Dimanche 7 juin 7 07 /06 /Juin 23:49


Les filles, l'heure est grave.
-Ma déco se fait la malle...
(Faites genre vous avez pas capté que je n'arrive plus à mettre autre chose qu'un fond noir sur le blog).
-J'ai pas majé depuis un mois.
(Du coup je me rattrape avec une espèce de mini fic)
-Le FN a eu 7% c'est honteux.
(ça m'a pas empêchée d'oublier d'y aller...)
-Les résultats du sondage à droite me fendent le coeur...

*quelqu'un dans le public tend une corde à la créa', qui se reprend subitement en voyant une collègue lui apporter un tabouret et une poutre*

MAIS...
-Vous vous souvenez de la vidéo que je vous ai passé dans l'article précédent? Ben Gayclic a fait la sienne. Qui est passée sur M6! Si c'est pas chouette!
-On a deux nouvelles dans le monde du Yaoi! Mélancolie, et Wanagen.
-Je m'amuse de plus en plus sur Quatre Mots, et je vous invite plus que vivement à y aller, même Joy a fait une apparition rapide. Alors vous aussi, venez partager vos avis, et venez vous affronter et nous affronter en duels d'écriture! Qu'on rigole un peu!
-Le Grenat et L'Oublié avancent.
-Le recueil de nouvelles Délice Citronné dans lequel je publie quelques pages va bientôt sortir!!
-Pure Vengeance est en correction pour être tirée sur papier. Bon heu, c'est surtout pour Danouch et moi, mais si vous avez un spasme, je vous mettrai le lien vers TheBookedition.
-J'ai trouvé le mannequin qui illustre Raziel. (Je vous dirai qui dans le prochain chapitre du Grenat Bleu, croyez moi, vous allez baver.)


Pour aujourd'hui, je vous offre gracieusement une vidéo qui m'a beaucoup fait rire, avec des pingouins (siouplait quoi).


Et puis... Hm...
Place à l'histoire!

Adrénaline.

