(Ouai parce que Véiane, quand elle écrit des trucs, elle le fait bien, et tout en longueur. Contrairement à Aby, la grosse glandeuse, qui, passé deux pages word a mal aux doigts.)
Cela fait un bon moment qu'il marche dans les broussailles, ayant trouvé par hasard derrière le manoir un chemin de traverse vers on ne sait quelle destination d'ores et déjà fascinante, et il ne sent toujours aucun signe de fatigue. Ni physique, ni mentale.
Avec une moue d'intense réflexion, les mains serrées dans son dos, il tente de comprendre pourquoi... et arrive à la conclusion que décidément, le pouvoir des démons est absolument fantastique. Son amant lui a donné les moyens d'aller vers son but – encore inconnu il est vrai – pour il ne sait quelle obscure raison, et cela l'arrange bien.
A moins qu'il ne se soit tout simplement habitué au lieu.
Content d'avoir plus ou moins résolu cette énigme, il repars avec un tout nouvel entrain.
[...]
Puis il remarque finalement qu'elle a disparu. A vrai dire en y réfléchissant bien, elle n'a pas pointé le bout de son nez depuis qu'elle s'est fait enfermée dehors... Peut-être qu'elle est retournée à la maison?
Étrangement soulagé à cette pensée, son pas devient encore plus allègre. C'est sûr, quand on n'a pas un boulet accroché à ses pieds...
Seulement, ce qu'il a refusé de croire c'est qu'elle préviendrait Jalil de sa fuite et qu'il viendrait le ramener de force chez lui.
Au début ce n'est que le galop d'un cheval dans son dos. Le jeune homme se retourne, un peu surpris et distingue une grande forme noire qui fonce littéralement vers lui. Son cœur tressaute et sans réfléchir il se jette sur le côté alors que la bête se cabre et renâcle d'énervement, son cavalier le fixant de toute sa hauteur. Furieux.
-Tu as osé me défier, Jonas!
Sa voix est terrible à cet instant. Le jeune esclave ne peut s'empêcher de tressaillir à l'entente de ce ton de rage contenue qu'il connait si bien, qu'il a apprit à craindre durant près de vingt ans. Jamais il n'avait pensé pouvoir entendre un son plus terrible que la voix de son maître, et pourtant...
-Tu sais très bien comment je suis Jalil! lance-t-il les poings serrés, à mi chemin entre la peur et la colère; il ne veut absolument pas retourner là-bas.
Mais la bouche du démon se tord et sous les yeux perplexes de Jonas, il lève la main et murmure des mots incompréhensibles avant de serrer le poing comme pour saisir quelque chose, et le jeune homme s'étrangle à moitié.
-Tu l'as cherché.
A ses pieds, à ses poignets et à son cou soudain sont reliés des chaines brillantes qui le relient à la main du démon, et de toutes ses forces il tente d'arracher ces liens qui l'entravent et le torturent.
« Ce n'est pas possible! »
-Jalil!
Un cri de rage impuissante, à terre dans la poussière, la force que lui a donné son amant d'une nuit ne suffit pas à le libérer. D'un bond, le démon est au sol et le saisit par les cheveux, grondant sourdement. Ses yeux s'illuminent d'une rage sans nom alors qu'il lui crache toute sa rancœur au visage et le secoue violemment.
-Qu'est-ce que tu pouvais attendre d'autre franchement! Tu le fais exprès ou quoi?! Non seulement tu t'enfuis et traverse le désert sans avoir aucune idée du danger, mais en plus...! Tu couches avec un autre sans ma permission?! Mais tu as perdu l'esprit! Tu ne te rends même pas compte de l'embarras dans lequel tu me mets, imbécile! Et tu as osé te promener tranquillement en ville, seul, alors que n'importe qui pouvait t'enlever! Je ne suis pas un dieu bon sang!
-Je fais ce que je v...
Il n'a pas le temps de finir sa phrase qu'une gifle retentit violemment, ensanglantant sa lèvre. Jonas serre les poings.
-Ce n'est pas parce qu'en ce moment je suis occupé que tu dois faire n'importe quoi! Tu m'appartiens! Tu entends? Tu es à moi!
