Chapitre 7: Murder she Wrote
Les rayons du soleil pénétraient à verse dans la pièce qu’était le petit salon « privé », malgré les longues tentures de tulle jaune légèrement transparente suspendus aux hautes
fenêtres.
C’était une salle interdite aux clients, pour la même raison elle n’était utilisée que durant la journée et on la fermait à clefs passé dix-neuf heures.
Peu d’hôtes s’y intéressaient de par son exiguïté, son absence de décorations riches, son côté trop simple, et son manque de boissons alcoolisées.
Mais les Quatre l’aimaient et l’appréciaient d’autant plus parce qu’elle était tout le temps vide, lui passant aisément ses quelques défauts. Les Quatre. L’élite du manoir, les plus demandés et presque les moins demandants.
A part Ambre peut-être…
-Je comprends toujours pas pourquoi tu t’obstines à refuser l’épilation laser Indi’…
Allongé entièrement nu à même l’épaisse moquette écru, le châtain grogna quelque chose le nez dans le cashmere tandis que sa peau rayonnait sous le soleil qui passait les rideaux.
-Excuse moi tu peux répéter? Demanda Raziel en un sourire, soufflant sa fumée dans le creux des reins du plus jeune avant de détacher la cendre qui s’était formée au bout de la tige dans un cendrier déjà bien plein.
Indigo tourna la tête du côté du brésilien assis en tailleur à côté de lui à hauteur de ses cuisses et répéta avec un sourire charmeur en tendant la main vers lui:
-C’est sans doute parce que j’adore te voir manier la pince à épiler Razou. Fais tourner…
-Vas-y doucement c’est un royal, souffla-t-il en glissant le bédo entre ses doigts avant de se prendre un regard sceptique et d’ajouter:
-Je plaisante pas, t’es peut-être habitué à plus fort, mais celui là c’est pas pour enfants…
-Hm… C’est ça oui, allez continue ton taf mademoiselle l’estét’!
Le brun se pencha rapidement sur les jambes de son collègue, et glissa un doigt de son mollet jusqu’à la moitié de ses fesses:
-Y a plus rien, change de côté.
Le concerné obéit et se retourna sans pudeur sur le dos, souriant bêtement de sa perte soudaine d‘équilibre:
-Houla oui, c’est du bon. Allez vas-y, attaque c’est mon côté préféré.
Penché sur le « maillot » Raziel ricana:
-C’était pas plutôt Plume le maso de la maison?
-Faut croire qu’il a réussi à me changer, il y met tellement de conviction qu’on ne peut que craquer voyons… Aïe!
-Tu parles. Chochote.
-Jt’emm…
-Où est Ambre? D’habitude il est avec nous quand je te torture non?
-Pfff tu parles, depuis qu’il a vu le fils du patron il se sent plus pisser. J’ai l’impression que c’est son nouveau défis.
-J’vois vraiment pas ce qu’il lui trouve… Il est d’un banal…
-Et toi t’es d’une mauvaise fois Razou c’est grave! Aïe! T’es malade?! C’est sensible ce coin là!
-Je ne suis pas de mauvaise fois, ronchonna le bourreau sans perdre une miette de sa classe éternelle, reprenant d’autorité sa cigarette.
-Nan, sans dec’, ce mec est magnifique, Indigo se redressa sur les coudes et prit une mine de conspirateur, c’est même étonnant que ce soit le fils de Bryan si tu veux mon avis!
-Au vu du caractère merdique si…
-Arrête tu lui as même pas encore vraiment parlé!
-Mais il monopolise déjà ton cher petit Ambre, ça devrait suffire non? Répliqua-il avec un sourire mesquin.
-Il est malade, et Ambi aime jouer les infirmières!
-Ouai et ben attends qu’il se réveille en pleine forme, ça sera pire!
-J’y crois pas, qu’est-ce que tu peux être mauvaise langue quand t’aimes pas quelqu’un toi! Rit le châtain.
Les minutes défilèrent, le mégot fut écrasé avec soin, les quelques poils réfractaires furent éradiqués, et les deux jeunes hommes s’installèrent à la fenêtre, les pieds dans le vide.
-Va bientôt falloir que j’aille jeter un coup d’œil dans la chambre du fiston. J’ai du virer deux fois Ambre de son pieu ce matin… souffla Raziel, les yeux fermés, profitant du soleil.
-Hm… Moi j’ai absolument pas hâte d’être ce soir…
-Pourquoi?
-J’ai plus rien…
-Hm…
-Plus de smarTIES, plus de sucre en poudre…
-C’est bien tu seras clean une soirée dans l’année, ça peut pas te faire de mal.