Je fixais les bottes de cet homme depuis plus de cinq minutes.
Elles étaient une véritable insulte à notre bonne vieille ville maritime.
Usées, informes, d’un cuir brun foncé aux multiples lacérations qui taillaient le cuir sans jamais le percer.
Sur le repli de la droite, il y avait un impact de balle. Elle devait avoir été tirée pendant un abordage ou une bagarre de taverne et simplement avoir passé le cuir et frôlé la jambe.
Du côté externe, une grosseur singulière laissait deviner que le propriétaire y avait glissé un poignard.
Pauvre mec. J’avais essayé une fois, je m’étais déchiré l’os de la cheville au premier malheureux pas en biais et avais marché comme un canard pendant trois semaines.
J’avais amèrement regretté ce « changement » dans ma vie.
Oui parce qu’ici, tout est le plus routinier possible.
On aime pas l’évolution. On aime pas l’imprévu. Chaque minute de notre vie est réglée comme du papier à musique.
Sous la semelle, un bout d’algue dépassait. Je savais bien que tout le monde dans la pièce l’avait remarqué.
Ce petit bout d’algue verte, qui pointait, vulgaire et indécent sur le magnifique sol de bois de chêne.
Un marin.
Un de ces hommes qui partent à l’aventure, qui n’ont ni foi ni loi.
Et il n’avait pas l’air d’être parmi les plus sages. Pas d’uniforme. Ces bottes à la fois hideuses et magnifiques tant elles me figeaient, m’intriguaient et me tentaient.
Ici, je suis né, j’ai été élevé, apprenant quelques langues, pas trop pour ne pas insulter l’honneur des nobles, je suis entré en apprentissage sous la tutelle de mon père. A dix huit ans je me suis marié avec une jeune femme du port.
On s’était déjà croisés.
Vaguement.
Pas un de nous n’a pensé à dire non. Nous étions de riches bourgeois. Elle était laide.
Laide mais gentille, vive et assez cultivée.
Dans un an il faudra que je lui fasse un enfant.
Il sera sans doute aussi blond que ses deux parents, et j'espère de tout coeur qu'il héritera de mes yeux gris plutôt que de ses yeux bovins marrons.
Le fait que je n’en ai pas envie n’entre pas en compte. C’est comme ça. Tout se fait sans heurts ici. On accepte tout. On ne se met pas en danger.
Mais ces bottes…
Déjà elles avaient éveillé ma curiosité.
Moi qui pensais être réduit à vivre en zombie, pratiquant toute ma vie ce que je n’aime pas particulièrement faire.
Et lorsque je levais les yeux vers son propriétaire, j’en avais le souffle coupé, et je ressentais enfin quelque chose qui n’était jamais apparu chez moi.
L’excitation.
J’avais cru voir un marin. Mais ce que j’avais en face de moi n’était rien d’autre qu’un pirate.
L’expression « Loup des Mers » prenait d’un coup tout son sens.
Je crois que c’est le premier véritable homme que je vis.
Il était grand. Pas autant que mon père, mais pas loin du mètre quatre vingt dix tout de même. Des cheveux noirs comme les indiens et les mayas en ont.
Attachés en un catogan bas. Lâchés, il auraient sans doute pu descendre jusqu’au milieu de son dos et j‘imaginais sans peine l‘odeur salée du large, d’embruns et des dépôts d‘écume que l‘on pouvait y sentir si on y enfouissait son visage. Mais pour l’heure, seules quelques mèches s’échappaient de la coiffure soignée pour encadrer son expression sévère aux traits fins.
Une peau burinée par le soleil, naturellement bronzée de base, comme celle des hispaniques et brésiliens. Ça changeait. Il n’y avait pas à dire.
Ici, les bronzés sont les pauvres, forcés de travailler au soleil. Les musclés sont les pauvres, forcés d’utiliser leurs muscles pour vivre.
Je détachais mes yeux de cet homme, pour regarder les autres personnes dans la salle.
Mon père, une épée à la main, venait d’arrêter son cour d’escrime royale avec un jeune noble.
Nous sommes une famille de maîtres d’arme. Il m’apprend à manier la lame depuis mes onze ans. Et je dois dire que je me sens aussi ridicule qu’une danseuse lorsque je croise le fer avec lui.
Nous sommes doués cela va sans dire.
Mais aucun de nous ne sue. On ne sue pas ici, on ne va jamais au bout de ses forces. Tout est perfection du geste. La rapidité et l’adresse valent mieux que la force.
Et les quelques fois ou j’ai osé me servir de mon poids et de mes muscles pour combattre, je me suis fait punir.
Ah non, pas rouer de coups. C’aurait été indigne d’un citadin. J’ai été enfermé dans ma chambre durant un mois.
Ça n’empêche que « bien » faire ôte tout le naturel d’un combat.
-Bonjour. Je cherche des sabres à acheter. Et un à réparer.
Il avait dit ça tout naturellement. Nous jaugeant du regard. Ne posant les yeux sur moi que très brièvement.
Chacun d’entre nous avait compris qu’il était un pirate.
La question que nous nous posions tous était « comment osait-il venir ici, alors qu’il se fera tuer s’il croise une milice? » et « comment ose-t-il venir ici, jusque dans la demeure du maître d’armes de la ville, sans craindre son courroux? ».
-Je suis maître d’armes. Pas forgeron, répliqua mon père, glacial.
Même en regardant de profil, je voyais que dans les yeux de l’homme brillait une lueur étonnante, je ne pouvais la déchiffrer mais ce qui se déroulait à cet instant, l’indignation des habitants et le danger qu’il courrait semblait l’amuser, le fasciner, et en aucun cas l’effrayer.
-Dans ce cas je cherche la demeure du forgeron. Pourriez vous me l’indiquer?
On voyait très bien qu’il faisait un minimum d’efforts pour être courtois et présentable.
Déjà ses vêtements étaient propres bien qu’abîmés, tout comme ses cheveux, et il était rasé de près. Sa façon de parler n’était pas vulgaire… Mais manquait cruellement de savoir faire.
Un homme de ville aurait répondu « Mes sincères excuses pour cette intrusion. Pourriez vous je vous prie m’indiquer le forgeron le plus proche? » ou quelque phrase alambiquée de la même sauce.
Tous les hommes à l’intérieur de la salle, tous tournés vers lui sans exception, une main sur la garde de leur épée, étaient figés dans leurs vêtements à la mode. Chemise à jabot, pantalon de toile noire, chaussures cirées, boucles parfaites ou catogan irréprochable.
Aucun ne semblait prêt à l’aider, et mon père fit un pas en avant, menaçant.
-La forge est loin dans les vieux quartiers. Je vais vous y conduire, lançais-je sans m’en rendre compte, avec une vivacité qui m’était rare.
-Non tu n’iras pas. Répliqua mon paternel d’un ton ne permettant aucune négociation.
A vrai dire je m’en foutais. Je venais de croiser le regard le plus vibrant que j’avais jamais vu.
On aurait pu m’annoncer ma mort dans l’heure, j’aurais simplement répondu « Amen ».
-Bien père. Soufflais-je machinalement, les yeux rivés à ceux de l’inconnu.
Ils étaient verts.
Ou gris.
Une couleur pas forcément banale mais tellement sobre et vague que l’on ne pouvait distinguer de teinte précise.
Au final l’important n’était pas leur pigmentation, mais ce qu’ils exprimaient.
Ils auraient pu être cyans zébrés de fuchsia, pailletés d’éclats de lune et ayant des reflets des forêts les plus profondes qu’elles en sont émeraudes… on aurait même pu dans ces forets distinguer des écureuils à la cime des arbres et des fruits jaunes et orange à mi-hauteur que ça n’aurait rien changé à leur pouvoir statufiant.
Leur gris-vert leur suffisait parfaitement… Et faisaient monter en moi un sentiment que je ne connaissais définitivement pas.
Des centaines de mots se précipitaient dans mon esprit pour le qualifier mais je n’arrivais à en trouver un satisfaisant.
Danger.

