Rêves d'Absynthe

Ses pas résonnaient étrangement dans l'immense salle de colonnes, tout comme des coups de marteau que l'on aurait inlassablement portés de l'autre coté d'un des murs, une régularité inquiétante, un son sourd comme étouffé.
Il approchait inéluctablement.

L'équipe se redressait fébrilement et scrutait l'obscurité, pauvres petites bêtes aveugles, sans défense, plissant des yeux et par la même occasion, leur peau pâle, nue, cadavérique.
« Aucune dignité », pas d'armes, pas de protection vaillante, seuls des tissus synthétiques aux couleurs insupportables et des morceaux de plastique les rendant bossus, risibles.

« Le pire demeure leur lâcheté et leurs couinements », il ralentit son allure, comme ralentirent les battements du cœur de chaque humain présent, comme la lumière s'affaiblit progressivement.
Tous avaient leurs lamentables sens monopolisés par ce son, ces pas...
La lumière finit par s'éteindre, « pas question de laisser ces affreuses choses avoir à nouveau peur de mon apparence », les courses poursuites dans la salle le lassaient.

Quand le plus jeune sortit un couteau de sa poche et hurla à la menace dans l'obscurité qu'il était armé, l'Autre rit doucement, émettant ainsi une sorte de grognement guttural, resserra son emprise sur la garde de son épée et s'avança dans le faisceau des lampes frontales.

Julian eut un hoquet de terreur, baragouina un appel à l'aide avant d'avoir la gorge tranchée par la pointe de l'épée, Roux contra le coup suivant avec l'un des piquets utilisés pour la descente en rappel, et fut transpercé de part en part par son adversaire, Mike empoigna Tim et le Petit et les poussa derrière lui en direction de la mine « Fuyez !!! Vite !! » .
Puis il se retourna vers l'Autre qui achevait son ami, penché au dessus de lui comme d'une mère et son enfant.

Mike ne put s'empêcher de penser qu'Il finissait parfaitement son travail, et tandis qu' Il s'approchait dangereusement, il l'observa. « Un parfait soldat », une musculature extrêmement prononcée à travers ses vêtements, de grande taille, les épaules larges, il ne pouvait distinguer son visage mais Cela n'avait strictement rien d'humain.
« Effroyablement beau » finit-il par murmurer.

L'Autre s'immobilisa et décala légèrement la tête sur le côté, le jeune homme devant lui venait de sacrifier sa vie pour permettre à ses congénères de s'enfuir.
Peut-être qu'il y a dans ce monde des êtres bons et courageux tout compte fait...
Sam 10 mai 2008 Aucun commentaire