Vendredi 9 mai 5 09 /05 /Mai 21:25

Le sexe n’était qu’un substitut en attendant de pouvoir déverser mon désir de mort et de souffrance sur quelqu’un. Je ne compte plus le nombre de gamines que j’ai défloré dans ce village ainsi que dans les bourgades alentours. Toutes plus naïves les unes que les autres. Me vider en elles me calmait un minimum, mais l’envie était toujours là, il manquait encore quelque chose… Du sang et de la douleur peut-être…

J’étais aussi détesté qu’admiré dans ma campagne. Les combats d’entraînement à l’épée entre ma mère et moi faisaient l’animation du village. Certains paysans faisaient plusieurs lieues pour nous voir. Nos voisins se sentaient en sécurité, les voyous et autres voleurs avaient déserté la région à mon plus grand regret.

Notre ville était fière. Trop peut-être.

Lorsque l’empire Perse avait envoyé des émissaires dans la région pour nous faire gager de notre allégeance au Dieu Xerxès, j’étais absent et n’ai pas pu voir avec quelle hargne et quel orgueil le chef du village l’avait repoussé. Ca avait été stupide de sa part. Plus que stupide même. Croire que parce qu’une poignée d’habitants savaient se battre il aurait pu tenir tête à une armée entière… Enfin…

Quelques jours plus tard, l’armée marchait sur nos champs. Non bien sur, pas l’armée entière, un simple bataillon d’un petit millier d’hommes. Des esclaves eux aussi. Mais des esclaves fiers et heureux de trouver plus faibles qu’eux pour passer leurs nerfs dessus. Aucun d’eux n’étaient de véritables tueurs.
Bien sur, ils avaient tous de belles armes et armures brillantes, un uniforme de leur garnison, mais derrière cela il n’y avait rien. Toujours est il que je me retrouvais à contempler ma mère, droite et silencieuse comme une statue de marbre au centre de la grand place, glaive à la main, bouclier dans l’autre.
J’entendais déjà les rires des « guerriers » qui arrivaient devant elle. Il n’y avait plus que nous dans le village, les autres s’étaient lâchement cachés. J’avais honte d’eux. Honte de moi qui attendait patiemment un je ne sais quoi pour la rejoindre.

Vous ne passerez pas ce village, nous sommes libres. Trouvez un autre chemin pour atteindre votre but.
De nombreux éclats de rire retentirent dans l’air, comme autant de couteaux sur une carcasse de viande avariée.
L’ennui Mademoiselle, est que nous devons passer précisément par ici pour atteindre la Grèce, et étant donné que votre « nous » se résume à une pauvre femme qui se prend pour un guerrier…
Un sifflement puis le silence.

Je ne l’avais même pas vue bouger, mais je savais que les mots « pauvre » et « femme » n’auraient jamais du se trouver dans la même phrase.
La tête du soldat se trouvait loin de lui. Son corps commençait à peine à perdre l’équilibre, pour enfin tomber en arrière, arrosant de gerbes de sang son armée.

C’est à cet instant que je retrouvais ma lucidité et me jetais à ses côtés, brandissant mon épée courbe.

–Prêt pour ton premier véritable combat fils ?
–Toujours mère
, murmurais-je du bout des lèvres tandis que je foudroyais du regard les quelques pantins qui venaient seulement de relever les yeux de leur ancien camarade.
C’est bien. Ce ne sera pas le dernier.

J’eus le temps de prendre une grande inspiration, d’entendre le hurlement d’un chef, et à partir de là je voguais dans un monde parallèle. Un rêve, un paradis.

C’était encore plus bon que tout ce que je m’étais imaginé. Voir ces gens dont je ne connaissais rien se jeter littéralement sur ma lame, les voir finir leur vie entre mes mains, les voir hurler lorsque je sectionnais un bras trop curieux, tranchais une gorge trop proche était véritablement jouissif.

Je sentais mon corps se réveiller sous mes vêtements. Leur souffrance sur le visage tandis que je craquais une nuque et perforais un abdomen provoquait des spasmes dans mon bas ventre. Je ne me focalisais plus que sur le bien être que je ressentais.
Je me sentais vivant. Vivant. Libre.

L’air que je respirais n’était plus le même, je faisais ce pourquoi j’étais né, ce pourquoi on m’avait élevé. Cette vengeance que menait ma mère contre les siens, c’était moi son objet. C’était à travers moi qu’elle l’avait accomplie.
Prouver au monde que même un bâtard de non Spartiate pouvait être fort. Que même un enfant qui n’avait pas souffert de la séparation de sa famille, qui ne s’était pas battu pour survivre depuis son jeune age pouvait devenir un grand guerrier.

Je me baissais presque à genoux et sectionnais les chevilles qui s’étaient regroupées tout autour de moi pour m’encercler. Une multitude de corps s’affalèrent sur le sol tandis que je me redressais au milieu d’eux comme un diable de sa boite.
J’avais à présent quelques mètres d’écart entre les lignes ennemies et ma personne. Je voyais clairement la peur dans leurs yeux, l’hésitation et la colère. Au loin un second attroupement s’était formé autour de ma mère. Les cris retentissaient et résonnaient sur les murs du village abandonné.

Mais tandis que je me jetais à nouveau dans la mêlée, une vision me glaça le sang, des hommes sortaient des lances d’une charrette, et les amenaient vers l’attroupement de ma mère.
Je hurlais pour la prévenir, et n’entendais qu’un simple « Je t’aimerais toujours, fils. » avant le craquement sinistre de bois brisé, puis les cris déchirants de ma mère que j’imaginais transpercée de part en part.

Je ne voyais plus rien, mon cœur avait cessé de battre, je ne faisais que de fixer cet attroupement d’où retentissaient des cris, des rires et des râles.

Enfin, le silence fut. Et je les voyais se tourner vers moi, leurs sourires salaces aux lèvres…

Je refermais alors ma poigne sur la garde de l’épée, prêt à me battre encore, mais une douleur à la nuque me fit tomber en avant sur les corps empilés de mes ennemis, et j’apercevais comme dernière vision les cuissardes dorées d’un des chefs, avant de tomber dans un sommeil sans rêve.


Par Absynthe - Publié dans : Spartiate les 300 (Plus Un)(Yaoi)
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