Mais le jeune rouquin détourne les yeux et refuse d'ouvrir la bouche. Jalil le tire alors vers lui et le place sur le cheval sans le relâcher, le serrant contre lui jusqu'à l'étouffement. Arrivés chez eux, il reçoit la correction la plus sévère qu'il ai jamais supporté, que même son ancien maître n'a jamais osé lui faire.
Presque mourant, il finit par s'évanouir. Puis il est obligé de se soigner seul. Sa rage ne fait que grandir...
Et sa vie reprend un cours normal. Sauf qu'il est enfermé, vraiment...
Et qu'il commence à se transformer en véritable poupée, muette, immobile, presque sans vie. A tel point que Jalil, fou de rage, le laisse parfois inanimé sur le sol après avoir tenté de lui arracher ne serait-ce qu'un cri, mais c'est peine perdue.
« Par tous les dieux! Tu vas bouger oui! Lève-toi! Arrête de faire l'idiot! »
Oh, non pas que Jonas soit réellement sans vie non, à vrai dire il s'amuse affreusement de la situation. Ses chaines l'embarrassent mais tant que son attitude insupporte Jalil, tout va bien.
Oui, tout va bien...
« Je ne le laisserais pas gagner! »
Et ça paye.
A bout de patience, désirant son esclave qui ne réagit pas – ah, qui aurait cru que lui donner des pouvoir aurait eu un tel effet? Jonas est à présent capable de repousser les avances de son maître – il le relâche.
-Je maudis ton ancien maître pour t'avoir amené avec lui ce jour-là, marmonne-t-il l'air pincé sans regarder Jonas qui traine à ses pieds.
-Et bien... Tu veux que je te montre la raison pour laquelle c'est une bonne chose?
Un regard en coin. Le jeune homme s'avance lentement, presque félin, jusqu'à frôler ses genoux. Léger sourire du démon, et sa main s'enfouit dans les cheveux de Jonas qui sent les battements de son cœur s'accélérer brusquement.
-Oui.
Depuis ce jour mémorable, leur relation s'est un peu améliorée. Le démon a apparemment fini le travail demandé par on ne sait quel être supérieur et reste aux côtés de Jonas qui ne s'en plaint que quand il le prend trop souvent – ce qui honnêtement arrive de plus en plus fréquemment.
-Jonas! Apporte-moi ce plateau, là.
-Pourquoi faire? Tu t'es déjà empiffré...
-Tu n'es pas sensé discuter mes ordres.
-Tss
Évidemment, il y a encore des heurts. Jonas a du mal à supporter de devoir obéir, surtout pour des choses futiles – ce qui est habituel, étant donné le style de vie du démon. Après tout... ″ce n'est qu'un démon″.
Les facéties du jeune homme auraient pu devenir mémorables dans le milieu infernal si Jalil n'était pas aussi fier ni aussi secret, car le jeune homme ne rate pas une occasion de faire exactement ce qui lui plait, peu importe les réactions de son maître.
[ Scènes coupées On]
-Jonas! Jonas où es-tu passé espèce de petit.... Mais c'est pas vrai! QUI a laissé cette damnée porte ouverte?!
Et le jeune homme se met à ricaner, ravi de voir son maître se ruer comme un dément vers la sortie, lui-même le suivant tranquillement sans qu'il le remarque. « Ça lui fera les pieds ».
(...)
-Qu'est-ce que tu fabriques encore?
-Oh, heu, elle chantait un peu faux alors je l'ai...
-Quoi?! Tu ne l'as quand même pas... Jonas! Laisse-la immédiatement sortir de la cave!
(...)
-Non! Jalil c'est pas ce que tu crois je voulais juste...
-Repose ce vase tout de suite! Qu'est-ce qui t'a prit de faire ça?!
-Mais je voulais juste m'entraîner aux puzzles...!
-Jonas... soupire le démon en se passant un main sur les yeux, exaspéré.
« Ils étaient vraiment moches en plus. »
(...)
-Jalil, si tu recommences encore une fois à me mordre à cet endroit, je te jure que tu le regretteras.
-Oh, vraiment...?
-Grrr...
...
-Non! Arrête Jonas, lâche-moi! Je plaisantais! Je plaisantais!
[ Scènes coupées Off ]
Et arrive un jour où un ″invité surprise″ leur fait l'honneur d'une petite visite.
