Mardi 5 mai
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18:40
Ouverture d'une nouvelle rubrique, ici je collerai mes histoires parasites. Celles qui me trottent dans la tête et m'empêchent d'avancer les autres.
Première histoire tirée d'une VDM (voir lien à droite):
Aujourd'hui, je me demande encore quelle était la probabilité pour que mon patron (qui disait être en voyage d'affaires) et moi (qui
avais fait un faux certificat médical), nous nous retrouvions au même concert de rock. Probablement une chance sur un million. Eh oui. VDM
Trois quarts d'heure qu'il tournait en rond. Trois longs quarts
d'heure, et les coups d'oeil fréquents qu'il lançait à ses chaussures fraîchement cirées hurlait à qui voulait l'entendre qu'il avait mal aux pieds.
Oh non bien sûr, pas que le sol soit plein d'aspérités, une merveilleuse moquette gris perle -cachant merveilleusement les tâches de café des maladroites mal réveillées- s'étendait à perte de
vue.
Simplement que ces chaussures étaient neuves, et que jamais une paire de pompes ne pourrait remplacer ses éternelles baskets noires, larges, diformes, divines et nettement moins laides que ces
Bexleys qui lui avaient couté plus de deux cent euros.
Trois quarts d'heures qu'il tournait en rond avec à la main sa feuille d'arrêt maladie -faux, s'il vous plaît!- qui lui donnerait une semaine de vacances extras sous prétexte d'aller se faire
opérer -une deuxième fois- de l'apendicite.
Il avait tout prévu pourtant.
La moue douloureuse, l'oeil humide, le pli de la lèvre légèrement relevé pour faire croire qu'il tentait de sourire mais qu'il n'y arrivait pas faute de confort. Tout.
La démarche légèrement voutée, il était arrivé règlé en parfait malade prêt à se faire internet à l'hôpital civil, avait franchi les premiers mètres hors de l'ascenseur, et avait immédiatement
senti dans l'air que quelque chose avait changé.
Ce n'était pas son absence qui provoquait ce léger changement presque imperceptible. Non, comme si le plus gros je m'en foutiste de la boîte allait manquer à quelqu'un.
Soit dit en passant, c'était un job en or, en faisant le minimum, on gardait son salaire, son treizième mois, ses congés payés, s'attirait les regards haineux des honnêtes travailleurs, mais pour
1200 euros par mois, rien à faire de sa vie sociale.
Bref, un pied hors de la cage d'ascenseur, l'ambiance globale était infimement différente. Toujours la même odeur de café, les mêmes effluves de fumée sortant de la "boîte" à fumeurs, les mêmes
parfums insupportables des femmes, le même déodorant des hommes. Axe, on ne change pas une équipe qui gagne.
Et après trois quarts d'heure à avoir tourné autour des cloisons des petits employés et visité la trentaine de bureaux qui disposaient de pièces à part, il comprit enfin ce qui n'allait pas.
-Josiane! Dis moi, il est passé où le patron?!
Et la ravissante jeune femme -Non, parce que quoi que l'on puisse croire, le prénom est hideux, mais la jeune femme est magnifique. Une sublime plante noire comme le charbon, aux jambes
interminables, peu de poitrine, la rendant moins vulgaire que les autres, des cheveux sévèrement attachés, une merveille- de répondre:
-M'enfin Manu! tu savais pas? Il part aujourd'hui en voyage d'affaires. Alors il ne fait que des allers-retours. Je crois même qu'il est parti pour de bon là.
Manu, c'était lui. Emmanuel à la base. Mais de toute évidence tout le monde n'a pas gardé le souvenir du moniteur de ski du collège, celui sur qui toutes les copines ont craqué pendant environ...
Une semaine.
"Appellez moi Manu les enfants. Aujourd'hui, on va apprendre le chasse la neige!"
Emmanuel s'en souvenait lui. Et il l'avait détesté de suite. D'abord, sa petite copine l'avait lâché pour aller le coller, et ensuite, c'était sa faute s'il avait découvert son attirance pour
certains garçons.
-Manu? Ca va?
Le jeune homme, figé dans son costume noir à chemise argentée qui le faisait crever de chaud semblait prendre racine au beau milieu du couloir.
-Emmanuel, grinça-il en reprenant ses esprits.
C'était malin, toute sa comédie tombait à l'eau, Habituellement, c'était au patron qu'on donnait tous les certifs de maladie, tous les papiers administratifs. Parce qu'il préférait être au courant
de tout.