Joie.

Peur.

Envie.

Alarme.

Émoi.

Perdition.

Fébrilité.

Péril.

Ivresse.

Risque.


-Bien. Messieurs, je vous remercie de votre accueil. Fit-il en brisant notre instant « privilégié ». Ainsi que pour la proposition que je me vois obligé de décliner pour ne pas froisser votre famille, ajouta-il en se tournant vers moi et simulant une révérence peu officielle mais définitivement gracieuse, et je rougissais de honte de me voir considéré presque comme une femme.
Il sortit de la salle et du bâtiment aussi simplement qu’il en était rentré, poussant le vice jusqu’à admirer ironiquement une peinture dans le couloir, l’air parfaitement naturel d’un homme parfaitement honnête.
Je reportais mon attention sur les occupants de la salle de duel, et je les vis s’animer d’un coup d’un seul, comme des poupées d’argiles auxquelles on aurait subitement donné la vie. Tous reprirent leurs conversations et leurs joutes comme si de rien n’était.
Mais je savais que cette entrevue resterait dans les mémoires de chacun, bien qu’il fasse tout pour en occulter la présence.

***

Il était un peu plus de vingt-deux heures.
Je faisais la même balade digestive que je faisais depuis l’age de quatorze ans. Toujours la même. Les rues de la ville, puis le port, pour admirer les bateaux et les marins à l’œuvre dessus, préparant le départ du lendemain à grand renforts de cris -et de rhum, accessoirement-, ensuite je monte sur la falaise et descend vers la crique, puis rentre par la route jusqu’à la demeure conjugale.
Une routine effrayante en somme.
Le repas du soir avait été un peu plus animé que d’habitude. J’avais raconté l’épisode du pirate à ma mère et ma femme lorsque nous étions à table, et mon père m’avait fusillé du regard, contant ensuite ma folie et mon inconscience.
Toute la famille me dévisageait étrangement, je ne m’en étais pas rendu compte, mais les termes que j’avais utilisé pour qualifier le pirate étaient bien trop élogieux… Aussi je me levais avec un peu plus d’empressement qu’à la normale, et sortais me promener, pipe à la main.