Jonas comme d'habitude explore la maison et ne comprend son erreur que lorsque des coups retentissent au loin.
-Merde! -- oui car Jonas est poli et ne jure que dans des moments cruciaux de son existence – Je suis trop loin de la porte!
Jalil a fait en sorte qu'il ne puisse pas sortir par lui-même, simple précaution qui marche diablement bien habituellement. D'un bond il se lève du fauteuil qu'il était en train de tester se précipite vers la sortie le rouge lui monte aux joues se rue dans le couloir, renverse miss Couette-couette (non il ne connait toujours pas son nom) qui se met à l'insulter dans une langue inconnue et arrive Oh miracle, juste à temps pour voir la porte d'entrée se refermer en un claquement sourd.
Ses épaules s'affaissent.
-Daamon! C'est un plaisir de te recevoir...
Et ses yeux s'agrandissent. Bien planqué derrière un pan de mur, il vient juste de reconnaître le nouvel arrivant. Comment aurait-il pu l'oublier? Cela remonte à des années maintenant, si loin dans sa mémoire, mais cet air intouchable et cette peau si pâle...
Rien que d'y penser, des frissons le parcourent, et son cœur se glace.
Cinq ans, ça fait cinq ans...
Alors comme ça, il s'appelle Daamon, pense-t-il. C'est joli comme nom ça, très joli...
Plus ou moins avachi par terre, il ne remarque même pas leur départ vers l'un des salon et n'écoute pas ce qu'ils disent, trop profondément plongé dans ses pensées. Cela doit faire plusieurs jours qu'il n'a pas vu Jalil... Et il sent déjà les effets du manque, à moins que ça ne soit son imagination? Le savoir si proche de lui le fait réagir, son corps recommence à le hanter, et il le sait, tôt ou tard, il se précipitera vers lui... Dieux, que ça serait bon d'être son égal!
« Tu le veux? Dis Jalil, ce démon, tu vas le prendre? »
Lorsqu'il relève la tête, ils ont disparu. Un peu ennuyé, Jonas glisse silencieusement dans les couloirs et arrive finalement devant la pièce où le démon a conduit son invité. Il entrouvre légèrement la porte et colle son œil à l'entrebâillement. Leur voix, l'une doucereuse et l'autre grave, lui parviennent.
-... crois pas qu'il sera heureux de l'apprendre.
-Ce n'est pas très sérieux. D'autres font ça.
Les deux démons sont l'un en face de l'autre, assis dans des fauteuils blancs. Son maître ne semble pas apprécier la conversation à en juger par le fin plissement de ses yeux.
-Tu es encore en train de te mettre dans une mauvaise situation Jalil. Il va encore...
-Peu importe. Et je n'ai pas envie de parler de ça.
-Comme tu veux. Et sinon, avec ton protégé...?
-Pas beaucoup d'évolution.
-C'est vraiment étrange, je pensais qu'avec ton caractère tu...
-Il me ressemble trop, je te l'ai déjà expliqué.
-Je suis sûr qu'avec l'entrave il...
-Déjà essayé.
Là, c'est Daamon qui semble ennuyé. Presque agacé à en juger par le tapotement de ses doigts sur l'accoudoir. La tension dans l'air est palpable, Jonas se sent même oppressé.
-C'est une manie chez vous d'interrompre les gens?
-Comment ça?
-Dust a tendance à faire la même chose.
-Ne le nomme pas devant moi, Daamon.
-Tu devrais coucher avec lui, ça règlerai bien des problèmes.
-Ça suffit. C'est un crétin congénital, point.
-Pourtant tu m'as dis toi-même que Jonas...
-Il s'est fait avoir, lui aussi est un idiot, et si tu es venu ici uniquement pour me parler de ça tu aurais dû t'abstenir!
-Arrête Jalil.
C'est un claquement sec, masqué par une douceur qui ne le rend que plus horrible. Un ton sans appel. Et Jalil contrarié détourne les yeux.
-Si tu penses pouvoir le domestiquer mieux que moi...
-J'aimerais essayer.
-Bien, je vais l'appeler.
-Tu n'en auras pas besoin.
