Rêves d'Absynthe
Le Meshamhaan baissa légèrement la tête conscient de ses paroles on ne peut plus sèches. D’un œil il observa la jeune fille.
Ses traits étaient tirés par la douleur de perdre quelqu’un qu’elle aimait, de savoir que sa race allait être réduite aux trois quarts et aussi par les mots qu’il lui avait dits.
Elle tentait de cacher sa tristesse, elle faisait exprès de penser à autre chose pour ne pas qu’il sache.
Lui avait plus d’expérience, s’il voulait bloquer ses pensées elle ne pourrait pas les lire.
L’étalon la couvait du regard. Si jeune, si fière…
Il savait que son désir de venger son sang était plus qu’original pour ce peuple. Il savait que n’importe qui d’autre aurait péri et non pas tué un guerrier.
Il savait tout ça mais il ne pouvait pas lui dire. C’aurait été de lui offrir son amitié, et ça il ne le pouvait plus.
Sans réfléchir il posa son bout du nez contre la joue de la jeune femme un bref instant. Se reprenant bien vite il mima une perte d’équilibre.
Aby fut surprise et avait bien senti sa peau chaude et veloutée contre la sienne. Il avait été doux avec elle et ça lui réchauffait le cœur.
Elle lui sourit et il regarda autre part mine de rien.
Son esprit vagabonda vers ses terres natales.
Il se souvenait de sa naissance plus qu’attendue.
Il était le fils des plus grands guerriers Meshamhaan et était destiné à un jeune homme d’une famille de penseurs honorables.
Comme le voulait la coutume, la lame de Dainsleif fut forgée durant la mise à bas. Son métal venait des Terres du Haut-Nordique, le forgeron était allé le chercher en Norvège sur une très vieille épée appelée également Dainsleif.
La lame viking dont les blessures ne guérissaient jamais. Le forgeron la forgea mélangeant métal rare et précieux du fond des terres, métal de Dainsleif l’Ancienne, sang du jeune homme et sang du poulain à présent né.
Le jeune homme, Kylian, s’était occupé de lui comme d’un frère. Les années passèrent et ils devinrent les meilleurs amis du monde, les meilleurs combattants des Sous-sols.
Kylian avait appris à son Meshamhaan à penser par lui-même, lui avait instruit toutes les vieilles légendes de son peuple.
L’étalon laissait Aby voir ces souvenirs, peut-être pour donner une excuse à son comportement…
Il se remémora volontairement les règles du peuple des Sous-sols.
La principale étant que chaque homme possédait un Meshamhaan et une épée. Tous trois liés à vie. Liés par le sang et la pensée.
Une fois l’homme mort, la monture s’éteint à son tour.
C’était les règles de l’art.
Des règles respectées jusqu'à l’arrivée au pouvoir du roi Vahlmoeryn.
A partir de ce moment les pensées et images qui occupaient la pensée du Meshamhaan se firent plus hachées, comme emplies de souffrance.
Aby la ressentait, elle pouvait voir le désordre qui régna dans le royaume d’Outre Terre dès l’arrivée du nouveau roi. Les Meshamhaan revit les combats que les Pacifistes menèrent contre les Radicalistes.
Il revit les victoires, la lueur de bonheur dans les yeux de son ami. Il revit tous les hommes qui suivaient son cavalier.
Il se souvint de l’emprise que lui-même avait sur tous les Meshamhaan. Ce respect dans leurs yeux, cette crainte…
Ses pas se firent hésitants, il voyait à présent le piège, il les voyait Eux, ces monstres sortis de l’obscurité. Il les voyait lui arracher son cavalier, son ami, son frère.
Et il le vit Lui.
Celui qui s’empara de Dainsleif la Jeune.
Celui qui lui fit vivre des années de douleur et de tortures jusqu'à l’arrivée de la jeune femme.
Il rouvrit les yeux et les planta dans les siens.
Des larmes coulaient sur son visage et elle se jeta à son cou.
« Je suis désolée pour toi…
Tellement désolée... »
Les personnes marchant autour d’eux observaient cette jeune fille suspendue à l’encolure de l’énorme étalon, elle lui parlait comme à un être humain, il piaffait et grognait comme un lion croisé à un cheval.
Le vent soufflait toujours aussi fort, faisant voler les feuilles roussies par la saison.