Lorsque j’arrivais près de la crique, ce fut pour y découvrir une animation rare dans les environs. Un feu avait été allumé sur la plage, et de nombreux hommes étaient installés à son abord, riant, criant, jouant de la musique et certains même dansant.
Pas une femme dans le groupe. Il faut dire que dans ma ville portuaire, les prostituées et femmes légères disparaissent aussi naturellement qu’une vache malade dans un troupeau.
Pauvres pirates. Leur escale devait leur sembler bien fade. Pas de femmes, pas de boissons, pas d’armes, personne d’accueillant.
Je me réprimandais mentalement. Accueillir des pirates… C’en est presque un blasphème tant c’est irréel.
Et brutalement, je réalisais qu’ils étaient encore là.
Des pirates.
A proximité de Notre petite ville portuaire.
Quel culot!
Quelle folie…
Je m’asseyais dans l’herbe sèche, un peu en retrait du chemin qui menait à la plage, assez loin pour qu’ils ne puissent me voir, et assez haut sur la côte pour pouvoir tout distinguer de leurs faits et gestes.
Ils était intéressants.
Mais loin d’être aussi fascinants que l’homme de cet après midi.
Je souriais dans l’obscurité.
S’ils étaient là. Il ne devait pas être bien loin.
Les rayons de la lune réfléchissaient leur fade clarté sur les voiles grises et déchirées du navire amarré plus loin dans les eaux profondes, le faisant apparaître presque fantomatique alors qu’il oscillait au rythme des vagues de la nuit.
Des yeux, je survolais les barques échouées, tirées sur le sable. J’aurais du courir en ville, ameuter les soldats et villageois, pour aller décimer tous ces tueurs, voleurs et hommes de peu de vertu, mais je n’en faisais rien, et restais là, à mâchonner la tige d’une plante quelconque.
Les minutes passaient et je commençais à devenir nerveux. J’avais beau faire glisser mon regard encore et encore sur les pirates, je ne distinguais pas l’homme qui m’avait tant perturbé durant l’après midi.
Le bâtiment au loin n’avait pas la moindre lumière allumée, et aucune barque n’y était amarrée… Il aurait du être là…
Les marins s’écroulaient peu à peu, terrassés par l’alcool.
Certains se battaient, se roulant dans le sab…
Ah non.
Certains se pelotaient. Se roulant dans le sable comme des amants épris l’un de l’autre qui ne s’étaient vus depuis des années.
Quelle passion…
J’en oubliais même d’être choqué.
Et j’en oubliais aussi d’être méfiant.
Car les deux amants que j’avais pris pour de vulgaires bagarreurs se dirigeait vers la montée ou je m’étais installé pour les espionner. Et à présent, il était trop tard pour que je me lève et recule.
Ils m’auraient vu ou entendu, l’herbe est sèche, et les branches mortes ne sont pas rares.
Alors je restais là, figé, tendu, et plaquais ma main sur mes lèvres lorsqu’ils commencèrent à se dévêtir.
De là ou j’étais, je ne voyais que les reflets des rayons de la lune sur leurs peaux en sueur, le roulement de leurs muscles, le contraste entre leurs cicatrices, leurs cheveux emmêlés et leur salive qui rendait leur peau miroitante.
Je ne savais que faire, et la seule chose que je voulais était de m’en aller le plus vite possible.
Et que mon cœur battait de plus en plus fort et que je grimaçais de gêne à les entendre souffler et gémir, une main rude s’abattit sur mon visage, me coupant la respiration et me tirant en arrière, me faisant passer d’une position assise à couchée.
Une pierre s’enfonça dans mon dos et je lançais mon poing dans la direction de mon agresseur sans plus attendre, secouant la tête comme un damné pour échapper à son emprise.
Mais alors que je croyais attendre sa joue, il bondit par-dessus moi et atterrit sur mes hanches, de façon à ce que nous soyons face à face.
Un effroyable craquement de branches répondit à ce geste et je devinais que les deux autres pirates allaient rappliquer. Je clignais des yeux et me figeais.
C’était Lui. Il me fixa un instant, avec un sourire effrayant et je sentis mon cœur s’emballer dans ma poitrine. Il se redressa brusquement et gronda aux amants que je voyais debout dans les hautes herbes un peu plus bas:
-Allez faire vos saloperies ailleurs!
Des herbes craquèrent encore, et je les entendis s’éloigner en râlant, me laissant seul avec mon futur bourreau.
Il se retourna vers moi, ses cheveux étaient décoiffés mais toujours vaguement attachés au niveau de sa nuque. Dans l’obscurité ses yeux paraissaient tout aussi spectraux que le navire sur lequel il voguait.
D’un mouvement fluide il tira le poignard de sa botte et le posa sur ma joue, le métal tiède entrant en contact avec ma peau brûlante sous la peur.
Car oui, j’avais peur. C’était rare, mais j’avais devant moi un pirate qui devait protéger ses collègues et compagnons de voyage. Je savais qu’il n’hésiterait pas une seconde.
Le sang parut quitter mon visage et tout le haut de mon corps pour se placer dans mes jambes qui ne demandaient qu’à courir.
Ma respiration se faisait stridente, une de ses immenses mains écrasait ma poitrine et m’empêchait de respirer correctement. Je n’osais même plus tenter de me défendre avec mes bras tant la partie était perdue d’avance.
Il pencha son visage vers moi, lentement, très lentement. Trop lentement.
Je tremblais de peur, les yeux grands ouverts, et je tentais d’hurler sous sa main.
-Chut.
Sans savoir pourquoi, j’obéissais. Nous n’étions séparés que de quelques centimètres. Minuscules centimètres, et je pouvais sentir son haleine. Pas une miette d’alcool. En revanche, l’odeur fruitée de raisins et de pommes se répandait sur mon visage jusqu’à m’étouffer pratiquement.
-Tu sens ça?
Sent quoi?!
-C’est ça que tu es venu chercher ici.
Chercher quoi? La mort? La trouille? Je crève de peur connard.
-Ton cœur s’emballe, tes jambes tremblent, tu pourrais courir des kilomètres…
Le plat de son couteau glissa sur ma peau et je tremblais, encore. Toujours sa main sur mes lèvres, il se pencha un peu plus, jusqu’à atteindre mon oreille et souffla:
-C’est l’adrénaline.
Je gémis.
La honte. Sa voix me faisait le même effet que pendant la journée.
-Profite. Ca ne dure que deux minutes.
Le même en pire en fait.
Je sentais mon pouls battre contre sa paume, à toute allure, déchaîné. Mon dieu oui. L’adrénaline.
Il retira sa main de mes lèvres et je lâchais à toute vitesse:
-Je ne suis pas armé, je ne dirais rien je vous le jure.
-Je le sais voyons.
Il rit doucement avec un regard presque tendre et je restais là, sous lui, perdu.
Il se redressa un peu, assis sur mon bassin, contemplant le ciel sur lequel des nuages détonnaient avec le noir des cieux, jouant avec la pointe de son couteau.
Me me relevais sur les coudes, mal à l‘aise. C’était une position tout à fait inappropriée… Inconvenante même.