Le démon jette alors un regard vers la porte et croise le regard de Jonas qui en a le souffle coupé. Il l'a eu. Sentant l'affolement le gagner il recule brusquement.
-Sors de là gamin.
Il souffle un bon coup et résigné, se lève et fini d'ouvrir la porte avant de s'avancer presque à reculons. Et soudain une exclamation de surprise, de colère, d'horreur retentit.
-Jonas! Qu'est-ce que tu as fais à tes cheveux?!
-Ils me gênaient, dit-t-il alors en plantant ses yeux dans ceux de Jalil.
-Tu vois ce que je te disais? lance le maître à son invité, le prenant à témoin. Si tu arrives à faire quelque chose de lui je veux bien emménager chez Dust.
-Que tu dis...
-Hum.
-Approche.
Daamon fait à Jonas un geste gracieux de la main mais celui-ci préfère rester sur place et se permet même un léger sourire moqueur. Puis il passe une main dans ses cheveux ébouriffés et se tourne vers Jalil.
-Hé, je croyais que tu ne voulais pas que je m'occupe d'un autre que toi.
-Pas de ta propre initiative.
-Ma propre initiative? Donc...
Il s'approche lentement du démon sans quitter des yeux son maître.
-... si je décide que je veux l'approcher, ce n'est pas bon?
Il se place alors face à Daamon et s'appuie sur ses genoux, se cambrant pour donner une meilleure vue à Jalil, un air d'envie sur son visage. Il plonge ses yeux dans ceux du démon qui reste étrangement stoïque et approche ses lèvres des siennes. Mais sa proie murmure.
-Je comprend ce que tu voulais dire Jalil Yérë.
Il enfouit alors la main dans ses courts cheveux de feu et les tire en arrière, arrachant une légère grimace au jeune homme.
-Ne fais que ce que je te dis de faire, à partir de maintenant, tu m'obéis.
-J'ai déjà entendu ça quelque part...
-Tais-toi.
-Essaie de me faire taire, lance-t-il alors d'un air de défis.
Mais le démon le repousse violemment et Jonas tombe sur les genoux de Jalil qui sur un simple regard de Daamon s'abstient de bouger. Et ce dernier lève la main. Jonas se fige et un frisson le parcourt soudainement, il sait ce que ça veut dire, ce mouvement, ce geste et ces mots qu'il prononce. Et il panique.
-Ne fais pas ça! Jalil ne le laiss...arg!
Ces chaînes encore, l'entrave n'est-ce pas? Ça fait si mal... Il les avait presque oublié, et les déteste encore plus, puisque ce n'est même pas son propre maître qui les tient. De quel droit ose-t-il lui faire ça?! Il n'a pas le droit de faire ça!
-Si tu crois que ça va m'arrêter! crache-t-il tout en s'effondrant à leurs pieds, haletant de douleur.
-Ces chaînes, murmure le démon de sa voix doucereuse, peuvent ne pas te brûler. Il suffit pour cela que tu sois un bon garçon, vois-tu?
-Je ne suis pas... un bon garçon... envers toi surtout!... ah... et je n'appartiens... qu'à un seul démon...
-Je t'ai dis de te taire. Ne me parle pas de cette manière! Tu n'es qu'un esclave ici!
Un coup de pied dans son estomac le fait se plier encore plus au sol et il se recroqueville, le regard haineux.
-Si seulement tu avais choisi quelqu'un de plus docile Jalil! Comme je l'ai fais...
-En l'occurrence, docile n'est pas tellement le mot juste. Je dirais plutôt... inanimé?
-Non, il n'est pas comme ça.
-Je viens pourtant souvent mais je ne l'ai jamais vu bouger ne serait-ce qu'un sourcil. C'est juste une coquille vide. Une jolie poupée. Jonas m'a déjà fait ça et honnêtement j'ai cru que j'allais le tuer. Ce n'est pas du tout satisfaisant.
-Tant qu'il m'obéit, ça me va.
-Pas moi.
Et soudain les mains de Jalil sont sur son corps, le soulèvent et le placent sur ses genoux, brisant ses chaînes, le libérant enfin de cette douleur et faisant repousser ses cheveux jusqu'à la longueur désirée – lui procurant d'étranges chatouillis sur sa tête – Jonas ferme les yeux et se laisse faire pour une fois. Ça lui plait vraiment, après tant de jours sans le voir. Il sent son cœur battre fort.
