Rêves d'Absynthe
La lune est pleine ce soir. Brillante, argentée, supérieure et inaccessible. Si belle, si
pure…
Tout le contraire de moi en ce moment.
Je sors d’une ruelle sombre dans laquelle j’ai passé plusieurs heures, et lève les yeux vers cet astre si beau. Les lumières de la ville sont faibles dans ce quartier.
Au loin un lampadaire clignote faiblement, étalant sa lueur jaunâtre sur les pavés, tâchant la lumière blanche de la lune. Sous ses rayons j’observe mes mains.
Du sang les macule entièrement. J’ai du faire avec les moyens du bord cette fois. Je ne pensais pas avoir à en tuer un autre, mais je l’ai croisé.
Et il s’est moqué.
Mon premier.
Jamais je n’aurais imaginé que je puisse être d’une telle violence. Pas de couteau, rien qu’un pavé et ma fureur. Je maudis intérieurement l’animal qui m’habitait il y a encore quelques minutes et resserre ma veste sur ma taille, tentant de cacher mes mains…
Pas question de les essuyer sur un mur ou autre chose... Autant leur faire un jeu de piste aussi. Je marche quelques instants et tombe sur un spectacle que jamais je n’aurais souhaité voir.
Appuyé contre un mur Il est là. Vacillant, hésitant. Je suis du regard son bras puissant, longeant son poignet pour arriver à un éclat métallique. Un flingue ? Lui porter une arme ?
Je ne le pensais pas ainsi. J’essaie de lui parler… peine perdue…
« T’as déjà fait assez de mal comme ça… »
C’est pour ton bien mon amour… Je ne voulais pas te faire souffrir… Pourquoi est-ce si dur à comprendre ?
« Tu ferai mieux de rentrer chez toi et de prendre une douche tu pues la mort… »
Mince… C’est ça de regretter ses actes et de passer des heures à enserrer un cadavre d’une personne que l’on a aimé puis détesté… J’essuie rapidement mes mains ensanglantées sur ma veste noire, ôtant le maximum de sang visible.
Et m’avance d’un nouveau pas vers l’homme que j’aime. J’hésite quelques instants puis lance :
« Je travaille à la morgue c’est pour ça ! ».
Dans l’ensemble ce n’est pas un mensonge. Je travaille bel et bien à la morgue, mais aujourd’hui j’étais encore en congé. C’est demain que je vais reprendre et recommencer à triturer des cadavres.
Cette perspective me fait frémir et je ferme un instant les yeux avant de les reporter sur Stef, qui ne semble pas en mener large appuyé à son mur. Un pic blessant…
Il souffre je le sens à des kilomètres. Je ne sais même pas quoi faire. J’essaie de m’avancer vers lui mais il me repousse une fois encore. Je l’ai blessé. Je lui ai fait du mal. C’était bien la dernière chose que je désirais faire dans ma vie…
"Je veux plus te voir. Je ne veux plus jamais te voir ! T-tu ne m’as jamais aimé ! Cesse donc de mentir ! J’ai été là quand tu en avais besoin maintenant c’est fini…fini… ».
Non. Ce n’est pas fini… Mon amour pourquoi tu pleures… Je me jette vers lui, essayant de le prendre dans mes bras, je ne veux pas le voir ainsi. Je voulais qu’il soit heureux.
Mais il fait un bond en arrière, m’hurle de dégager :
« Casse toi ! Tu ne comprends pas quand on te parle ? Je t’ai dit de PARTIR ! Dégage bordel ! Laisse moi seul… ».
Ses larmes affluent sa voix se brise. Il pointe son revolver dans ma direction, tentant de m’effrayer. Mais mon amour…
Ca fait longtemps que la mort n’est plus une frayeur pour moi, mais plutôt une alliée. Je m’avance une nouvelle fois vers lui, cherchant désespérément son regard.
J’appuie doucement mon front sur le canon du flingue.
« Fais le si ça peut te rendre le sourire Stef… Je t’aime je veux que tu vives et que tu sois heureux. Pas que tu pleures pour le monstre que je suis. Tue moi tu auras fait une bonne action. »
Je sens le métal glacé s’écarter de moi. Je me jette au creux de ces bras tant aimés et nous pleurons ensemble de longues heures aromatisées au « Pourquoi ? » et au « Je ne peux pas t’en parler mais sache que je t’aime ».
A l’aube nous nous quittons, je suis en retard. Pas de promesse comme quoi nous nous reverrons. Seul un je t’aime et un regard qui en dit autant.
Plusieurs heures après, aux alentours de neuf heures, je sors de la morgue pour aller porter le dossier de celui que j’ai tué dans l’un des nombreux bureaux administratifs.
Coiffure sévère, tailleur noir et talons hauts sont de rigueur. Je traverse le couloir rapidement, faisant claquer mes talons sur le sol aseptisé. Le bilan d’autopsie est excellent d’après mon supérieur.
A croire que j’ai vu le crime selon lui. Mais mon très cher collègue. Je ne l’ai pas vu…
Je l’ai commis.
J’attrape au passage une blouse blanche de protection que j’enfile et m’apprête à fermer lorsque soudan une tornade bleu marine et blanche me fonce dessus et m’éjecte contre le mur.
Je m’exclame, de mauvaise humeur :
-Bordel mais c’est pas possible ! Vous êtes dans un cabinet d’autopsie pas sur un rallye. Abruti !
Je relève les yeux, l’air haineux vers un pauvre homme portant un insigne policier. Un second policier semble attendre derrière lui l’air blasé. Je ne vois pas son visage mais il est bien plus grand, bien plus fin, et nettement plus classe.
–Ah excusez moi madame, vous pouvez m’appeler Carlos, et voici l’inspecteur Meryl, nous venons pour le nouveau macabé de cette nuit.
Mes yeux s’illuminent d’une étrange lueur. J’hésite entre de la surprise et de la haine.
« Meryl… Je crois que nous nous sommes déjà croisés non ? »
***Désolée du retard jsuis pas trop chez moi ces derniers temps. Pour la qualité assez merdique de l'image c'est fait exprès, je voulais pas qu'on puisse chipoter sur le fait qu'elle est pas super brune. (Oui vous l'avez reconnue c'est Marley Shelton qui a joué dans les grindhouse et sin city, je la voulais quand elle marche dans les couloirs l'air en pétard, mais j'ai pas trouvé sorry) bisous à toutes***