-Je peux partir alors?
-Non.
-Pourquoi?
-Parce que je vais t’offrir ce que tu recherches. Et tu es bien tombé parce que c’est une véritable drogue, et j’en suis fou.
-Non mais je suis pas sûr de vouloir franchement sav…
-Chut.
J’obéissais à nouveau. Tendu, toujours sur les coudes.
-Relaxe toi.
Je le regardais, sceptique. Je suis chevauché par un pirate qui souhaite que je me relaxe.
Quelle blague.
Il plaça son couteau entre ses dents, et appuya sur mes épaules, d’abord doucement, puis de plus en plus fort jusqu’à ce que je me couche entièrement.
Je grimaçais. Pourquoi ne le frappais-je pas? Peut-être parce que je n’en avais aucune envie. Sans doute parce que je ne savais pas me battre.
-Respire calmement. Ferme les yeux.
J’obéissais. Toujours. Le calme m’envahissait lentement, sa voix me berçait, m’hypnotisait. Je ne lui faisais pas confiance, ça non. Mais je l’écoutais quand même.
Quelques minutes passèrent, et d’un mouvement souple et rapide il se releva entièrement et me flanqua son pied dans les côtes.
-Debout, fit-il d’une voix rude.
Je me relevais à mon tour, me massant l’endroit qu’il avait frappé sans douceur, et le fixait, cherchant à savoir ce qu’il voulait à présent.
Il me fit un petit sourire et tira de sa ceinture un long pistolet qu’il chargea sous mes yeux écarquillés.
-Att… Attendez, vous faites quoi là? Je vous ai dit que je ne dirais rien. Vous pouvez me garder près de vous jusqu’à votre départ pour en être sur pourquoi vous…
-Je te rends service.
-Je suis pas tout à fait convaincu, murmurais-je en reculant d’un pas, puis d’un autre.
-Tu vas courir. La peur au ventre et ventre à terre…
-Hein?
-…Parce que si tu ralentis, ou si je te rattrape, je te tirerai dessus.
-Mais ils vont vous entendre au port…
-Crois moi, j’en doute.
-Mais je…
-Cours.
-M..
-Ou je te tue.
Comme pour appuyer ses dires, il tendit son arme dans ma direction. Je hoquetais et partis en courant dans la direction qu’il me désigna du menton.
Il n’y avait rien par là. Hormis d’autres falaises, d’autres pentes bien plus escarpées, et d’autres criques inhabitées.
Je me retournais pour voir une dernière fois si c’était une vaste blague, et l’aperçus quelques fractions de secondes dix mètres derrière moi, ses yeux luisant dans l’obscurité avant qu’il ne me tire dans les jambes, juste derrière les talons. Aussitôt, mon cœur fit un bond, et je bondissais en avant, me ruant sur le sentier qui surplombait la crique des pirates qui s’étaient tous relevés à l’entente de la détonation, et qui à présent chargeaient leurs armes et ouvraient le feu alors que je me précipitais le plus vite possible hors de leur tirs. Mes jambes me portaient par pur réflexe et je savais que si je réfléchissais à leur trajectoire je tomberais tant leur vitesse était inhabituelle pour moi.
Mes battements de cœur résonnaient dans mon crâne presque aussi fort que la voix rugissante de mon pirate qui hurlait sur ses compagnons quelque chose que je n’entendis pas.
Ce que je remarquais en revanche c’est l’arrêt des coups de feu. Je respirais d’un coup plus librement, et me retournais à nouveau vers le pirate, qui rechargeait son arme avant de tirer à nouveau.
La balle siffla à mon oreille et un rugissement sourd de peur sortit de mes entrailles alors que je bondissais sur un rocher pour atteindre la plateforme d’une autre falaise.
Je ne voyais rien, et finit par me vautrer au dessus d’un buisson poussant entre les roches. La sueur collait le tissu de ma chemise à mon dos, et des larmes de peur coulaient sur mes joues.
Je ne comprenais rien, j’était angoissé, apeuré, littéralement effrayé. Je me remis debout et repartit en courant, l’air frais du large me fouettant le visage, collant des mèches de cheveux qui s’était échappés de ma queue de cheval à mon front trempé.
Soudain une prise sur mes jambes me fit m’effondrer au sol, et un corps brûlant remonta le long de mon dos. Jusqu’à ce que deux jambes se placent de chaque côté de mes hanches et qu’une poigne forte ne me retourne sur le dos.
Face à moi, essoufflé, en sueur, carrément magnifique, le pirate dont je ne connaissais toujours pas le nom.
-Calme toi, souffla-il en s’écroulant sur mon corps déjà bouillant pour reprendre son souffle. Je ne vais pas te faire de mal. Respire. Prends conscience de toutes les parties de ton corps. Sens comme tout est détendu, tu sens cette euphorie qui te gagne? Ce bien être?
-Là je suis plus à deux doigts de me pisser dessus de peur qu’autre chose espèce de malade, crachais-je avec le peu de forces qu’il me restait.
-Fais moi confiance. Inspire profondément et apprécie.
J’inspirais alors, et finis par éclater d’un rire nerveux et douloureux à cause de son poids sur ma poitrine.
-C’était juste fou. Bon Dieu j’aurais pu me faire tuer, et je me retrouve allongé sous mon bourreau.
Je continuais de rire et je me sentais décoller, totalement à l’ouest, tout mon corps paraissait détendu, léger, immatériel. Je sentais le pirate rire dans mon cou.
-Tu vois comme c’est magique?
Je crus sentir ses lèvres s’attarder contre ma peau en une caresse aérienne, humide, délicate que je fis mine de ne pas remarquer. Puis il se dégagea et se laissa tomber à mes côtés, et nous restâmes tous deux à regarder le ciel et les quelques étoiles qui apparaissaient entre les nuages.
-Et ça c’est l’adrénaline?
-Ça c’est l’adrénaline couplée avec la Vie. Et la volonté de pousser son corps à ses limites les plus extrêmes.
-Donc…
-Donc ouai, globalement c’est l’adrénaline.
-C’est bon… Je soupirais, presque extatique.
Tout était redescendu, et je me sentais apaisé, un peu vide, mais si calme, si… en vie.
-T’en veux encore?
-Tant que tu ne me tues pas… Oui.
Je le sentis s’accouder près de moi, je tournais la tête et tombais nez à nez avec ses yeux. Magnifiques. Mon souffle se coupa un instant avant de reprendre un peu plus rauque, et je souriais comme un enfant.
-Ça… Il s’approcha un peu plus de moi et inspira profondément, le nez dans mes cheveux détachés par la course.
-Qu’est-ce que vous… Qu’est-ce que tu fais?!
-Je sens l’odeur de la bourgeoisie sur toi. Elle commence à peine à s’estomper.
J’avais une énorme envie de me mettre bégayer et à rougir de cette approche. Pour la couleur c’était déjà fait, mais l’obscurité camouflait tout.
-Hm.. « Ça… »?
-Ça je peux pas te le promettre.
-Mais…
-Sans risques, la vie ne sert à rien.
Je serais les lèvres. C’est vrai qu’elle ne m’a jamais servi à quoi que ce soit, et la vie que j’ai mené n’a été qu’un long coma jusqu’à ce soir.
-Viens.
Sa main s’empara de la mienne, et je fermais les yeux une seconde, alors qu’il nous remettait sur pieds.