Le Meshamhaan consolait la jeune femme comme il le pouvait, trop d’émotions en quelques heures et il savait que la transmission de pensées transmettait également la douleur du concerné.
C’était sa propre douleur qu’il tentait de calmer chez elle. Quelques minutes plus tard, les réfugiés avaient atteint le parc, des êtres humains de tous ages se regardaient, effarés.
Chacun avait emmené un petit nécessaire de survie. Des vêtements, des vivres, tout s’étalait sur la pelouse, l'illuminant de couleurs.
La mère de la jeune femme était descendue de cheval et avait retrouvé de la famille, certains hommes commençaient déjà à entrer dans l’eau, cherchant des endroits ou l’on avait pied.
Il était maintenant midi moins le quart. Les regards se portaient sur Aby et sa monture qui conversaient toujours sans bouger, les yeux dans les yeux.
Etrange portrait que c’était, une figure mythique au centre du chaos. Une merveille de la nature souterraine, face à de faibles êtres humains. Il ne leur prêtait pas la moindre attention, ne regardait qu’un seul d’entre eux, celui qui avait eu assez de courage pour contrer un peloton de guerriers sortis s’amuser avant l’apocalypse.
Les autres étaient tous semblables, conditionnés pour être faibles et fragiles, aveugles et bornés.
Le vent glacial faisait voleter la longue crinière emmêlée et rougeâtre de l’étalon, il ne frissonnait pas, ne bougeait pas.
Les secondes passaient et les gens se faisaient de plus en plus silencieux, attendant des ordres pour rentrer dans l’eau. L’étalon s’ébroua et releva la tête vers l’ouest, d’un regard il avertit la jeune femme qui se tourna vers la foule avec un sourire de soulagement :
« Les militaires, ils arrivent ! Ils vont s’occuper de vous et vous protéger du mieux qu’ils le pourront. »
Elle se reporta son attention vers le Meshamhaan :
« On ne peut pas rester ici, ils te tueront. »
-Jesais, nous devons partir. Fais tes adieux ma grande, ça va être un long voyage. »
Il regarda vers l’horizon , laissant glisser ses yeux au loin vers des terres inconnues et murmura,
« Et qui sait si nous reviendrons un jour. ».Aby partit enlacer rapidement sa mère lui promettant d’être prudente et lui faisant promettre de se protéger, et de s’éloigner vers des terres inhabitées le plus vite possible.
Elle se dirigea vers l’étalon, mit le pied à l’étrier, décala Dainsleif pour ne pas le blesser et l’enfourcha.
Elle parcouru une dernière fois du regard la foule, leurs visages tristes et paniqués, et s’apprêta à serrer les jambes pour mettre le Meshamhaan en avant lorsqu’une voix chaude brisa le silence.
-Attend !
Aby chercha du regard la personne qui l’avait interpellée.
Elle découvrit un jeune homme d’une vingtaine d’années, le visage ensanglanté, qui l’observait de ses grands yeux bleus.
Il s’approcha sans crainte de l’étalon, et posa même sa main sur son épaule pour lui faire comprendre qu’il ne venait pas en ennemi.
Vu l’état de son bras sanguinolent, et de son visage plein de sang, les attaques avaient du avoir lieu un peu partout dans la ville.
-Attend, je ne te demanderai pas comment cela ce fait que tu montes une de Leurs bêtes mais dis moi comment tu t’appelles je t’en prie.
-Je m’appelle Ab…
Elle s'interrompit. Non, elle ne pouvait plus. Elle se pencha en avant sur l’encolure et questionna le Meshamhaan.
-Comment tu t’appelles toi ?
-Al Hataal.
-Enchantée mon ami.
Elle se redressa, le jeune homme ne l’avait pas quittée des yeux.
-Je m’appelle… Je m’appelle…
Elle inspira fortement et talonna Al Hataal,
-Je m’appelle Dainsleifin.. Adieu.
-Non… A bientôt Dainsleifin… murmura le jeune homme avec un sourire.
Donc en rouge, les pensées
En orange, les paroles à voix haute.
Désolée de l'attente pour la maj.
J'ai un devoir de cartographie lundi matin,
J'ai pas un seul cour...
hi hi
bisous à toutes
C'est lino qui va être contente je pense ^^
Ca y est vous le savez, il s'appelle Al Hataal
à prononcer avec un bon accent de vieux bledard
Ou si vous avez vu Hidalgo,
C'est le nom de l'étalon qui doit gagner la course