvoir s’amuser à leur guise. C’est traître pense la cavalière. Traître et indigne d’un guerrier. L’un d’eux lui tourne le dos, elle lance Al Hataal au galop dans sa direction.
Elle peut le voir taquiner du bout de son épée l’un des hommes qui accompagnaient le chef aux cheveux noirs, il a déjà la moitié des membres en sang et cette enflure continue à le torturer.
-Aby, attaquer par derrière n’est pas très noble…
-Je n’ai strictement rien de noble en moi mon ami, la seule chose que j’ai c’est la colère et la volonté. Tu trouves ça noble de tuer des êtres sans défense ?!
A ces mots elle dégaine Dainsleif la Blanche, qui scintille sous le soleil, illuminant tous les regards, la fait tourner dans les airs et s’abat violement sur le cou du cavalier, traversant le cuir de son armure, ainsi que le cuir de sa peau. -Loupé. Zut.
Le cavalier s’écroule, la tête quelque peu détachée du corps, mais pas tout a fait. Son cheval s’ébroue, lance un regard à Al Hataal, qui baisse lentement la tête.
« Va l’ami, va rejoindre nos terres, tu n’as plus rien à faire ici désormais »
-C’est rien, ça viendra avec le temps…,murmure le Meshamhaan.
Les cavaliers se sont tous retournés vers Dainsleifin, la surprise se lit sur leurs visages. L’un se met à hurler dans sa langue, et se jette vers elle à toute vitesse.
Al Hataal prend peur pour sa cavalière, hors de question qu’elle meure ici et qu’il soit emmené par l’un de ces rustres. Il se jette en avant comme une lionne protègerait ses petits, poussant un cri n’ayant rien en commun avec celui d’un cheval, plus comme celui d’un Nazguhl, un ton plus bas et moins perçant. Le jument du cavalier s’immobilise de peur, Al Hataal est l’un des Grands de son peuple, mais jamais un Meshamhaan prendrait la défense de son cavalier.
Ils sont une équipe, mais n’ont pas droit de se défendre mutuellement, chacun doit avoir sa vie. Hors là il est monté par une simple humaine, et il la défend. La jument reprend une allure normale, mais a empêché l’assaut trop rapide de son propriétaire.
Les épées s’entre choquent, La lame Blanche s’abat plusieurs fois de suite, contrée à chaque fois par la lame grise. Le cavalier ricane et donne un nouveau coup dans la direction de la jeune humaine.
Elle le contre avec difficulté, la force de cette chose étant bien plus forte que la sienne. Les épées sont immobiles, chacun poussant de son côté pour avoir la victoire. Aby baisse les yeux sur le cavalier, respirant avec difficulté par la brutalité de cet échange. Ses yeux glissent sur une petite dague à sa ceinture. Sa main libre s’avance discrètement vers elle.
Aby grince des dents et gémit de souffrance pour occuper le cavalier qui commence à prendre le dessus sur elle, elle le voit sourire, d’affreuses dents jaunes se dévoilent, il sait qu’il va gagner, mais cette fichue dague n’est plus qu’a quelques centimètres.
Enfin elle la touche et la saisit de sa main gauche, la tire violement de son fourreau, et la plante dans les côtes du guerrier. Ce dernier hurle de douleur et repousse brutalement Dainsleif, Aby perd l’équilibre, le poids de sa propre épée, plus la force causée par la douleur de l’Autre, manque de la faire tomber.
Elle se raccroche à temps à la selle, laissant tomber la dague dans l’herbe souillée de sang. Le cavalier, aveuglé par la douleur lance un coup d’épée horizontal, juste au dessus du visage de la jeune femme, coupant quelques mèches de cheveux qui se trouvaient là.
Un frisson la parcours, elle pourrait être morte à l’heure qu’il est. Une secousse de sa monture la remet en selle correctement, et elle contre le nouveau coup du cavalier, puis le taille le ventre d’un coup du flanc de Dainsleif. Il hurle à nouveau, elle entend les autres cavaliers arriver pour le venger.
Ils sont à quelques mètres mais celui là c’est pas encore mort, et un cavalier pas mort, et à cheval, c’est dangereux. D’un coup de pied elle le jette à terre et se retourne pour faire face aux autres.Il n’en restait plus que trois.
Ils devaient être six au début. Elle fouilla la clairière du regard et aperçut Kaelith aux prises avec l’un des cavaliers à présent à terre. Il esquivait les coups à une rapidité hallucinante, ses cheveux virevoltant dans les airs sous la puissance de ses coups.
Le guerrier reculait à chaque pas que faisait Kaelith dans sa direction. Elle n’avait pas de souci à se faire pour lui.
Il restait là trois cavaliers.
Trois cavaliers expérimentés contre elle. Mais aucun des trois ne devait avoir un centième de la haine qu’elle éprouvait à leur rencontre…
D’une pensée elle fit bondir en avant Al Hataal, le guidant à droit à gauche, esquivant les coups d’épée et de poing. Elle taillait ici un bras, se couchait sur l’encolure pour éviter une lame qu’elle entendait siffler dans son dos, puis se redressait et plantait une jambe. Les cavaliers redoublaient de colère, et leurs coups d’intensité.
-Bravo ma grande t’as réussit à les énerver, pensait-elle ironiquement.