Lorsque je les rouvrais, c’était pour les plonger dans les siens, si proches. Tellement proches que je sentais son souffle sur mes lèvres et à ma grande surprise, je ne m’en sentais ni offusqué, ni dégoûté.
Ses mains remontèrent le long de mes bras, et glissèrent jusqu’à mes épaules, m’arrachant un frisson alors qu’il me retournait face au large, d’un mouvement sec.
Un de ses bras s’enroula autour de ma taille et il me fit franchir les derniers mètres qui nous éloignaient du bord de la petite falaise.
Son dos se plaqua contre le mien alors que la pointe de mes pieds se trouvait dans le vide, et j’enfonçais mes ongles dans sa chair, avec l’espoir de le faire reculer.
-Non. Soufflais-je.
-Si.
-Les rochers en bas… C’est du suicide.
-…Ou de la folie.
-Je ne veux pas me retrouver seul dans l’eau, ballotté par les vagues, avec pour seule compagnie un cadavre désarticulé et une jambe cassée.
-Fais moi confiance.
-C’est pas une question de confiance, vous ne connaissez pas cette eau, tu ne…
-Chhh…
Ses lèvres se collèrent à ma gorge tandis qu’une de ses mains s’infiltrait sous ma chemise.
-Garde les yeux ouverts. Et apprécie ce moment, c’est peut-être le dernier.
Mon dieu…
Je sentis tous ses muscles se tendre d’un coup contre moi, et il nous projeta dans le vide.
Un hurlement de terreur s’extrait de ma bouche alors que je voyais l’eau tourbillonnante se préparer à nous accueillir, mais sa main agrippa mon visage et le tourna vers le large;
Je ne sais si ce fut le contact de sa peau sur la mienne, nos mains liées ou bien la vision presque apocalyptique du ciel qui rougeoyait déjà à l’horizon et de la mer encore couverte du reflet de la lune, mais mon cœur fit un sursaut autre que de peur. Et je sentis avec délice sa drogue m’envahir.
Un sourire m’atteint et je tournais les yeux vers mon pirate à temps pour nous sentir nous fracasser contre l’eau qui me fit l’effet d’une plaque de marbre.

