La journée s’achève. Je sors du bâtiment en remontant le col de ma veste. Je suis content, mis à part cette petite incartade avec les deuxièmes années ce matin, la journée a
été bonne. Mes autres classes et TDs sont adorables et travailleurs.
Miyavi quant à lui, est revenu au bout de trois quarts d’heure, et s’est installé tout aussi bruyamment que la
première fois.
J’ai continué mon cours sans m’interrompre et sans le quitter des yeux jusqu'à ce qu’il soit assis sur sa chaise, et qu’il ai sortit ses affaires.
Ensuite je l’ai superbement ignoré pendant l’heure et quart qu’il me restait. Cependant lui ne me quittait pas des yeux. Je sentais son regard suivre le moindre de mes
mouvements. Il n’écrivait pas, il n’écrivait rien. Il semblait se foutre superbement de mon cours, et ne faisait que me fixer.
Bien entendu, les filles aussi me fixaient, mais elles, elles notaient aussi. Et ne restaient pas bloquées sur mes pectoraux saillants sous mon t-shirt. Je regrettais d’un
coup d’avoir mis celui-là. Prochaine fois je porterais un gros pull tricoté par Cathy.
Et dieu sait qu’ils sont laids.
Mon cours s’est terminé, j’ai donné un petit devoir de rédaction et de recherche pour pouvoir me rendre compte du niveau global. Miyavi est partit dans les premiers, je doutais qu’il ai noté
quoi que ce soit, mais j’étais vraiment soulagé qu’il s’en aille.
A présent je marchais, il était vingt heures dix. J’étais très pressé de rentrer, le mardi étant ma plus grosse journée de la semaine. C’était le seul jour que je finissais aussi tard. Je
passais à grands pas près du parc, contemplant les arbres.
J’irais courir là le matin désormais. Il était vraiment beau. Je souriais, j’allais me plaire dans cette ville. Il ne me restait plus que quelques rues à parcourir avant d’arriver
chez moi, et de passer les pieds sous la table. Bien sûr je n’étais ni esclavagiste ni macho, mais Cathy et moi avions convenu que le mardi soir je ne ferais jamais rien. Et
cela m’arrangeait.
Au coin d’une ruelle je tombais sur un petit groupe de jeunes auquel je ne prêtais pas plus attention que cela.
-Hey Gaurnier !
Je me fige et me retourne. C’est bien mon nom. Sébastien Gaurnier.
J’esquisse un sourire en espérant tomber sur une vieille connaissance, mais mon sourire se fige rapidement. C’est l’armoire à glace qui vient de me reconnaître. Génial.
Quelle poisse.
Je l’observe, lui fait un geste de la main, et m’apprête à repartir.
Mais il semble ne pas en avoir décidé ainsi, ses amis se lèvent des marches sur lesquelles ils étaient installés, et s’approchent de moi. Seuls deux restent adossés au mur de
l’immeuble.
Deux hommes passablement occupés à s’embrasser goulûment. Je reconnais Miyavi dans les bras d’un autre homme. Je lève les sourcils. Tiens donc… Ca m’aurait étonné.
On me pousse brutalement en arrière.
-Tu mates quoi là sale con ?!
-Parle moi autrement gamin, si tu veux réussir ton année c’est pas en tapant sur tes profs que tu y arriveras.
-Moi te taper ? Il éclate d’un grand rire gras. Mais je ne vais pas te taper mon lapin. Jvais te massacrer.
Un premier s’approche et m’envoie son poing en plein visage, je réponds en lui ruinant son petit
nez d’un grand coup de tête. Ils me plaquent contre le mur.
Trop nombreux, ça ne sert à rien que je me défende. Pourtant je ne résiste pas à l’envie de briser quelques nez, et bras au passage. Les coups redoublent, je le sens. Mon
visage se fait humide, je ne vois plus grand chose.
Je lève les yeux vers Miyavi, il est toujours adossé au mur d’en face, mais à présent il me regarde. Quelle classe, il ne bougerait pas d’un poil pour m’aider.
Mais j’y pense, c’est lui que j’ai insulté, c’est peut-être lui qui a ordonné ça. Les coups continuent, il est toujours dans les bras d’un grand japonais, il me regarde. Je
ne dois plus avoir fière allure.
Il me fait un sourire, un magnifique sourire qui me réchauffe le cœur tandis que je me laisse glisser à terre.