Rêves d'Absynthe

« De bas  en haut. Tu auras  plus  de  force. ».

 

Aby écoutait  avec  attention cette  voix  venue de  nulle  part. Elle l’aimait déjà.

(Même si elle  n’avait  AUCUN lien avec  Jeanne d’Arc.  )

Sèche mais  pourtant vibrante, comme  si elle était tout  aussi bousculée  qu’Aby par les  évènements.

Cette  voix semblait  mener  son propre  combat autre  part, et  en plus  du sien, cette  voix  s’occupait  d’elle.

 

« N’aies pas peur de  Lui. »

 

Aby sentait  son aplomb revenir.

Elle ne  pouvait malheureusement pas  se dire « Il est humain, il peut  commettre des erreurs, j’ai une chance de  le  tuer »  puisqu’il n’avait  rien d’un être  humain.

 Mais à présent elle  ne  pensait  qu’à  une  chose « Essayer, et  si possible  réussir. ».

 

« C’est bien maintenant attaque ! ».

 

Une  confiance accrue vint  en elle et en cette  voix.

Aby s’avança rapidement vers  son ennemi, qui surprit de  son nouvel élan, écarquilla ses  grands  yeux  noirs et verts.

Elle glissa l’épée le  long  de  sa jambe et  la remonta subitement, taillant la  chair de  la  cuisse et du flanc de  l’Autre.

C’était  si simple.

Le  poids de  la  lame faisait  tout  le  travail.

Le  guerrier contra  rapidement l’épée blanche de  son couteau, mais  dans  son geste il coupa  également l’un des cordons  retenant la  plaque  lui protégeant le  torse.

Révélant au soleil glacial, une épaisse toison de  poils  drus zébrés de  cicatrices sûrement faites  à l’épée  lors  d’entraînements au combat.  

D’un geste  hargneux  il trancha les  derniers cordons de  cuirs et  releva les  yeux  vers  Aby, la  cuisse  sanguinolente et le regard  plein de  haine(tiens  ça  change).

 Elle  l’attendait, plus décidée  que  jamais.

 « Baisser les  yeux devant  moi désormais sera la plus grande erreur que  quiconque puisse  commettre »

 

Ses  yeux  lançaient des éclairs, n’était elle pas  assez  menaçante pour  que  ce  gros  tas  de  muscles daigne  lui prêter  ne serait-ce  qu’un peu d’attention ?

Ils  étaient  en plein combat !

Et  lui s’occupait  calmement (façon de  parler) d’ajuster  son costume.

La  colère  continua  de  monter et elle  visa  rapidement  ce  qui devait  être  le  cœur  de  cette  Chose.

Elle  s’élança, portant  toute  sa  force  sur  l’épée.

L’Autre  n’eut pas  le  temps de  bouger, sa  jambe se  faisant  traînante, et  son cou déjà blessé plus  tôt le faisait  souffrir.

Il prit  l’attaque  en pleine poitrine.

La  lame de  l’épée, passa  à travers  sa  peau, grinça contre  ses  cotes et  s’enfonça  profondément en lui.

Etrange  sensation que  c’était.

Sentir la résistance de ce  cuir céder  sous  le  coup, sentir  ces  os  grincer, craquer…

C’en était  presque  grisant.

Aby, emportée  par  son élan, s’affala, à moitié  sur  le  corps  de  son ennemi, lorsqu’il chuta sous  la  douleur et  sous  la  force  qu’elle avait  mis  à le planter.

Elle  tomba  à genoux  devant  lui, l’épée plantée droite  dans  sa  poitrine  qui ne  bougeait  que très  peu et par  soubresauts.

Le  souffle  court, elle  s’avança vers  la garde de l’épée, la  saisit et la  retira d’un coup sec  du corps, animé  par  des  soubresauts  de  plus en plus  violents à la  sensation de  l’épée  sortante de  son corps.

Elle  s’avança  lentement, toujours  à genoux. S’approcha  de  ce  qui devait  être  l’oreille  de la bête, se  pencha et  murmura lentement en s’appliquant à détacher soigneusement chaque  syllabe

 

« Tu es celui qui a  tué mon sang, celui qui a  ôté sa  jeunesse à une  enfant, sa vie en même  temps. Tu as  brisé  la  mienne, et  moi… Moi je  briserai les  Tiens. »

 

Elle leva  haut  son épée étincelante , car  à présent  elle  lui appartenait, et  l’abattit  sur  le cou de l’Autre, séparant sa tête  de  son corps.

L’épée dégoulinait de sang, mais  n’en semblait  que  plus  rayonnante. A

by se  surprit à sourire alors qu’elle  venait  de  Tuer.

Tuer  un être  vivant, qui ne  méritait  pas  de  vivre certes, mais  vivant  tout  de  même.

Un étrange  malaise  s’empara  d’elle. Suivi par  une  sensation de  victoire, de  bonheur  intense.

La  vengeance est  peut-être  une  mauvaise  chose, mais  ça  soulage.

Autour  d’elle, le  combat  continuait. Les  gamins perdus  s’étaient  serrés  contre  les  murs  du lycée, ne  pouvant  pas  s’échapper.

Le  cheval noir  continuait à retenir les  cinq Autres.

Il y avait  de  plus en plus  de  hargne  dans le groupe.

Chacun s’énervant et  brutalisant sa  monture qui refusait  d’avancer.

Cependant  l’animal semblait  avoir de  plus en plus de  mal à les contenir.

Les  coups aidant, les  autres  chevaux  commençaient  à piaffer.

La douleur  est une sensation qui fait  parfois  faire des  choses folles.

Aby se  releva et regarda  le « cheval ».

Il lui avait  sauvé  la  vie, et  lui sauvait  encore.

Les cavaliers  refusaient  apparemment  de  mettre  pied à terre.

Même quand lui compatriote s’était  fait  décapiter, tous avaient  hurlé, tous  avaient talonné leur destrier, mais  aucun n’avait posé le  pied  sur  cette  terre fraîche.

 

« Viens  à présent. Je  ne  peux  pas  tenir  longtemps. Mon influence est forte mais pas longue. Dépêche toi. ...    .....  Et  arrête de  faire  des  yeux de  merlan fris. Grouille ! En selle !! »

Mer 14 mai 2008 Aucun commentaire