Rêves d'Absynthe
« La seconde étape consiste en un séisme bien plus fort qui a pour but de faire écrouler toutes vos insanités immenses que vous osez appeler demeures, et de faire mourir en dessous une grande partie de votre peuple.
Etant donné que les structures en fer ne s’évaporeront pas par magie j’ai entendu parler d’une force brûlante, d’une fusion.
Tout chauffera à des températures invivables, frisant le volcanisme, les derniers qui auront échappé aux écroulements brûleront sur place. »
Il avait débité ça à une vitesse étonnante, comme si prédire la mort de toute l’humanité lui en coûtait.
A lui, qui semblait n’accorder aucune importance à la pauvre humaine qui se tenait devant lui, lui qui avait sûrement été élevé au milieu de ces brutes, qui avait du adopter leur point de vue.
Aby ne comprenait pas son comportement.
Et elle n’arrivait pas vraiment à réaliser ce qui allait se produire.
Ses ongles s’enfonçaient dans le cuir noir au fur et à mesure que ses neurones enregistraient l’ampleur de la situation.
« Il faut arrêter ça Meshamhaan. Il le faut, on ne peut pas laisser mourir tout ces gens ! »
« On ne peut rien faire, tu ne vaux rien au combat et même si tu savais te battre nous ne pourrions pas accéder au Centre assez tôt. »
Elle soupira de désespoir
« Dites moi que c’est un rêve. C’est pour quand ce drame ? »
L’animal sembla hésiter un instant.
« Je ne sais pas comment dire, vous n’avez pas la même science du temps que le peuple des Sous-sols. Une fois que l’astre solaire sera perpendiculaire à la Terre. Là tout débutera. Mais cela ne durera qu’une minute je pense. Il faudra se mettre dans une surface d’eau. On ne sera que très peu brûlés… Enfin je crois. »
Aby sortit son portable de sa poche et commença à composer un numéro.
« Dans l’eau tu dis ? Alors tout n’est pas perdu. Je peux prévenir du monde, le bouche à oreille fonctionnera, nous ne mourrons pas tous, non. On ne leur fera pas cette joie. »
Le portable à l’oreille elle se pencha pour attraper le filet ensanglanté et l’accrocha à l’une des lanières de la selle, mit le pied à l’étrier et enfourcha sa monture. Il n’était alors que 9h, elle avait le temps.
Elle fit toute la ville à cheval, s’arrêtant à droite à gauche pour prévenir les personnes qu’elle croisait, continuant ses appels malgré son hors forfait plutôt élevé.
D’après le Meshamhaan, d’ici quelques heures il n’y aurait plus rien. Donc plus de factures non plus.
Certaines personnes à qui elle parlait la traitaient de folle, l’injuriaient.
Logique de l’époque, les médias annonçaient un simple tremblement de Terre donc il ne pouvait pas s’agir d’autre chose. Le simple fait de contredire l'autorité véritable, d'émettre un avis different pouvait attirer les foudres les plus grandes de la part d'un peuple paisible et passif.
On trouve énormement de personnes sensées en asile psychiatrique, simplement parce qu'elles font peur.
Ici, l'asile n'étant pas assez près, les personnes se défoulaient, étalant tout leur vocabulaire familier, voire vulgaire, attaquant de tous cotés y compris ceux qui n'ont rien à voir avec le sujet...
Etonnamment dès qu’elle en était blessée le Meshamhaan se mettait à grogner sombrement, et les badauds s’éloignaient rapidement.
Une lueur de contentement passait dans les yeux des deux cohéquipiers. L'un d'amusement de voir des petites bêtes s'éloigner au pas de course, l'autre de voir que le premier prenait sa défense.