Mais soudain...
-Sors d'ici maintenant, retourne dans la chambre.
-Quoi?! Mais je...
-Ne discute pas Jonas. Ne me fais pas honte devant mon invité.
Dans son regard pourpre passe une fugitive lueur de colère, un avertissement que Jonas fait bien de ne pas ignorer. Il se lève donc, l'air offensé, et sort sous le regard à la fois perplexe et appréciateur des deux démons. Un qu'il désire, l'autre qu'il abhorre déjà.
« Je me demande de quoi ils peuvent bien parler... » En tout cas, il a au moins découvert quelque chose d'important. Enfin... important est un grand mot, disons qu'il sait comment s'appelle son amant d'une nuit à présent. Dust. Et cela veut donc dire qu'il peut l'appeler... et qu'il peut faire chi... agacer Jalil encore un peu.
Cette pensée lui arrache un sourire ravi.
-Tu prépares encore un sale coup contre ton maître, Diable?
« Tiens, il y avait longtemps... »
-Ça se voit tant que ça?
-Pour moi, oui.
-Tu ne veux toujours pas te montrer?
-Il y a un nouvel invité dans la maison.
-Quoi?
Mais personne ne répond. La voix est partie à nouveau. A vrai dire il commence à être habitué, elle est plusieurs fois revenue lui parler mais il n'a pas encore réussi à savoir de qui il s'agissait. Et Jalil n'a jamais voulu répondre à ses questions.
Il soupire et revient sur ses pas. C'est peut-être quelqu'un d'intéressant, un nouveau démon...? Pourquoi Jalil l'a-t-il renvoyé?
Dans le salon, il n'y a aucun bruit. Jonas entrouvre à nouveau la porte et reste sans réaction face au spectacle qui se déroule devant ses yeux.
-Alors, il est bon n'est-ce pas?
-Je ne vois pas pourquoi cette fois serait différente des autres. Mon avis ne change pas.
-Jalil... ton insolence te perdra.
-Je sais.
Un jeune homme est sur lui et bouge sensuellement, de là où il est Jonas peut voir son visage d'ange et ses longs cheveux dorés onduler doucement dans son dos nu au rythme de son corps. Mais il n'émet aucun son, et n'a aucune expression. Il n'y a rien dans ses yeux bleus. Pourtant Jonas ressent... quelque chose.
Il s'avance alors dans la pièce, mais le démon le voit et prend un air sévère.
-Je t'avais dis de retourner dans la chambre!
-Tu ne m'as pas dis que je ne pouvais pas revenir. Tu lui fais mal Jalil.
-Quoi?
Le regard du démon se tourne vers le visage du garçon mais prend un air perplexe.
-Comment peux-tu voir ça?
-Je le sais, c'est tout.
Jonas ne quitte pas des yeux le garçon, et il y a soudain comme un sursaut dans son cœur, une fugitive impression, une étrange sensation au creux de son corps, comme si l'on introduisait de force un glaçon en lui, comme si... toute la souffrance du jeune esclave, toute sa peine était passée en lui.
Et dans ce regard plongé dans le sien une étincelle de vie apparaît brusquement, puis s'éteint.
-Si tu souffres, montre-le moi au moins, crie, gémit, je veux voir la douleur en toi! lance Jalil irrité en lui agrippant les hanches un peu plus fort.
Le garçon commence alors à ouvrir la bouche mais aucun son n'en sort, et il baisse la tête.
-Oh, bon sang, soupire Jonas, il faut vraiment tout faire soi-même dans cette maison...
Il avance et se place juste derrière le jeune blond, sur les genoux de Jalil qui le laisse faire.
-Ne t'arrête pas, laisse-moi faire, ça ira mieux après.
« Je connais cette douleur, toi et moi, nous sommes... »
-Tu ne te sépares jamais de ce flacon n'est-ce pas? remarque le démon en avisant le geste de Jonas vers sa ceinture.
-Je ne vois pas comment je pourrais continuer à vivre à tes côtés sinon.
-Pourquoi fais-tu ça?
-C'est mon fils.
-Quoi?!
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