Je repris conscience quelques instants plus tard, alors qu’une poigne de fer me tirait par le col de ma chemise à travers les rochers qui fendaient la mer comme autant de lames de rasoirs effilées.
Je ne sentais plus mes jambes, je ne sentais plus grand-chose en fait. Je me sentais sourire, et le sel piquer la peau à vif sur certaines parties de mon corps.
Je clignais des yeux et croisais le regard fou de mon pirate disparaître entre les vagues qui tendaient ses cheveux comme une couronne et les rabattaient sur son front comme un vent furieux.
Sa prise se relâcha un instant, et son bras passa autour de mon torse pour me ramener vers lui et me coller contre son corps.
Doucement nous nous éloignâmes du pied de la falaise, et il nous amena à une minuscule plage de galets ronds tannés par le rythme incessant de la marée.
Je le sentis m’allonger, presque avec précaution, -presque seulement vu que ma tête heurta le sol avec un bruit sourd- et il s’écroula à mes côtés, le souffle court de l’effort qu’il avait du faire pour me sortir de là.
Mon bras se tendit un instant, et ma main rejoint la sienne entre nos deux corps. Je pressais ses doigts en une caresse fébrile:
-Tu es complètement fou.
-Tu en rêvais depuis des années.
-Je n’avais même pas idée qu’on puisse faire ça, répliquais-je.
-Il y a des tonnes de choses que les hommes civilisés se refusent tu sais… Et c’est bien dommage…
Je ricanais en me retournant sur le côté, ignorant les langues vicieuses de la mer qui effleuraient mes pieds toujours immergés:
-Si par là tu veux dire courir sous une pluie de balles et se faire menacer à l’arme blanche et sauter de falaises -même petites- c’est normal qu’ils se le refusent. C’est dangereux. Même pour atteindre l’euphorie de l’adrénaline.
-Le danger c’est la vie. Et il y a d’autres moyens de trouver l’adrénaline tu sais. Mais ils pendent ceux qui le font.
-C’est vrai? Qu’est-ce que c’est?
J’étais littéralement intrigué, je m’approchais les yeux agrandis par l’excitation, j’étais prêt à tout.
Il plissa les yeux, se débarrassa d’une mèche gênant, et regarda aux alentours:
-Tu sais, c’est risqué…
Je m’approchais, toute fatigue disparue, mes jambes me faisaient souffrir mais je n‘en avais rien à faire.
-Allez dis-moi on est tout seuls.
-C’est-à-dire que…
Je le voyais hésiter, avec une moue effrayée qui ne lui ressemblait pas, et je levais la main pour lui toucher l’épaule et l’inciter à me répondre.
-Allez, s’il te plait…
Mais alors que je l’effleurais, une poigne brusque vint saisir mon poignet et le tira de telle manière que je me retrouvais projeté sur le corps du pirate. Je relevais la tête pour le fixer, ahuri lorsqu’il lança:
-Bon d’accord, puisque t’insistes!
Sa main s’abattit sur ma nuque, m’empêchant de reculer, et ses lèvres se plaquèrent contre les miennes, violemment. Mon cœur fit un bond. Il m’avait dupé. Le bougre!
Toute mon âme fit un saut. Jamais on n’avait osé m’embrasser ainsi.
Mes mains poussaient sur son torse pour se défaire de son emprise mais tout ce que j’arrivais à faire c’est de contracter ses abdominaux qui se mouvaient sous moi, et sentir ses pectoraux rouler sous mes doigts.
D’un mouvement de hanches tout aussi rapide que s’il venait de se lever d’une nuit de repos parfait, il roula sur moi, relevant mes bras au dessus de ma tête, claquant mes poignets sur les galets, et plaquant son bassin contre le mien.
De sa main libre il écarta mes jambes et s’inséra entre elles, remontant ma cuisse le long de sa hanche alors qu’il se penchait pour plonger son visage dans mon cou, mordant un grand coup dans ma chair, me faisant crier de douleur.
Je me cambrais, je me débattais, et plus je le faisais plus je sentais son corps contre le mien ses muscles si durs sous sa peau, et le ciel rougeoyant qui éclairait sa peau, la rendant cuivre et bronze, pailletée de sel. Tout me troublait, et la sensation de peur et de douleur refluait lentement.
-Tu me fais confiance?
-Non.
Il ricana et lécha ma clavicule, écartant d’une main rageuse les pans de ma chemise pour caresser mon torse.
Je sentais l’eau remonter jusqu’à mes cuisses. La marée montante…
D’un mouvement de reins, il nous souleva tous les deux, et se mit debout pour sortir de l’eau qui montait à une vitesse ahurissante.
Il nous dirigea vers un énorme rocher au milieu de la plage et nous fit grimper dessus, juste à temps pour que l’eau l’entoure et continue de monter, nous laissant au sec alors que toute la surface de galets était inondée.
Lorsqu’il me reposa je m’aperçu que je ne l’avais pas lâché durant les quelques mètres sur lesquels il m’avait porté. J’étais resté là, agrippé à son cou, respirant son odeur si masculine, si sauvage…
Mon dieu.
-Je te fais confiance… Soufflais-je pour moi-même.
-Tu es le dernier à t’en rendre compte, murmura-il en réponse alors qu’agenouillé entre mes jambes il se pencha pour reprendre mes lèvres.
Je les gardais closes. Pour la forme peut-être… Je ne saurais le dire…
Mais lorsqu’il saisit mes cheveux à pleines mains et qu’il les tira en arrière, j’ouvris la bouche pour protester et il s’insinua dans ma bouche, m’étouffant, me caressant. Mon dieu je gémissais comme un beau diable et il plaqua son bassin contre le mien, me poussant un peu plus loin sur le rocher.
Sa main glissa le long de mon ventre jusqu’à atteindre mon entrejambe, et je perdais tous mes moyens, me jetant sur ses lèvres de moi-même, ne réprimant même pas le grondement de désir qui me parcourait de part en part.
Je sentais mon sang pulser à mes tempes.
L’adrénaline.
Encore elle.
Il serra un peu plus son bassin contre le mien.
-Tu la sens?
-Oh putain oui!
-T’en veux plus?
-S’il te plait!!
Nos vêtements furent baissés et écartés, mon corps subit le même traitement, et enfin, je sentis l’extase me gagner, un surplus de sa drogue se répandre dans chaque parcelle de mon être alors que nous ne faisions plus qu’un.
Ses grondements et mes cris furent perdus dans le fracas des vagues s’abattant autour de nous, notre sueur fut effacée par l’écume des vagues qui giclaient jusque sur nos corps, et le ciel s’éclaircissait peu à peu, jusqu’à être entièrement orangé.
Nous étions en vie. Heureux, en danger, et totalement fous, mais en vie.
L’adrénaline était là pour nous le rappeler.
J’étais drogué, il était littéralement accro, et je donnerai tout pour rester au plus proche de cette drogue jusqu’à la fin de mes jours.