-J’ai aucune envie d’être conscient quand je vois ce que je vais devoir me taper si tu vois ce que je veux dire… Putain il fallait que ça tombe le jour où j’ai rien. Bordel, pourtant je rechigne pas t’es d’accord, mais LA, je peux pas en étant net. Franchement je vais avoir des hauts le cœur.
-Pense à moi, sourit Raziel en lui faisant un clin d’œil. Allez, fais pas ta sainte nitouche, prends ça comme une expérience masochiste, ça va pas te tuer.
-Tu m’énerves quand tu te la joues ultra cool Raz’… Oh! J’adore cette chanson! Viens!
Bondissant à l’intérieur alors que le brun venait de rallumer un pétard, il se mit à bouger des hanches au rythme des basses de la musique, traînant le fumeur au centre de la pièce et entamant une danse collée serrée avec un grand sourire bienheureux.
N’ayant le temps que de mettre la tige en bouche, le brésilien se plaça derrière le plus jeune et posa ses mains sur ses hanches tandis qu’il l’entendait chantonner « murder she wroooote » sans une fausse note. Après tout, le manoir Carlisle n’était pas une maison de passe comme les autres, elle s’apparentait plus à un palais (surtout pour la taille du manoir) de geishas, et chaque habitant se devait d’être cultivé, de savoir jouer et danser etc.
La fin du premier couplet arriva et Plume pénétra dans la pièce en traînant un blondinet boudeur derrière lui. Les deux plus vieux ne les entendirent pas et continuèrent de danser jusqu’à ce que le plus ou moins gothique se place devant eux, les mains sur les hanches et se mette à cracher comme un chat en colère:
-Je l’ai ENCORE choppé en train de tripoter Owen inconscient! Bryan a faillit le griller! Bordel faites quelque chose au lieu de vous peloter!
En un clin d’œil le grand brun s’était emparé du petit nerveux et le serrait contre lui, plaquant sa taille contre la sienne, le forçant à suivre la musique tout en sussurrant d’une voix onctueuse et moqueuse:
-Allons ma Plume, ouvre tes chacras, fais le plein de bonnes ondes…
La réaction ne se fit pas attendre, et comme à chaque fois que le plus vieux partait dans un délire baba cool, l’autre se mettait en colère:
-Nan! Putain pas maintenant Raziel! Nan, nan, nan! Je suis PAS d’humeur.
-Mais voyons ma petite fleur sauvage des prairies…
-Arrête! T’es insupportable! Je déteste quand tu fais ça!
-Bien, bien, bien, se calma aussitôt l’autre alors que la musique finissait gardant cependant une lueur amusée dans le regard. Ambre, je t’interdis de toucher le merdeux.
-Ah ouai? Et pourquoi je t’obéirais?
-Parce que tu vas avoir des ennuis avec Bryan sinon.
-C’est pas une bonne raison. Mais j’accepte…
Les trois autres cillèrent, étonnés.
-Si tu acceptes de me prendre, finit-il avec une lueur perverse dans ses grands yeux innocents.
-Hors de question!
-Tant pis, d’ici une demi-heure il sera nu sous moi.
Le sourire carnassier qu’il fit acheva de faire trembler ses collègues, et Indigo l’attira vers lui, tentant par là de lui faire oublier le petit nouveau.
-Bien, râla Raziel, dans ce cas je vais réagir comme je le dois. Je vous laisse, à plus!
-Attends tu vas ou?
-Monter la garde et donner la béquée au gamin, vu que notre nympho nationale n’est pas capable de se tenir correctement.
Il lança un dernier regard à Ambre occupé à allumer Indigo en se frottant contre lui et leva les yeux au ciel. Ce n’était pas aujourd’hui qu’il arriverait à quoi que ce soit avec le blond.
Restés seuls tous les trois, les plus jeunes s’interrogèrent du regard durant un instant puis Ambre prit la parole:
-C’est ta faute s’il est part Plume… Toujours à gueuler comme un putois…
-JE NE GUEULE P… Se reprenant, le brun fit demi-tour et partit en grognant. GmzGmzgmrrrz…
-Alors comme ça le fils du patron t’excite? Susurra Indigo à l’oreille du petit blond en se serrant contre lui.
-Hm… Oui…Mais lui uniquement…
-Ah? Et tu voudrais qu’il te fasse quoi? Qu’il se glisse derrière toi comme ça? Qu’il souffle doucement dans ton cou avant de… Il glissa sa langue depuis sa nuque jusqu’à son oreille qu’il mordit en gémissant sensuellement, te mordre et te chuchoter toutes les vilaines choses qu’il veut te faire?
Le petit blond ferma les yeux et murmura quelque chose dont vous ne saurez rien, à la suite de quoi Indigo se jeta sur lui pour faire vous-ne-savez-absolument-pas-quoi-puisque-vous-êtes-prudes.
Poc.
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