Après de nombreuses minutes à parler avec mon meilleur ami depuis le collège, je raccroche et finit le paquet de gâteaux spécial dépressif, à moitié endormi devant la télévision.
Ce n’est qu’a vingt heures que la porte de l’appartement s’ouvre, laissant passer Cathy, apparemment de mauvaise humeur de me voir glander ainsi.
Mais je vois surtout à ses petits yeux radars, qu’elle espérait une surprise ou quelque chose du genre pour m’excuser auprès d’elle. Il est vrai qu’habituellement j’aurais couru chez le fleuriste lui acheter des fleurs pour me faire pardonner de quelque chose que n’ai pas fait.
Elle se dirige vers la cuisine sans m’adresser un regard, l’air hautain. Je l’entends ouvrir le frigo, puis le four, et enfin les placards rageusement. Je lève les yeux au plafond, tout en douceur, je ne suis absolument pas d’humeur à faire attention à sa crise de petite fille.
Ses talons aiguille martèlent le sol, elle fait des allées et venues dans l’appartement. Les minutes passent. A l’heure qu’il est, la salle de bain et la chambre doivent être sans dessus dessous.
La voilà qui arrive vers le salon. Je cherche désespérément un dernier gâteau, mais le paquet est définitivement vide… Rah zut.
–Elle est où ?!!!! Qui ça? Sa surprise pardis! Vous suivez rien du tout hein.
Je ne réponds pas, je ne suis pas forcé de savoir ce qu’elle cherche.
–SEB ELLE EST OU ?!!!
Je la regarde avec les mêmes yeux qu’elle lorsqu’elle joue à l’idiote et lui tend innocemment la télécommande, avec une moue signifiant « Ca ? ».
Elle lève les yeux au ciel, et tape de son talon aiguille mon pauvre parquet. J’en ai mal au cœur pour lui.
–SEB je vais vraiment m’énerver !!!
Bon mon gâteau… Il est où ce con ?
–Tu m’écoutes quand je te parle ?
J’étais sûr d’en avoir posé un quelque part en réserve, concentrationnnnnn, il est où le gâteauuuu ?
–Sébastien, t’es un monstre !!! Ecoute moi merde !!!
La voilà qui éteint la télévision. Dommage il y avait un bon polard dans pas longtemps.
Je m’agite sur le canapé, soulevant les coussins et les couvertures. Bleues. Ah tiens original. J’y aurais pas pensé.
–Je te préviens, tu vas arrêter de m’ignorer TOUT DE SUITE ou je retourne chez ma mère.
Je lui tourne à présent le dos, à genoux devant le canapé, les yeux dans les yeux avec le trou entre les coussins.
Donne moi mon gâteau tout de suite ou tu vas finir à Emaûs.
–Je ne reviendrais pas tu m’entends ?!!
Non j’ai mieux mon gros, si je n’ai pas mon gâteau dans 15 secondes, je te crame, je te scie, et je te déchire. Aboul le biscuit !
–Seeeeeeeeebeuhhh, jeuh veux ma surpriseuhhh !
La voilà qui chouine bêtement. 10 secondes pépé.
–Sebounet ?
5 secondes vieux machin.
– Tu ne m’as pas acheté de surprise ? Murmure une Cathy plus qu’enfantine, les larmes aux yeux, juste derrière moi.
Ah bah enfin !!! J’enfourne en bouche le gâteau glissé entre deux coussins, me retourne et m’assois la bouche pleine sur le canapé.
Cathy m’observe en attendant une réponse de ma part.
J’ai rien écouté de ce qu’elle a dit, dans le doute, je mâchonne la bouche pleine et penche la tête de côté. Ni oui, ni non.
Une larme coule sur sa joue, créant une traînée blanche dénuée de fond de teint.
–Pourquoi tu ne m’as rien acheté ?
Je cligne des yeux, elle est gonflée. Attend seulement que j’avale tu vas voir. Elle reprend avant que je puisse finir ma bouchée.
–Ah oui c’est vrai tu ne peux pas sortir à cause de ton congé maladie !! Excuse moi j’avais oublié ! Bien tu m’achèteras un cadeau lundi.
Quoi ?! Mais elle est folle. Je la vois se redresser et partir en direction de la cuisine, je lance, la bouche encore à moitié pleine, postillonant des bouts de gâteau partout dans la pièce :
-Samuel vient dormir à la maison demain soir.
–Hors de question que cette pédale dorme ici ! Déjà c’est hors de question qu’il vienne !
–Ce n’était pas une question Cathy.
–Il ne dormira pas chez MOI tant que j’y serais c’est clair ?! Tu aurais du couper les ponts avec lui !
–Cathy, je vais régler ça rapidement…
-Très bien, appelle le et dis lui de ne pas venir !
-… Tu dégages d’ici demain matin. Et si tu veux revenir, tu le feras samedi soir.
–Que, Quoi ?!!!!
Rah elle me fait de la peine cette petite. Mais c’est la seule manière de la faire dégager. Je ne veux pas qu’elle fasse de mal à Sam.
Il a déjà assez de problèmes comme ça, pour se coltiner une homophobe sans cerveau, qui déteste les homos uniquement parce que ses parents lui ont expliqué que ce n’était pas « normal ».
Normal… Je soupire. Qui est normal ici ?
Je crois que peu de gens peuvent se vanter de l’être.
La porte claque, enfin. Elle est partie vite fait cette fois. C’est pas plus mal, j’ai le temps de virer tous ses trucs nuls bleus, et de faire la cuisine.
Merci Cathy.