Lui.
L’adrénaline.

Oh oui… Jusqu’à la fin de mes jours.


Voilà voilà, en espérant ne pas vous avoir endormies!
C'est pas du haut niveau, c'est pas bien fameux etc etc. Mais bon, c'est tout ce que je fais ces temps ci donc.... ^^
Par Absynthe - Publié dans : Cock Tales Cocktails - Communauté : Amours Acidulés
Ecrire un commentaire - Voir les 22 commentaires
Retour à l'accueil

Résumés des Fics

Sites Amis

Page Facebook des Pensées d'Absynthe 

 

 

  logo-fn-copie-1.gif

 

 

A cliquer pour faire plaisir voter pour la créa!

Akaiyume

 

 

Traduction:

Katika Locke

Broken Wings VO

Son site

   

 

Sites de fictions, blogs:

La créa' s'est permit de faire le ménage entre les sites abandonnés, les sites en pause avec peu de contenu et les autres.

Si vous souhaitez figurer ici, ou si je vous ai oubliés, signalez le!

 

Miyahow New!

Deadly

Inrainbowz  New!

Lino

Pearl  New!

Lila New!
Electre
Perri et Joy
Joy
Perri
Merlin
Danouch
YaYa
Ambroisie
Mai Lynn
Emy
Ley
Cicipouce
Utopia
Natsuko
Jijisub

 

Sites, scantrads:

Boys'n Love Scantrad BLS

Collection Arrow
Library of Moria (Agl) <3
MDR, Marre Du Drarry
TheBookEdition

Dessins:
Yaoi-Gallery (Moz)

Divers:

C'est la Gène

{Attention, site de connards}
Homotographie <3 <3
A cause des Garçons <3
Bashfr DTC <3
Gayclic
SuicideGirls
Encylopénis
Têtu
Bellazon


Liens pratiques:
Synonymes
Prénoms
Test de rapidité de frappe sur clavier
Refaire la déco (CSS) de son blog
Héberger une image
Générateur de code couleurs
Générer son nom de plume
(à partir de son nom et prénom)

 

Histoires Lues, et En Lecture

 
Créer un blog sexy sur Erog la plateforme des blogs sexe - Contact - C.G.U. - Signaler un abus - Articles les plus commentés