D'après les lèches du bureau, ça donnait un côté convivial au boulot.
"Mon cul ouai." Simplement pour être sur de ne pas se fair b... avoir par ses employés surtout. C'est nettement plus dur de mentir en regardant son patron dans les yeux.
Et Emmanuel s'en faisait un challenge personnel. C'était un petit plus à l'excitation de l'évènement qui se produirait deux jours plus tard.
Le blond passa une main lasse dans ses cheveux gominés au maximum pour éviter les remarques sur leur longueur et fit demi-tour pour aller voir la secrétaire du patron. Mais lorsqu'il l'atteint, ce
fut pour tomber en admiration sur une paire de jambes interminables, recouvertes non d'un pantalon de smoking habituel, mais d'un fute de danseurs de tango -toute la différence est dans la coupe,
peu le remarquent-, tellement plus sexy et avantageux.
Une seule personne en porte dans la boite.
Le patron.
Et c'était bien lui, accoudé sur le bureau de son assistante qui battait des records de self contrôle à ne pas réagir en le voyant ainsi cambré devant elle, quelques mèches noires de sa queue de
cheval extrêmement courte retombant sur ses yeux clairs tandis qu'il lui demandait des informations sur tel ou tel dossier.
Le premier mot que n'importe quelle femme hétéro ou homme bi pense en le rencontrant restera toujours: Canon.
-Tiens donc Duval -il venait sans doute de demander son nom à la secrétaire-, qu'est-ce que vous avez à marcher comme un canard? C'est le prix de vos nouvelles chaussures bas de gamme qui vous fait
souffrir?
Le second mot que n'importe quelle femme hétéro ou homme bi pense en le rencontrant restera toujours: Connard.
En l'espace d'une seconde, Emmanuel reprit sa mine souffreteuse, laissant là son boitillement pour une démarche un peu voutée et une main placée sur son ventre en signe de souffrance.
-Non monsieur, simplement mon apendice, d'ailleurs j'ai là mes papiers pour mon congé maladie. Je serais de retour mardi au bureau sans faute.
Son supérieur le dévisagea, comme on regarde un cloporte traîner près de ses chaussures. De haut, avec dégoût.
Bon, il y avait de quoi. Emmanuel pouvait être un très beau jeune homme, mais le costume, les cheveux tirés en arrière et la lumière blafarde des néons ne lui réussissait pas le moins du monde.
Il avait l'air jeune, maladif, ridicule. Les rasage de près ne lui allait pas non plus. On aurait dit un adolescent.
Il saisit d'un geste sec les papiers qu'on lui tendait et les fourra dans sa malette.
-Dans ce cas à Mardi. J'espère que vous rattraperez votre retard très vite.
-Bien sur Mons...
Mais le grand chef était déjà parti.
-Connard de vieux de merde, siffla Emmanuel pour lui même en partant dans l'autre sens, rejoindre l'autre ascenseur, celui qui bloque une fois sur trois. Celui du personnel quoi.
En se contemplant dans le miroir de la boîte de métal grinçant, il retira sa veste, et se retint de secouer ses cheveux. Jouons le jeu jusqu'au bout.
Faudrait pas croiser le vieil abruti de patron de...
Stop.
Emmanuel inspira profondément, et les portes s'ouvrirent. Il sortit et se dirigea vers les lignes de tram.
Son supérieur n'était pas véritablement vieux.
Plus de trente ans oui. Moins de quarante, sans aucun doute.
Le genre d'homme qui éclipserait Brad Clooney Depp en moins d'une seconde tant qu'il n'a pas entre-ouvert les lèvres.
Imbuvable, c'était le mot.
Le blond claqua la porte de son appartement en retenant sa respiration. Resta immobile une seconde, et laissa lentement fleurir un sourire presque hystérique sur ses lèvres pour finir par sauter
dans tous les sens, retirant son costume en quelques secondes pour rester en boxer et chaussettes noires, les cheveux défaits,de petits "YES! YES! YESYESYES!" émanants de ses lèvres par
intermitence.
Trottinant jusque dans la cuisine, il décrocha de son frigo une place pour un grand festival de rock et autres musiques déviées qui aurait lieu à partir du lendemain.
***
Voilà deux jours que la fête battait son plein, il était une heure du matin, Emmanuel et ses amis étaient totalement déchaînés sur la musique qui passait.
Le jeune homme était collant de sueur, d'éclaboussures de bière...