-Baisse toi, lui intonnait Al Hataal.Elle obéissait, il lui sauvait la vie une fois de plus. Elle se redressait et battait quelques pas en retraite. Puis feintait à droite, à gauche. Enfin l’un deux tomba à terre.
Elle ne put s’empêcher de le regarder lâcher son dernier souffle.
Ce sadisme soudain lui coûta une plaie à la cuisse. L’un des cavaliers planta son épée sans sa jambe, elle la sentit frôler son os, et écarta son Meshamhaan d’une pression de la jambe.
L’épée sortit de la plaire, laissant couler le sang. Elle grimaçait de douleur, un poing dans la mâchoire la fit choir à terre, au milieu du combat.
Elle se relevait rapidement hagarde, sa vision était troublée par la douleur. Ses pattes velues juste devant elle, sans hésiter elle plongeait en dessous et se relevait de l’autre côté, tirant de toutes ses forces sur une jambe ennemie. Le cavalier s’apprêtait à lui couper la tête mais elle fut plus vive, et brandit Dainsleif dans sa hauteur, transperçant le cavalier du menton jusqu’au palais.
Il hurla, et elle retira son épée pour la planter dans son ventre le faisant chuter. Plus qu’un. Mais ou est-il ?
-Al Hataal, hurlait elle, la voix brisée par la douleur.
Sa vision se brouillait, elle se sentait mal. Sa cuisse la faisait plus que souffrir.
-Al Hataal aide moi !! Hurlait-elle à travers la clairière.Elle boitait, cherchant des yeux le cavalier manquant, cherchant des yeux sa propre monture, celui qu’elle considérait comme un ami, un allié. Celui qui lui avait bien répété qu’il n’était ni l’un ni l’autre, simplement une aide de passage en attendant mieux. Etait-ce le moment ?
Avait-il préféré aller aider Kaelith ?
Lui qui semblait bien plus apte au combat qu’elle ? Des larmes de tristesse se joignaient à celles de douleurs sur son visage ravagé par la souffrance. Elle contemplait cette épée qui n’était pas sienne, ouvrit lentement la main et la regarda choit au sol. Rebondir dans l’herbe et perdre de sa luminosité.
Lorsqu’elle releva les yeux, elle vit une énorme bête s’élancer vers elle. Pas aussi beau ni aussi fort qu’Al Hataal, mais bien plus agressif apparemment. Il semblait se presser d’arriver devant elle et de la piétiner.
Kaelith sera maître de Dainsleif ensuite… Elle leva les yeux vers son bourreau, la colère dans le regard, elle avait été abandonnée, et cette chose en profitait… Elle échafaudait un plan pour esquiver le coup qui viendrait bien assez tôt, car mourir tout de suite ne lui plaisait pas, sa haine était toujours là, et même si d’autres méritaient plus Dainsleif et Al Hataal qu’elle, elle ne méritait pas de mourir.
L’épée se levait lentement, elle avait décidé d’attendre le dernier moment et de se jeter à terre, peut-être qu’elle aurait le dos ouvert, mais elle serait en vie. Elle regardait dans les yeux ce cavalier, ses yeux noirs immondes, sans une once de vie ou de conscience, elle les fixait, se demandant à quoi il pensait en ce moment précis.
Lorsque deux pattes entrèrent dans son champ de vision, s’écrasant violement sur l’épaule et les flancs de la monture la jetant à terre.
Al Hataal était là, devant l’énorme bête couchée, il haletait. Pourquoi ? Il n’avait eu à faire que quelques mètres. C’était de la colère. Ce Meshamhaan avait une envie de tuer aussi forte que celle de son maître, alors qu’il n’a pas le droit d’attaquer lui-même. La bête se releva agressive, et se jeta sur l’étalon, les coups étaient violents, leurs poitrails s’entre choquaient, l’écume se mélangeait.
D’un dernier coup de dent Al Hataal trancha net sa jugulaire, laissant choir son ennemi sur le sol, se vidant lentement de son sang. Le cavalier était prostré de surprise, jamais personne n’avait vu un combat de Meshamhaan, cette race étant pacifique à la base. Dainsleif se remit à scintiller, comme pour appeler à la vue.
Le guerrier et Aby l’aperçurent, l’étalon lui demeurait immobile, observant un membre de sa race mourir de ses propres dents. Le guerrier couru vers la jeune femme, pour arriver avant qu’elle n’attrape son épée.
Elle se jetait sur Dainsleif la Blanche et se retourna juste à temps pour voir s’abattre sur elle une masse de poils munie d’une épée, qui s’empala lourdement sur la Blanche, écrasant l’humaine.
Elle l’entendit agoniser sur elle, elle l’entendit prononcer des mots qu’elle ne comprenait pas, et elle l’entendit murmurer une phrase, une phrase dans laquelle résonnait Dainsleif.
« sé bog ar ais cuartaigh Dainsleif. Sé bog ar ais ! »
(Non ce n'est pas du charabia ^^ , pour l'instant C_moi peut le traduire. Vous si vous voulez savoir ce qu'il lui a dit, il faudra que vous fouillez internet à la recherche d'une langue rare, et vieille et nordique (mais pas nordique à l'est, nordique au nord, un peu à l'Ouest je crois) Bon courage aux courageux(euses) )