Le silence se fit total, les quelques rayons du soleil qui transperçaient cet épais nuage de poussière éclairaient des visages couverts de terre.
Le vent froid ne parvenait pas à déplacer la masse de poussière, à croire que toute la ville avait été autant secouée que devant le lycée.
Aby toujours assise par terre, le visage orienté vers le sol, remonta les cheveux qui lui tombaient dans les yeux et releva la tête, scrutant l’étendue des dégâts de ses grand yeux verts. Les petites se relevaient tant bien que mal, certaines s’étaient ouvert les jambes en chutant, et pleuraient à chaudes larmes,stress aidant.Quelques garçons plus calmes les aidaient à se relever.
Aby cherchait sa cousine du regard, sans oser se relever.
Elle tourna la tête vers la grande porte en bois et y reconnu la grande blonde qui avait eu la présence d’esprit de s’abriter sous le porche, cette dernière observait tout le petit peuple complètement perdu après cet événement, puis s’avança vers elle et s’agenouilla à ses côtés :
« Ca va Aby ? Pas trop mal ? Montre moi tes mains. » Pas de réaction.
« Donne moi tes mains Aby. Elles sont en sang. Donne les moi. »
Aby fixait sa cousine dans les yeux, si calme, si mature, elle s’inquiétait même pour elle. Mais elle n’entendait pas ce qu’elle lui demandait, un grondement retenait toute son attention, elle n’entendait pas non plus la sonnerie d’alarme stridente du bâtiment. Juste ce grondement.
Quelque chose semblant gratter la terre, gratter, ramper puis être libre. Ses mains la faisaient souffrir, quand Adeline réussi enfin à en attraper une et à verser de l’eau dessus, Aby se rendit compte qu’elle n’avait plus ni pavés, ni briques, ni goudron sous elle.
Elle abaissa une fois de plus les yeux vers le sol. Elle était assise sur de la terre, et de minuscules cailloux. Le Mac Adam avait été réduit en poussière, les pavés également.
Tout ce quelle voyait à travers la foule qui se bousculait autour d’elle n’était que terre et poussière, les bâtiments étaient encore entiers, certaines gargouilles de la cathédrale étaient tombées, quelques pans de mur s’étaient effondres, mais les dommages n’étaient que superficiels.
Le grondement progressait. Elle l’entendait de plus en plus, et était désormais la seule encore à terre. Sa cousine la secouait, insistant pour qu’elle se lève mais rien à faire. Ce grondement l’obsédait. Elle attrapa une mèche blonde et l’attira vers elle, murmurant à l’oreille d’Adeline.
« Je l’entend. Ca arrive. Il faut qu’ils partent. Dis leur de rentrer chez eux. Vite. »La jeune fille l’observa étrangement, pesant le pour et le contre, croire une folle complètement abrutie, assise par terre ? Croire sa cousine ?
« Rah l’esprit de famille.. » marmonna-t-elle entre ses dents avant de se dresser au centre de la foule, grimpant sur un petit talus. « Bon les gens, aujourd’hui on aura pas cours d’accord ? Rentrez tous chez vous, allez voir si vos familles vont bien. »
Le proviseur qui se tenait parmi les jeunes se tourna vers la Cpe « Culottée la petite dites moi ! »
Avant de hausser les épaules et de s’en aller en direction de sa maison.
« Sale journée je le savais. Mon horoscope l’avait prédit. »