...de salive aussi, certains morceaux étant particulièrement langoureux, les couples se formaient un instant, le temps de se toucher, s'apprécier, puis se séparaient, sachant tous deux qu'aucune
relation sexuelle ne serait performante avec leur taux d'alcool dans le sang.
A sa gauche, un ami d'enfance et sa petite copine se roulaient dans l'herbe souillée, moitié vêtus, moitié nus, rien d'étonnant, et même bien plus sages que la moyenne.
Le blond en arrêt maladie était torse nu, son t-shirt pendant à sa ceinture de son treillis gris délavé, un chapelet de perles pendant à son cou, accolé à une lame de rasoir. Sur son flanc, un
tatouage, une faucheuse, se dressant là, sage, fière, la pointe de sa faux soulignant l'un de ses pectoraux.
La sueur perlait dans ses yeux alors qu'il inspirait l'air vicié, chargé de fumée de cigarettes, de lacrymos, de parfums, de sécretions corporelles. Ouai, fallait le dire. Par moments, ça sentait
la pisse.
Quelque blaireau s'étant sans doute lâché dans l'herbe.
Un sourire dément s'étira sur ses lèvres tandis qu'un bras musclé passait par dessus ses épaules venant taquiner son piercing à la lèvre, remit pour l'occasion.
Il tourna son regard vers l'arabe qui venait de l'accoster. Selim. Ou Couscous.Son pote de toujours. Baise, fête, déprime. Toujours là pour faire plaisir.
Un peu trop fin et grand pour être vraiment canon, mais il était carrément charmant, avec une aura de testostérone absolument hallucinante.
Ce dernier lui rendit son sourire. C'était l'un de leurs morceaux préférés.
Bras en l'air ils repartirent dans une danse sans limites, rien de franchement esthétique, juste de l'éclate pûre. Comme tous ceux autour d'eux.
Lorsque le morceau fut finit, Emmanuel avait perdu son t-shirt, gagné une bouteille de vodka à moitié vide, son pantalon s'était étrangement ouvert, et il avait soudainement mal à la joue.
Une période Drum n Bass débuta, calmant les esprits, mettant en transe la foule.
Le genre de danse sur laquelle on fait ce que l'on veux, comater ou sauter dans tous les sens, se la jouer sexy ou carrément intenable.
Le blond but une gorgée de vodka et passa la bouteille à un voisin inconnu, se déhanchant les paupières fermées.
-Hé Man', y a un canon qui te bouffe des yeux depuis tout à l'heure.
-Hm?
-A gauche. Entre le grand avec les écarteurs et la fille aux cheveux violets.
Emmanuel posa le regard sur un jeune homme aux cheveux noirs coupés innégalement, retombant sur le haut de ses pomettes, et de sa nuque. Une chemise noire entièrement ouverte, glissant d'un côté
sur son coude, dévoilant toute son épaule et une partie de son dos.
-Ola oui, c'est du haut niveau. Lança le blond à son ami. Si je me fais frapper parce qu'il n'est pas homo, je viens te faire les fesses et t'auras rien à dire capish?
Sans attendre il franchit les quelques mètres qui les séparaient et vint danser à ses côtés, fermant les yeux d'une seconde à l'autre, se laissant porter par la musique, l'air de rien. Prêt à sortir "Ah tiens, ce coin aussi est sympa pour bouger" avec un air innocent si
besoin.
Le brun lui fit un sourire étincellant,et se rapprocha encore un peu, le dominant d'une tête environ.
Il se pencha légèrement vers lui, frôlant ses jambes des siennes sans le toucher franchement, approchant son visage de son cou pour sentir son odeur et souffler doucement sur la peau brûlante du
blond, lui arrachant des frissons.
Emmanuel avança une main pour la poser sur le torse imberbe de son nouveau partenaire, mais un flot de bière jaillit de la foule et les aspergea copieusement.
Eclatant de rire, le jeune homme recula d'un pas, passa ses mains sur son visage trempé et repoussa ses cheveux loin en arrière, fermant les paupières une seconde.
Lorsqu'il les r'ouvrit, son compagnon de danse s'était figé, avait cessé de sourire, et le fixait, mi fâché, mi surpris:
-Duval?
-P... Patron?!
A suivre...
ps: Si vous êtes contentes remerciez moi. Si vous êtes pas contentes, prenez vous-en à Chocomenthe ^^.
Par Absynthe
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Publié dans : Cock Tales Cocktails
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